Chapitre 15
Harry n'avait jamais compris pourquoi mais le brouhaha qui emplissait la grande salle à chaque repas l'avait toujours rassuré. Depuis son premier jour dans cette immense école, le bruit l'avait apaisé. Il aimait imaginer que son fils aussi aurait chéri l'atmosphère enfantine qui régnait dans cette salle. Quand Ginny lui avait annoncé qu'elle était enceinte. Sean avait sauté de joie. Il allait être papa ! Il s'était juré qu'il serait le meilleur père du monde, toujours là pour son fils, il lui aurait appris à jouer au Quidditch, il l'aurait emmené faire du vélo, il aurait demandé à Hermione et Ron de le garder pour qu'il puisse faire des sorties en amoureux avec sa femme... Et puis, il était redescendu sur terre. Il vivait dans un monde en guerre. Les sbires de Voldemort voulaient sa peau et celle de tous ses proches. En lui donnant la vie, il traçait au marqueur indélébile une cible sur le front de son enfant. Mais, Ginny l'avait rassuré, elle l'avait calmé, Severus l'avait secoué et quand son fils était né, Harry avait oublié tout ce qui n'était pas James.
Le petit bout de chou que l'infirmière posa dans ses bras, Sean su d'emblée qu'il serait capable du pire comme du meilleur pour le protéger. Les larmes commençaient à monter aux yeux du professeur. Comment des hommes pouvaient-ils être si cruels ? Comment pouvait-on tuer un innocent bambin ? Il se rappelait le jour où il avait retrouvé son bébé sans vie dans son landau. Le cadavre d'Arthur, gisant à côté. Son cœur s'était brisé. Il était arrivé chez le professeur Rogue, amorphe, sans vie, le Serpentard avait mis des heures à le faire parler. Harry s'en souvenait parfaitement, cette nuit-là le ciel était dégagé, il n'y avait qu'une légère brise qui secouait les arbres. Le jour où son enfant était mort était un 31 octobre. Le soir d'Halloween. Perdu dans ses souvenirs, il sentit une unique larme roulée sur sa joue.
« Sean ? Vous allez bien ? L'interrogea McGonagall.
- Ce ne sont que de vieux souvenirs Minerva. Rien qui ne doivent vous inquiétez. La voie de l'enseignant était tremblante.
- Vous êtes sûr ?
- Oui, oui, ne vous inquiétez pas. » Le sourire crispé de son collègue interpella la professeure mais elle finit tout de même par se détourner de lui après une énième taquinerie d'Albus. Le banquet d'Halloween était encore une fois d'une beauté à couper le souffle, tous les élèves, peu importe leurs âges, étaient subjugués par les décorations, et l'ambiance qui régnait dans la pièce était festive. Seul Harry ne semblait pas réceptif à la magie du moment.
Lorsque le moment du dessert arriva, un imposant hibou pénétra dans la salle. Toutes les discussions cessèrent à mesure que l'animal s'approchait de leur prof de défense. L'oiseau lança presque un regard méprisant au brun alors qu'il reprenait son envol après avoir déposé sous les yeux du sorcier une superbe enveloppe, de première qualité, cachetée à la cire. Sean fixa la missive pendant plusieurs minutes avant de daigner la prendre du bout des doigts. Il sentit une sueur froide glisser dans son cou alors qu'il reconnaissait le cachet de Gaunt. Il décacheta la lettre avec lenteur, tentant de retarder au maximum l'instant fatidique puis, emporté par l'angoisse et la curiosité, il parcouru le parchemin.
Très cher Garçon-qui-a-survécu,
J'imagine que tu as vu quel jour nous étions. Le 31 octobre. Ahhh... Halloween... Notre rendez-vous annuel. Je trouve que chaque année j'ai maintenu un bel équilibre, la mort de tes parents, le troll dans les cachots, l'intrusion de ton parrain fugitif dans Poudlard, ta sélection au tournois des trois sorciers, etc... Dernièrement c'était le meurtre de ton rejeton il me semble. Et tu sais comme on dit dans le monde moldu, jamais deux sans trois.
Cette année je me suis lâché. Avec mes très chers Mangemorts nous avons attaqué un peu plus tôt dans la soirée à deux villages différents. À première vue tu me diras, rien ne peut les relier, c'est là que tu te trompes Harry. De toutes les victimes que nous avons fait cette nuit, deux devraient retenir ton attention. Julia Potter et Valentin Evans, traduction, la mère de James et le père de Lily.
J'imagine ton regard rempli de haine à cet instant précis. La colère qui te fait serrer les poings, qui blanchit ta mâchoire. Il te reste encore 5 Horcruxes à trouver. Je te souhaite bon courage. Je pense que si tu continues de te mêler de ce qui ne te regardes pas, ma prochaine cible ne sera ni plus, ni moins que ce mouchard de Severus Rogue...
Son sort ne dépend que de toi, Potter.
Au plaisir de te détruire. Passe le bonjour à tes parents.
T.E.J
Le poing du professeur s'abattit sur la table alors que des larmes de rage menaçaient de couler sur ses joues alors que toutes les têtes se tournèrent vers lui dans un bel ensemble.
« Il y a-t-il quelque chose dont vous aimeriez me parler mon garçon ? Engagea Dumbledore.
- Oui, apprenez, vous et votre ami le ministre le sens du mot « efficacité ». Cracha le jeune homme.
- Je vous demande pardon ?
- Si vous étiez capable d'intervenir à temps, peut-être que Voldemort ne se permettrait pas ces foutus raides chez les moldus pendant que vous vous remplissez la panse. Il jeta un regard furibond au directeur qui ne pipait mot. Je vous laisse le soin de présenter vos condoléances à vos élèves... Pendant que vous sacrifiez vos pions, ce sont leurs parents qu'ils ont perdus. »
Il quitta la grande salle la tête haute, insensible au lourd silence qui s'était abattu sur les élèves puis, noyé par un flot d'émotion, se mit à courir aussi vite que ses jambes le lui permettaient. Sa course effrénée l'amena jusqu'au lac noir devant lequel il se laissa tomber rageusement. Comment cette enflure pouvait-il lui envoyer ça ? Certes la décence était un concept abstrait pour lui mais de là à se montrer irrespectueux envers les morts qu'il avait lui-même causé... car oui ! Puisqu'apparemment la face de serpent avait récupéré tous ses souvenirs, il n'avait aucun problème pour tenir le Voldemort du passé responsable des crimes du Voldemort du future. Un léger froissement attira son attention vers l'allée central, dévoilant le jeune Severus Rogue.
« Dure journée ? Sean poussa un soupir.
- Tu n'imagines même pas à quel point.
- Vous coulez en parler ? Proposa timidement l'adolescent.
- C'est moi qui suis sensé réconforter et conseiller les élèves. Pas l'inverse.
- On n'a qu'à dire que c'est pour vous remerciez de tous les conseils que vous, vous m'avez donné...Harry laissa un pauvre sourire hanté ses lèvres.
- Aujourd'hui, c'est Halloween.
- En effet. Ce que vous dites et juste...
-...
-... Et ?
- Quand j'avais un an, Voldemort a tué mes parents le soir d'Halloween et ça fait environ dix ans qu'il tend à me le rappeler annuellement.
- Qu'est-ce que vous voulez dire ?
- Dès qu'il m'arrive un malheur, c'est toujours à Halloween, ça a toujours été comme ça. C'est une vérité immuable. Il m'arrive également malheur les autres jours de l'année mais d'un, ce n'est pas forcément de son fait et de deux, ce n'est jamais aussi... dantesque.
- Vous avez des exemples ?
- Quand j'avais onze ans, un troll s'est introduit dans mon collège et a failli nous tuer moi et mes deux meilleurs amis, il s'est avéré plus tard qu'il s'agissait en fait du seigneur des Ténèbres qui tentait de voler un objet très précieux qui avait été confié à mon directeur.
- ... On peut effectivement associer ça à un « malheur ».
- L'année dernière, il... il s'est introduit chez moi et... La voix du Survivant se brisa.
- Oui ?
- Il a tué mon... mon fils. De grosses larmes coulaient sur ses joues. Il veut me détruire, ça fait des années qu'il essaie. Mais il ne se rend pas compte, maintenant, je n'ai plus rien à perdre. Quand j'ai découvert le cadavre de mon fils, j'ai juré que je le tuerais, de mes mains et je ne compte pas revenir sur ma parole. »
Le Serpentard posa sa main sur l'épaule de son professeur en signe de réconfort. Des paroles auraient été superflues. Un silence apaisant les entourait, la nuit était fraiche mais le ciel était découvert, un croissant de lune les éclairait et les étoiles dominaient le ciel noir et apportaient un peu de lumière. Après plusieurs minutes de silence, l'ex Gryffondor reprit.
« Et toi ?
- Quoi moi ?
- Pourquoi tu étais à l'infirmerie.
- J'ai eut le tort de reprendre contact avec Lily Evans, une ancienne amie qui, de part son statut de sang et sa répartition n'est pas vraiment aux gouts de mes camarades de dortoirs... ils me l'ont bien fait comprendre.
- Sympathique.
- Ça m'énerve que ces idiots se permettent de juger l'amitié que j'entretiens avec Lily sous prétexte que son sang n'est pas « pur ». Le miens non plus ne l'est pas et pourtant les deux premiers du classement c'est bien elle et moi. La dernière fois, Lestrange est venu me voir et m'a dit avec un air tellement hautain que j'ai faillis le gifler, « Tu sais Rogue, personne ici n'a oublié le bon côté de ton ascendance. Le maître pourrait même te trouver une utilité si tu arrêtais de sympathiser avec des sangs-de-bourbes ». Sean leva les yeux au ciel. J'adore la magie mais la mentalité sorcière me rebute tellement que parfois je regrette de ne pas être un moldu. Les sorciers sont tellement à la arriérés, ça en devient terrifiant.
- Tu n'imagines même pas à quel point tu as raison. Crois-moi, ces personnes-là, il vaut mieux les ignorer. Ils s'imaginent tout savoir, tout connaître mais au final ils ne comprennent pas ce qui compte vraiment. Si on révélait l'existence du monde magique aux moldus, de manière pacifique je veux dire, il n'y aurait pas de problème, ou en tout cas, moindres comparés à ceux qu'on risque en ce moment. La plupart des moldus sont tolérants il y en a forcément qui tenteront de nous chasser mais c'est normal, ils auront peur de ce qu'ils ne comprendront pas. C'est à nous de leur montrer qu'il n'y a pas de quoi avoir peur et pour ceux qui s'entêteront dans leur ignorance et bien... on essaiera d'en faire fi.
- Mmh ». Acquiesça Severus.
Un silence confortable s'installa entre eux avant qu'Harry ne tourne la tête vers son élève.
« Dis ? Tu ne veux pas me tutoyer ? J'ai l'impression d'avoir l'âge de Dumbledore là.
- Je ne sais pas, vous le méritez ?
- Maintenant que tu es mon confident, on peut bien se le permettre non ?
- Si v-tu le dis. Bégaya le garçon.
- Cool.
-...
-...
-...
- ... Et maintenant qu'on est en totale confiance l'un avec l'autre, tu pourrais m'expliquer qui est cet « Eliott » dont tu parlais avec mademoiselle Evans ? Severus manqua de s'étouffer avec sa propre salive et se mit à tousser fort peu gracieusement.
- Le tact tu connais ?! Espèce de commère !
- Rho ça va, je me renseigne, c'est tout. »
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