Chapitre 54
- Alors, ce week-end, il était comment ? Questionna Sâme.
Le sourire qui illumina le visage du jeune homme, fut tout aussi parlant que des mots.
Les deux amis marchaient ensemble vers le grand gymnase. C'était l'heure de l'entraînement de l'équipe de basket. Sâme, accrochée à son bras, jouait le rôle de la petite amie à la perfection. Zeik, lui, avait hâte de savoir ce que le coach lui voulait précisément.
- Vous avez couché ensemble ?
Il s'arrêta net, regarda son amie.
- Sâme !
Elle prit un air faussement innocent.
- Quoi ? Je pose simplement la question. Alors, vous l'avez fait ?
Zeik leva les yeux au ciel.
- Cela ne te regarde pas Sâme.
Elle eut un petit rire.
- C'est le genre de réponse qui veut clairement dire que tu l'as fait ! C'était votre première fois ensemble ?
Zeik regretta que le chemin jusqu'au gymnase soit aussi long. Il n'allait pas pouvoir échapper aux questions de la jeune fille.
- Non.
- Vous l'aviez déjà fait ?
Pourquoi semblait-elle étonnée ? Il n'y avait rien d'exceptionnel dans cette révélation.
- Quand ?
- Je ne répondrais pas à cette question Sâme.
- S'il te plaît Zeik ! Je te sers de petite amie, j'ai bien le droit de savoir, non ?
- C'est ma mère qui t'a demandé de poser toute ces questions ?
Elle le tira pour reprendre leur marche.
- Je te signale que ta mère n'est même pas au courant que tu es avec lui. Pour tes parents, je suis officiellement ta petite amie !
- Ils ne sont pas au courant parce qu'ils refusent de l'être, malgré ce qu'ils ont déjà pu voir. Peu importe, si ce n'est pas pour ma mère, pourquoi toutes ces questions ?
Elle lui fit un bisou sur la joue, un large sourire au visage.
- Simplement pour combler ma curiosité, lui murmura-t-elle. Alors, c'était quand ?
La porte du gymnase, enfin. Zeik l'ouvrit, s'arrêta pour regarder son amie. Elle attendait toujours sa réponse. Elle ne le lâcherait pas s'il ne lui donnait pas. Avec Sâme, cela pouvait durer longtemps, elle pouvait être vraiment tenace. S'il voulait aller voir le coach, il fallait satisfaire la curiosité de la jeune fille.
- Lorsque j'ai « fugué ». Notre deuxième journée ensemble. Quand mes parents sont venus avec les flics ici, que tu m'as appelé. Juste après nous l'avons fait. C'était ma première fois. Satisfaite ?
Il allait s'éloigner, Sâme le retint en ne lâchant pas son bras.
- Attend Zeik ! A ce moment-là, vous vous connaissiez à peine. Ce n'était pas un peu... tôt pour ce genre de chose ?
- Il faut bien un début à tout, tu ne crois pas ?
Il regarda dans le gymnase. Toute l'équipe était déjà là, titulaires, suppléants, s'entraînant sous les directives de monsieur Hector. Évidemment, le capitaine était aussi présent, un ballon à la main.
Nathan Lecter.
Rester loin de lui, ne pas avoir besoin de lui parler, l'éviter, durant quelques temps, cela lui avait fait du bien. Il ne lui tardait pas une nouvelle discussion avec lui.
- Tu sais Sâme, quand on aime, on ne fait pas attention à ce genre de détails.
- Ben voyons !
Il lui rendit son bisou sur la joue et rigola.
- Tu m'attends ?
- Si tu veux.
Zeik s'approcha du terrain, des gradins. A chaque pas, il perdait un peu plus de la confiance qu'il avait au départ. Il ne savait pas vraiment s'il avait envie d'être ici. Monsieur Hector lui avait demandé de venir, certes, restait le capitaine qui ne voulait pas voir un pied de lui sur le terrain.
L'adolescent était donc partagé. Il voulait être ici, tout comme il craignait les remarques de Nathan. Est-ce qu'Ekel pouvait réellement le protéger contre lui ?
- Qu'est-ce que tu fais là Zeik ?
Il n'avait pas perdu son temps. Le capitaine avait abandonné son ballon pour lui bloquer le chemin jusqu'au coach. La haine qu'il avait à son égard restait forte et même l'illusion qu'il avait créé avec Sâme n'y changeait rien.
- Monsieur Hector m'a demandé de venir.
Zeik voulu l'éviter, Nathan l'en empêcha. Il donnait l'impression de défendre son panier contre l'équipe adverse.
- Tu n'as pas ta place ici Zeik. Je te rappelle que tu as quitté l'équipe.
Zeik sentit une vague de courage monter en lui, suffisamment pour tenir tête à ce terminal arrogant et trop sûr de lui.
- Je n'ai pas quitté l'équipe, c'est toi qui m'en a exclu, sans en avoir le « pouvoir ». A présent, laisse-moi passer, le coach a demandé à me voir.
Nathan ne bougea pas d'un centimètre, jusqu'à qu'une main noueuse se pose sur son épaule.
- Ça sera tout Nathan, merci. Retournes à l'entraînement je te prie !
Le coach lui sauvait la mise, encore une fois. Un regard noir à l'intention de Zeik et le capitaine repartit à son activité. Il n'avait pas le choix. Énervé, il rata le tir qu'il voulut faire. Monsieur Hector en lâcha un soupir déçut.
- Merci d'être venu, Zeik Kaîda.
- Vous vouliez me voir ?
- En effet.
Le coach l'invita à aller s'asseoir sur l'un des bancs de l'équipe.
- Je pense toujours que tu as un vrai talent pour ce sport et que tu ne devrais pas rester sans réellement le pratiquer.
Zeik baissa le regard. Des yeux, il suivit une ligne rouge, peint sur le parquet du gymnase. Nathan ne l'accepterait jamais et même son copain ne pourrait rien y faire.
- Je n'ai plus envie de jouer monsieur et je n'ai plus ma place dans cette équipe.
Malgré ce qu'avait pu dire Ekel, il avait l'impression que c'était la meilleure solution à prendre.
- Nous avons déjà eu cette discussion il me semble et tu connais mon avis sur le sujet.
Monsieur Hector jeta un regard derrière lui, vérifiant que l'équipe exécutait l'entraînement correctement.
- Habituellement je ne change pas mes titulaires en cours d'année. Mais là, nous avons perdu un joueur. Un titulaire qui s'est blessé il y a un mois de cela. Il n'est plus capable de faire du sport pour le moment. C'est vraiment regrettable...
- N'importe qui parmi les remplaçants peut prendre sa place.
- C'est vrai. Mais toi, tu as une manière de jouer particulière, une manière que j'apprécie beaucoup. Je veux que tu prennes cette place.
Il avait été tellement pressé de savoir ce que Monsieur Hector avait à lui dire. Au fond il le savait parfaitement. Cela ne pouvait concernant que l'équipe et la place qu'il pouvait avoir dedans. Oui, il avait vraiment espéré entendre cela. Ekel lui avait donné la force de venir jusqu'à ce gymnase pour l'entendre. Mais Nathan... lui il avait tout ruiné. Zeik avait peur du capitaine, il le craignait vraiment. Cela faisait chuter tout son courage, son envie de jouer dans l'équipe.
Il jeta un regard à ce capitaine. Ce dernier jouait, plus concentré sur eux deux et leur conversation, que sur ce qu'il faisait.
- Il ne voudra pas.
- Il est capitaine, mais ne décide toujours pas sur qui intègre l'équipe, même si je prends souvent son avis en compte. Cette fois je ne le ferais pas, car je sais que Nathan fait une erreur de jugement et base son rejet sur des idioties.
Zeik, nerveux, se mit à se ronger les ongles.
- Pourquoi me demander maintenant de revenir ? Je veux dire en particulier ?
- Nous avons besoin de toi dans l'équipe, c'est une raison valable il me semble.
- Je sens qu'il y a une autre raison, sinon, vous auriez pu le faire bien avant, ou attendre l'année prochaine, que le capitaine actuel ne soit plus là.
Le coach croisa les bras sur sa poitrine et lâcha un nouveau soupir.
- Tu as raison.
Il regarda le gymnase, les joueurs en activités.
- La semaine prochaine, samedi, nous avons un match contre le lycée Sud Toulousain. Une équipe puissante, avec des joueurs qui ne vivent que pour le basket. Niveau lycée, ils sont les meilleurs de leur région. Nous avons perdu deux fois l'année dernière face à eux. Cela malgré Nathan, malgré notre titre, malgré nos capacités.
- Vous croyez vraiment que j'y changerai quelque chose ?
- Tu as de bonnes capacités, tu peux faire la différence. Ou non. C'est le genre de chose qu'on ne sera que si tu joues ! Toute solution est bonne à prendre.
Zeik détourna le regard de sa ligne rouge, pour, comme le coach, regarder l'équipes qui s'entraînait. La proposition du coach faisait vraiment envie, et pourtant...
- Je ne suis pas invincible. Je ne suis qu'un joueur comme les autres.
L'adolescent sentait le regard plein de haine de Nathan sur lui. Il n'avait pas besoin de l'entendre pour savoir ce qu'il pensait de tout cela. Zeik trompait peut-être beaucoup de monde en étant avec Sâme, pas le capitaine. Lui savait, il se doutait. Pour cette raison, celle-là seulement, il ne voulait pas qu'il réintègre l'équipe. Comme il avait si bien dit, il voulait « en préserver l'honneur ».
- Je suis désolé monsieur. Si je viens, il y aura des conflits, au sein même de l'équipe et je ne veux pas en créer. Je pense avoir trop attiré l'attention sur moi.
Il baissa de nouveau les yeux vers ses baskets.
- Vous allez devoir faire sans moi pour le match.
Le coach se gratta le menton. Il était déçu par la réponse du garçon c'était évident.
- Je vois. Si tu changes d'avis d'ici là, n'hésite pas à venir me voir.
- J'y réfléchirai, mais ne comptez pas trop sur moi...
Zeik se leva et s'éloigna. Il se mordit la langue pour ne pas se retourner vers le coach et changer d'avis dans la seconde. Il avait envie de jouer, de retourner dans une équipe. Il ne pouvait pas le faire. Pas avec un capitaine et des joueurs qui ne voulaient pas de lui. Il ne pouvait rejoindre cette équipe-là.
- Qu'est-ce qu'il te voulait ? Lui demanda Sâme quand il fut de nouveau avec elle.
- Rien du tout.
- Tu mens vraiment mal Zeik, je te l'ai déjà dit ?
- A plusieurs reprises oui.
Il quitta le gymnase à grands pas.
Ekel avait tout fait pour le convaincre de retourner dans l'équipe et il y était presque parvenu. Trois pas dans le gymnase, une confrontation avec le capitaine et toute sa volonté c'était envolée. Nathan avait réussi, en un regard et quelques mots, à le convaincre de ne pas revenir. Il n'y avait pas sa place, point final.
- Il voulait que tu reviennes dans l'équipe ?
Zeik avançait vite. Elle le rattrapa et se raccrocha à lui. Elle le força à avancer à son allure et non à celle trop rapide qu'il suivait.
- Il le voulait. Moi aussi je le voulais, jusqu'à être rentré dans ce gymnase.
- Qu'est-ce qui t'en empêche ?
- D'autres ne le veulent pas.
- Nathan ?
Il secoua la tête et chercha à se dégager, Sâme restait solidement accroché à lui.
- Ne cherche pas Sâme. Je ne retournerais pas dans l'équipe. Le basket, dans ce lycée, c'est mort pour moi.
- C'est pour ça que ça que tu vas t'entraîner seul, à peu près tous les midis ?
Zeik ne répondit pas. Il n'avait rien à répondre. Il continua son chemin, en essayant d'oublier que, dans un peu plus d'une semaine, un match important allait se dérouler dans ce lycée...
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