Chapitre 21 | Le calme après la tempête ? (1)
Je m'habitue bien à cette sensation de sérénité. Depuis que ma mère est à Madrid, pour son opération, tout me paraît plus facile, même jouer la comédie avec Gabriel n'est plus un fardeau. Le manoir, avec ses murs épais et ses pièces luxueuses, est devenu un sanctuaire de calme. Chaque matin, je me réveille avec un sentiment de gratitude renouvelé, sentant le poids de l'inquiétude s'alléger un peu plus chaque jour. J'ai l'impression d'être inatteignable, que ma mère est en sécurité, que rien de mal ne peut arriver. Comme tous les soirs depuis son départ pour l'Espagne, je prends un moment pour lui passer un appel.
— Bonjour Maman, comment vas-tu ?
— Je vais bien ma chérie, et toi ?
— Tout va très bien.
Sa voix, douce et réconfortante, est un baume pour mon âme. Je lui raconte la dernière journée passée, comment ça se passe avec Gabriel, mais surtout avec sa famille. Je détaille mes journées au manoir, les promenades dans les jardins parfaitement entretenus, les repas somptueux partagés avec Gabriel, les échanges parfois tendus avec Isabelle. Je lui confie qu'avec Gabriel tout se passe merveilleusement bien, qu'avec Bernard les choses n'ont pas trop évolué : il est toujours aussi froid, mais qu'il laisse son fils respirer un peu. Tandis qu'Isabelle est toujours sceptique quant à mes intentions envers la famille de Montclar.
— Tu sais, Maman, parfois j'ai l'impression qu'Isabelle ne me laissera jamais vraiment entrer dans cette famille. Elle me regarde toujours avec ce regard perçant, comme si elle cherchait à lire dans mes pensées.
— C'est normal, ma chérie. Elle essaie de protéger sa famille. Donne-lui du temps.
— Je sais, mais c'est difficile. Surtout quand elle est si froide et distante.
—Tu es forte, Mia. Ne laisse pas ses doutes te faire perdre confiance en toi et en ton mariage.
Sa voix, empreinte de sagesse et de tendresse, parvient toujours à me réconforter, même à des centaines de kilomètres de distance. C'est la première fois que ma mère et moi sommes séparées aussi longtemps. Chaque journée sans elle me rappelle à quel point nous avons toujours été un duo inséparable, partageant nos joies et nos peines. Nous avons toujours eu l'habitude d'être toutes les deux et de toujours pouvoir compter l'une sur l'autre. Je pense aux soirées passées ensemble, à regarder des films, enroulées dans une même couverture, à partager nos espoirs et nos craintes. Je ressens un pincement au cœur en pensant à la distance qui nous sépare, mais je me rassure en me disant que c'est pour son bien.
— Et toi, Maman, comment te sens-tu vraiment ? Tu n'as pas trop peur des complications suite à l'opération ?
— Oh, tu sais, un peu. Mais les médecins ici sont excellents. Je me sens entre de bonnes mains.
— Je voudrais tellement être là avec toi.
— Tu es avec moi, Mia. À chaque instant. Je le sens. Et puis, une fois que tout sera terminé, nous aurons plein de choses à fêter.
Je souris, touchée par sa force et son optimisme. Son courage me donne de la force, et je me promets de tout faire pour que notre sacrifice en vaille la peine. J'embrasse fortement ma mère, avant de raccrocher. L'écran du téléphone s'éteint, mais la chaleur de sa voix continue de résonner en moi.
Je reste assise un moment, contemplant la vue depuis la fenêtre de ma chambre. Le jardin du manoir s'étend à perte de vue, avec ses haies parfaitement taillées et ses parterres de fleurs colorées. Le chant des oiseaux et le doux murmure du vent dans les arbres me rappellent que, malgré tout, il y a encore de la beauté et de la paix dans ce monde.
Je sors ensuite de la chambre pour retrouver Gabriel au fond du jardin. Les corridors du manoir s'étirent devant moi, ornés de tableaux anciens et de tapis persans, chaque détail révélant l'histoire et la richesse de la famille de Montclar. Je marche doucement dans les couloirs, en prenant le même plaisir que la première fois à admirer la décoration. Les murs, parés de dorures et de boiseries sculptées, semblent murmurer des récits d'un autre temps. J'ai toujours du mal à réaliser que j'habite ici à présent, même si ce n'est que temporaire. Les moulures au plafond, les lustres scintillants, tout respire l'opulence et le passé glorieux de cette maison. Les fenêtres aux vitraux colorés projettent des éclats de lumière sur les parquets cirés, créant une atmosphère à la fois majestueuse et intemporelle.
Je passe devant les bureaux des différents membres de la famille de Montclar et surprends la voix d'Isabelle sortir du bureau de son mari. La porte est entre-ouverte, laissant filtrer une lumière tamisée qui éclaire ses traits sévères et élégants, accentuant l'aura d'autorité qu'elle dégage. Elle est dos à la porte, donc elle ne peut pas me remarquer. Je me fige un instant, observant la scène comme un spectateur involontaire d'une pièce de théâtre clandestine. Je décide de passer mon chemin, mais je suis interrompue dans mon élan, en entendant mon nom dans sa conversation :
— Mia Cruzado. Elle a épousé mon beau-fils il y a un mois environ.
Le son de mon nom dans sa bouche me fait l'effet d'un coup de tonnerre. Mon cœur rate un battement et un frisson glacé me parcourt l'échine. Je m'approche davantage, en essayant de comprendre ce qui est en train de se tramer. Isabelle poursuit :
— Oui c'est cela ! J'ai de gros doutes sur ses intentions ici, je ne lui fais pas confiance. Je voudrais que vous m'aidiez à la démasquer.
Mes mains deviennent moites et une sueur froide parcourt ma colonne vertébrale. Le sentiment d'apaisement que je ressentais ces derniers jours disparaît en un claquement de doigts. Je me dépêche de m'éloigner de la pièce où se trouve Isabelle, afin de ne pas me faire remarquer. Mon corps entier tremble sous la peur, mes jambes semblent s'alourdir comme si elles étaient faites de plomb. Le couloir, qui m'apparaissait jadis majestueux, semble maintenant s'allonger à l'infini, chaque pas résonnant comme un coup de marteau.
Je suis persuadée qu'elle était avec un détective privé. Je savais qu'elle avait des doutes sur moi, mais au point d'engager quelqu'un pour fouiller mon passé ? La terreur s'infiltre en moi, m'enserrant la poitrine comme un étau. Mes pensées s'embrouillent, tourbillonnent dans un chaos d'inquiétude et de peur. Quel danger je représente pour elle ?
Ce plan redevient une mauvaise idée à mes yeux. Les murs du manoir, qui devenaient sécurisants, semblent maintenant se refermer sur moi, transformant ce sanctuaire en une prison dorée. Je commence à regretter d'avoir accepté. La promesse d'un avenir meilleur pour ma mère semble soudain bien lointaine et inaccessible. J'aurais dû m'écouter dès le début et refuser le mensonge, rester fidèle à mes valeurs. Mais l'appât du gain a eu raison de moi et maintenant, je nous mets en danger, ma mère et moi. Mes pensées dérivent vers ma mère, seule à Madrid. Une vague de culpabilité m'envahit.
Mais à présent il est trop tard pour faire machine arrière. Gabriel a déjà rempli sa part du contrat pour ma mère, nous sommes déjà mariés et surtout, Isabelle ne lâchera pas l'affaire. Je me demande quelles preuves elle pourrait découvrir et comment cela pourrait affecter notre relation. Mon esprit s'emballe, imaginant les pires scénarios : une confrontation publique, une expulsion humiliante du manoir, le déshonneur de ma mère. Jusqu'où pourrais-je aller pour faire croire à ce mariage ? Et si la vérité éclatait, comment Gabriel réagirait-il en découvrant la supercherie ? Est-ce que ce sera suffisant pour éteindre tout soupçon à propos de cette union ?
***
Bonjour à tous, comment allez-vous ?
- Qu'avez-vous pensé du chapitre ?
- Finalement est-ce vraiment le calme après la tempête ?
- Qu'est-ce qu'Isabelle peut bien chercher ?
- Mia cache-t-elle quelque chose selon vous ? Si oui, quoi ?
- Que se passera-t-il ensuite ?
Merci beaucoup pour vos votes et commentaires ! Je vous dis à demain !
xoxo
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