Chapitre 3
Une fois dehors, je m'écartai d'Isaac pour pouvoir inspirer plusieurs goulées d'airs.
J'avais besoin d'air. Énormément d'air. Je fis plusieurs pas face à Isaac qui ne faisait que de me regarder. Je ne savais pas quoi penser de cette situation que je n'avais pas anticipée. Et un sentiment d'angoisse pointait du nez. Je passai et repassai mes mains dans mes cheveux.
— Ça va aller DD. On va gérer ça, tenta Isaac de me rassurer. Ça devait arriver.
Je me stoppai et le regardai.
— Isaac, c'est un gros problème qui vient de me tomber dessus ! J'ai l'impression que tu n'en as pas conscience putain ! Là, ils savent pour Skyler et son existence. C'est fini.
Je continuai à baragouiner des jurons en reprenant ma déambulation frénétique.
Mon téléphone signala sa présence dans mon sac et je décidai de décrocher pour penser à autre chose. C'était tout simplement mon père qui me demandait où nous étions, car il nous attendait. Je lui répondis que nous étions en chemin avant de raccrocher.
— Allons-y, ils nous attendent, dis-je en me dirigeant vers ma voiture.
— Laisse-moi conduire, DD.
— Non, je peux le faire ! m'exclamai-je, énervée.
Il haussa les sourcils, surpris par mon attitude et ma voix.
Je me ressaisis aussitôt et m'excusai avant de m'engouffrer dans ma voiture sans attendre sa réponse. Il me rejoignit et je démarrai.
Il fallait que je reprenne le contrôle de la situation car mes mauvaises habitudes revenaient au galop. Et, Isaac ne méritait pas ça. Ce n'était pas de sa faute. Ça me rappelait juste le fait que j'avais entièrement merdé.
Et qu'il était temps que je rectifie le tir.
***
Dès que je coupai le moteur, Isaac sortit de la voiture. Je me dépêchai pour ne pas le laisser rentrer chez mon père, mécontent. Sa mine renfrognée me donnait envie de lui donner des millions de baisers alors je lui barrai le chemin et le pris par surprise lorsque je posai mes lèvres sur les siennes. Absolument pas réceptif, il soupira.
— S'il te plait, regarde-moi Isaac. Je m'excuse encore une fois. Je n'aurais pas dû t'hurler dessus. J'ai eu tort. Tu as raison, ça devait arriver. Nous allons trouver une solution. De toute façon, c'était prévu que je lui dise la vérité.
Il finit par abaisser son regard vers moi et je poursuivis.
— J'ai juste peur pour ma fille. Ils sont mon passé. Je me dis que Skyler n'a pas à connaître son père qui n'a pas été là pour elle et encore moins, son autre famille, parce qu'elle a tout avec nous. Je sais, c'est horrible de penser, mais ça la chamboulerait.
— Tu veux dire que ça te chamboulerait, rectifia-t-il.
Nous nous observâmes longuement avant que je n'abaisse le regard.
Oui, ça me chamboulerait, de devoir la partager et prendre mes responsabilités.
Il releva ma tête en tenant mon menton pour me forcer à le regarder.
— Je t'aime et tu le sais. Parfois, il faut savoir faire face à ses fantômes du passé. Il est temps maintenant que tu lui dises.
Je l'observai avant de repousser sa main doucement.
— Tu as absolument raison mais je ne sais pas comment faire. J'ai merdé Isaac, j'ai merdé, soupirai-je. Et je crains de merder à nouveau. Tu comprends ?
Il acquiesça avant de m'attirer dans ses bras. Ce contact me fit du bien et me donna assez de force pour relativiser. Je n'allais pas merder. J'avais grandi et je pouvais gérer cette situation sans fausse note ...
— Allez. On va retrouver notre grande famille alors souris.
Il m'embrassa tendrement et nous entrâmes dans la maison.
Je retirai mes talons tout en essayant de distinguer les sons de voix. J'entendis le petit rire de Sky ce qui me réchauffa le cœur. Cependant, la voix de Jared raviva une autre flamme en moi. Je me précipitai donc salon où il y avait tout le monde et me figeai en le voyant, toujours aussi beau et souriant.
Ils remarquèrent tous ma présence, mais surtout lui.
— Tu n'as pas honte de me faire attendre DD jolie ?!
J'accourus vers lui et bondis dans ses bras. Il rit fortement en me serrant contre lui.
— Oh Jared ! lançai-je en laissant échapper quelques larmes. Tu m'as trop trop manqué.
Je resserrai mon étreinte vraiment heureuse de le retrouver.
— Je sais que je suis exceptionnel DD. Mais inutile de pleurer. Je ne suis parti que trois semaines !
Je m'écartai de lui et le détaillai du regard avant de le reprendre dans mes bras comme si ma vie en dépendait, mais c'était le cas.
Lorsque votre âme-sœur s'en allait, même pour un jour, vous ressentiez un manque énorme en vous et c'était toujours le cas avec Jared.
— Tu m'as manqué aussi. Maintenant lâche-moi parce que ton futur mari me flingue du regard.
Tout le monde rigola et je le lâchai à contrecœur. Il essuya mes larmes et m'embrassa le front. Il salua Isaac qui souriait, tout aussi heureux de le voir, tandis que je saluai cette Lauren Nicols, tout aussi chaleureusement.
Cette femme de 27 ans était juste un cadeau tombé du ciel pour Jared. Avec son style rétro-chic donc original, une frange assez courte qui n'allait qu'à elle et quelques tatouages, nous l'apprécions tous. Elle travaillait dans le même lycée que Jared, à Roosevelt High School.
— Ai-je réussi ma mission ? Ton frère n'a aucune égratignure, dit-elle en souriant.
— Oui, merci, Lauren. Tu es toujours au petit soin avec lui.
Je finis par saluer tout le monde. Évidemment, Marysa fut obligée de commenter.
— Ça y'est, son obsession « Jared » vient de se dissiper !
Je roulai des yeux et allai embrasser mon père sur la joue. Skyler était assise sur ses genoux, blottie contre lui. Une fille à papy comme je le suis. Je lui fis un rapide bisou et proposai qu'on passe au diner rapidement. Jared m'annonça que Ston ne serait là que demain. J'avais hâte de le retrouver aussi. Nous nous dirigeâmes vers la salle à manger et chacun s'était atteler à une tâche pour mettre la table. Je tentai d'éviter Marysa et Sara qui me lançaient des regards on ne peut plus clair pour que nous discutions ensemble.
Parce que, forcément, Marysa avait ouvert sa bouche. J'usai donc de la stratégie de l'autruche.
Le diner se passa très bien, Skyler était aux anges que nous soyons autour d'elle, même s'il manquait son tonton Ston et elle était excitée de découvrir ses cadeaux demain.
Avant de souffler ses bougies, je décidai d'aller rapidement aux toilettes, car ma vessie n'en pouvait plus.
Mais comme Marysa et Sara étaient démoniaques, elles m'attendirent à la sortie et nous fûmes toutes les trois aux toilettes.
— Enfin ! Elle a cru qu'elle allait pouvoir nous échapper, commenta ma vipère de cousine.
— Les filles, laissez-moi passer ! Ça va paraître étrange qu'on soit toutes les trois aux toilettes, dis-je.
— Ce n'est pas grave. Le plus important, c'est de parler de cette situation cocasse, rétorqua Sara. Drew et Zeyn sont retours.
— Et tu as pleuré juste parce que tu as vu Jared ! Je n'y crois absolument pas. Alors, soit tu t'es disputée avec Isaac, soit tu es enceinte, soit il s'est passé quelque chose avant que vous ne veniez à la maison, renchérit Marysa, fière de ses talents d'enquêtrice.
Je les regardai tour à tour. Vous ai-je dit qu'ensemble, j'étais à découvert ? Elles devinaient à chaque fois lorsque quelque chose me tracassait.
— Arrête de nous faire mariner, fit ma très chère cousine alors que je ne savais pas quoi dire. Parce que j'ai hâte de manger le gâteau de Hope.
Et moi aussi, j'en avais envie pour noyer mon désarroi. Le gâteau de Skyler était magnifique. Hope était une merveilleuse pâtissière. Et c'était aussi à cause d'elle qu'on prenait du poids. Mais avec plaisir. D'ailleurs, une fois par semaine, nous nous retrouvions tous ensembles pour manger. Et cela, depuis que Skyler était née. Papa et Hope avaient décidés d'être des agents de cache. Parfois, ils venaient au QG, mais souvent, ils travaillaient de la maison. Ils travaillaient à temps partiel en soit. Et grâce à ça, je pouvais me consacrer à ma carrière et être prête à récupérer le flambeau lorsque John s'en irait. Ils s'occupaient merveilleusement bien d'elle. Bien mieux que moi. J'étais toujours maladroite en tant que mère.
Je la regardai donc et tentai de trouver de l'aide auprès de Sara mais rien, elle haussa les épaules.
Marysa ex-Wilkin Rhodes sourit, heureuse.
Vous savez, elle faisait partie intégrante de ma vie, dès lors qu'elle avait apprise que j'allais bientôt accoucher. Je n'avais pas eu besoin de lui expliquer l'histoire, car elle le savait. Ainsi pour elle, c'était évidence que sa présence auprès de moi était claire.
Elle avait rappliqué de Miami pour venir me soutenir et parce que dans le fond, je savais qu'elle rêvait de faire partie d'une famille. Tout en sachant que nous étions cousines, elle avait saisi l'occasion et j'en étais heureuse, même si nos débuts étaient tumultueux.
Tout d'abord, Sara avait eu beaucoup de mal. Alors les piques par ci et par là, il y en avait eu des tonnes et Marysa était tellement douée en répliques cinglantes qu'un bon nombre de fois, nous voulions nous battre ce qui n'empêche pas que nous avions le même sang dans les veines. Puis, elle voulait connaitre son grand-père. Ainsi, j'ai dû partager ma famille avec elle. Elle avait appris à connaitre Walter et papa surtout. Il avait été un peu distant au début, car elle était quand même la fille de son fou de frère. Quant à Walter, il n'avait pas hésité à la prendre sous son aile. C'était sa petite fille aussi.
J'admets avoir été jalouse, parce que je n'avais toujours été que son unique petite fille et maintenant il en avait une seconde. Et, au fur et à mesure des années, nous avions appris à la connaitre et elle aussi. C'était une fille merveilleuse et forte dans le fond. Son comportement de peste exprimait le fait qu'elle avait besoin d'attention. Petite, elle en manquait beaucoup auprès de sa mère qui n'avait réagi qu'après la mort de Trevor, mais à présent, elle voulait avoir une famille et nous étions sa famille. Nous ne pourrions même pas la rejeter. C'était une Lawson sans aucun doute. Et je l'appréciai un peu plus chaque jour mais à certains moments, je ne vous cache pas que des mauvaises pensées me traversaient. Elle était irritante.
Terriblement et définitivement irritante.
— Alors ?
Je relevai ma tête vers ces deux jeunes femmes et posai une main sur ma hanche.
— Il n'y a rien à dire, dis-je.
— Tss. Ça, ça veut dire qu'il y a tout à dire, rétorqua la blonde en parlant à Sara.
— Je suis totalement d'accord avec toi.
Je levai les yeux et m'assis sur le bord de la baignoire.
— Tu les as vu tous les deux, n'est-ce pas ?
Marysa me dévoila un sourire hypocrite. J'acquiesçai mollement.
Face à ma réaction, Sara laissa échapper un hoquet de surprise. Je soupirai, dépitée. Aussitôt, Sara me serra contre elle.
Comme elles étaient en quête de scoop, je leur racontai brièvement nos supers retrouvailles et à quel point ils avaient changés. Zeyn était encore plus froid que froid et Drew, je ne savais pas comment le qualifier. Il avait l'air ... content de me voir.
— Bref. Je sais, je dois dire la vérité à Skyler. Mais, pour ce soir, n'en parlons plus, d'accord ? On peut faire comme si de rien était encore un peu ?
Elles ne répondirent rien et je quittai la salle de bain. J'affichai aussitôt un grand sourire en aux lèvres, prête à entonner la chanson d'anniversaire de ma fille.
Skyler Brannen Lawson avait 7 ans aujourd'hui.
Et la chose qui me terrifiait le plus avait fait son retour.
En fait, s'en était fini de mon ancienne attitude. Je devais assumer maintenant.
Quoiqu'il arrive, toujours assumer.
***
Je vis les derniers détails pour l'anniversaire de Skyler avec tout le monde, avant que Jared nous souhaite une bonne nuit, prêt à aller se coucher. Il m'embrassa sur la joue, embrassa la joue endormie de Sky qui était portée par Isaac et il salua tous les autres avant de monter dans son ancienne chambre. Marysa ne put s'empêcher de laisser échapper que mon frère était impoli. Puis, elle m'informa qu'elle irait récupérer nos grands-parents, demain. Et elle s'en alla avec Sara qui me promit d'être là à l'heure, tout comme Lauren qu'elles déposaient.
Il ne resta plus que nous. Alors, mon père me répéta qu'il irait faire les dernières courses et je le serrai fort contre moi en plongeant ma tête contre son torse et il m'embrassa le front, puis j'embrassai rapidement Hope sur la joue. Isaac les salua et nous traversâmes juste le jardin pour gagner ma petite maison. Et puisque bientôt j'allai me marier avec Isaac, nous envisagions d'acheter une maison, même si Papa était réticent à l'idée qu'on soit loin. C'était lui qui ne voulait pas laisser prendre mon envol et je pense que j'aimais ça aussi.
Nous entrâmes dans ma maison et il m'annonça qu'il allait mettre au lit Skyler. Je le remerciai et me mis à faire un peu de ménage pour m'avancer par rapport à demain.
Je soupirai juste à l'idée d'entendre des tas d'enfants hurler comme chaque année depuis que Skyler s'était faite des amis à l'école.
Isaac redescendit et retroussa les manches de sa chemise, prêt à m'aider. Finalement, il me tiendrait compagnie cette nuit. Je l'embrassai chastement et il me prit le balai des mains.
Il me rappela que nous avions des visites de maisons la semaine prochaine et qu'il les avait même notés dans tous mes agendas. Parce que c'est vrai, que ces derniers temps, j'avais eu tendance à tout annuler à la dernière minute.
— J'aimerais vraiment qu'on ait un chez nous. Je suis tout le temps chez vous. Mon appart est carrément inhabité, justifia-t-il. Le premier rendez-vous est pour mercredi. On ira récupérer Skyler avant d'y aller.
Je lui souris en couvrant la télé d'un plaid. Je ne voulais pas que des bambins surexcités la cassent. Il y avait la full HD et ça, c'était top lorsque Sara, Marysa et moi faisions une soirée filles.
— DD ?
— Nous aurons notre maison Isaac, ne t'en fais pas.
***
Nous étions enfin dans ma chambre.
Il somnolait déjà lorsque je me blottis contre son torse chaud. Il m'entoura de son gros bras et me colla contre lui. Il frotta son nez contre ma peau ce qui me chatouilla.
— Tu sens très bon, dit-il d'une voix douce.
— Parce que je me lave.
— Jared est de retour, voilà que tu recommences tes blagues très nulles. Je n'imagine même pas avec Ston demain.
— Je suis pressée de le voir. Il va nous raconter son super séjour à Berlin avec son équipe de communication.
Oui, Ston Silver travaillait dans la publicité depuis 5 ans et il était plutôt doué. Ses slogans débiles marchaient du tonnerre. C'était le type de slogans qui rentre dans la tête, même lorsque vous ne vouliez pas.
— Ces deux-là vont faire fuir les enfants, commenta Isaac.
— Tu parles ! Comme chaque année, des mamans vont tomber sous leur charme et ils vont en jouer.
Juste au fait d'y penser, j'en riais déjà.
— Je pourrais quand même les menacer pour notre mariage de ne pas faire les clowns ?
Je me tournai vers lui et lui souris.
— Naan ! Ils vont m'être de l'ambiance. Je n'imagine même pas leur discours à notre mariage.
Il secoua la tête en riant.
— Tu les incites à la connerie en fait, m'accusa-t-il.
— Pas. Du. Tout. Ils sont cons naturellement.
Nous rîmes. Il m'observa avec tendresse et laissa son index glisser le long de mon nez.
— Je préfère te voir comme ça, confia-t-il.
Je perdis le sourire et les Davis ressurgirent dans mon esprit tandis qu'il pressait ses lèvres contre mon front.
— Si tu veux que j'aille les frapper, dis-le-moi.
— Je peux les gérer et ils le savent très bien.
Il esquissa un sourire et regarda le plafond.
— Je nous imagine déjà, dans une belle maison, avec 4 chambres ...
— Pourquoi 4 chambres ? Trois suffisent amplement.
— Pour l'autre enfant que nous aurons, répondit-il en me jetant un rapide coup d'œil, et pour les invités.
Je ne le rectifiai pas, même si j'en avais grandement envie. Skyler me suffisait amplement. Je ne voulais pas de second enfant. Ça ne m'avait jamais traversé l'esprit.
— Avec un chien, ajouta-t-il.
— Trop cliché.
— OK, pas de chien, capitula-t-il. Un perroquet ?
— Propose à Sara, Marysa, Red et Ston de vivre avec nous, déclarai-je.
— Pas de perroquet.
Nous éclatâmes de rire en imaginant cette possibilité. Ça serait juste impossible à vivre.
— On sera bien, tu verras.
— Je sais Isaac.
Nous nous endormîmes en échangeant un dernier « je t'aime ».
Et moi, mon instinct m'indiquait que rien ne sera comme je le voulais.
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