Chapitre 2 : Anabella
Chapitre 2 : Anabella
Les rayons du soleil se glissent discrètement dans ma chambre et viennent effleurer mes joues, émergeant doucement d'une belle nuit. Aucun bruit, le silence absolu accueille mon réveil comme chaque jour. Je reste dans mon lit à fixer le plafond pendant quelques minutes. Ce moment pour moi, seule, sans personne pour me déranger, est toujours un pur bonheur.
Je finis par me lever et me préparer pour me rendre au travail. Il y a certains matins où l'envie de me faire coquette n'est pas tellement présente, mais aujourd'hui, je compte bien prendre mon temps dans la salle de bain.
Mon fer à lisser me permet de transformer ma crinière d'ordinaire ondulée en une masse droite. J'aime la sensation de passer mes doigts dans mes cheveux sans être arrêté par des nœuds. Un léger fard à paupières brun, saupoudré d'un mascara de la même couleur, met en évidence le bleu vert de mes yeux.
Pour finir, j'applique mon meilleur baume pour hydrater ma bouche pulpeuse. Je crois que mes lèvres et mes yeux sont ce que je préfère chez moi.
Une fois apprêtée avec des vêtements professionnels, je me munis du seul accessoire qui est indispensable à ma vie : mon casque. Sans lui, je ne pourrais pas sortir de chez moi. Il atténue tous les bruits environnants, et la musique qui se diffuse dans mes oreilles me permet de plonger dans un monde où je me sens bien et en sécurité. Au travail, je suis dans un open space, mais mon employeur me laisse utiliser mon casque pour me couper des autres. Je ne me mélange pas à eux, préférant rester dans ma bulle de tranquillité.
En tant qu'assistante de projet, Teams est mon meilleur ami pour communiquer avec mes collègues. Ce job m'a sauvé, je ne pouvais pas demeurer indéfiniment ici à Philadelphie sans argent avec un loyer bien trop important pour mes maigres économies. Je rêve d'un bureau à moi seule, pour enfin relâcher la pression. Être entourée de gens me donne des angoisses depuis plusieurs années. .
Être dans cette entreprise relève du défi, je me fais violence à chaque instant pour tenir. Cela ne fait que cinq mois que je suis arrivée pourtant, depuis le départ, mon unique volonté est de changer de job, mais ce n'est pas pour tout de suite.
La journée se passe comme la précédente, je tri les mails, réponds aux clients les moins importants, n'étant pas suffisamment compétente pour gérer ceux du portefeuille bien rempli. Je dois préparer les réunions et anticiper tous les besoins de nos investisseurs lors de ces réunions.
Ces tâches ne sont pas dénuées d'intérêt, pour autant, elles ne me passionnent pas. Le patinage me manque, il y a encore quelques années, j'étais promis à un brillant avenir dans ce domaine. Désormais, je patine à l'extérieur sur des places. La plupart du temps, mes séances attirent l'œil du public et je peux deviner leur applaudissement.
J'ai troqué mes patins à glace pour des ceux à roulettes. Pourtant, j'aime tout autant cette sensation de glisse, de liberté. Cette forme d'art où je peux faire n'importe quelle chorégraphie au gré de mes envies parvient à me maintenir à flot. Sans cela, je ne suis pas sûre que j'aurais réussi à garder la tête hors de l'eau.
Cette journée est sur le point de se finir et il me tarde de rentrer chez moi pour récupérer l'objet de mon divertissement quasi quotidien. Cette pensée me tire un sourire, c'est ce qui motive chacune de mes journées. Lorsque la pluie est de sortie, mon moral est au plus bas, parce que cela signifie que je dois abandonner mon activité.
Alors que je m'apprête à quitter le bureau, mes affaires à bout de bras, le patron me convoque. Une montée de stress s'empare de moi. Que me veut-il ? Ai-je fait une erreur ? Mes mains se mettent à trembler, je ne peux pas perdre ce travail, pas maintenant.
J'entre dans ce bureau un peu vieillot avec sa peinture jaunie et sa moquette au sol. Les dossiers sont entassés sur le côté, je me demande à chaque fois comment il parvient à s'y retrouver. Le fauteuil dans lequel il m'invite à m'asseoir est dur et inconfortable.
D'un geste incertain, j'enlève mon casque. Heureusement, le bureau est vide à cette heure-là, ce qui ne m'angoisse que légèrement.
— Anabella, si je t'ai convoqué aujourd'hui c'est pour t'annoncer que nous allons bientôt chercher quelqu'un pour te remplacer. Je préfère être direct avec toi.
Mon cœur se serre et les larmes menacent de s'échapper. Je presse mon casque entre mes doigts pour contenir mes émotions, mais c'est bien plus compliqué qu'il n'y paraît.
— Ton travail est bien plus que correct, tu respectes les règles de l'entreprise, cependant, dans une société familiale comme la mienne, je veux une cohésion d'équipe. Les autres employés sont une famille entre eux, et ton isolement ne joue pas en la faveur de la dynamique de la compagnie.
C'est la première fois depuis plusieurs années que je prends cette réflexion en pleine tête. Durant les mois qui ont suivi l'accident, je suis restée chez mon père pour me remettre. Puis j'ai commencé par trouver un métier en télétravail, mais l'entreprise a fini par faire faillite.
Alors je n'ai eu d'autre choix que d'accepter un job en présentiel même si cela impliquait d'être avec du monde. Et Richard a été le seul à l'approuver avec ma petite particularité, et maintenant, il me renvoie cette différence en pleine tête.
— Nous te laissons un préavis de deux semaines et si tu le souhaites tu pourras travailler chez toi deux jours. Je peux te faire une lettre de recommandation pour t'aider dans tes recherches.
— No... non, ce n'est pas la peine, je vais me débrouiller, soufflé-je avec des sanglots à peine dissimulés dans la voix.
Je ne suis même pas capable de le regarder dans les yeux. Il m'invite à me diriger vers la sortie. Je reprends mon casque, le pose sur mes oreilles et appuie sur ma playlist de musique triste. Mon sac accroché à mon épaule, je marche dans les interminables couloirs de l'entreprise qui ne sera bientôt plus la mienne.
Heureusement, le temps est au beau fixe, alors je me décide à emprunter un chemin un peu plus long pour rentrer. Mon besoin d'extérioriser ma frustration et ma déception est tellement fort, que je parcours des kilomètres sans m'en rendre compte. La porte d'entrée de mon immeuble se présente à moi, je me dépêche de poser mes affaires de travail pour prendre mes rollers.
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Hey,
Voici le deuxième chapitre de cette nouvelle histoire. Le prochain chapitre sortira dans la semaine. En attendant, j'espère que ces deux premiers chapitres vous plaise pour le moment.
Bye bye.
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