Ariane
Voici ma nouvelle sur le thème Liberté pour le concours de @M_et_E. Longueur : 1537 mots
Rome, -25 av. JC
Ariane. Voilà comment elle s'appelait. Ariane était une jeune fille de 15 ans aux longs cheveux ébènes et à la peau tannée par le soleil d'Italie. Son père était le dirigeant des armées de l'empereur Auguste et séjournait quelques fois par mois au palais et sa mère était une matrone respectée par les femmes de haute société. Ses parents avaient toujours été des citoyens exemplaires dans leur couche sociale et en plus de cela, ils faisaient partis des patriciens, les familles riches avec de l'influence qui dirigeaient en quelque sorte la ville.
Si ses parents étaient des modèles à copier dans leur société, leur fille Ariane n'était pas du tout comme eux et n'en faisait qu'à sa tête. Dès son plus jeune âge, elle cherchait les ennuis avec son précepteur et parlait aux esclaves de la maison comme s'il s'agissait de ses amis (elle s'était d'ailleurs fait plusieurs fois réprimander par sa mère qui lui faisait un sermon, comme quoi une jeune romaine bien-élevée ne devait pas adresser la parole à des esclaves) et ce, dès qu'elle eut l'âge de pouvoir parler.
Mais depuis ses 12 ans, ça n'avait fait qu'empirer : alors que son éducation était sensée être finie et qu'elle devait rester à la maison afin d'apprendre son futur rôle de matrone, elle s'était un beau jour enfuie, et était retournée à l'école. Même s'il ne s'agissait pas d'eux mais de leur fille, cet affront avait valu à son père d'être dégradé de son rang et à sa mère de se faire rejeter par les autres femmes. Ariane elle, avait été sévèrement puni.
Ses parents avaient décidé de l'appeler Ariane en l'honneur de la princesse crétoise qui avait aidé le prince athénien Thésée à vaincre le Minautore il y avait des siècles de cela, mais ils n'auraient jamais pensé que l'ambition que possédait la première Ariane influencerait le comportement de leur fille, et pourtant cela avait fait d'elle la jeune fille la plus têtue de la ville.
La jeune fille était actuellement sur une colline qui surplombait Rome de toute sa hauteur. Elle aimait ressentir le vent qui faisait doucement flotter ses cheveux dans les airs. De cette hauteur, elle pouvait presque apercevoir la mer à 20 kilomètres de là. Elle regardait le soleil se coucher avant de se rendre compte que, le soleil étant en train de se coucher, il devait être tard.
Son sang ne fit qu'un tour et se souvenant de la promesse faite à sa mère comme quoi elle rentrerait avant le coucher de soleil, elle dévala la colline. Dans les rues de Rome, ses sandales claquaient sur les pavés de la ruelle. Les passants s'écartèrent afin de la laisser passer. Elle les remercia brièvement et continua son chemin. Une fois arrivée devant sa maison, elle toqua à la porte, légèrement essoufflée. Ce fut une jeune servante qui lui ouvrit.
- Mère est-elle là ? lui demanda gentiment Ariane.
- Oui, elle vous attend dans l'atrium. l'informa la servante.
La jeune romaine se donna une claque mentalement en pensant qu'elle serait une nouvelle fois sermonnée avant de remercier l'esclave et de lui glisser dans sa main quelques sesterces qu'elle avait volé à son père un peu plus tôt dans la journée. La servante la regarda avec de grands yeux remplis de reconnaissance et s'affaissa afin de la laisser entrer. La jeune fille repositionna ses bracelets en or qu'elle portait sur ses bras fins, se recoiffa légèrement et brossa sa robe de lin immaculée avant de rentrer.
Lorsqu'elle entra dans l'atrium, elle vit sa mère, pensive, devant l'autel des dieux du foyer qui se trouvait dans un coin de la pièce.
- Bonsoir mère. Qui a-t-il ? Vous avez l'air pensive. remarqua la jeune fille.
La jeune fille avait de qui tenir en question de beauté. Sa mère, Julia, était une belle femme au teint de porcelaine, contrairement à sa fille qui avait le teint halé (même si cela ne changeait en rien sa beauté). Ses magnifiques cheveux ondulés contenant déjà quelques mèches argentées encadraient son beau visage pâle quoiqu'à l'air sévère.
- Ton père est parti il y a quelques heures. Il affirmait partir en Gaule pour calmer l'enthousiasme des barbares qui y vivent.
Ariane grimaça. Elle détestait le mot barbare. Les gaulois étaient des gens civilisés, quoique différents d'eux. Il ne fallait pas les traiter comme des êtres inférieurs aux Romains.
- Très bien. Quand compte-t-il rentrer ?
- Dans un mois ou deux. lui apprit sa mère.
Cela donna une joie nouvelle à Ariane : elle allait enfin pouvoir mettre son plan à exécution. Ariane avait depuis toujours voulut être libre, pouvoir se marier avec l'homme qu'elle souhaitait à l'âge qu'elle voudrait. Ceci étend impossible pour une citoyenne romaine, elle avait décidé d'agir autrement : elle souhaitait se déguiser en soldat afin de quitter la ville sans se faire repérer pour pouvoir s'enfuir et être ce qu'elle souhaitait être, et non celle qu'ils avaient prévu qu'elle serait dès sa naissance. Elle aimait ses parents mais elle se devait de faire des sacrifices pour obtenir la liberté dont elle avait tant rêvé : son père n'étant pas là, c'était l'occasion rêvée.
Elle dina en silence avec sa mère avant de rentrer dans sa chambre. Les murs étant fins, elle percevait la respiration de sa mère dans la chambre voisine. Une fois que celle-ci fut faible et régulière, elle se leva de son lit et sortit de sa chambre qui donnait sur l'atrium. De là, elle percevait l'éclat pâle et maladif de la lune qui se frayait un chemin dans la riche maison d'Ariane. Celle-ci se dirigea silencieusement vers l'entrepôt où son père conservait les glaives, cuirasses, casques et boucliers qu'il n'utilisait plus. Ariane prit l'armure la plus petite qu'elle trouva avant de l'enfiler sur sa fine robe qui dépassait légèrement de l'armure. L'armure n'étant pas conçut pour les femmes, elle dut aplatir légèrement sa poitrine. L'armure pesait lourd sur ses frêles épaules.
Avant d'enfiler un casque, elle saisit un glaive, expira un grand coup et ferma les yeux avant de le plaçait derrière sa nuque et d'un coup sec vers l'extérieur, elle coupa ses cheveux de sorte qu'ils ne dépassent pas du casque, avant de l'enfiler. Elle glissa une mèche brune qui avait échappé au glaive à l'intérieur de son casque, laça ses cuirasses et sandales avant de glisser un glaive fin et léger à sa ceinture. Avant de partir, elle laissa le plus discrètement possible un message sur une tablette de cire sur l'autel des dieux du foyer avec inscrit dessus "c'était mon choix".
Lorsqu'elle ferma la porte de la maison dans laquelle elle avait passé toute son enfance, elle ne put retenir quelques larmes avant de détourner la tête et de descendre la rue de sa maison qui menait jusqu'au mur d'enceinte.
De la dernière habitation au mur d'enceinte, il y avait environ une cinquantaine de mètres qu'elle devrait parcourir si elle souhaitait atteindre le mur, exposé à la lueur de la lune qui éclairerait ses moindres faits et gestes sachant que des soldats patrouillaient devant les portes. Ariane pria sa déesse favorite, Minerve, de lui insuffler la bonne solution.
Alors qu'elle venait à peine de terminer sa prière, un épais nuage passa devant l'astre nocturne, privant Rome de lumière. Saisissant sa chance tout en remerciant la déesse, elle marcha rapidement et discrétement jusqu'au mur. A peine l'avait-elle atteint que le nuage découvrit la Lune. Ariane se figea et imita les autres gardes, c'est-à-dire, patrouiller devant les portes la main sur le pommeau de leur glaive. Personne ne remarqua sa petite taille ni le bout de robe qui dépassait de son armure.
En marchant d'un pas neutre afin d'avoir l'air normale, elle se rapprocha doucement et discrétement d'une porte. Une fois qu'elle l'eut atteinte, un nuage repassa devant la Lune. Un hasard ? Ariane pensait surtout à un signe divin. Les dieux étaient avec elle. Elle profita de l'absence de clarté pour passer la porte.
Une fois de l'autre côté, elle vit également des gardes, les jumeaux de ceux présents de l'autre côté de l'enceinte. Elle longea silencieusement le mur aussi discrètement qu'elle l'avait fait jusqu'à maintenant. Elle le longea jusqu'à atteindre un bosquet d'arbres. Elle tourna la tête et voyant qu'aucun garde ne faisait attention à elle, elle se faufila dans le bosquet. Dans un buisson elle se débarassa de son armure et de son casque, ne gardant que son glaive. Elle souhaitait vivre à la dure.
Elle s'enfonça dans la forêt durant plusieurs heures en songeant à son futur, désormais. Lorsque le soleil perça à l'horizon, elle s'était déjà bien éloignée de Rome. Elle grimpa à un arbre voisin afin de pouvoir admirer le lever de soleil. En apercevant sa ville natale au loin, elle ne put retenir ses larmes. Ariane ne regrettait pas son départ, seulement, sa famille allait lui manquer. Elle songeait également à tous les esclaves qu'elle s'était promis de libérer un jour. Je reviendrais, je suis libre désormais, se dit-elle. Se logeant du mieux qu'elle le pouvait sur une branche de l'arbre, elle s'endormit sur cette pensée positive : elle était libre.
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