Chapitre XVII - Never Meant To Belong
- C'est impossible.
Lucifer lança un regard noir à Bélial qui venait d'entrer dans la chambre.
- Tu ne peux pas la ramener. Même si c'est une de tes âmes, ce n'est pas une raison suffisante. Tu déclencherais une guerre contre les anges, mais également contre Astaroth et sûrement Belzébuth. N'oublie pas les rivalités qui règnent entre vous trois. Tu mettrais ta zone et l'Enfer lui-même en danger.
- Je m'en fiche complètement.
- Lucifer, s'il te plaît-- commença Sytry.
- Ne me dis pas que tu es tombé amoureux d'elle ou autre chose d'aussi futile ?
- Absolument pas. Je déteste qu'on touche à ma propriété, et surtout si c'est lui.
- Je suis parfaitement d'accord.
Asmodée venait d'apparaître derrière Lucifer.
- Je savais que cette fille amènerait de l'action ici. Je te suis, Lucifer.
- Ton avis est loin d'être fiable. lui jeta Bélial.
- Déjà plus que le tien. Et toi, Sytry ?
- Si Lucifer juge cette action nécessaire, alors j'irai.
- Bien ! La majorité l'emporte, Bélial.
- Ce n'est pas à toi de--
- Calmez-vous tous les trois. Bélial, je ne te forcerai pas à me suivre. Fais ton choix avant demain à l'aurore.
Bélial resta silencieux, et se tourna pour quitter la salle. Les autres en firent de même.
***
Anya se réveilla lentement après avoir succombé au sommeil quelques heures plus tôt. Les rideaux blancs du lit ondulaient au rythme d'une brise légère, la laissant entrevoir un ciel totalement noir. Elle n'avait aucune idée de l'heure à laquelle elle s'était réveillée. Poussant les fins voiles de tissu blanc, la jeune fille se leva et avança jusqu'aux barreaux de la cage. Autour se trouvait un ciel noir dans lequel se mêlaient bleu, violet, et milliers d'étoiles. Anya reconnut ce paysage qu'elle avait observé dans des revues d'astronomie : le ciel étoilé du désert d'Atacama au Chili. On pouvait y voir la voie lactée à l'oeil nu. Elle resta immobile, émerveillée par le spectacle de lumières étincelantes qui s'offrait à elle. La jeune fille aperçut les Pléiades, l'amas ouvert d'étoiles dans la constellation du Taureau, juste à côté d'Orion. Elle se demanda premièrement comment pouvait-elle voir ces constellations mais se rappela vite l'endroit où elle se trouvait enfermée. Sa passion pour l'astronomie lui avait fait oublier tous ses problèmes pendant un court instant. Lâchant à contrecoeur des yeux le ciel étoilé, elle fit le tour de la cage pour y chercher une éventuelle sortie. Le mobilier luxueux parfaitement disposé dans la cage la surprit moins que le diamètre de celle-ci qui devait faire au moins deux fois la longueur de sa propre maison, qui était elle-même plutôt spacieuse. Pour avoir fréquenté les bassins en accompagnant Zoé à ses compétitions de natation, elle savait qu'il y avait plus de cinquante mètres de diamètre, bien qu'elle ne voyait aucun intérêt à enfermer une seule personne dans une cage aussi grande. Ne voyant aucune échappatoire, elle se rassit sur le gigantesque lit, observant la nuit silencieuse. Parmi les étoiles régnait ce silence ; d'apparence paisible mais terriblement oppressant. Le ciel aux couleurs sombres commença lentement à virer à l'orangé, au fur et à mesure que le soleil matinal se levait après les aurores boréales. Le grincement de la porte qui s'ouvrait la fit sursauter, bien qu'elle ne se retourna pas, sachant qui venait d'entrer. Le reflet de l'archange dans le miroir fixé sur la tête de lit trahit sa présence. Anya resta tournée, sans bouger. Elle ne voulait pas lui obéir. Elle ne voulait pas lui donner raison. Ces idées ne l'enchantaient guère, mais elle avait peur. Depuis que Michaël lui avait révélé ses véritables objectifs, ainsi que ce désir ineffaçable de surpasser son frère, elle avait été capable de percevoir plus précisément la face cachée de l'archange. Sans un mot, elle le regarda approcher, prenant soin de détourner les yeux dès qu'ils menaçaient de croiser les siens. N'entendant soudain aucun bruit, elle resta fixe, confrontée à un silence glacial.
- Pourquoi tu évites mon regard ?
Anya sursauta à la remarque de l'archange.
- ... Je ne l'évite pas.
- Ne mens pas. C'est inconvenant.
Il s'assit le rebord du lit, guettant une réaction de la jeune fille dans le miroir.
- Est-ce que tu as peur ?
- De toi ? Non. De ton besoin irrépressible de surpasser Lucifer ; oui.
- Tu n'as pas besoin d'avoir peur.
- Si. Tu l'as dit toi-même ; tu ne ressens rien en embrassant une personne. Les humains si, surtout s'ils ne sont pas consentants.
- C'est la raison pour laquelle vous êtes si fragiles.
- Je préfère ça à ne rien ressentir. Est-ce que la seule chose que tu puisses vraiment ressentir est la haine envers ton propre frère ?
- Ce ne sont pas tes affaires.
Son expression s'était soudainement obscurcie. L'adolescente n'insista pas, serrant les pans de sa robe dans ses mains.
- ... Dans ce cas laisse-moi seule.
- Tu veux vraiment rester seule ? Tu risques de rester ici assez longtemps, donc tu ressentiras bientôt le besoin d'avoir de la compagnie.
- Alors laisse-moi profiter des moments où je n'aurais pas à supporter des personnes aussi menteuses que les démons.
Le miroir à côté d'elle se brisa soudainement sous le poing de Michaël.
- Hé, sept ans de malheur--
- De quel côté es-tu ?
- Pardon ?
- Tu penses vraiment que les anges sont pires que les démons ? Dans ce cas laisse-moi te dire que tu es loin de connaître la notion du bien et du mal.
- ... Je l'ai déjà perdue en faisant un pacte avec un démon. Et un ange qui brise un miroir de frustration ne m'aide pas beaucoup à penser qu'il incarne le bien.
- Dans ce cas tu es du côté des démons ?
- Non plus.
- Tu devras choisir. Une âme n'a sa place qu'au Paradis ou en Enfer. Enfin, je te laisse le temps de penser au camp que tu choisiras. Réfléchis bien.
Il se tourna et se dirigea vers la porte. Anya plongea son regard dans un fragment de miroir s'accrochant désespérément à sa paroi. L'archange tira un pétale de chaque fleur dans le sens inverse des aiguilles d'une montre ; pétales qui repoussèrent immédiatement. Après avoir mémorisé l'ordre des fleurs, elle détourna le regard pour qu'il ne se doute pas de ce qu'elle venait de faire. Attendant un long quart d'heure après son départ, elle se leva et fit face à la porte. Elle tira le pétale du premier lys, puis du deuxième jusqu'au septième et dernier. La porte resta fixe pendant un long moment, suscitant quelque peu son angoisse, pour finalement s'ouvrir silencieusement. Anya prit une grande respiration et descendit le chemin nuageux pour se mettre à courir vers une forêt de pommiers en fleurs. Le Paradis possédait des paysages féeriques tout droit sortis d'un conte pour enfants, tandis que l'Enfer était plutôt semblable au monde humain, à l'exception des monstres qui y circulaient librement. La jeune fille bouscula un ange sur son passage, faisant monter son niveau de panique.
- Désolée !
Elle continua son chemin sans se retourner. L'adolescente était passée assez vite, et l'ange ne regardait pas dans sa direction lorsqu'ils s'étaient rentrés dedans. Cette pensée lui permit de supposer qu'il ne l'avait pas vue, ce qui eut effet de la soulager. La sensation de froid sur son pied la fit réaliser qu'elle avait presque foncé tête baissée dans un lac en traversant la forêt sans regarder devant elle. Sous ses yeux se trouvaient un groupe de jeunes filles, dont une seule ne s'enfuit pas en l'apercevant. Elle était magnifique. Ses cheveux argentés descendaient jusqu'à ses hanches aussi joliment que les cascades d'eau scintillante derrière elle. Ses yeux étaient d'un bleu extrêmement clair et pur. Elle portait une longue robe d'un blanc aux reflets nacrés qui ondulait à l'air libre comme si elle se trouvait sous l'eau.
- Qui es-tu ?
Elle avait parlé d'une voix douce et mélodieuse. L'adolescente se sentit immédiatement calmée par sa présence.
- Je m'appelle Anya. Je suis une âme.
- Une âme ? C'est rare d'en voir par ici... Je m'appelle Céleste, je suis une nymphe.
Une nymphe. Ces splendides créatures aquatiques dont Anya avait entendu parler dans la mythologie grecque. Elle était encore plus belle que la jeune fille n'avait pu l'imaginer.
- Qu'es-tu venue faire dans un endroit aussi reculé ?
- À vrai dire, je me suis en quelque sorte perdue.
- Je vois... Je peux te ramener vers l'Ostium si tu veux.
- L'Ostium ?
- Ça veut dire porte en latin. C'est l'endroit où les âmes se réincarnent.
- Surtout pas !
- Pourquoi ?
- Ah... Euh, ce n'est pas ça... Je ne dois pas me réincarner pour le moment. Je cherche une sortie du Paradis...
- Pourquoi voudrais-tu partir ? Il n'y a nulle part où aller...
- Eh bien... Comment dire...
- Ne t'inquiète pas, je vais te dire comment t'éloigner le plus possible de l'Ostium. Si tu suis le chemin de violettes, tu arriveras dans la forêt des elfes et des fées. Leurs souverains sont le roi Obéron et la reine Titania. Ils sont d'une gentillesse infinie, alors tu n'auras pas à t'inquiéter. Sois simplement courtoise. Les fées te mèneront directement à eux. Tu n'auras qu'à leur demander le chemin vers la Baie des Sirènes. Elles ne sont pas méchantes, les sirènes mangeuses de marins sont en Enfer.
- Je vois... Merci, Céleste.
- Tout le plaisir est pour moi. Bonne chance.
- Merci.
Anya se tourna et se mit en route sur le sentier parsemé de fleurs violettes que lui avait montré la nymphe. Les arbres qui l'entouraient étaient couverts d'une mousse verdoyante, et sur leurs cimes chantaient des oiseaux de toutes les couleurs. La douce brise qui parcourait cette forêt transportait avec elle un parfum boisé, une douce fragrance de fleurs et d'herbe couverte par la rosée. La jeune fille s'arrêta soudainement. Un léger tintement de clochettes se faisait entendre autour d'elle, ainsi que des voix aiguës. Une lumière dorée, puis trois s'approchèrent d'elle. Devant Anya se trouvaient des fées. Elles n'étaient pas plus grandes que son index. Leurs cheveux étaient d'un blond presque blanc, et elles portaient des robes faites de pétales de fleurs. La première, portant des vêtements de couleur rouge, s'arrêta devant le visage de la jeune fille.
- Tu es âme, pas vrai ? Qu'est-ce que tu fais dans la forêt violette ?
- Une nymphe m'a dit que vos souverains pourraient m'indiquer le chemin vers la Baie des Sirènes... Pouvez-vous m'aider ?
- Bien sûr, quand c'est demandé aussi gentiment. Nous allons t'y emmener.
Elles se tournèrent et s'enfoncèrent dans les prairies de fleurs mauves. Il y avait une quantité invraisemblable de lilas, magnolias et d'iris. L'adolescente remarqua le scintillement qu'émettait leurs ailes. Elle avait vu dans plusieurs films qu'il s'agissait de poussière de fée, théorie qui s'avérait être vraie. Les trois fées s'arrêtèrent devant un immense arbre couvert de fleurs.
- Bienvenue au château du roi Obéron et de la reine Titania.
Bonsoir :3 Ceci est un petit mot pour vous dire que mon oral est officiellement passé et que j'aurai donc un petit laps de temps avant les examens de fin d'année, mais surtout...
Vous m'avez offert plus de 2K de vues et de 220 votes, et je vous en suis infiniment reconnaissante :D Je n'aurais jamais cru que mon histoire atteindrait ce niveau, mais vous avez rendu l'impossible possible. Merci pour votre support et j'espère que vous continuerez à suivre cette histoire :3
PS: Il faut vraiment que j'arrête de dire " Le prochain chapitre sera ce soir " parce que je finis toujours par avoir un blocage et m'endormir au lieu de terminer ~.~
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