Chapitre XVIII - Fairytale
Un portail apparut devant les fées. Il s'agissait d'une arche de fleurs dans laquelle une paroi verte scintillait. Elles invitèrent la jeune fille à entrer avant de s'y engouffrer elles-mêmes. Sous l'arbre se cachait un monde souterrain d'une beauté à couper le souffle. Certains villages plus petits étaient ceux des fées ; les maisons étaient des fleurs qui s'ouvraient et se fermaient à la demande de leur propriétaire. Anya apprit que chaque fée donnait un nom à sa fleur. Elles avancèrent plus loin, passant par des villages faits de plus grandes maisons ; celles des elfes. Ils avaient une taille humaine, pour la plupart des cheveux blancs et des yeux d'un bleu intense. Évidemment, leurs oreilles étaient pointues ; légèrement plus que celles des fées. L'adolescente les suivit jusqu'à un grand château. Il était fait de cristal bleu clair, et couvert d'un rideau d'azalées. L'immense bâtiment semblait étinceler sous les rayons de lumière provenant de crevasses dans le plafond terreux incrusté de diamants. Les trois fées la firent entrer, arrivant dans une grande salle fleurie. Il y avait deux trônes de cristal ornés de pierres précieuses et de fleurs, sur lesquels se tenaient les souverains. Le roi Obéron était un homme semblant avoir une trentaine d'années, avec des longs cheveux blonds tressés dans son dos, sur lesquels était déposée une couronne dorée, et avait des yeux dorés. Il portait une cape blanche fermée par un rubis qui couvrait son buste ainsi qu'un bas fait de feuillages. Ses ailes étaient d'un rouge très clair. La reine Titania était d'une beauté imprenable. Ses longs cheveux dorés tenus par un diadème bleu clair descendaient jusqu'à ses chevilles dans de gracieuses ondulations, tandis que ses yeux étaient d'un argenté étincelant, dégageant une bonté infinie. Elle portait une longue robe de pétales blancs et un tissu transparent sur ses épaules qui scintillait à la lumière du jour. Ses ailes étaient d'un blanc nacré. La fée rose s'approcha d'eux et se posa sur l'épaule de Titania.
- Elle est ici après avoir reçu la recommandation d'une nymphe.
Le visage de la reine sembla s'éclaircir en la voyant.
- Tu es une âme ? Approche, tu n'as rien à craindre.
Sa voix était douce et d'un calme apaisant. Anya ne put s'empêcher de se sentir proche des deux souverains, sachant elle-même qu'elle ne les avait jamais rencontré. Elle s'approcha de la reine.
- Comment t'appelles-tu ?
« Sois courtoise. »
Les mots de Céleste lui revinrent à l'esprit.
- Je m'appelle Anya. Une nymphe du nom de Céleste m'a dit que vous pourriez m'aider à trouver le chemin de la Baie des Sirènes, votre majesté.
Les deux souverains furent soudainement saisis d'un rire irrépressible. L'adolescente se sentit affreusement embarrassée, ignorant quelle erreur elle avait pu commettre.
- Tu n'as pas besoin d'être aussi formelle, jeune fille. Dans ce royaume, tout le monde se tutoie et s'appelle par son prénom. Tu veux te rendre à la Baie des Sirènes ?
- Oui, Monsieur-- Je veux dire... Obéron.
- Il y a un long chemin à parcourir d'ici... Tu ne préférerais pas rester ici pour la nuit ? Tu n'auras qu'à repartir demain à l'aurore. lui proposa la reine.
- Je ne me permettrai pas...
- Ne t'inquiète pas, je te prêterai une chemise de nuit, et des vêtements que tu pourras garder. La robe des âmes est fragile et s'envole au moindre coup de vent...
- C'est très gentil, mais je--
Une des trois fées se posa sur l'épaule d'Anya, l'interrompant.
- La reine elle-même t'invite, pourquoi tu n'acceptes pas ?
- Ce serait impoli...
- Si elle te le propose, c'est que ça ne la dérange pas. Allez, accepte, on pourra te faire plein de coiffures ! En plus tu es aussi fine que Titania, ce qui est en soit un don, alors on pourra te faire essayer plein de vêtements !
- Lilas ! Tu la fais encore plus paniquer !
La fée sur l'épaule de Titania venait de rejoindre la dénommée Lilas.
- Rose a raison, tu vas lui faire peur.
- Merci, Myosotis.
La fée rose remercia la bleue et se tourna vers Anya.
- Elle voulait dire qu'on pourrait s'amuser ensemble. Allez, reste s'il te plaît...
- Si vous insistez... Vous êtes sûrs que ça ne vous dérange pas ?
Le roi et la reine firent non de la tête. La jeune fille soupira de soulagement et fut guidée par la reine et ses fées jusqu'à une gigantesque chambre. Les quatres créatures magiques revinrent quelques instants plus tard avec une pile de vêtements à faire pâlir les plus grandes actrices de télévision et des brosses à cheveux accompagnées de décorations. La reine avait le même regard que ses fées : rempli d'envie de se servir de la jeune fille comme d'une poupée à coiffer et habiller. Après lui avoir fait essayer d'innombrables robes, Titania se décida finalement pour une robe de pétales bleu foncé, sans manches mais retenue par un ruban bleu partant de la poitrine pour faire le tour de la nuque, avec une broche en forme de papillon sur la hanche droite de laquelle partait une ceinture de perles blanches entourant la taille de la jeune fille. Elle portait autour des ses poignets et chevilles des lianes marron foncé, enroulées tels les rubans de chaussons de danse classique. La reine lui affirma que ces lianes protégeraient sa peau de toute agression extérieure, ce qui lui permettrait de continuer à marcher pieds nus sans en subir les conséquences douloureuses. Elle décora la robe de petites fleurs blanches puis laissa la jeune fille aux bons soins de ses fées. Celles-ci lui firent couettes et chignons pour se décider à les tresser, y plaçant simplement des perles et une couronne de fleurs. Elles lui apportèrent finalement un miroir.
- On dirait une vraie fée ! Pas vrai, Titania ?
- Oui. Cette robe te va bien mieux qu'à moi.
- Elle est magnifique... Je ne peux pas accepter, je n'aurai jamais eu assez d'argent de mon vivant pour acheter une telle robe...
- Je te la donne. J'ai des décennies d'expérience en vêtements et je peux te dire qu'elle est mieux portée par une adolescente que par une femme.
- Vraiment... ? Merci infiniment... !
- Tout le plaisir est pour moi. Tu devrais mettre la chemise de nuit et aller dormir, il se fait tard.
La jeune fille acquiesça et enfila la longue chemise de nuit en satin blanc, ornée de dentelle. Elle s'endormit avec un sourire paisible sur le visage, tandis que le château tout entier sombrait également dans un profond sommeil.
La lumière orangée de l'aurore réveilla doucement la jeune fille. En quelques heures, elle fut prête à partir. Anya remercia mille fois les souverains pour leur accueil chaleureux et se mit en chemin vers la Baie des Sirènes, guidée par la carte qui lui avait été donnée. Comme Titania l'avait prédit, elle arriva avant midi dans une grande anse où l'eau bleue comme celle des caraïbes étincelait sous un soleil d'été. La surface de l'océan était lisse, et il n'y avait aucun signe d'une sirène. L'adolescente se dirigea vers le rivage et s'assit sur un rocher au bord de l'eau. De longues minutes passèrent avant qu'elle entende finalement un bruit d'éclaboussures. Deux jeunes filles émergèrent des récifs coralliens. Des écailles couvraient leurs poitrines ainsi que ce qui aurait dû être des jambes ; il s'agissait ici de nageoires fines et ondulées. La première avait des cheveux bleu clair et des yeux vert émeraude, tandis que l'autre possédait des cheveux pourpres et des yeux orangés. Anya commença à se demander si elle n'était pas en train de rêver de toutes ces magnifiques créatures aux couleurs tout droit sorties d'un conte de fées.
- Tu es une âme ?
- Elle est mignonne !
- Euh... Je m'appelle Anya. Une nymphe m'a dit que cet endroit était le plus éloigné de l'Ostium, est-ce que je peux rester ici ?
- Hein ? Bien sûr ! Tu peux même visiter les fonds marins.
- Mais je ne peux pas respirer sous l'eau...
- Ces lois ne s'appliquent pas ici. Au fait, nous ne nous sommes pas encore présentées. Je m'appelle Laureline, ou la sirène bleue.
- Et moi Aurore, ou la sirène pourpre. Nous sommes soeurs. Tu veux voir les récifs ? C'est comme un aquarium géant.
- Eh bien... Pourquoi pas.
- Allons-y !
Les deux sirènes survoltées lui attrapèrent les mains et la firent plonger avec elle. Se préparant inconsciemment à manquer d'oxygène, Anya fut surprise de pouvoir aussi bien respirer qu'hors de l'eau. Les deux soeurs la guidèrent parmi les nombreuses sortes de corail et d'algues gigantesques, virevoltant parmi les poissons exotiques aux couleurs vives.
- Il n'y a personne pour diriger l'océan ?
- Bien sûr que non, chacun est libre de faire ce qu'il veut. Nous avons peu de visiteurs, surtout les âmes. Elles sont même plus rares que les anges...
Laureline se figea, suivie d'Aurore. Anya se retourna pour apercevoir l'ange dans lequel elle était rentrée la veille. Pouvant l'observer, car elle ne courait pas cette fois, elle vit ses yeux bleus qui la fixaient. Il avait des cheveux courts et marron foncé.
- Gabriel... souffla Aurore.
Laureline fut la première à se ressaisir.
- Qu'est-ce qu'un archange vient faire aussi loin de l'Ostium ? Tu as besoin de quelque chose ?
- Plus précisément de quelqu'un. Vois-tu, cette âme s'est enfuie de l'Ostium. J'ai d'abord pensé qu'elle cherchait quelqu'un, mais je m'étais trompé. Tu es elle, n'est-ce pas ?
- ...Le pronom elle est très vague.
- L'âme que Michaël à enfermée en haut de l'Ostium. Anya, si je me rappelle bien. Je vais te ramener à Michaël, le pauvre est tellement débordé par les événements qu'il ne t'a pas vue t'enfuir...
- Je ne veux pas retourner là-bas... ! Et de quels événements tu parles ?
- Tu n'es pas au courant ? Tu aurais dû le deviner, non ?
Il soupira et la regarda droit dans les yeux.
- Lucifer est venu te chercher.
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