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Chapitre 26 | Paula Cruzado (1)

Le chemin entre le manoir et l'appartement de ma mère me semble infiniment plus long que d'habitude. Chaque pavé, chaque tournant, semble porter le poids de mes remords. Je me sens accablée par un profond malaise, une lourde culpabilité s'infiltrant dans chacun de mes pas. La douleur dans les yeux de Gabriel me hante comme une ombre persistante. Jamais je n'aurais imaginé être capable d'agir de manière aussi froide et calculée. Le contraste entre mes actions récentes et la personne que je croyais être est déchirant. Il est clair que ces dernières semaines ont révélé une facette de moi-même que je peine à reconnaître.

Je ne parviens pas à apprécier la douce température d'une soirée de mai, dont la chaleur agréable contraste avec la glace qui semble s'être formée dans mon cœur. Le crépuscule enveloppe la ville d'une lumière dorée et apaisante, mais cette tranquillité extérieure semble narguer la tempête intérieure qui fait rage en moi. Je suis en proie à une réflexion incessante, me demandant comment j'aurais pu éviter ce déchirement. A quel moment ai-je perdu le contrôle ? Isabelle m'a vraiment fait peur ce matin, avec sa détermination impitoyable et ses menaces glaçantes. Je reste perplexe face à la rapidité avec laquelle son détective a réussi à dénicher les informations nécessaires. Toute sa vie, ma mère a veillé avec une rigueur absolue à préserver son passé des regards indiscrets. Elle s'est efforcée de camoufler les vestiges d'une vie antérieure tumultueuse pour offrir à sa famille un havre de paix loin des conflits. Mais ses efforts ont été vains : Isabelle détient désormais le détonateur capable de faire exploser tout ce qu'elle a construit.

Je marche d'un pas traînant dans les rues pavées de la ville où ma mère réside. Le décor urbain défile lentement sous mes yeux, les enseignes lumineuses et les vitrines des boutiques se brouillant dans mon champ de vision embué. Bien que ma mère soit fraîchement revenue de son opération, je n'ai pas le courage de lui rendre visite immédiatement. Je ne sais pas comment lui annoncer cette nouvelle sans briser le fragile équilibre qu'elle tente de retrouver. Au cours de ma marche nocturne, mes pensées vagabondent vers ce jour où, à l'âge de treize ans, ma mère m'a révélé la vérité sur son passé.

Douze ans plus tôt

Comme tous les jours après le collège, ma mère n'est pas encore rentrée. Depuis quelque temps, elle effectue des heures supplémentaires pour la riche famille des Montclar, afin de pouvoir financer mes cours de danse. Je sais qu'elle se dévoue entièrement pour me donner les meilleures chances, même si cela signifie sacrifier son propre bien-être. Je lui ai exprimé plusieurs fois que j'étais prête à abandonner les cours, mais elle refuse obstinément d'en entendre parler. Elle est convaincue que ma passion pour la danse est la clé de mon avenir, et elle s'accroche à cet espoir avec une ténacité admirable. Alors, pour lui montrer ma gratitude, je m'efforce de maintenir l'appartement en ordre. Bien que notre logement ne soit pas immense, il nécessite un entretien régulier pour rester accueillant.

Je commence par pousser les meubles lourds pour passer l'aspirateur dans chaque recoin. Le bruit assourdissant de l'appareil se mélange à ma sueur, formant un contraste saisissant avec le calme de la soirée. Cette tâche est épuisante et me prend une bonne trentaine de minutes, car les meubles sont lourds et encombrants. Je termine le ménage en étant complètement essoufflée, et il me faut quelques minutes pour retrouver mon souffle. Cette épreuve physique est un rappel brutal de l'effort que ma mère fournit pour me soutenir.

Je décide de trier les papiers qui encombrent la grande commode du salon. L'odeur de papier ancien et de cire se mélange à la fraîcheur du soir, créant une atmosphère mélancolique. Ma mère est une femme qui aime l'ordre, mais elle manque souvent de temps pour s'occuper des papiers divers qui s'entassent. Les factures jaunies, les pense-bêtes éparpillés et les vieilles photos évoquent une vie de détails quotidiens accumulés au fil des ans. Je tombe sur une photo que je n'avais jamais vue auparavant. La photo est ancienne, avec ses bordures usées et ses nuances sépia estompées par le temps. Elle montre un homme grand et élégant en uniforme militaire, entouré de trois femmes : une qui semble être sa femme et deux jeunes filles, toutes typées du Moyen-Orient. L'homme porte fièrement son uniforme, tandis que les femmes arborent des vêtements traditionnels empreints de dignité. Je me demande pourquoi ma mère possède cette photo.

Je la retourne et lit l'inscription au dos : « 14 août (l'année est effacée), 16 ans d'Halima, Damas ». Ces mots écrits à la main sont presque effacés, mais ils portent un poids considérable. Plus je fixe la photo, plus la plus jeune des filles, celle qui se trouve au centre, me semble familière. Elle a un regard doux et un sourire éclatant, avec une épaisse chevelure noire bouclée qui rappelle celle de ma mère.

Une vague de réalisations me submerge, et je cligne des yeux en essayant de faire le point. Cette ressemblance est troublante. Mais il est inconcevable que ma mère ait conservé une telle photo, surtout après avoir perdu toutes ses affaires de jeunesse lorsqu'elles ont été brûlées dans un excès de colère de mon père alcoolique. Ma pensée se tourne en spirale, essayant de comprendre pourquoi cette photo a survécu.

— Mimi ! Je suis rentrée !

L'appel de ma mère rompt le silence, et je réalise que le temps a filé sans que je ne m'en aperçoive.

Elle entre dans le salon, le sourire aux lèvres, et se fige en voyant la photo que je tiens entre mes mains. Ses yeux s'écarquillent, puis se remplissent d'une inquiétude palpable. Je la regarde, la tête emplie de questions pressantes, mais ma mère s'installe lentement sur la chaise à côté de moi, prenant la photo avec une nostalgie poignante. Ses yeux se remplissent de larmes et elle murmure doucement :

— Je dois te raconter mon histoire Mia.

Ces mots, lourds de promesses et de secrets, semblent suspendus dans l'air. Je suis déconcertée, un tourbillon de scénarios fous déferle dans mon esprit. Est-ce possible que ma mère ait vécu une vie aussi différente de ce que je pensais ? Je me demande si elle a été honnête avec moi jusque-là. Des milliers de scénarios se bousculent dans ma tête, l'un d'eux étant que ma mère pourrait être une espionne vivant sous une fausse identité.

— Sache avant tout, commence ma mère avec une voix douce mais résolue, que si je ne t'ai pas dit la vérité avant, c'était pour te protéger.

— Me protéger de qui ? De mon père ?

— En quelque sorte, mais c'est plus complexe que cela.

Je ne comprends pas ce qu'elle veut dire par là, mais je la laisse poursuivre sans l'interrompre. Chaque mot qu'elle prononce est une révélation de l'énigme qui entoure notre famille. Je suis déterminée à écouter toute l'histoire avant de me faire un avis.

— Je ne m'appelle pas Paula Cruzado, mais Halima El Shami. Je suis née à Beyrouth, d'un père libanais et d'une mère syrienne. J'ai déménagé en Syrie quand j'avais cinq ans.

— Tu es une espionne syrienne ?

L'idée me traverse l'esprit, malgré ma promesse de ne pas interrompre ma mère.

Cette hypothèse détend légèrement l'atmosphère et décroche un petit rire chez ma mère. Elle me passe une main réconfortante dans les cheveux et rejette mon hypothèse avec douceur.

— Non ma Mimi, je ne fais pas partie des services secrets syriens ou libanais.

Un soupir de soulagement m'échappe, mais il est teinté d'une inquiétude persistante. Je ne peux qu'imaginer la complexité de la situation si cela avait été le cas. Elle reprend son récit :

— Quand j'avais environ dix-sept ans, la stabilité politique au Moyen-Orient a commencé à vaciller avec l'émergence de groupes islamistes radicaux. Cela a été très difficile pour notre famille catholique.

Ses mains commencent à trembler, et elle prend une profonde inspiration avant de continuer :

— Mes parents ont été tués par un membre du mouvement islamiste des Frères musulmans en raison de leur foi et de leur mode de vie. Il ne me restait plus que ma grande sœur, qui avait deux ans de plus que moi. Nous avons vécu ensemble pendant un certain temps. Elle a décidé de se convertir à l'islam dans l'espoir que cela simplifierait sa vie dans ce contexte chaotique. Je respectais son choix, mais ses opinions sont devenues de plus en plus extrêmes. Nous avons fini par nous éloigner, et je craignais qu'elle ne me dénonce. Elle a épousé un haut membre d'Al-Qaïda et est partie vivre en Irak, me laissant seule à Damas, alors que je n'avais que vingt-deux ans. Je ne l'ai jamais revue depuis. Je prie pour elle tous les jours, en espérant qu'elle va bien.

Les larmes coulent sur les joues de ma mère, et je la prends dans mes bras. Je ne peux qu'imaginer le chagrin immense qu'elle a dû ressentir, perdant ses parents et sa sœur dans des circonstances aussi tragiques. Je la serre contre moi, lui offrant le réconfort dont elle a tant besoin. Quand elle se calme, elle reprend là où elle s'était arrêtée :

— C'était extrêmement difficile de me retrouver seule à vingt-deux ans. Je voulais désespérément fuir le Moyen-Orient et rejoindre l'Europe. C'est pourquoi j'étudiais le français à l'université, persuadée que la France serait mon Eldorado, ma clé de sortie. Mais...

Sa voix se brise et ses yeux verts plongent dans les miens.

— Mais, quand j'avais vingt-quatre ans, j'étais en cours à l'université de Damas lorsqu'un groupe islamiste extrémiste affilié à Al-Qaïda a pris en otage tous les hommes musulmans. Ceux qui refusaient de les rejoindre subissaient le même sort que les non-musulmans. Quant aux femmes, c'était la roulette russe. Nous avons été presque toutes abusées sexuellement par ces soldats extrémistes, au nom de la religion.

— Comment peut-on commettre de telles atrocités au nom d'un Dieu ? C'est inhumain.

— C'est la réalité, malheureusement. Ces personnes utilisent la religion comme prétexte pour leurs actes barbares, mais aucune religion ne justifie la violence, que ce soit dans le Coran, la Torah ou la Bible. Il est crucial de ne pas confondre les extrémistes avec les croyants. Les extrémismes, quel que soit le contexte religieux, ne définissent pas la foi elle-même. Ne mets pas tout le monde dans le même panier, c'est ainsi que le racisme se propage.

Je garde précieusement ce conseil sage, en mémoire. Ma mère continue :

— Malheureusement, je n'ai pas échappé aux abus sexuels. Mon esprit a tenté de se protéger en se déconnectant totalement. Je n'ai donc pas de souvenirs clairs de ce qui s'est passé pour moi. Après cette journée cauchemardesque, j'ai découvert que j'étais enceinte. C'est à ce moment-là que j'ai décidé de fuir définitivement la Syrie pour la France. La situation se détériorait trop. J'ai rassemblé le peu d'argent que j'avais économisé, venant principalement de mes parents et de petits boulots étudiants, et je suis partie pour un périlleux voyage vers la France.


***

Hello tout le monde ! Comment allez-vous ? (Désolée pour ce long chapitre, mais je ne pouvais pas couper avant, cela n'aurait pas fait sens).

- Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?

- Aimez-vous le format "flashbacks" ?

- Le début des révélations sur le passé de la mère de Mia, qu'en pensez-vous ?

- Comment Halima a-t-elle pris l'identité de Paula Cruzado selon vous ?

Faites attention à ne pas faire d'amalgame entre les musulmans et les islamistes ! Ce n'est pas du tout la même chose ! J'ai essayé de le communiquer dans le roman, mais je préfère le répéter. Merci de rester respectueux dans les commentaires concernant toutes les religions ou tous les individus en général. ⚠

Je vous remercie pour tous vos votes et commentaires, cela m'encourage vraiment ! Je vous souhaite une bonne journée et je vous donne rendez-vous demain pour la suite du roman !

xoxo

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