VI
Il était là, devant moi, ses traits bien ancrés dans ma rétine. J'avais entendu sa voix étranglée par-dessus les bruits de la ville, son chuchotement avait été assourdissant, écrasant.
"Minho."
Il se rappelait de moi tout comme je me rappelais de lui. Il était revenu, sa présence s'était de nouveau imposée dans ma réalité, je me sentais enfin respirer.
Des larmes roulèrent sous mes yeux, l'adrénaline de ces derniers jours s'estompait peu à peu, la peur et la joie éclataient hors de moi, dans ces pleurs ininterrompues. Et c'était chaud, doux, agréable, tout comme la présence de mon ami qui se tenait à présent à ma hauteur.
En revanche son visage exprimait quelque chose de beaucoup plus sombre, une étincelle d'inquiétude dansait dans ses prunelles. Ses joues constellées d'étoiles étaient rouges de colère. Je crois qu'il n'était pas vraiment content de me voir.
— Felix...
— Qu'est ce que tu fais là ? dit-il le visage dur en me tendant une main pour que je me relève.
Je ne répondis rien, secouer par son ton amer. Felix c'était habituellement quelqu'un de lumineux et souriant, pourtant il me fit presque peur sur ce trottoir qui avait vu ma mort se jouer de peu.
Voyant bien que je n'étais pas réceptif, il regarda autour de nous, les sourcils froncés, avant d'attraper mon bras et de nous traîner vers le parc. Avait-il décidé d'enfin rentrer à la maison ?
— Je ne sais pas ce que tu as fait Minho mais je t'assure que t'as merdé. Pourquoi tu dois toujours te mettre dans de sales situations ?
Je l'écoutais me sermonner, toujours silencieux parce qu'aucun mot ne me semblait nécessaire sur le moment. Je voulais profiter de la fin du cauchemar un temps, les questions sur sa disparition viendraient à tête reposée.
— Est-ce que j'ai perturbé la couche bêta ?
Felix murmurait dans sa barbe, toujours remonté. Je ne saisissais pas le sens de son charabia, je me demandais même s'il s'était pris un coup sur la tête ces derniers jours. Il était étrange, bien plus perturbé qu'à son habitude. Qu'avait-il vécu loin de nous ?
Finalement il me guida dans une ruelle que je ne connaissais pas, avant de donner un coup d'épaule sec dans un portail métallique. Le sol racla sous la porte avant de dévoiler un petit jardin épanoui.
— Mes parents ne doivent pas te voir, il va falloir que tu passes par la fenêtre de ma chambre. Cache-toi dans ce buisson le temps que je t'ouvre.
Sur ces mots, il me poussa dans un amas de branchages et de feuilles avant de faire pression sur ma tête pour que je m'y camoufle. Autant dire que je n'avais pas tellement le choix que d'obéir. Je pense que si j'avais émis une seule réticence, il aurait explosé sous la pression. De là où j'étais, je pouvais voir ses mains trembler tandis qu'il se dirigeait vers l'entrée de la maison.
La porte claqua, les sons de la nuit m'enveloppèrent. Au loin, je pouvais entendre une moto passer, ou bien les feuilles des arbres s'agiter ensemble. Il ne pleuvait plus, pas depuis que j'avais failli me prendre ce vélo du moins. Ou ce camion. Les évènements étaient encore plutôt flous pour être honnête. Ce que je pouvais cependant affirmer était que le déluge de ces derniers jours avait décidé de s'octroyer une petite pause. Peut-être était-ce Felix qui avait chassé la bruine avec ses cheveux ensoleillés.
— C'est bon, tu peux entrer.
Je sursautai en entendant la voix du blond au-dessus de ma tête. Il était penché à sa fenêtre, me surplombant tandis que j'étais accroupie, les jambes anquiloxées. Je me relevai difficilement dans un souffle douloureux avant de m'étirer pour me débarrasser des picotements dans mes jambes.
— Dépêche-toi, tu vas attraper froid, t'es trempé.
J'enjambai l'allège, les membres rigides, avant de finalement poser les pieds sur le parquet lisse de la chambre de Felix. Chambre que je ne connaissais d'ailleurs absolument pas, aucun objet ne se dessinait dans ma mémoire, tout avait été remplacé par des éléments inconnus.
— Pourquoi tu ne m'as pas dit que tu déménageais ? Il s'est passé des choses bizarres pendant ton absence tu sais, j'ai même cru que tu n'avais jamais existé ? C'est quoi tout ça Felix ?
Ce dernier referma la fenêtre derrière moi, des aplats mauves étaient peints sous ses yeux, trahissant sa fatigue. Ses pieds traînaient au sol dans un rythme impatient, nerveux mais pourtant tellement léger et lent. Felix était comme à contre courant, il y avait quelque chose de différent dans ses yeux, ses gestes, sa voix. Il était lui sans être lui.
— Ecoute, je répondrai à tes questions plus tard. D'abord je dois savoir comment tu es arrivé jusqu'ici et surtout comment tu as trouvé ça ?
Dans ses mains se tenait son carnet violet, détrempé, sale et presque désarticulé. Je l'avais surement fait tomber lors de mes péripéties sur la route agitée, je ne revoyais pas le moment où je l'avais lâché mais il n'était définitivement pas rester contre moi.
— Minho, il faut que tu me racontes tout s'il te plaît. Tu n'es pas censé être là, ta place n'est plus ici depuis bien longtemps.
✮ ⋆ ˚。𖦹 ⋆。°✩
Vos théories se concrétisent ou c'est encore plus le bordel ? 👀
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