Chapitre 64
Zeik sentait la chaleur de Sâme contre lui. Il sentait sa langue s'emmêler à la sienne.
Ce n'était pas qu'un simple baiser lèvres contre lèvres. C'était plus intense que d'habitude, totalement différent. Sâme y allait avec plus de passion, d'amour même. Il n'y avait personne autour d'eux à convaincre pourtant.
L'adolescent la repoussa, certainement plus violemment qu'il ne l'aurait voulu.
- Qu'est-ce que tu fais Sâme ?
La jeune fille s'essuya la bouche, tout en fuyant son regard.
- Désolé Zeik, se répéta-t-elle.
- Pourquoi tu as fait ça ?
Elle haussa les épaules.
- Tu as été le premier à m'embrasser de cette manière, au départ.
Zeik se passa une main dans les cheveux. Jusque-là, tout n'avait été qu'illusion. Cette fois c'était réel et sincère. Comment devait-il réagir ?
- C'est vrai. C'était devant mes parents pour... J'avoue ce n'était pas bien de ma part. Je n'aurais pas dû. Pardonne-moi pour tout.
Zeik se mordilla l'intérieur de la joue. Il avait l'impression d'encore sentir la langue de la jeune fille dans sa bouche. Cela ne l'avait pas forcément déplus. Il avait surtout été surpris. C'était également différent. Très différent des baisers d'Ekel.
- Pourquoi tu m'as embrassé ? Redemanda-t-il.
Il avait eu une réponse. Alors pourquoi demandait-il encore ? Pour être sûr des intentions de son amie, certainement.
- Je ne sais pas, l'émotion j'imagine.
Sâme était tendue. Elle avait du mal à le regarder en face, comme elle avait du mal à tenir en place sans bouger.
- D'accord, j'avoue, je t'ai embrassé parce que j'en avais vraiment envie. Jusque-là nos baisers, ce n'était rien. J'en voulais un autre de véritable. Je sais que je ne pourrais plus le faire. Tu es gay, tu aimes Ekel, c'est une évidence. Tu ne changeras pas. Cela ne t'empêche pas d'être vraiment très attirant.
Elle était gênée. Même en le cachant, Zeik arrivait à le voir.
- Je voulais le faire avant que...
- Avant que quoi ?
- Avant que cela ne se termine.
- Avant que quoi se termine ?
Au fond de lui, Zeik connaissait la réponse.
Sâme se mit à sautiller d'un pied sur l'autre. Elle était comme le garçon, elle n'aimait pas cette conversation.
- Cette histoire, notre « couple ». Je sais que cela t'aide, au moins pour tes parents. Mais cela devient trop difficile pour moi.
- C'est compliqué, je le sais. Je t'en demande beaucoup.
- Je t'aidais au début parce que ça me faisait plaisir, en tant qu'amie. Quelque chose en moi me disait qu'il fallait que je me rachète.
- Mais ?
- Mais cela devient trop dur pour moi. Je... A force de prétendre être ta petite amie, mes sentiments ont changé.
Zeik se laissa glisser le long du mur, pour se retrouver assis par terre. Il se frotta le visage.
- Ekel m'en a parlé... et il avait raison. Tu m'aimes Sâme ?
- J'aurais dû me douter qu'il en parlerait avec toi.
- Mike l'avait senti aussi.
- Mike ?
En repensant à lui, l'adolescent eu un rire nerveux.
- Il me le reproche à chaque fois que l'on se croise. Il ne m'en veut pas seulement parce que je suis gay. Il me déteste parce qu'il était certain que tu m'aimais et que tu l'avais quitté en partie à cause de cela.
- Cela ne m'étonne même pas de lui en fait.
Zeik sortit son portable. Une demi-heure s'était déjà écoulée, il ne s'en était pas rendu compte. Il leur restait encore du temps pour parler. Peut-être pas assez pour aller manger. Zeik allait passer l'après-midi le ventre vide. Il sentait déjà les gargouillements remonter.
- Sâme, pourquoi moi ? Tu avais Mike, lui t'aime, comme moi je ne le pourrai jamais. Pourquoi tu choisis de m'aimer moi, alors que tu sais tout ?
Elle haussa une nouvelle fois les épaules.
- Il y a des sentiments que l'on ne peut contrôler Zeik.
- C'est vrai...
Il arracha un brin d'herbe et se mit à le couper en petit morceau, pour les jeter plus loin.
- Alors tu m'aimes. Je suis gay et j'aime Ekel. On est tous les deux en couple, du moins en apparence. Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?
La jeune fille secoua la tête en baissant les yeux vers le sol.
- On ne peut pas continuer, je te l'ai dit. Je ne veux plus. Je ne veux pas d'une fausse histoire, je veux du vrai ! Je t'aime, sans pouvoir être réellement avec toi. Ce n'est pas grave, ce sentiment finira bien par me passer. Mais je ne veux pas que l'on soit plus affecté par cette illusion.
Zeik regarda un instant sans bouger le nouveau brin d'herbe qu'il avait entre les doigts.
- Je suis désolé de t'avoir demandé tout cela Sâme. Je n'aurais pas dû.
- Tu avais besoin d'aide.
- J'ai toujours besoin d'aide.
- Non Zeik, tu n'as pas besoin d'aide. Tu te caches, c'est différent. Tu as peur et tu dois te débarrasser de cette peur, même si c'est difficile, je le sais.
Elle le regarda. Il l'écoutait, tout en fixant son brin d'herbe. Il semblait absorbé par ce dernier.
- Arrête de te cacher Zeik, même si cela t'offre un semblant de paix actuellement. Moi, je ne peux plus te servir de couverture, je dois oublier ce que je ressens. En plus, tu as Ekel.
Il ne lui répondit pas. Entre ses doigts, il écrasa ce qu'il restait du brin d'herbe. Il l'observa tomber légèrement au sol.
- Assume-toi Zeik, encore une fois oui, mais fais-le. Réellement !
Elle commença à s'éloigner.
- Sâme !
- Oui ?
- On reste ami ?
Elle fit un sourire.
- Bien sûr !
Zeik resta assis, adossé à ce mur de gymnase. La tête légèrement en arrière, il ferma les yeux. Sâme ne l'aidait plus, c'était normal. Il la comprenait.
S'assumer. Il avait peur de le faire. L'adolescent secoua la tête. Il n'en était pas capable. Il repensa à l'enfer. Cette haine, cette douleur, il n'en voulait pas. Le nier était tellement plus simple.
Rouvrant les yeux, il prit son portable, envoya un message.
La réponse mit plusieurs minutes avant d'arriver. Non par sms, mais physiquement.
Ekel, sans poser de question, s'assit à côté de lui. Zeik laissa sa tête retomber contre l'épaule de l'étudiant.
- Qu'est-ce qu'il t'arrive, finit-il par demander.
- J'ai parlé avec Sâme.
Sans attendre qu'il le lui demande, Zeik raconta tout. Le baiser de Sâme, leur conversation ensuite, la conclusion. Zeik n'allait plus pouvoir se cacher.
- Tu faisais comment au Japon, je veux dire, pour que tes parents ignorent tout ?
- Sayake faisait partie de l'équipe de basket. Pour se voir sans éveiller les soupçons c'était plus simple. Cette équipe nous avait accepté, elle était vraiment compréhensive et nous soutenait. On était discret, et tout le collège n'était pas au courant. Et si vraiment on avait besoin, la sœur de Sayake nous aidait aussi.
- Je vois. Donc, dans notre histoire, Sâme jouait le rôle de la sœur et de l'équipe en même temps.
- Elle ne veut plus le faire. Elle ne veut plus que je me cache.
- Elle a raison.
- Je sais.
Zeik referma les yeux. Il faisait froid dehors. Contre Ekel, il ne le ressentait pas, il y était même habitué et c'était agréable, tellement réconfortant.
- Je ne sais pas s'y j'arriverai à affronter mes parents une nouvelle fois.
- Tu veux que je t'aide ?
- Non. Ta présence ne ferait qu'empirer les choses. Ça n'a pas aidé la première fois, je doute que la seconde se passe mieux.
Ekel lui passa une main dans les cheveux, et lui caressa la tête, comme s'il était un chat. Peut-être qu'il le prenait pour Percy lui-même. S'il en avait eu la possibilité, le garçon se serait mis à ronronner comme le petit félin rayé.
- Mes parents ne vont pas l'accepter. Ils ne le feront jamais. Si je leur dis, ils vont encore croire que c'est une phase de rébellion, une idée dans la tête d'un adolescent pour se faire remarquer. Ils vont dire que rien n'est vrai, que je ne suis pas...
Zeik fit une grimace.
- Que tu n'es pas gay ?
Il hocha la tête.
- Quoi qu'ils puissent voir, c'est ce qu'ils diront. Mon père surtout... il va persister dans ses idées.
- C'est-ce qu'ils t'ont dit la première fois qu'ils l'ont su ?
Un mouvement de tête, il réfléchissait, il hésitait.
- Ils ont simplement été rassurés lorsque j'ai embrassé Sâme devant eux, que je suis sorti avec elle. Cela leur donnait raison. Tu aurais vu le soulagement dans le regard de mon père... Il avait "raison" et c'est tout ce qui comptait.
Zeik ne savait même pas quoi penser. Ses parents, leur parler, leur dire toute la vérité, il ne voulait pas. Pas une nouvelle fois.
- Je ne sais même pas comment ils vont réagir cette fois. Peut-être comme la dernière fois. Ils vont être convaincu que c'est faux et ils vont tout mettre en œuvre pour me le faire comprendre.
- Ou ?
- Ou ils verront que ce n'est que la vérité. Ils me rejetteront plus qu'ils ne l'ont déjà fait. Comme toutes les personnes du lycée, ils me verront comme un être anormal. Une erreur. Je ne sais pas. Peut-être même comme un monstre...
Ekel lui releva le visage et le força à le regarder.
- Zeik, écoute-moi.
L'adolescent se dégagea et détourna les yeux.
- Regarde-moi !
Ekel avait perdu son sourire. Il était sérieux, bien plus que d'habitude. Zeik le voyait dans son regard.
- Tu n'es pas un monstre Zeik. Tu es humain, comme tout le monde. Tu n'es pas « anormal » parce que tu préfères les hommes aux filles. C'est ce que t'es parents doivent comprendre. D'accord ?
Zeik hocha la tête.
- S'ils ne le comprennent vraiment pas, ne te remet pas en question. Ce n'est pas à toi de le faire, mais à eux. C'est compris ? Tu es ce que tu es, pas ce que tes parents décident que tu sois. Reste toi-même.
Ekel souleva sa mèche pour voir ses deux yeux.
- Quoi qu'il en soit, parles en avec tes parents, au plus vite.
Zeik fit un petit sourire, sans être vraiment rassuré.
- D'accord.
- Et appelle-moi, quoi qu'il arrive. Je serais toujours là pour toi. Je viendrais te chercher s'il le faut. C'est bien compris ? Je ne te laisse pas tomber Zeik.
- Merci Ekel...
Ekel relâcha sa mèche de cheveux, glissa ses doigts dans son cou. Quand il eut sa main dans sa nuque, il approcha son visage, l'embrassa.
C'était tellement bon. Que ce soit la chaleur de la bouche de l'étudiant contre la sienne, ou sa main dans sa nuque. Tout était si agréable.
- Alors, j'embrasse mieux que Sâme ?
- C'est différent.
Le couple rigola.
Durant le peu de pause qu'il leur restait, Zeik ne pensa plus à Sâme, ou à ses parents. Il était là, avec lui, c'était tout ce qui comptait.
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