« Je savais qu'atteindre la retraite ne serait pas chose aisée Sean, mais là, je trouve que tu y mets un petit peu trop du tient en ce qui concerne ma mort prématurée... » Se désola Severus alors que l'enseignant amarrait leur petite barque.

Après le déjeuner assez catastrophique entre les membres de l'Ordre, Dumbledore avait permis à chacun de rentrer chez soi. Le future potioniste, très peu enjoué à l'idée de retourner chez son père, avait installé ses quartiers chez Eliott où Harry était venu le chercher le matin même pour une « petite escapade éducative » qui consistait en réalité à récupérer le collier de Serpentard, caché dans la grotte près de la rive où l'orphelinat de Tom organisait ses escapades. Sean avait rapidement résumé la situation à l'étudiant et comme Dumbledore quelques années plus tôt, lui avait fait jurer de lui faire boire jusqu'à la dernière goute le liquide infame et ce malgré ses supplications.

Ils s'approchèrent du récipient dans un silence religieux tout en prêtant une attention toute particulière à l'eau trouble où reposait les inferis. Si par malheur ils les réveillaient, l'ancien lion ne donnait pas cher de leurs peaux. Il saisit la coupelle qu'il remplit d'eau et l'approcha de ses lèvres tremblantes, l'appréhension lui serrait la gorge. Soudain, une main agrippa son bras, le faisant sursauter. Severus lui retenait la main, le visage, mi-confus, mi-irrité...

« Qu'est-ce que tu comptes faire là exactement ?

- C'est le seul moyen de récupérer l'artefact Sev, et il est hors de question que je te laisse te mettre en danger en buvant ça...

- Et si tu meurs ? Tu comptes le vaincre comment exactement le Seigneur des ténèbres ?

- Arrêtes de dramatiser, ce n'est pas mortel. Par contre, ça cause des souffrances abominables et une soif inétanchable qui donne envie de s'abreuver dans le lac, ce qui, fatalement, réveille les inferis.

- Mais pourquoi tu le bois dans ce cas ?

- Car pour pouvoir accéder au collier, on doit boire tout le liquide qui le maintien prisonnier. Une expression atterrée se peignit sur le visage de l'adolescent.

- Mais ce n'est pas possible... comment tu as pu survivre en étant aussi stupide ?

- Hein ? »

Le brun ne prit même pas la peine de lui répondre et ramassa au hasard une pierre sur le sol qu'il métamorphosa en bol. Dans ce bol, il déversa la coupelle et transvasa le reste du poison dedans. Enfin, il déposa la coupe sur le sol et récupéra la parure qu'il rangea dans sa poche sous l'œil hébété du professeur.

« M-mais, c'est... et puis, non, non Dumbledore av-était...

- Complétement sénile et aux portes de la mort quand il s'est dit que c'était une bonne idée de s'enfiler entièrement une jarre de poison avec l'aide de son élève.

- Je me sens vraiment très con, là, tout de suite.

- Ah bah là, je dois avouer que c'est prodigieux...

-Pff, non mais c'est toi aussi qui réfléchit comme un Serpentard.

- Et toi comme un nourrisson par encore sevré ! Cela dit, maintenant je ne peux plus douter, il est indiscutable que tu es bien le fils de ton père.

- Laisses mon père où il est veux-tu.

- De quoi, six pieds sous terre ?

-...

-...

- ...Severus ?

- Oui ?

- Cours. »

Les deux jeunes hommes se lancèrent dans une course effrénée à l'intérieur de la grotte, sur la pierre glissante. Ce qui devait arriver arriva, le Serpentard dérapa sur la roche, manqua de s'éclater le crâne sur le sol et se rattrapa de justesse à Sean qu'il entraina dans sa chute. L'élève se retrouva allonger sur son enseignant et tous deux s'observèrent quelques secondes dans un silence gêné avant de partir dans un fou rire franc. Lorsqu'ils reprirent leur calme, ils étaient à bout de souffle et leurs visages rougis.

Le voyage de retour se fit dans une ambiance bien plus détendue que l'allée et sous les commentaires désobligeants de Severus à propos du manque de jugeote d'un certain professeur de défense. Ils se séparèrent dans le coin sombre du bars douteux où ils avaient transplané sans échanger un mot, dans ce genre d'endroit, les murs ont des yeux, des oreilles tout comme les clients. Harry rentra dans son petit appartement, complétement exténué par les ascenseurs émotionnels qu'il avait subi tout au long de la journée. Il saisit dans sa commode un verre et une bouteille de Whisky pur feu puis s'installa sur son canapé. Haru, à qui son ami avait manqué, se lova contre son bras dans un sifflement appréciateur.

Ils discutèrent tous les deux un moment de tout et de rien jusqu'à ce que le petit serpent semblât, comme dans un éclair de lucidité se rappeler d'un détail, somme toute assez important.

« $Deux pattes, j'ai oublié de te dire qu'une lettre avait été apporté pour toi par notre amie à plumes. $

- $D'accord, mais... tu veux que ça me fasse quoi ? J'ai failli m'empoisonner tout seul comme un demeuré aujourd'hui, les états d'âme des personnes du monde extérieurs je m'en tape le coquillard pour information. $

- $Oui, peut-être mais le papier était rouge. C'est important ça le rouge, non ? $

-$ ... Tu te fous de moi j'espère ? $

- $Non. $

- $ Bordel Haru, je te jure que notre prochain voyage à Poudlard, tu le fais dans une boite accrochée à Hedwige. $

-$ QUOI ?! Je ne suis pas un colis ! Je te jure que si tu fais ça, je t'étouffe dans ton sommeil. $

-$ Mais qu'est-ce que tu siffles, t'as moins de force qu'un vers abruti ! $

-$ Ah ouais ? $ Le petit être mordit violement la main de son propriétaire et partit, vexé, trouver une petite sourie à grignoter.

- $Non mais ne le prends pas comme ça... Haru ! $Héla le jeune homme. Tss, il a un de ces caractère de cochons lui. » Grommela-t-il en suçotant la petite plaie qui s'était mise à saignée. Il se releva avec lenteur et saisit la petite enveloppe qui frétillait de rage sur son plan de travail. Il la décacheta avec précaution mais aussitôt, la voix criarde de son chef de section envahit la pièce.

« DEVIS ! TU TE FOUS DE MOI ?! TU CROIS FRANCHEMENT QUE C'EST LE MOMENT DE PRENDRE DES VACANCES ?! IL Y A EUT UNE ATTAQUE DANS UN PETIT VILLAGE DU NORD A QUELQUES KILOMETRE A PEINE DU CHATEAUX QUE TU ETAIS CENSE SURVEILLE !! CES PUTAINS DE MANGEMORDS ONT PROFITE DE TON ABSCENCE POUR ATTAQUER BOUGRE D'IMBECILE ! T'AS INTERÊT D'ETRE LA DANS L'HEURE SI TU TIENS A LA VIE !!! TES COEQUIPIERS T'ATTENDENT DEJA POUR FAIRE UNE BATTUE ET VENIR EN AIDE AU VICTIME ! RAMENES TOI, MAINTENANT !!! »

Sean cligna des yeux plusieurs fois, les beuglements d'Ombrage résonnant encore dans sa tête. Il jeta un regard envieux à sa bouteille et son verre et se dépêcha de rejoindre la salle de bain où il passa l'uniforme pourpre des Aurors. Il s'apprêtait à sortir quand en apercevant la pendule qui affichait 17h, il se stoppa net et d'un sifflement tremblotant questionna son ami reptilien.

« $ Dis, je sais que tu fais la gueule mais, pour info, elle a apporté à quelle heure cette lettre la chouette ? $

- $Si je te le dis, tu ne me ferras pas voyager dans une boite ? $

- $Oui Haru... $

- $Promis ? $

- $Promis, juré ! Alors ? $

- $Dans les environs de midi et demi. Pourquoi ? $

- Et merde. »

°°°°°°°°°°

« Alors, comme tu peux le voir, les elfes de maison ont aménagé et préparé ta chambre de sorte que tu sois à l'aise. Déclara Lucius d'un ton pompeux.

- Merci...

- Mais de rien, c'est tout naturel voyons, maintenant que nous somme... collègues, il va de soi que je ne peux pas te laisser préparer ce genre de potions pour la collectivité dans le taudis que tu appelles « maison ». Pour être tout à fait honnête avec toi, notre maitre à très fortement insisté pour que tu puisses venir épanouir tes talents ici. Je n'étais pas particulièrement enclin à laisser un batard de demi-sang vivre avec des êtres qui lui sont tellement supérieur mais, IL m'a convaincu de te laisser ta chance et de donner la priorité au « bon côté » de tes ascendances... Le blond caressa délicatement l'arête de sa mâchoire d'un mouvement brusque le saisit par le col de sa chemise et le colla à lui. Il planta ses yeux froids dans son regard et termina sa tirade d'une voix dangereusement basse, tâches de t'en souvenir. »

Severus s'autorisa enfin à respirer une fois la porte en chêne claquée. Il avait correspondu avec son enseignant plusieurs jours et ils avaient tous deux décidé qu'accepter la proposition de l'héritier Malefoy de passer la fin des vacances dans son manoir n'était pas une mauvaise idée. Surtout que « Harry » ne pouvait pas vraiment faire grand-chose jusqu'à son retour à Poudlard puisque son chef de section était, selon ses dires, « ventousé sur son dos comme Dumbledore à un paquet de bonbons au citron ». De plus le professeur était persuadé que Lucius et lui étaient amis et que par conséquent il ne risquerait rien chez lui... Plus il y pensait, et plus il se disait que sa légère exagération des relations qu'il entretenait avec le futur Lord n'avait vraiment pas été ce que l'on pouvait qualifier de « brillante idée ».

Les quelques maigres échanges qu'ils avaient étaient, aux mieux cordiaux, au pire incroyablement insultants et dominateurs. D'ailleurs, si le jeune homme n'avait pas absolument tenu à s'immiscer dans son amitié avec Narcissa, le brun aurait franchement préféré ne jamais avoir à lui adresser la parole. Sa fatuité et son constent verbiage avaient le don de l'agacé.

Un jour, alors qu'il venait à peine de sortir du lit et qu'il se rendait à la douche, il se souvint avoir entendu quelqu'un toquer à la porte de son dortoir et à peine eut-il ouvert la porte qu'un poing s'abattit sur sa tempe avec force, le projetant au sol sans douceur. Le préfet était entré dans sa chambre, les traits de son visage déformés par la rage. Il s'était mis à lui hurler des propos incohérent, persuadé que si Narcissa ne voulait plus l'épouser s'était pars qu'elle l'aurait trompé avec lui. Il s'était défendu, niant ses accusations en bloc et alors s'en était suivit des semaines d'humiliations, de brimades et de moqueries de la part de ses ainés qui, comme d'habitude, suivaient aveuglément leur leader. Il avait fallu l'intervention de la cadette des Balcks, en larmes, jurant d'épouser son fiancé pour qu'enfin cette histoire soit oubliée et passée sous silence.

Pendant ce harcèlement ridicule, le potioniste avait découvert qui était vraiment le sang pur. Non pas l'adolescent affable, maniéré et lâche qu'il prétendait être mais bien un homme violent, jaloux et possessif trop sûr de lui et persuadé de tout connaitre, de tout savoir. Il n'avait aucune limite lorsque l'on lui enlevait son masque de garçon de bonne famille. Voilà la raison principale de l'inquiétude de Severus par rapport à cette cohabitation. Heureusement, ils ne seraient pas seule dans la bâtisse vétuste de la famille, le serpent avait également invité plusieurs autres héritiers dans son genre dont, Regulus Black.

L'adolescent ne savait pas encore vraiment quoi faire de lui. Le garçon ne voulait pas rejoindre les rangs du seigneur noir, ça se voyait, mais il était bien trop attaché aux traditions de sa famille pour les abandonner et de toutes façons, il était trop lâche pour oser se révolter. Il ne voyait pas comment l'aider mais étrangement, il ne voulait pas, ne considérait pas le fait de le laisser seul, se battre pour sa liberté. Et puis, il pourrait toujours lui être utile, il ne manquait plus qu'un Horcruxes à Sean pour pouvoir enfin se débarrasser de son maitre, un serpent du nom de Nagini apparemment... Après tout, un service en vaux un autre et puis, il avait entendu les sœurs Blacks discuter de la potentiel présence du seigneur dans le manoir et de son « affreux animal rampant ». Ça valait peut-être le coup de vérifier et, un coup de main ne serait pas de refus.

L'étudiant s'installa sur l'immense bureaux verni que lui avait fait installer son hôte, saisit la plume d'aigle mise à sa disposition et le parchemin de haute facture puis commença la rédaction de sa lettre à un certain professeur de défense de sa connaissance et lui raconta son idée, sans mentionner au passage le fils Black, et lui demanda si il n'avait pas, par hasard de quoi détruire/tuer un morceau d'âme rampant...