Chapitre 27 | La fin de notre histoire (2)
Ce matin, je me prépare avec une lassitude palpable. Les rayons du soleil filtrent à travers les rideaux, projetant des ombres déformées sur les murs de ma chambre, comme si le jour lui-même hésitait à commencer. Le poids de la journée à venir me pèse sur les épaules, rendant chaque geste plus lourd que d'habitude. Je vais devoir passer au manoir des Montclar pour récupérer mes affaires. L'idée de retourner dans cet endroit me semble écrasante. L'appréhension se tord dans mon ventre comme un serpent inquiet. Chaque mouvement, chaque bruit de la maison me semble démesuré, amplifié par mon anxiété. Je redoute de revoir Gabriel. Les souvenirs de nos moments heureux et des instants partagés me hantent, me rappelant ce que nous avons perdu. Je crains qu'il essaie de comprendre les raisons de notre rupture, alors que tout semblait bien se passer, et que je doive encore inventer un mensonge qui risquerait de nous blesser tous les deux. Le poids du secret est un fardeau écrasant, et je me demande comment je vais pouvoir le porter encore longtemps.
À mon arrivée au manoir, je suis accueillie par Gabriel. Les lourdes portes en bois massif s'ouvrent avec un grincement familier, révélant un intérieur qui semble figé dans le temps. Les meubles sombres, les tapis anciens, tout dans cette maison respire l'opulence et la froideur à présent. Les traces de fatigue sont évidentes sur son visage ; ses yeux sont cernés et son regard est marqué par une nuit sans sommeil. Il semble presque transfiguré par la douleur et la fatigue, son visage plus marqué que d'habitude, ses traits tirés et ses épaules voûtées sous le poids de l'inquiétude.
— Salut.
Mon ton est distant, ne laissant transparaître aucune émotion. Je fais de mon mieux pour maintenir un masque impassible, mais je sens l'émotion se briser à la surface de ma voix. Gabriel semble déstabilisé par mon approche, un mélange de surprise et de désespoir dans ses yeux, mais il ne répond pas. Son silence est lourd, presque palpable, et l'atmosphère entre nous est chargée de non-dits. Chaque souffle, chaque mouvement est empreint de tension. Il m'accompagne à l'étage pour que je puisse récupérer toutes mes affaires.
Je rassemble tous mes biens dans un silence assourdissant. Chaque objet que je mets dans ma valise semble lourd de souvenirs, pourtant jeunes : une photo de nous deux, un livre que nous avons lu et débattu ensemble, des vêtements portés lors de moments heureux. C'est comme si chaque article était une pièce du puzzle de notre vie commune, désormais éclatée. Ni lui ni moi n'osons faire le premier pas. Les murs de la chambre, baignés d'une lumière blafarde, semblent nous observer silencieusement, témoins de notre détachement imminent. Je voudrais pouvoir tout lui avouer, tout déballer comme un paquet fragile, mais la peur m'en empêche. La vérité est une lame tranchante, et je redoute le moment où elle se révélera, craignant la douleur qu'elle apportera. J'aimerais tellement lui dire toute la vérité sur la situation, avouer qu'Isabelle me fait chanter.
— J'ai fini, je chuchote comme pour ne pas briser le silence qui s'était installé.
Ma voix tremble légèrement, trahissant l'effort nécessaire pour maintenir ma façade de calme. Je me dirige vers la sortie de notre ancienne chambre conjugale, mais Gabriel me bloque le passage. Il se tient dans l'encadrement de la porte, son regard implorant. Il a l'air à la fois résolu et vulnérable, comme une statue de marbre qui vacille sous le poids de ses émotions. Il se tient si près de moi que je peux sentir la chaleur de son corps et l'odeur mentholée de son parfum, ce qui me provoque un tourbillon d'émotions. La proximité est un contraste saisissant avec la froideur de notre situation ; c'est à la fois réconfortant et déstabilisant. Mon cœur s'affole, les papillons volent dans mon estomac. Chaque battement résonne comme un tambour dans le silence tendu entre nous.
— Mia...
Je n'arrive pas à le regarder dans les yeux. Les souvenirs de nos moments partagés défilent dans mon esprit comme un film en accéléré. Je vois encore ses sourires, ses gestes affectueux, et je me demande comment nous en sommes arrivés là. Gabriel m'y oblige en déposant deux doigts sous mon menton et en le levant légèrement. Son contact est à la fois doux et déterminé, une tentative silencieuse de forcer le dévoilement de la vérité. Je plonge mes yeux dans ceux d'un homme dont le cœur est brisé, dont l'âme semble déchirée. Autrefois, ses yeux étaient d'un bleu-gris vif et captivant, maintenant, leur éclat est terni, comme un ciel grisâtre avant l'orage. Il y a une profondeur de tristesse dans son regard, un abîme que je suis incapable de franchir.
— Mia, reprend-t-il avec une tendresse brisée. Dis-moi la vérité.
— Je...
— Et ne me dis pas que tu faisais semblant, je n'y crois pas.
Sa voix est un murmure chargé de désespoir, chaque mot tombant comme une goutte de pluie sur une surface calme, perturbant le silence entre nous.
J'essaie de lui dire, mais ma gorge est nouée par la peur, la contrainte imposée par sa marâtre. Les mots se heurtent à la barrière de ma peur, et je me sens comme un oiseau en cage, prêt à se libérer mais incapable de franchir les barreaux. Je vois la souffrance dans ses yeux, un mélange de désespoir et d'espoir effrité, ce qui rend la tâche encore plus difficile. Il y a une intensité dans son regard, une lueur d'espoir vacillante que je ne peux pas briser. Ses doigts caressent doucement mon menton et il tente de deviner :
— Dis-moi. Est-ce que mon père ou Isabelle t'a fait du chantage ? C'est pour ça que tu pars ?
J'ai envie de hurler oui, à plein poumons. Les mots sont sur le bout de ma langue, prêts à éclater, mais je les retiens, pris dans un tourbillon d'émotions contradictoires. Ma bouche s'ouvre et se ferme sans émettre de son, comme une cage vide, prête à crier la vérité. Hocher la tête et tout avouer. C'est une tentation irrésistible de lui révéler tout, de décharger le poids de ce secret, mais la menace d'Isabelle pèse trop lourd dans mon esprit. C'est la conjecture parfaite ; en acquiesçant, nous pourrions trouver une façon de contourner la menace d'Isabelle. Gabriel pourrait continuer à être mon allié. Je fantasme sur la possibilité d'un plan commun, de trouver une solution qui nous libérerait tous les deux, mais la réalité est impitoyable. Seulement, à ce moment précis, Isabelle passe derrière Gabriel dans le couloir, lequel ne semble pas s'apercevoir de sa présence. Elle se glisse dans l'ombre, un spectre silencieux dont la présence est une menace constante. Son regard perçant et ses traits impassibles transmettent un message clair : toute tentative de fuite est vouée à l'échec. Elle me lance un regard avertisseur, me décourageant de toute tentative de libération. Les yeux d'Isabelle sont comme des lames tranchantes, coupant tout espoir de réconciliation. Je me résigne finalement, et à contre-cœur, je retire mon alliance et ma bague de fiançailles et les place dans la paume de la main de Gabriel, que je referme le cœur déchiré.
— Désolée Gabriel, mais je te rappelle que tout était faux depuis le début.
Chaque mot que je prononce est un couteau enfoncé dans mon propre cœur, la douleur presque physique.
Mon regard fuit instantanément le sien, incapable de lui mentir droit dans les yeux. Il y a une honte et une tristesse dans mon regard qui trahissent la profondeur de mon désespoir. Une douleur sourde et persistante se loge dans ma poitrine, tandis que je m'éloigne dans le couloir. Les murs du manoir semblent se refermer autour de moi, chaque pas résonnant comme un écho du passé que je laisse derrière moi. Avant de disparaître de son champ de vision, je dis simplement :
— Prends soin de toi Gabriel.
Le « je t'aime » est bloqué dans ma gorge, un mot non prononcé, plein de regret et de tristesse. Il reste suspendu comme une promesse non tenue, une vérité inavouée. Je quitte le manoir une bonne fois pour toutes, le poids du monde sur mes épaules, le cœur lourd comme une pierre, prête à embrasser l'incertitude d'un nouveau départ. Chaque pas que je fais semble me rapprocher d'une liberté incertaine, mais aussi de la douleur de ce que je laisse derrière moi.
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