Chapitre 26 | Paula Cruzado (2)
En entendant ces révélations, je suis pétrifiée. Il est clair maintenant pourquoi ma mère ne voulait pas me dévoiler cette partie de son passé. J'ai vingt-cinq ans d'écart avec elle, ce qui change tout ce que je pensais savoir. Le fait que mon père ne soit pas l'homme alcoolique que je croyais rend la réalité encore plus complexe et difficile à accepter. Je comprends enfin pourquoi elle a gardé ce secret si longtemps.
— Ça va Mia ?
— Oui. Oui, pardon. Tu peux continuer ?
— D'accord. Comme tu l'imagines, avec un voyage clandestin, on ne finit pas toujours là où l'on espérait. J'ai eu la chance de terminer mon périple en Espagne, à Alicante. J'ai eu des difficultés au début, car je ne parlais pas espagnol ni anglais. Je maîtrisais seulement l'arabe et le français. J'ai eu la chance de rencontrer une femme riche de mon âge, Paula Cruzado.
Chaque détail de son récit me captive. Je me demande comment elle a pris la décision de voler l'identité de Paula.
— Paula m'a engagée comme domestique dans sa maison de banlieue d'Alicante. Elle parlait un français impeccable, ce qui était un soulagement pour moi. Elle vivait seule, orpheline, sans famille proche. Bien qu'elle fût extrêmement riche, elle était aussi d'une générosité inouïe. Elle m'a offert l'hébergement, la nourriture et le soutien, tout en m'apprenant l'espagnol pour que je puisse m'intégrer. Paula souffrait d'un cancer du sein agressif, montrant que la maladie n'épargne personne, peu importe la richesse. Avant de mourir, elle souhaitait sincèrement faire le bien autour d'elle et utiliser sa fortune pour aider ceux dans le besoin. Elle m'a aidée à donner naissance légalement en France et a pris soin de toi durant tes premières années, en répondant à tous tes besoins : nourriture, vêtements, produits d'hygiène, etc. Elle est devenue une véritable amie. Nous nous confions l'une à l'autre, et elle connaissait toute mon histoire. Elle savait combien il serait difficile pour moi de vivre en Europe en tant que clandestine syrienne. C'est pourquoi elle m'a donné son identité après sa mort, comme nous avions le même âge, nous offrant ainsi un nouveau départ. J'ai cependant choisi de ne pas conserver sa fortune ; je ne me sentais pas légitime de la récupérer, donc je l'ai distribuée anonymement à diverses œuvres caritatives en Espagne et en France. Ensuite, j'ai trouvé un emploi chez les Montclar à Versailles, pensant que ce serait le début d'une nouvelle vie pour nous deux.
Aujourd'hui
Les larmes me montent aux yeux alors que je me remémore ce moment où ma mère m'a tout révélé. Le souvenir de ses paroles résonne encore dans ma tête comme une mélodie triste et poignante. Je visualise les épreuves qu'elle a traversées, la douleur et la solitude qu'elle a endurées. Cette révélation éclaire d'un nouveau jour toute ma perception de son sacrifice et de sa lutte pour construire une nouvelle vie en Europe.
Je prends un moment pour m'arrêter, fermant les yeux et respirant profondément. Les émotions se bousculent en moi : une gratitude immense, un respect profond, et une vague de compassion inédite. Je réalise combien il est difficile de vivre avec des secrets aussi lourds, et je comprends à quel point ma mère a été courageuse pour préserver notre sécurité tout en portant le poids de son passé.
Je me sens à la fois submergée et déterminée. Mon cœur est un tourbillon de sentiments intenses : je veux protéger ma mère comme elle a toujours veillé sur moi. Sa bravoure face aux épreuves, sa résilience, tout cela me pousse à me battre encore plus fort pour elle. Je sais maintenant que chaque effort, chaque sacrifice que je fais n'est pas seulement pour moi, mais pour honorer tout ce qu'elle a enduré pour me donner une chance de vivre une vie meilleure.
Je sèche mes larmes, les essuyant d'un revers de main tremblant, et je me redresse, retrouvant une nouvelle détermination. En rentrant chez moi, chaque pas semble être une déclaration silencieuse de mon engagement envers ma mère. Mon esprit est en ébullition, une série de pensées et de plans se formant déjà pour l'avenir, me guidant avec une clarté renouvelée.
En entrant dans l'appartement, je prends un moment pour observer notre petit refuge, cet espace que ma mère a soigneusement aménagé avec amour et dévouement. Les murs, ornés de photos de nous deux, résonnent avec une chaleur que je n'avais pas pleinement appréciée jusqu'à maintenant. Les meubles, bien que modestes, portent la marque d'une vie dédiée à la construction d'un foyer confortable. Je me sens encore plus connectée à cet endroit, consciente de la véritable valeur des sacrifices qu'elle a faits pour rendre notre vie meilleure.
Je me dirige vers le canapé, où je trouve ma mère assise avec un air fatigué mais serein. Elle semble être en paix maintenant, comme si le fait d'avoir partagé son histoire avait allégé une partie du poids qu'elle portait sur ses épaules. Je m'installe à ses côtés, prenant soin de m'asseoir doucement pour ne pas lui faire mal. Je la prends dans mes bras, la serrant contre moi avec une tendresse et une sollicitude que je n'avais jamais montrées auparavant. Je sens son souffle chaud contre mon cou, son cœur battant lentement et régulièrement.
Nous nous installons confortablement sur le canapé, les coussins moelleux nous enveloppant dans un cocon de réconfort. Le bruit de l'émission en direct à la télévision est presque apaisant, un murmure rassurant dans la tranquillité de la soirée. La lumière tamisée de la lampe à côté du canapé jette des ombres douces sur les murs, créant une ambiance intime et sécurisante.
Après un moment de silence, je murmure doucement, ma voix tremblante mais pleine de conviction :
— J'aimerais qu'on retourne en Espagne.
***
Bonjour à tous !
- Quels sont vos avis sur ce chapitre ?
- Vous attendiez-vous à un passé pareil de la mère de Mia ?
- Et la dernière phrase de Mia ?
- Que se passera-t-il par la suite ?
Merci encore pour vos votes et commentaires ! A demain !
xoxo
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