Chapitre 30
ISAAC
Je la regardai avec ahurissement.
Ses mots se répétaient dans ma boîte crânienne.
Drew m'a embrassé ...
Mon cœur pompait énergiquement du sang qui tambourinait dans mes tempes.
Drew m'a embrassé ...
Ce connard avait osé faire ça !
Elle me fixait de ses grands yeux vides de tout. Elle attendait que je réagisse.
Mais comment pouvais-je réagir calmement ?
La colère monta en moi d'une flèche, telle un volcan en éruption. Je serrai les poings avant de fermer les yeux et de souffler fortement.
Je devais me contrôler à tout prix. La jalousie et la haine m'envahissait bien trop fortement.
Lorsque je sentis sa main sur mon bras, je reculai vivement comme piqué par une guêpe au venin puissant qui pouvait causer ma fin et la dévisageai avec haine et mépris.
— NE ME TOUCHE PAS ! grondai-je.
— Isaac ... hoqueta-t-elle sous le choc.
Je m'en allai en direction de l'entrée, pris ma veste et quittai la maison sous ses hurlements. Elle me suivit et je la vis dégainer son téléphone et appeler je ne sais qui avant que je ne m'engouffre dans ma voiture pour conduire furieusement.
Je ne pouvais pas réfléchir.
Je ne respectai pas le code de la route et n'arrêtai pas de me faire klaxonner que ça soit par elle ou d'autres automobilistes.
Elle m'appela une centaine de fois, mais je rejetai à chaque fois ses appels. Je n'avais qu'une chose en tête, retrouver ce connard et lui arranger la face.
Lorsque j'arrivai au lieu voulu, je vis le choc dans son regard à travers le rétroviseur. Elle n'avait visiblement pas deviné ma destination.
Je sortis de la voiture en claquant bien fortement la portière avant de me diriger vers l'immense porte de cette demeure.
Je sonnai comme un forcené, me préoccupant peu de l'heure tardive en alternant les coups et la sonnerie.
Elle n'eut pas le temps de m'arrêter car en arrivant à ma hauteur, la maitresse des lieux vint m'ouvrir.
Elle fut décontenancée de me voir et je ne lui laissai pas le temps de placer un mot, car je rentrai en la bousculant presque, tout en lui demandant où se trouvait son fils de merde.
— Je ne vous permets pas de rentrer comme ça chez moi et surtout d'insulter mon fils sous mon toit ! s'écria-t-elle, ulcérée.
— Drew ! en fis-je de même.
— Oh mon Dieu ! lâcha DD qui finit par débarquer. Je suis désolée madame Davis ! Isaac, arrête ça tout de suite ! dit-elle tout en s'approchant vivement de moi.
— Laisse-moi, OK ?
Drew finit par descendre, alerté par les cris et me dévisagea avant d'échanger un bref regard avec DD par-dessus mon épaule.
En plus, il osait la regarder devant moi !
— Isaac, on s'en va ! rétorqua-t-elle froidement en m'attrapant le bras.
Cependant, je me débattis presque en la poussant ce qui la choqua encore plus.
— Je te le répète, NE ME TOUCHE PAS DD !
Elle leva les mains en signe de reddition et me toisa.
— Tu devrais sortir de chez moi, lâcha Drew. Personne ne t'a permis de rentrer.
Je reportai mon attention à celui qui était la source de mon malheur et de mon état, et ricanai comme un fou sous leur regard. Je finis par le pointer du doigt en m'avançant vers lui.
Désinvolte, il osa croiser les bras et me fusiller du regard tout comme je le faisais.
— C'est marrant parce que tu prends un peu trop tes aises avec ma femme comme je viens de le faire en rentrant chez toi. Elle est à moi. Tu as perdu Drew ! Il serait temps que tu te mettes ça dans le crâne !
— Premièrement, elle n'est pas encore ta femme, deuxièmement, elle ne t'appartient et si tu crois un seul instant que c'est le genre de DD d'appartenir à un type, tu te mets le doigt dans l'œil, ricana-t-il, et ça serait juste la preuve que tu ne la connais pas tant que ça et pour finir, ce n'est pas un jeu. Je ne pense pas que ça lui plaise que tu la qualifies comme telle. Il faut que tu te mettes dans le crâne, qu'on sera toujours important pour elle, comme elle pour nous. Après tout, mon frère est le père de Skyler et je suis son oncle.
Je serrai les poings, me demandant ce qui me retenait de lui en flanquer une.
— Donc toute cette merde que tu viens de raconter, te permettrait de l'embrasser, alors que tu sais qu'elle est fiancée ? Tu me prends définitivement pour un con Drew !
J'étais face à lui et je savais que ce n'était qu'une question de temps avant que le premier coup ne parte.
— Isaac, s'il te plait, on s'en va, dit-elle en mesurant le ton de sa voix.
Elle tenta de s'insinuer entre nous, mais aucun de nous ne bougea d'un poil.
— Pitié Issac ! s'impatienta-t-elle. Tu fais n'importe quoi là !
Je la décalai sur le côté en lui demandant de la fermer.
— Tu ne lui parles pas comme ça ! intervint-il froidement. Elle n'a rien fait ! C'est moi, ton problème ! C'est moi qui l'ai embrassé.
Cela m'énerva d'autant plus qu'il l'admette sans ciller et sans regret.
Une voix intérieure m'intimait qu'il allait tout briser, que j'allai tout perdre et que je n'avais aucune chance contre lui.
Notre couple d'une stabilité précaire depuis leur retour allait flancher. Je le savais. Alors que j'étais si proche de but de l'épouser. Elle allait devenir ma femme.
Drew s'éloigna d'un pas et regarda DD.
— Vous devriez vous en aller, DD. Je suis encore une fois, désolé. Et tu le sais.
Elle ne dit rien, acquiesça avant de me dévisager et de me tourner le dos. Elle passa aux côtés de madame Davis qui était restée muette depuis le début et elle s'excusa encore une fois pour notre présence.
Je me tournai vers Drew que je toisai avec haine et posai un doigt sur son torse.
— Écoute-moi bien sale connard. Tu t'approches d'elle ne serait-ce que de 20 mètres, je te tue ! dis-je entre les dents.
— Des menaces ?
— Tu le prends comme tu veux, mais je te briserai.
— Je n'ai pas peur de toi, Isaac. Mais toi, tu as peur. Je le vois dans ton regard.
Il osa sourire, narquoisement et mon poing atterrit sur sa figure la seconde suivante. Celui là, il l'avait amplement mérité.
DD et la mère Davis lâchèrent un cri tandis que Drew me renvoyait mon coup. S'en suivit des échanges de coups à l'aveugle.
Les deux femmes présentes tentèrent de nous séparer en se démenant avec force au bout de plusieurs minutes.
Je saignai de la lèvre inférieure et l'autre con, du nez. Mais je n'avais pas eu le temps de le défigurer ce que je regrettai amèrement.
— ISAAC ON S'EN VA MAINTENANT ! m'hurla-t-elle dessus.
Nous quittâmes la maison sous les gémissements d'une mère inquiète pour son stupide fils.
Je finis par me débattre encore une fois lorsque nous arrivâmes dehors.
— T'es vraiment con Isaac ! s'écria-t-elle hors d'elle. Je voulais être honnête avec toi et tu te barres ! Sans écouter mes EXPLICATIONS ! Je ne te croyais pas comme ça ! Tu as agi comme un gamin ! me reprocha-t-elle.
Je ris froidement ce qui l'énerva encore plus. Elle me tourna le dos pour se diriger vers sa voiture, mais je lui attrapai le bras sans ménagement.
— Lâche-moi ! cracha-t-elle en se débattant.
Je resserrai mon emprise autour de son bras pour ne pas qu'elle s'échappe et vociférai :
— Tu as gagné December-Dan ! On annule notre mariage ! J'en ai assez !
Ses yeux s'écarquillèrent face à mes mots, ce qui l'arrêta dans ses mouvements.
Même moi, j'étais surpris de les avoir dit à haute voix. Et un sentiment de regret m'envahit aussitôt, car je l'aimais. C'était indéniable. J'étais tombé éperdument amoureux d'elle.
Je relâchai son bras avec très peu de douceur, ce qui la fait chanceler, mais elle me dévisagea avec incrédulité.
Ensuite, elle rit en repoussant ses cheveux de son visage et secoua la tête.
— Répète-le Isaac. Si t'es un homme, RÉPÈTE-LE ! s'exclama-t-elle tout en me poussant. T'as des couilles non ? OSE ISAAC ! DIS-LE ENCORE !
Je ne dis rien et ne fis que la regarder. Elle était comme dans une sorte de démence.
— Ils ont peut-être raison. On ne demande pas quelqu'un quatre fois en mariage sans une arrière-pensée. Tu m'as bien eu Isaac. Bravo ! m'applaudit-elle. Tu sais quoi ? Je vais me marier TOUTE SEULE ! Ça se fait non ? Je n'ai pas besoin de toi !
— C'est moi la victime et tu joues la fille pleurnicharde là ! Tu te fiches de moi là ?!
— Je ne pleurais pas pour toi et tu le sais alors arrête ! Tu veux annuler, vas-y ! Mais répète-le !
Je ne pouvais pas les répéter. Je n'y arrivai pas. Cela nous condamnerait. Ce n'était pas ce que je voulais.
— Tu les aimeras toujours ces types ! m'écriai-je.
— Et tu le savais depuis bien avant qu'on soit ensemble ! renchérit-elle. C'est inexplicable, mais c'est comme ça ! Je ne les aime plus comme avant, ça c'est sûr ! Mais ils resteront à jamais dans mon cœur ! Je m'en tape que tu ne le comprennes pas ou que le mec après toi ne le comprenne pas ! Ce sont des membres de ma famille.
Ses mots me blessèrent mais je le masquai. Elle décida de s'en aller encore une fois, mais je l'arrêtai.
— On va se marier. Je te garantie qu'on va se marier. J'ai mis bien trop d'années de ma vie pour toi pour qu'on abandonne sur un coup de colère. Je ne veux plus que tu t'approches de Drew ou de Zeyn.
— Je refuse de me marier avec toi ! C'est trop tard.
— T'es sûre !? ricanai-je. Tu as plus à perdre à ne pas m'épouser. Tous tes détracteurs en riront. Tous les gens qui avaient dit que tu ne le ferais pas, auront la preuve que c'est le cas !
Sa mâchoire se contracta. Elle savait que je savais raison et j'en rajoutai. Je voulais jouer ma dernière carte...
— Tu détestes perdre. Alors serais-tu prête à perdre ?
Je le relâchai encore une fois et la contournai avant de me diriger vers ma voiture.
— Tu as raison ! On va se marier. Mais si je veux voir les Davis, je les verrai, dit-elle pour me provoquer. Et je ne t'appartiens pas Isaac, j'espère que c'est clair.
Je la regardai par-dessus mon épaule et pénétrai dans ma voiture.
La tristesse m'enveloppa soudainement. J'avais l'impression que mon cœur venait de s'éteindre.
Je démarrai en trombe en jetant un coup d'œil dans le rétro. Elle restait là, sans bouger, à me regarder m'en aller.
Nous ne nous étions jamais autant disputés depuis que nous nous connaissions.
Je n'étais plus certain que notre couple tienne la route, mais je ne voulais pas perdre tout comme elle.
Alors juste pour faire taire tout le monde, nous nous marierons.
***
DECEMBER-DAN
J'étais là, le cœur battant à tout rompre de colère.
Je venais de découvrir une nouvelle facette d'Isaac que je ne connaissais pas. La violence et le chantage. Lui qui avait l'air si doux ... en fait, il pouvait être très calculateur.
Mais malgré ça, je l'aimais.
Je ne pouvais pas le rayer comme ça de mon être. Bien qu'il m'avait blessé intérieurement tout comme moi, je ne pouvais pas abandonner. Il avait raison. Ma fierté l'emportait.
***
J'arrivai à la maison assez rapidement en me rejouant la scène de cette soirée. En voulant jouer l'honnête, il n'avait pas cherché à comprendre. Il était parti au quart de tour. Je ne comprenais pas. Je le connaissais comme un type à l'écoute et très patient et non impulsif et colérique. J'avais l'impression qu'il avait joué un rôle durant toutes ces années pour me conquérir.
Et si c'était le cas, ça avait marché. J'étais tombée dans le panneau.
Je trouvai Papa, assoupi sur le canapé.
Je l'avais appelé pour veiller sur Skyler sans avoir eu le temps de lui expliquer la situation.
À cet instant, je ne savais pas si j'étais prête à lui expliquer. Cela dit, j'avais besoin de me confier. De toute façon, je ne trouverai pas le sommeil cette nuit.
Je posai mon sac sur la console près du salon et retirai ma veste le plus silencieusement possible.
Il dût se sentir, épié car il ouvrit les yeux avant de les clignoter tout en se redressant.
— Tu es revenue. Ça ne va pas. Je le sens. Raconte-moi mon petit cœur.
Je m'avançai et m'installai près de lui. Je me calai contre lui et posai ma tête sur son épaule.
— J'ai des problèmes. Des sérieux problèmes, père.
Il me caressa le dos et je me confiai à mon vieux père que j'adorais bien plus que tout.
Il m'écouta sans m'interrompre. Je lui expliquai ce qui s'était passé avec Drew dans cet ascenseur et l'honnêteté dont j'avais voulu faire preuve auprès d'Isaac.
Sur ma lancée, je décidai même de lui dire pour l'apparition de maman.
Il ne dit rien et resserra juste son emprise autour de moi.
Je voulais lui parler de cette nouvelle menace, pour qu'il comprenne davantage, mais ça allait en faire trop pour ce soir, alors je me retins.
Une fois mon récit terminé, je m'écartai de lui et plongeai mon regard dans le sien.
Je n'y vis aucune déception ou colère. Juste de la compassion et de l'amour.
Il posa sa grosse main sur ma joue et je ne pus réprimer un sourire tout en m'appuyant sur celle-ci.
— Je suis fier de toi. Tu as très bien fait. Laisse du temps à Isaac. C'est juste très dur à encaisser pour lui, mais je suis certain qu'il t'aime. Ça se voit, ça se sent !
Je lui avais omis le fait qu'il m'avait un peu menacé.
— Je ne sais plus ce que je veux, avouai-je en baissant la tête.
Il la releva et esquissa un sourire.
— Bien sûr que tu le sais. Tu sais toujours ce que tu veux December-Daniella Lawson et tu le sais très bien. C'est juste que tu as peur de prendre la mauvaise décision.
Je ris doucement et opinai de la tête.
— Ouais, admis-je. Il y a Skyler maintenant.
— Il y a Skyler maintenant, répéta-t-il. Alors pense à elle et à toi. Les autres, tu t'en moques. Ah, et pense à moi bien sûr !
— Toujours Karl Lawson.
Nous nous sourîmes et il me prit les mains.
— J'aurais dû être là pour l'essayage de robe, dit-il en se sentant coupable.
— Quoi ? Non !
— Bien sûr que si. DD, ma chérie, ta mère est morte. Ne te nourris pas de cet espoir à cette période de notre vie. Nous étions tous les deux là lorsque c'est arrivé ...
— Et si c'était un coup monté ?
Il m'observa avant de dire :
— Elle est morte DD.
— Et si elle était vivante ? Qu'est-ce que tu ferais ? On doit prendre en compte cette hypothèse.
— Tu ne me dis pas tout. Je le sens Dan. Pourquoi tu dis ça ?
— Pour rien. Réponds-moi juste.
— Eh bien ... je ne sais pas. Je serai en colère. Je ne la voudrais plus dans ma vie.
J'ouvris la bouche prête à rétorquer, mais rien n'en sortit.
— Tu ne tenterais même pas de comprendre ?
— Absolument pas, répondit-il. Les morts qui reviennent à la vie n'apportent que le malheur. Si ta mère a fait semblant durant toutes ces années et qu'elle revient comme une fleur DD, c'est que ça ne présage rien de bon. Je veux garder le souvenir de la femme dont je suis tombé amoureux. Pas d'une femme manipulatrice.
Je réfléchis à ses mots avant de retirer mes mains des siennes.
Si elle était vivante, réellement vivante, je ne savais pas qu'elle serait ma réaction. Je n'arrivai même pas à l'envisager.
— Tu serais prête à l'écouter ? me questionna-t-il.
— Je ne sais pas, répondis-je en me levant. Tu as raison, elle est morte.
— DD, dis-moi tout. Tu omets certaines choses. Comme avec cette Serena qui prend ses aises au QG. Depuis qu'elle est là, tout a l'air calme. On devrait se méfier d'elle.
— Je m'occuperai de Serena plus tard. Pour l'instant, profitons du calme. Tu devrais y aller Papa. Hope doit t'attendre.
— Tu passes avant elle.
— Je sais. Mais je vais gérer. OK ?
Il souffla et passa une main sur ses cheveux grisonnants avant de m'attirer contre lui avec force.
— Je t'aime DD. Plus que tout. Tu ne m'abandonnes pas, d'accord ?
— Moi aussi, je t'aime, papa. Et je vais essayer.
Il m'écarta de lui et me donna une petite tape sur la joue avant de la pincer.
— Ne joues pas à ça avec moi !
— OK ! Allez, va rejoindre Ho...
La porte venait de sonner.
Nous nous regardâmes et mon paternel haussa les épaules en supposant que c'était peut-être Isaac. Mais je savais que ce n'était pas lui.
— Je m'éclipse. Il y a un souci, tu m'appelles.
— Je sais me défendre.
— Laisse-moi l'honneur de jouer encore le patriarche menaçant.
Je ris doucement et lui embrassai la joue avant de me diriger vers la porte principale, tandis qu'il s'en allait vers celle du jardin.
Je me dirigeai vers la porte et lorsque je l'ouvris, je fus surprise de le trouver sous mon perron.
***
ZEYN
Maman m'avait appelé en urgence, alors que je me trouvai dans mon appartement pour venir à la maison. Apparemment, il y avait eu un drame. Je savais qu'elle en rajoutait un peu trop de temps à autres. Je m'y rendis malgré tout avec une certaine appréhension.
J'aimais vraiment le fait d'avoir mon appartement, mon espace à moi. J'avais l'impression de me retrouver, de savoir qui j'étais de jour en jour. J'en grandissais intérieurement.
Le moment que j'avais passé avec DD se rejouait dans mon esprit sans cesse et ça m'aidait bien plus que je ne le croyais.
Elle m'avait choisi dans le passé et elle avait voulu d'une vraie relation avec et c'était salvateur. Je ne saurai vous expliquer précisément mes émotions, mais c'était le cas. Ses mots me guérissaient d'une façon dont je ne m'attendais pas.
Un nouveau départ avec elle me donnait envie d'aller mieux et de laisser place à la lumière.
Bien même si certaines mauvaises nouvelles étaient tombées pour moi, ce qui avait joué sur mon éloignement familial car rien n'était encore sûr.
Même à P&J CORPORATION, j'étais très professionnel avec mon père et Riccie qui ne cessait de s'excuser.
J'avais fini par la pardonner même si la discussion avec maman me taraudait sans cesse. Riccie avait un fils caché. Nous avions donc un neveu, plus grand que nous de quelques mois certainement ... mais c'était perturbant.
Quand est-ce qu'elle avait eu cet enfant ?
J'avais mené ma petite enquête et ça n'avait pas été très fructueux.
Je n'arrivai toujours pas à croire que Riccie avait un fils et je ne comprenais pas comment vu l'âge de son fils et le sien.
Alors en faisant rapidement un calcul, il paraissait évident, qu'elle mentait, sur son âge. Et que papa, maman et Clay nous cachaient un terrible secret.
J'avais tenté d'en parler avec Drew, mais nous étions tous les deux très occupés ces derniers temps.
Alors dans un sens, me rendre à la maison me permettrait de discuter avec lui.
***
Une fois à la maison, je les trouvai dans le salon. Drew râlait tandis que Jessie semblait inquiète.
— Ce n'est rien, maman. Je saigne juste un peu du nez.
— Tu n'aurais pas dû te battre avec lui ! lui reprocha-t-elle.
— Es-tu sérieuse ? J'ai ma fierté ! Il vient chez nous et je ne le frappe pas ?!
Elle leva les yeux et je signalai ma présence. Elle soupira de soulagement en s'avançant vers moi. Elle m'enlaça alors que j'échangeai un regard avec un Drew qui semblait ailleurs.
— Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
— Tu n'y croiras jamais, mais Drew a fait une grosse connerie ! Votre père va en voyage d'affaires et le monde se met à chanceler !
Drew roula des yeux et appuya la serviette sur son nez.
— Qu'est-ce que t'as fait beau gosse ? le questionnai-je en m'avançant vers lui. Tu as trop bu et tu t'es battu pour une fille ? le taquinai-je.
Notre relation était revenue au beau fixe. Je pense même qu'elle s'était renforcée.
Il esquissa un bref sourire et maman se racla la gorge pour lui faire signe de parler.
— Tu ne crois pas si bien dire. Cependant, il n'a pas bu et ça s'est passé chez nous.
Je le regardai, incrédule.
— Comment ça ?
Drew regarda droit devant lui et maman lui flanqua une claque derrière la tête.
— Parle !
Drew roula des yeux et lâcha :
— C'est Isaac. Il est venu ici comme un fou furieux et il m'a menacé. On a « genre » plus le droit de s'approcher de DD. Ce type est un malade.
— Drew ! Comment tu oses dire ça alors que tu es en tort ?
J'observai Drew qui souffla.
— Qu'est-ce que tu lui as fait ? Et j'espère que ça ne va pas jouer sur ma relation avec Skyler.
— J'ai embrassé DD, répondit-il avec nonchalance.
— Quoi ?
— J'ai embrassé DD, répéta-t-il. Et elle n'est vraiment pas responsable. Elle n'a vraiment rien fait. C'est de ma faute.
Il raconta brièvement l'histoire de l'ascenseur pour expliquer la situation.
— J'ai juste paniqué et elle m'avait énervé, alors voilà.
— Tu es claustrophobe et je te le dis Drew ! gronda Jessie.
— Je ne le suis pas.
— Tu as embrassé DD, dis-je dans un souffle.
Je n'arrivai pas à y croire. Je ne savais pas si ça me blessait ou ...
C'était juste étrange. J'avais l'impression de retourner dans le passé.
— Je sais que j'ai fait une connerie, admit-il.
— Bien sûr ! Elle est fiancée ! lâcha maman. Tu l'as mérité ce coup. Tu aurais dû te retenir.
Il leva encore une fois les yeux ce qui agaça maman.
— Je vous préviens, vous la laissez tranquille. Elle va se marier, bon sang !
— Et pourquoi tu changes d'avis sur elle ? En début de semaine, tu étais en colère contre elle à cause de ses menaces, dit Drew.
Cela décontenança maman. Bien sûr qu'elle avait changé d'avis sur DD, car DD avait découvert leur secret.
— Eh bien, je m'étais trompée sur son compte. Elle n'est pas mauvaise cette fille. Peut-être, un peu insolente sur les bords et hautaine mais au moins, elle s'est se faire désirer et ne se laisse pas marcher sur les pieds.
Elle nous regarda tour à tour avant de décider de s'éclipser à l'étage.
Drew tentait de comprendre les paroles prononcées par Jessie, mais il ne comprit rien.
— Les femmes sont épuisantes. Elles changent d'avis en quelques secondes.
— Drew, j'ai à te parler. Mais d'abord dis-moi pourquoi tu as fait ça ? Il faut que tu ailles de l'avant. Ils s'aiment vraiment.
Il ricana nerveusement.
— Tu tentes de te convaincre là ?
— Peut-être, mais ça me fait du bien. Je t'assure que ça soulage. Je comprends que les sentiments te troublent. C'est le cas pour moi. Mais parfois, il faut faire preuve de maturité et aller de l'avant.
Et parfois, j'avais juste l'impression de vomir des paroles à chier avec mes paroles. Je n'étais même pas bien placé pour lui dire ça ...
— Elle avait l'air d'être surprise de son attitude, me confia-t-il.
— Et ? Elle n'a pas besoin de ton aide, Drew.
— Il a été violent avec elle !
J'haussai les sourcils et il bougonna.
— Toi et lui, c'est différent, répliqua-t-il en comprenant ma pensée. C'était un contexte différent.
— Je l'ai malencontreusement frappé, mais je le fais. Et je le fais parce que c'était un peu près le même scénario, Drew. Maman a raison, tu aurais dû te retenir.
— OK, ça va. J'ai compris. Mais elle ne m'en veut pas.
— C'est vrai ?
— Je te dis que je l'ai embrassé, parce que j'étais bloqué dans ce foutu ascenseur. Rien de plus.
— Pas de sentiments ? Pas d'espoir ?
— Non. En plus, je suis dans une ... relation avec Jillian, alors non.
Je savais qu'il mentait partiellement mais je ne dis rien. Et puis cette Jillian dont il avait parlé, c'était juste pour se rassurer lui-même, mais il n'éprouvait absolument rien pour elle.
Bref, je préférai le laisser croire cela.
— OK.
Je regardai par-dessus son épaule et vérifiai que maman n'était pas dans les parages avant de lancer :
— Riccie a un fils caché, lâchai-je sans préambule.
— Quoi ? Zeyn, ça va ?
Je savais qu'il ne me croirait pas, alors je sortis mon téléphone et lui fis écouter l'enregistrement.
Ses yeux s'écarquillèrent à mesure de l'écoute puis il secoua la tête.
— Je ne peux pas y croire ! éleva-t-il la voix.
Je lui fis signe de baisser d'un ton et lui empoignai le bras.
— Écoute-moi bien. Arrête de vouloir ne pas y croire, alors que c'est vrai.
Il tenta de se retirer de mon emprise, mais je resserrai ma poigne.
— On a vu pire et ça ne devrait même pas te paraitre impossible !
— Ça ne t'as pas paru impossible quand tu as soi-disant entendu la conversation ? Bien sûr que si, alors laisse-moi tranquille.
Je le relâchai et soufflai.
— Drew. S'il te plaît ...
— Tu sais pourquoi j'ai embrassé DD ?
Je le regardai et le laissai poursuivre.
— Parce que nous parlions de moi à New-York. Ça m'a énervé qu'elle pense que je ne l'aimais pas, car je suis allé voir ailleurs là-bas. J'ai décidé d'être honnête avec elle. Et comme par hasard, aujourd'hui, je reçois un coup de fil. Quelqu'un m'a menacé en disant qu'il allait tout lui dire et dire à tout le monde ce que j'avais fait.
Je fronçai les sourcils et il m'éclaircit sur ce sujet là.
Une fois l'action faite, je tentai de masquer mon inquiétude.
Et si ça recommençait ?
— Trevor est mort, dis-je doucement.
Parfois, et surtout après l'incident, je me revoyais appuyer sur la gâchette. Et à la place de tuer Trevor, je tuai une personne de ma famille.
Après ma thérapie, ça allait mieux, mais ça me provoquait des sueurs froides pendant très longtemps. Souvent, je me demandais comment DD et des tas d'autres justiciers de l'ombre faisaient pour ne pas devenir fou. Et mon psychologue m'avait dit que la réponse était qu'ils avaient cessés de se prendre pour des monstres. Ils avaient peut-être une âme mais cette âme, valait-elle la peine de vivre, alors qu'elle répandait plus le chaos que la joie ?
Et c'est vrai. C'était peut-être un sacrifice, mais c'était pour une bonne cause. Pour que le monde continue à tourner malgré ses horreurs quotidiennes.
— Je sais, j'étais là, bredouilla-t-il. Mais ... j'avais l'impression que c'était lui. Je n'ai pas encore eu le temps d'en parler avec Jared, mais je vais le faire. DD est peut-être en danger. Le mec a bien dit « L'étape Trevor n'était qu'une étape ». Et s'il n'était pas mort ? Si ce n'était pas lui que tu avais tué ? supposa-t-il.
— Genre, un clone ? Comme ce qu'il avait fait avec le faux Karl ?
Il acquiesça vivement. Non, je ne voulais pas y croire.
— C'est à ton tour de ne pas vouloir y croire, alors que ça peut être plausible.
— Je ne veux pas y croire parce que ça voudrait dire qu'il voudra se venger.
Nous nous tûmes en pleine réflexion.
Puis, je décidai de m'en aller.
— Je vais voir DD.
— Quoi ? Non ! Tu ne vas pas lui en parler tant que je n'en ai pas parlé à Jared ...
— Je vais la voir pour maman et Riccie, le rassurai-je.
— Je viens avec toi, dit-il en se levant.
— Ce n'est pas une bonne idée. Je crois qu'elle a eu sa dose de toi.
Il leva les yeux et se rassit.
— OK. Mais tu m'appelles tout de suite après. Cette histoire n'a ni queue, ni tête.
J'esquissa un sourire avant de lui donner une tape sur l'épaule et je m'en allai.
Cependant, il m'héla et m'interrogea.
— Tu ne m'en veux pas ? Pour DD ? On a promis d'être honnête l'un envers l'autre ...
— Je ne t'en veux pas, répondis-je. Je comprends ta réaction. Mais, je t'avoue que j'ai eu un léger pincement au cœur. Mais ça va.
— OK, dit-il tout en hochant la tête.
Nous nous sourîmes et je m'en allai.
Je vous avais bien dit que notre relation avait changé et qu'elle s'était améliorée ...
***
Je fus rapidement devant la maison de DD. Il y avait de la lumière donc elle ne devait pas être couchée.
Je sonnai avec une certaine anxiété.
Elle vint m'ouvrir au bout de plusieurs minutes et je vis la surprise se peindre sur son visage. Je ne pus réprimer le sourire qui envahit mon visage.
— Zeyn ! Qu'est-ce que tu fais là ? Je te manque déjà.
Elle s'arrêta puis leva les yeux comme elle adorait le faire.
— Argfff. Tu es au courant de l'histoire. Si c'est pour me reprocher je ne sais quoi, tu peux t'en aller.
— Tu prends trop de conclusions hâtives, Lawson. Je suis venu discuter.
— À cette heure-ci ? Demain tu vas bosser, non ?
— Tu comptes aller te coucher ?
Elle croisa les bras et s'appuya sur le chambranle de la porte.
— Non, 'fin j'allai essayer. Mais, je ne pense pas que ça soit une bonne idée. J'ai assez de problèmes comme ça. Quand ce n'est pas avec ton frère, c'est avec toi et vice-versa ! Vous êtes toujours en connivence.
Je ris doucement ce qui lui arracha un petit sourire.
— Je te promets de ne pas tenter de t'embrasser ou de me battre avec toi ? Ça te va ?
Elle m'observa, un sourire en coin.
— Je suis assez irrésistible, tu sais.
— T'es sûre que tu viens d'avoir une soirée mouvementée ? Parce que tu as presque autant d'humour qu'une personne sans problème.
— Mais c'est ça le problème Zeyn ! J'aimerais tellement ce type de vie. Être tout simplement heureuse et n'avoir aucun problème. Vivre dans un monde par-fait.
Je ris encore une fois et dis :
— Je me souviens d'un moment où tu m'as dit que si un monde parfait existait que tu serais la première à y être invitée, car tu es la perfection même. Alors, essaye de le créer ce monde.
Elle se mit à rire avec sincérité et cela provoqua le mien.
Comment je faisais pour résister à cette attraction ? Elle avait raison, elle était irrésistible.
— Excellente mémoire ! Qu'est-ce que j'étais prétentieuse !
— Tu l'es toujours.
— Un peu moins, grimaça-t-elle.
— Je peux entrer maintenant ? Ou tu risques de provoquer une énième dispute avec ton futur mari si je suis là ?
Elle se décala et m'invita à rentrer.
— Je suis une rebelle, alors même s'il te voit ici, je n'en ai rien à foutre, dit-elle en refermant la porte derrière moi.
— Vraiment ?
Elle me contourna et je la suivis.
— Ouais. Il m'a interdit de vous voir. Et je déteste les ordres. Et il le sait. J'ai juste voulu être honnête avec lui, Zeyn. Vraiment. Je ne voulais pas refaire la même erreur qu'avec vous en jouant double-jeu.
— Mais tu n'as rien fait là. Donc, c'est un peu différent.
Nous arrivâmes à la cuisine où elle me proposa un thé. J'aurais voulu un café, mais connaissant son aversion pour cela, j'acceptai.
Cela la fit rire encore une fois.
— J'ai horreur du café ...
— Je sais.
— Mais la machine est là, se décala-t-elle. Si tu veux un café, fais-le tout seul.
— J'avais oublié que tu accueillais tellement bien tes invités.
— Toi ? Un invité ? Voyons, Zeyn, il n'y a plus de ça entre nous.
Elle mit en marche sa bouilloire et je décidai finalement de me faire ce café.
Elle sortit des tasses et elle m'en donna une. Je la remerciai et elle me proposa des petits gâteaux qu'Hope avait préparé. Au point où j'en étais, j'acceptai. Elle mit tout sur un plateau et une fois nos boissons chaudes prêtes, elle en fit de même et me tendit le plateau.
— Allez, sois galant.
Je secouai la tête, un sourire idiot sur les lèvres et nous allâmes dans son petit salon.
Je posai le tout sur la petite table basse pendant qu'elle se couvrait d'un plaid irlandais. Elle me proposa un morceau de celui-ci et je me mis à mon aise, ne m'attendant absolument pas à un accueil aussi chaleureux de sa part.
Elle ne m'attendit pas pour prendre un cookie et son thé.
— Je vais probablement prendre du poids avant le mariage, mais je m'en fiche.
— Votre mariage tient toujours ?
Elle haussa les épaules et prit une gorgée de son thé.
— Traduction ?
— Je crois que oui.
— Tu crois ?
— Je pense que oui. Nous avons trop d'intérêt en commun, expliqua-t-elle.
Elle détourna mon regard et mordit dans son cookie.
— Si les sentiments sont là, c'est déjà très important.
— Exactement. Drew a juste perdu les pédales. Je ne lui en veux même pas.
— Je sais.
Je pris à mon tour un cookie et le mangeai. C'est vrai que c'était succulent.
Malgré tout, j'étais inquiet pour son bonheur. Et si ça ne marchait pas avec Isaac ?
Drew m'avait confié qu'il avait l'air violent alors ...
— Ça va passer. Lui et moi. Je sens ton inquiétude mais ça va aller. Il m'aime.
— Tu tentes de me convaincre ou te convaincre ?
Elle me dévisagea doucement et haussa les sourcils en apportant sa tasse à sa bouche.
— Peut-être un peu des deux, avoua-t-elle.
— Drew m'a dit que tu avais l'air surprise de le voir comme ça.
— Ouais et ? Apparemment, l'amour rend aveugle et le mariage rend la vue, alors si je dois divorcer après, je le ferai.
Je secouai la tête, incrédule face à ses propos et bus un peu de café.
— Quoi ?
— Le mariage, c'est pour la vie. Si tu te dis ça, avant même que tu dises « oui », ça ne va pas aller loin DD.
Elle ne répondit rien et haussa encore une fois les épaules.
Le silence prit place chacun dans nos pensées.
Elle finit par interrompre les miennes en me demandant pourquoi j'étais réellement ici.
Je posai ma tasse, à présent vide et m'installai confortablement dans son canapé. Elle me fixa dans l'attente de mes mots et je lui lançai un bref regard avant de parler.
— C'est à propos de Riccie et de ma mère.
Elle se figea et pour masquer les apparences, elle fit mine de rien en s'étalant un peu plus sur le canapé aussi. Ses pieds touchaient mes cuisses, mais elle avait l'air de s'en foutre.
— Ah ouais ?! Qu'est-ce qu'il y a ?
— À toi de me le dire.
Elle plissa les yeux et se redressa vivement.
— Pardon ? dit-elle en haussant la voix.
Je lui fis signe de se calmer.
— Skyler dort.
Elle ricana nerveusement avant de me frapper à l'épaule.
— T'es un peu beaucoup chez moi, là alors je ne te permets pas. Et je sais que ma fille dort. Notre fille, rectifia-t-elle en bougonnant.
Elle sembla réfléchir avant de dire :
— Pourquoi tu me parles d'elles ? Je n'ai rien fait.
— Es-tu sûre ? Maman te détestait il y a quelques jours et là, elle t'adore !
— Bah en général, ça fonctionne comme ça avec moi.
Je la scrutai et elle exhala.
— OK, j'arrête. Mais, je ne sais pas pourquoi tu penses un truc comme ça.
Elle mentait toujours aussi bien.
Je levai un doigt pour lui faire signe d'attendre et sortis mon téléphone.
— Ma petite session agent avec toi est définitivement ancrée en moi et j'ai donc encore les réflexes. Et comme je savais que tu allais me dire ça, je vais te mettre sur le fait accompli.
J'appuyai donc sur l'audio qui se mit en marche et la conversation de maman et de Riccie se lança. Elle ne pouvait plus masquer la surprise, car celle-ci se peignait clairement dans ses yeux.
L'audio s'arrêta et je la lorgnai.
— Je ne veux pas de dispute, DD. Juste des réponses. Cette conversation me hante. Je ne comprends pas. Du moins, ça me parait impossible.
Elle éloigna ses boucles de son visage et soupira.
— C'était privé, Zeyn.
— Depuis quand tu t'en préoccupes de ce genre de choses ?
— Depuis que ce sont des affaires familiales. Si tu t'attends à ce que je te dise quelques choses, alors là, tu rêves. Je ne suis pas une balance et ce n'est certainement pas à moi de le faire. Demande à ta mère ou à Riccie.
— Elles nous mentiront.
— Peut-être pas.
— Mais bien sûr !
Je rangeai mon téléphone avec rage ce qui ne la perturba pas.
Elle était intransigeante. Elle n'allait rien me révéler.
— Mais c'est vrai ou pas ?
— Je ne sais pas.
— Arrête.
Elle hésita tout en en fixant et finit par admettre que c'était vrai.
— Mais je n'en dirais pas plus Zeyn. Je l'ai promis.
— Comment cela peut être possible ? Ça veut dire que Riccie n'a pas l'âge qu'elle nous fait croire ?! N'est-ce pas ?
Elle n'eut pas besoin de répondre. J'avais clairement ma réponse.
Je me laissai aller contre le dossier du canapé et repoussai mes cheveux de mon front.
Des millions de questions se succédèrent dans mon esprit. Et elles n'avaient aucunes réponses.
— Riccie a menti sur son identité ... mais pourquoi ?
Je pivotai ma tête vers December-Dan qui était en proie d'une hésitation intense. Je voyais bien qu'elle était à deux doigts de tout me dire, alors je m'approchai d'elle et la forçai à m'affronter du regard.
— Dis-le moi s'il te plaît.
— Certainement pas, fit-elle en repoussant mes mains. Zeyn, il faut que tu comprennes que c'est une histoire difficile à raconter. Laisse-leur du temps avant de leur demander.
— Je ne peux pas ! J'ai un neveu plus âgé que moi, DD ! Tu te rends compte du mensonge dans lequel Drew et moi avons baignés. Ce gars est bien plus légitime que Drew et moi. Jannie et Zac-Hen ont le droit de savoir qu'ils ont un grand-frère.
Elle posa un doigt sur ma bouche et me fusilla du regard.
— Calme-toi ! Je n'ai rien fait ! Et Skyler dort.
Je repoussai ses doigts fins et elle souffla.
— Je comprends ton amertume ...
— Non, tu ne comprends pas, la coupai-je sèchement.
— Peut-être plus que toi, parce que je le connais son fils, cracha-t-elle.
Je tournai ma tête vers elle et elle jura en fermant les yeux.
— Quoi ? Tu le connais ? Mais ... Mais c'est qui ?
— Sérieux ? Tu crois que je vais te le dire ?! Sérieux, je commence à fatiguer. Je crois que je vais aller me coucher.
Elle se leva mais je la retins par la main.
— S'il te plaît.
— Zeyn ...
— C'est important pour moi.
— Pourquoi ?
— Parce que je l'aiderai à s'intégrer à notre famille.
Elle rit nerveusement et me regarda.
— S'il advient qu'il intègre votre famille, je pense qu'il se débrouillera assez bien.
— Tu crois ?
— J'en mets ma main à couper, rétorqua-t-elle en se rasseyant. Il est spécial dans son genre... Patiente encore quelques jours. Si Riccie ne te dit rien, demande-lui. Mais moi, je ne peux vraiment pas.
À la fin de ça, elle me fit un sourire timide et m'embrassa la joue avant de me proposer de dormir chez elle.
— Tu es sérieuse ?
— Bien sûr. On ne s'est pas disputé encore une fois. T'as vu ça ! Nous sommes doués.
— Je vais commencer à croire au miracle.
Elle me fit une grimace et je répondis positivement.
— De toute façon, je t'aurais séquestré. Comme je l'ai déjà fait avec Drew une fois.
— Vraiment ?
— Ouais. Tu lui demanderas. Un peu cinglé de ma part, mais intelligent et efficace.
Elle se leva pour éteindre la lumière et je compris que nous allions partager ce modeste canapé.
Bizarrement, j'avais comme une intuition qui me disait qu'elle craignait quelque chose pour dormir au salon. Cela me rappela les mots de Drew. Peut-être qu'elle était réellement en danger.
Elle revint s'allonger de l'autre côté et seul la pénombre de la lune illuminée très légèrement le salon.
— C'est bon ? Pas trop serré ? me demanda-t-elle.
— Je te mentirais en te disant que non.
Elle rit et lâcha :
— Je te propose mon tapis sinon.
— Ça va. T'es sûre qu'Isaac ne va pas se pointer avec un flingue durant la nuit ?
— Nope. Mais tu sais te défendre non ? Comme ça, je verrai si tu n'es pas très rouillé.
— Ha ha.
— Allez, dors. Je suis soudainement fatiguée. Dors bien.
— Je vais essayer.
Elle donna un coup de pied qui me fit rire et elle laissa son pied près de mon visage pour me punir de mon insolence.
Je m'endormis à une vitesse fulgurante et ça faisait des années que ce n'était pas arrivé.
***
PS: Je sais que la réaction de DD et Isaac par rapport au mariage vous a un peu choqué mais souvenez-vous que lorsqu'on se dispute, on ne se contrôle pas. On cherche surtout à blesser l'autre avec des paroles qu'on ne pense pas mais une fois que les esprits se sont calmés, ça s'arrange ;).
Et DD est amoureuse d'Isaac et Isaac de DD. Vous devez juste vous demander pour combien de temps et si Isaac est un faux gentil ou un faux méchant ou un peu des deux ... Je n'en dis pas plus ;). À très vite.
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