Chapitre 2 | La famille de Montclar (1)
Je ne parviens pas à reprendre mon souffle. J'enfonce mes ongles profondément dans la paume de ma main, afin de contrôler mon angoisse de faire face à Bernard de Montclar. La douleur aiguë dans ma paume me rappelle de rester ancrée dans le moment présent. S'il y avait bien une consigne qui m'avait été donnée, c'est de ne pas me faire remarquer par les membres de la famille de Montclar. Les domestiques font en quelque sorte partie du décor. Seule une poignée d'entre eux ont le droit de s'adresser à la famille, mais il s'agit d'un privilège qui se gagne au fil des années.
Je tente de formuler des excuses, mais aucun son ne sort de ma bouche, tétanisée par la présence de Bernard de Montclar. L'homme semble immense, sa large carrure imposant silence et respect instantanément. Je n'ose pas le regarder dans les yeux, son regard m'intimide trop. Sa stature imposante, ses épaules carrées, et son costume parfaitement taillé accentuent encore plus son aura d'autorité.
— Pardon, je parviens à formuler malgré ma gorge nouée.
Je garde les yeux rivés sur mes pieds et attends que l'homme réagisse. Le parquet sous mes pieds craque légèrement, un écho faible dans le silence oppressant. J'entends seulement sa respiration et son silence prolongé m'inquiète de plus en plus.
— Que faites-vous ici ? demande-t-il simplement d'un ton étrangement calme et déstabilisant.
Sa voix grave résonne dans le couloir, ajoutant à ma nervosité.
Je ne sais quoi répondre. Je suis tentée de mentir et de dire que je me suis perdue en effectuant mes tâches ménagères, plutôt que d'avouer que je rêvassais. Cependant, je déteste mentir, même si cela est pour me sortir de situations inconfortables. Je prends une profonde inspiration, sentant l'air froid glacer mes poumons, et ose enfin croiser le regard glacial de Bernard de Montclar et admets :
— Je me suis égarée en visitant les lieux. Je vous demande pardon.
— Ce n'est rien, soupire-t-il comme soulagé. Je peux comprendre.
Ses mots tombent avec une légèreté inattendue, comme s'il relâchait une tension invisible. Je tente de masquer ma surprise quant à sa réponse inattendue. Bernard de Montclar se montre étrangement compréhensif. Après le portrait que l'on m'avait dressé de ce businessman, froid et sans pitié, je m'attendais à recevoir ses foudres.
— Je déduis que vous êtes nouvelle au manoir ?
— C'est exact, Monsieur. Je remplace madame Cruzado.
L'homme esquisse un petit sourire en coin, qui me laisse perplexe sur sa signification. Il poursuit :
— Dans ce cas, je vais vous offrir une petite visite guidée, afin que vous ne vous perdiez plus.
Je le remercie d'une faible voix, n'osant pas lui indiquer que son majordome m'a déjà présenté les lieux. Je m'incline légèrement en signe de gratitude, mes mains toujours tremblantes. Monsieur de Montclar se retourne vers la pièce de laquelle il vient, et appelle un certain Augustin. Ce dernier se présente immédiatement, vêtu d'un costume bleu marine et d'une cravate rouge. Il me fait penser à un homme politique, avec son allure impeccable et son air sérieux, ses cheveux soigneusement coiffés en arrière.
— Augustin, pourriez-vous faire visiter le manoir à Mademoiselle ? Elle vient d'arriver.
Le fameux Augustin acquiesce, tandis que monsieur de Montclar m'adresse un dernier regard, par lequel il m'analyse clairement, avant de poursuivre son chemin, le téléphone collé à son oreille.
Lorsque Bernard de Montclar quitte mon champ de vision, je m'autorise enfin à respirer normalement et retire mes ongles de la paume de mes mains. Des marques rouges y sont imprimées, témoignant de la pression que j'ai exercée. A peine j'ai le temps de reprendre mes esprits, qu'Augustin démarre la visite. Je m'empresse de lui emboîter le pas, tandis qu'il me présente les différentes pièces devant lesquelles nous passons, son ton professionnel et distant.
Il se trouve que je m'étais égarée dans l'aile sud, où se trouve les bureaux des membres de la famille, ainsi que leur personnel dit « proche ». Les couloirs sont ornés de tableaux anciens et de sculptures élégantes, chaque détail ajoutant au prestige de l'endroit. Les tapis persans étouffent le son de nos pas, créant une atmosphère feutrée et solennelle. Je comprends assez vite qu'Augustin est l'homme de main de monsieur de Montclar, son bras droit en quelque sorte. Son attitude rigide et son regard perçant renforcent cette impression. Je n'ose pas demander confirmation, Augustin ne me paraît pas très amical. Il a immédiatement instauré une distance entre nous, lorsque j'ai essayé de me présenter à lui et qu'il s'est seulement contenté de hocher la tête, le visage fermé.
Nous poursuivons notre visite en arrivant au centre du manoir, qui donne aussi sur la porte d'entrée de la demeure. L'espace est époustouflant. La porte en bois massif est décorée de délicates moulures en fer forgé. Les vitraux colorés encadrant la porte projettent des éclats de lumière multicolores sur le sol en marbre. Elle fait face à un immense escalier tapissé de rouge qui mène à la mezzanine entourant le hall et permet d'accéder à l'étage du manoir. Les rampes de l'escalier sont finement sculptées, chaque détail témoignant de l'artisanat exceptionnel. Quelques meubles habillent l'espace, sans l'alourdir.
Je n'ai pas le temps de m'extasier davantage, car Augustin continue la visite et je dois accélérer le pas pour ne pas me perdre de nouveau. Nous empruntons le grand escalier, le tapis moelleux amortissant chaque marche. Après quelques couloirs, nous arrivons dans une pièce qui ressemble à un salon à la décoration assez rustique. Les murs sont recouverts de boiseries sombres, et une grande cheminée en pierre domine la pièce. Comme dans le reste du manoir, de grands tableaux sont accrochés au mur. Il s'agit de nouveaux portraits des membres de la famille de Montclar, plus récents cette fois, car je reconnais facilement Bernard de Montclar. Même sur la toile, son regard est glaçant et intimidant. Les artistes ont capturé chaque détail avec une précision remarquable.
— Voici la pièce familiale des Montclar, m'annonce Augustin d'un ton neutre. C'est ici que la famille de Montclar se retrouve régulièrement.
Je l'écoute et acquiesce de mouvements de la tête, tout en détaillant les tableaux. Les couleurs vives et les expressions figées des visages semblent presque vivantes dans l'atmosphère feutrée du salon. Augustin apporte des précisions à propos de ces derniers :
— Les portraits de chaque génération de la famille. Une sorte de tradition. Contrairement à ceux exposés dans les couloirs, ceux-ci représentent chacun des couples de la famille de Montclar.
***
Bonjour à tous ! Comment allez-vous ?
- Qu'avez-vous pensé du chapitre ?
- Que pensez-vous de Bernard de Montclar pour le moment ?
- Qu'attendez-vous de découvrir ensuite ?
N'oubliez pas de voter et commenter, et je vous donne de nouveau rendez-vous demain pour la suite !
xoxo
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