Chapitre 74
Le grand gymnase du lycée ne ressemblait plus à un simple lieu pour pratiquer du sport.
Les décorations l'avaient transformé en véritable salle de fête. Ballons, guirlandes en tous genres et lumières d'ambiances. Tous étaient de la partie. La musique raisonnait déjà, faisant vibrer les enceintes. Le groupe prévu n'était pas encore là, du moins, ils n'étaient pas sur la scène improvisée. La musique venait donc du dj et de tout son matériel.
Certains avaient investi la piste de danse, d'autres monopolisaient déjà le bar. Les gradins, eux, étaient presque vide. La fête ne faisait que commencer, la fatigue ne poussait pas encore les élèves et adultes à aller s'asseoir.
Tous les élèves étaient en couple, ou, du moins, chaque cavalier avait sa cavalière.
Le proviseur était également là, adulte perdu parmi les élèves. Un verre à la main, il portait son éternel costard gris rayé. Après une gorgée, il alla rejoindre les rares professeurs également présents.
- Qu'est-ce qu'on fait alors ? Demanda Zeik en regardant autour de lui.
Sâme ne put s'empêcher de rire.
- Zeik, on est à une fête. Amusons-nous !
Elle lui saisit la main, et l'entraîna sur la piste de danse.
- Mauvaise idée Sâme, je ne sais absolument pas danser.
- Tu crois que moi je le sais ? Fait comme tout le monde, improvise !
Zeik essaya de suivre le rythme de la musique, qui, par chance, était plutôt lent.
Dans sa maladresse, il écrasa le pied de son amie. Elle fit une grimace, à la fois de douleur et d'amusement.
- En fait, tu danses vraiment très mal !
Au milieu de la piste, Zeik cessa de bouger.
- Je n'ai pas pris l'option danse en m'inscrivant au lycée.
- Il n'y en a même pas.
- Tu vois, ce n'est pas entièrement ma faute !
La musique changea, une plus rapide, avec un rythme plus difficile encore à suivre. Le faux couple reprit tout de même ses mouvements incertains.
Zeik se sentait ridicule, peut-être pas autant que l'était Sâme. Au moins, cela avait le mérite d'être amusant.
Les minutes défilèrent, se transformant vite en heures. Ils allaient, venaient, entre la piste de danse, le bar mis à disposition et les fauteuils du coin repos. Un miracle que ces derniers soient vides, alors que les gradins se remplissaient de plus en plus.
Confortablement installé, la musique offrant peu de possibilité de communication normal, ils profitèrent de ce moment de pause pour boire le verre qu'ils avaient pris.
A peine terminé, Sâme lui reprit la main pour l'entrainer de nouveau sur la piste de danse. Ils firent quelques pas, avant que Zeik se penche pour lui parler à l'oreille.
- Tu sais que Mike nous observe depuis le début de la soirée ?
La jeune fille jeta un regard autour d'elle.
Mikael était adossé à un mur, les bras croisés, le regard fixait sur eux. Il était avec deux de ses amis, des personnes dont elle avait vaguement entendu parler. Son ex petit ami avait un air sombre, qui ne se prêtait pas à l'ambiance de la fête. Il n'aimait pas la voir avec Zeik.
- Je crois qu'il n'a toujours pas digéré notre séparation, même après tout ce temps.
- Il a encore des vues sur toi.
- Il peut, c'est tout ce qu'il aura. Je ne lui offrirai rien d'autre !
- Pourquoi pas ?
- Mike est le roi des crétins.
- Mais, au fond, tu éprouves encore quelque chose pour lui.
Sâme arrêta de bouger, fit un sourire à la fois malicieux et narquois à Mike, un sourire presque mauvais.
- Zeik, si je l'aimais encore, il aurait été mon cavalier pour ce bal !
Le garçon regarda de nouveau le concerné. Il lui fit un sourire, il ne pouvait pas s'en empêcher. Ce sourire était simplement là pour montrer sa satisfaction et le narguer.
- Arrête, il te déteste déjà assez comme cela.
- Tu le regardes de la même manière.
- Oui, mais... c'est différent pour moi. Il ne me déteste pas de la même manière.
Zeik eut un rire.
- Je ne serais pas gay, je t'aurais embrassé devant lui.
Un bras s'enroula autour de son cou et le tira en arrière, le faisant quitter les bras de Sâme.
- Une chance pour moi alors que tu sois gay et non hétéro !
Cette voix, malgré la musique, lui suffisait pour deviner qui était derrière lui. Il se tourna.
- Qu'est-ce que tu fais ici Ekel ?
- Quoi ? Je n'ai pas le droit d'être là ?
- Nous ne sommes pas des résidents à plein temps de ce lycée, nous en faisons tout de même partis ! Les portes de cette fête nous sont donc ouvertes !
Tout en parlant, Mickey s'incrusta entre eux.
Le meilleur ami d'Ekel était plus flash qu'élégant. Un pantalon vert pomme, un t-shirt blanc à strass, et un chapeau argenté à paillette sur la tête. Avec cette tenue, associée à l'expression qu'il avait au visage, il ressemblait à un adolescent de quinze ans qui mettait les pieds à sa toute première fête de lycée.
- Les filles ne sont pas là ? Questionna Zeik.
- Non, trop fatiguées à ce qu'il paraît. Je suis sûr que ce n'est qu'un prétexte pour rester juste entre elles !
- Vu ta tenue, je les comprends, plaisanta Sâme.
Mickey la poussa gentiment.
- Ma tenue est parfaite !
Alors que l'étudiant et la jeune fille se chamaillaient, Ekel enroula ses bras autour des épaules de Zeik, il avait déjà son visage enfouit dans son cou.
- Pas ici, Ekel.
- Pourquoi ?
- Pas devant tout le lycée. Pas encore...
Ekel se redressa.
- D'accord, alors allons ailleurs.
Ils quittèrent tous les deux la piste de danse. Sâme et Mickey, leurs chamailleries passées, les regardèrent disparaître de l'autre côté des portes battantes du gymnase.
- Je crois que tu t'es fait piquer ton cavalier.
La jeune fille fit une petite moue.
- On dirait bien.
Mickey lui tendit une main.
- Malgré ma magnifique tenue, je peux me permettre de t'offrir la prochaine danse ?
Sâme enleva ses mains des hanches et saisit celle que lui tendait le jeune homme.
- Avec plaisir !
***
Il faisait nuit dehors. Il devait être entre vingt-deux heures et vingt-trois heures. Zeik ne faisait plus attention à l'heure depuis qu'il était rentré dans ce gymnase, avec Sâme. Pour cette soirée. L'heure n'avait rien d'important lors de ce genre d'évènement.
Il se laissa bloquer contre un arbre par Ekel. Il était juste devant lui, les deux mains posées contre le tronc, encadrant sa tête. Ils étaient sur le parking du lycée, le plus loin possible du gymnase, à peine dissimulés par les véhicules.
– Un parking... Ce n'est pas un peu cliché ?
Ekel lui écarta les cheveux pour mieux voir son visage, ses yeux qu'il aimait tant.
- Rien à faire des clichés ! Et puis, ce n'est pas comme si je t'avais emmené dans ma voiture.
- Tu n'as pas de voiture !
- Tu marques un point.
L'étudiant enleva les mains du tronc pour saisir pleinement le visage du garçon. Il l'embrassa comme il le faisait toujours. Avec amour et passion.
Il l'embrassa comme si c'était leur tout premier baiser. Zeik aimait cela.
Il aimait Ekel.
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