Hier, Aujourd'hui, Demain. Et pourquoi pas les Trois en même tant ?
Pourquoi m'infliges-tu cela ? Pourquoi t'amuses-tu de mes frustrations, de mes soupirs ? Oui tu le sais, tu le sens, le jour de demain est proche.
Et pourtant tu te jouis des secondes, de cette aiguille qui accélère, qui jamais n'a couru aussi vite. Oh ! C'est un record, c'est une vie, c'est une ronde qui n'en finit plus, je le sais, tu le sais bien que tous le redoutent.
Et les flèches tournoient, elles grimpent et prennent de la vitesse. Et moi que puis-je faire ? Et moi qui saute, qui s'élève mais toujours elles s'éloignent à chacun de mes cris, de mes bonds, de mes sanglots frustrés et gémissants.
Aujourd'hui j'inspire, et le temps d'un battement de cœur je sais même trop tard qu'il est déjà fini. Aujourd'hui j'expire, mais voilà que j'ai à peine le temps d'en savourer l'air qui s'envole sous mon nez ! Pourquoi aujourd'hui n'est qu'un mot pour tant ? Moi je dis oh, Aujourd'hui est unique et cela peu le savent, peu le sentent lorsque le soleil se lève pour la énième fois. Ainsi aujourd'hui est-il une belle journée si l'on sait qu'importe la météo demain sera toujours différent ?
Demain, ah ! Demain je suis déjà à ta porte, demain je toque et frappe timidement, j'ai peur comme tous. Demain je suis couchée à même la terre, demain je profite de cette dernière sensation. Demain j'ai les yeux rivés sur l'obscurité, demain je suis aussi blafarde que je redoutai tant de l'être.
Oh oui, tous le redoutent depuis le l'instant où l'ombre est devenue lumière, depuis l'instant où au bout du tunnel j'ai vu des bras tendus vers ce cauchemar qui n'attend que le réveil. Ce réveil que pourtant tous redoutent, que tous se mentent et reculent. Mais personne ne le peut, ah !, et c'est bien là l'illusion que tous se bercent depuis qu'ils le peuvent.
Oh, et n'oublions pas hier ! Hier où je dansais, où je riais, où je chantais ! Oh, hier je chantais car mon cœur était plus large que la vérité, mon cœur était plus large que la raison. Hier où je dessinais mon premier mot avec appréhension et excitation, en chantant, en souriant, inconsciente que sur cette page je n'en écrirai que dix. Que trois, que quinze, peu importe ! Cette page qui naît vierge et qui au bout de chacun ne finit qu'à moitié remplie. Oh oui, vous le savez, car chacun se ment, se penche sur celle du voisin pour en copier la phrase. Et ce voisin qui l'a prise d'un autre, et cet autre, à qui l'a-t-il prise ? Elle saute, elle n'est que copie d'une copie, tous le savent et pourtant tous le font ! Moi je ne suis qu'une lettre qui forme la lettre, et ce mot dont je fais partie, est-il vraiment si important ? Oh, il ne semble pas l'être, au fond, je le sais car chacun l'écrit bourré de fautes sans s'en préoccuper !
Tout te revient, tout est du à toi et à ta stupide jalousie ! Toi qui n'est qu'immense et pourtant invisible, qui du haut de ton pouvoir tire nos ficelles sur une scène trop étroite pour nous tous. Hier n'est que le demain de certains, et demain n'est que l'aujourd'hui pour d'autres ! Et moi, pour qui aujourd'hui est déjà hier, que puis-je faire, sinon me torde la nuque pour me jeter sur ce bout de la ficelle qui s'éloigne, et pourtant je cours, je m'élance, mais à l'envers, que puis-je faire ?
Ah, et toi qui ne me facilite pas la tâche ! Toi et tes secondes qui me poussent, toi et tes minutes qui me tirent la peau, toi et tes années qui rient de mes soupirs ! Et maintenant que j'essaie de poser le mot, à cet instant précis où le point se fraye un chemin parmi mes lettres, l'aiguille c'est arrêtée, la page va se terminer. Est-ce seulement possible ? Non, je le crains, ce n'est que mon sursaut, mon cri, mon hurlement au réveil d'un nouveau demain.
Hier je chante, une mélodie déjà oubliée que tous même les pires n'ont pas su garder. Aujourd'hui je me roule au sol, hurlant de désespoir, pour rattraper ces belles notes qui me narguent depuis mes souvenirs. Demain, que fais-je ? Demain pour la première fois je demeure silencieuse. Demain pour la première fois tu as gagné.
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