Chapitre VII - Promesse
Le claquement résonnait encore dans la ruelle. Astaroth tourna lentement sa tête vers elle, un regard énervé sur le visage.
- Je commence à perdre patience.
Anya n'eut pas le temps de réagir, sentant son crâne heurter le sol. Le poing du démon vint percuter le sol à côté de son visage, éclatant le goudron en morceaux qui volèrent dans les cheveux de la jeune fille.
- Si je n'avais pas ce pari à gagner tu serais déjà morte. Maintenant tu vas être sage et écouter attentivement. Tu es une âme marquée, la cible d'un démon. Tu n'es qu'un simple pion parmi d'autres, alors tu n'as aucun droit de donner des ordres. Tu n'as aucun droit de te plaindre non plus. Tout ce que tu as à faire est d'attendre gentiment ton heure sans résister. Tu n'as pas le choix, il n'y a pas d'échappatoire. Une simple âme comme toi est censée obéir et rester sage, et pourtant tu réussis à démontrer ton insolence dans une situation comme celle-ci. Tu n'existes plus dans ce monde. Puisque tu dois encore survivre avant la fin de l'année je me fiche que tu cherches à t'enfuir, au contraire, mais à la place de Lucifer je t'aurais déjà tuée.
- Avant la fin de l'année... ? Ce n'était pas un an entier... ?
- Il t'a donné de faux espoirs on dirait. Il doit te tuer avant la fin de cette année, et nous sommes aujourd'hui le premier jour de novembre. Désolé de briser tes espoirs de survie, mais Lucifer a sûrement déjà commencé à prendre ce pari au sérieux.
Elle resta immobile, sans un mot.
- Il a dit qu'il ne prendrait pas mon âme de force, que c'était une manière disgracieuse de gagner...
« Mais c'est sûrement un mensonge aussi. »
- Tu es encore plus naïve que ce qu'il avait dit. Je n'ai plus de temps à t'accorder alors fais attention à ce que je vais te dire. Tu ferais mieux de survivre jusqu'au premier janvier. J'ai parié une grande quantité d'âmes alors ne mets pas mes affaires en l'air.
- ... Je ne compte pas survivre pour toi.
- Tant que tu tiens jusqu'à la date limite, tu peux survivre pour qui tu veux. Sur ce, le vieillard a besoin de moi pour passer les portes.
Il disparut sur ces mots. Anya resta figée pendant un long moment, le regard fixé sur la montre brisée à côté d'elle. Elle la prit dans ses mains tremblantes tandis que de chaudes larmes coulèrent sur ses joues. Des bruits de pas se firent entendre dans la rue.
- Anya !
Théo et Emma se précipitèrent vers elle, à bout de souffle.
- On a entendu un bruit près de la maison et on a vu le poteau tomber, est-ce que-- Où est Gilbert... ?
Remarquant l'incapacité à répondre de leur amie, ils ne tardèrent pas à comprendre et aperçurent la montre à gousset dans ses mains.
- Oh non...
Théo resta silencieux, une expression choquée et peinée sur le visage, tandis qu'Emma s'effondra en larmes.
- Emma... Prends les provisions. On ne peut pas rester ici...
Elle étouffa un sanglot et ramassa le sac de courses pendant que l'adolescent désencombra la jambe d'Anastasia.
- Tu peux marcher ?
Elle se contenta de hocher la tête sans un mot ou un regard et le suivit jusqu'à la maison en bord mer. Tandis qu'il s'enferma dans une pièce, Emma s'assit contre la porte et s'entoura les jambes de ses bras, y enfonçant son visage. Anya resta figée au milieu du salon, puis monta sans aucun bruit dans sa chambre pour s'asseoir contre la porte après l'avoir verrouillée. Après quelques heures, Théo sortit de la chambre, apercevant Emma qui s'était elle aussi relevée.
- ... Tu vas mieux ?
- Oui... J'avais besoin d'être seul un moment. Gilbert nous en aurait voulu de rester dans cet état. Où est Anya ?
- Dans sa chambre. Je ne l'ai pas entendue faire un bruit...
- Tu crois que tu peux te charger du repas ? Je vais aller la voir.
- Oui.
Elle se dirigea vers la cuisine tandis qu'il monta les escaliers et frappa à la porte. Il n'obtint aucune réponse.
- Anya... Je sais que tu es là.
Étant donné qu'il faisait toujours face au silence, le garçon essaya d'ouvrir la porte, en vain.
- Anya, tu ne peux pas rester enfermée toute la journée. Ouvre la porte...
Voyant qu'elle n'était pas décidée à lui donner le moindre signe de vie, il força la serrure et ouvrit la porte. La jeune fille était assise face au mur, en boule sur son lit, enroulée dans sa couverture qui ne laissait paraître que son visage.
- ... Il faut que tu viennes manger.
Elle ne bougea pas. Théo s'approcha d'elle et posa une main sur son épaule, ce qui la fit frissonner.
- Allez, viens.
Sans un mot, elle se leva doucement ; bien qu'elle y fut quelque peu aidée. Ils descendirent les escaliers et arrivèrent dans la salle à manger. Emma avait fait cuire du riz qui était déjà servi. Les deux arrivants s'assirent à table. Anastasia ne toucha pas à son assiette, ce que son amie remarqua.
- Anya... ? Tu devrais manger...
- ...
- Si tu n'aimes pas je peux faire autre chose, ce n'est pas un problème...
L'adolescente resta sans voix, un regard vide sur le visage.
- Anya !!!
La montée de voix de Théo ainsi que me bruit de son poing frappant la table la firent réagir.
- Dis quelque chose bon sang !
- Attends Théo, elle est peut-être encore en état de choc... !
- C'est de ma faute...
- Quoi ?
- C'est parce qu'il a essayé de me protéger qu'il est mort...
- Anya, peu importe la situation, tu n'y pouvais rien. Astaroth avait décidé de le tuer aujourd'hui, alors même s'il avait survécu à l'incident, il l'aurait tué après. Ce n'est pas de ta faute...
- Mais--
- Il n'y a pas de « mais » qui tienne !! Tu crois que Gilbert t'a sauvée pour que tu te mettes dans cet état ? Tu penses que c'est ce qu'il voulait ?
Les paroles de Théo lui rappelèrent soudainement celles de Gilbert.
« Vis, Anya. »
- Non... Tu as raison... Je mangerai au prochain repas, j'ai juste besoin d'un peu de temps pour me remettre.
- Tu es sûre que ça va ?
- Oui, je dois juste me calmer un peu.
Elle remonta les escaliers et s'assit à son bureau, prenant dans ses mains la montre à gousset.
- Tu es décidée à me donner ton âme maintenant ?
La jeune fille n'adressa pas un regard à Lucifer qui se trouvait à côté d'elle.
- ... Non.
- Tu es plutôt têtue comme fille.
- Je déteste les menteurs.
- Quoi, tu es encore en colère à cause de tes parents ?
- Il n'y a pas que ça. Tu m'avais dit que le pari s'étendait sur un an entier alors qu'il ne te reste que deux mois pour avoir mon âme.
- Je m'étais trompé alors.
- Ne te fiche pas de moi. De toutes façons je ne te laisserai pas avoir mon âme, pas parce que je veux laisser Astaroth gagner, au contraire, mais parce que je ne peux laisser le sacrifice d'un camarade être en vain.
- Je vois, noble motivation. N'oublie pas que j'ai deux mois pour te faire changer d'avis.
Il disparut sans lui laisser le temps de réagir.
« Tu peux toujours courir.»
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