Chapitre 41
Sâme regarda son portable. Elle avait réussi à obtenir le numéro d'Ekel le jour même où Zeik lui avait demandé de lui envoyer un message.
La tâche n'avait pas été si compliquée finalement. Il lui avait suffit d'aller voir les autres étudiants et de leur demander
En regardant son portable, elle repensa à la conversation qu'elle avait eu avec eux.
***
- Vous savez pourquoi Ekel n'est pas là ? Vous savez où il est ? Demanda-t-elle une fois les « bonjour » dis.
Le seul autre garçon du groupe avait haussé les épaules.
- Il ne nous a rien dit, à part que cela ne poserait pas de problème pour notre projet.
Ces étudiants étaient tous plus grand qu'elle, autant en âge quand taille. Sâme n'en était pas intimidé, ce n'était pas dans son caractère de l'être.
- Vous pourriez me passer son numéro, s'il vous plaît ?
A cette question, la grande blonde c'était tout de suite mis sur la défensive.
- Qu'est-ce que tu lui veux à Ekel ?
La jeune fille ne s'était pas laissé démonter.
- Ce n'est pas pour moi. C'est pour Zeik. Il en a besoin, vraiment besoin.
- Zeik ?
Cette grande blonde ne semblait pas savoir de qui elle parlait.
- Zeik, son potentiel copain ! expliqua-t-elle.
- Tu sais Lilou, Zeik, c'est le mec avec qui il était la semaine dernière, au lieu d'être en cours, intervint le garçon. Enfin, je ne savais pas qu'il s'appelait Zeik, mais je savais qu'il était avec quelqu'un.
- S'il vous plaît, il me faut vraiment son numéro. Zeik ne va pas bien et il a besoin de quelqu'un comme d'Ekel. Il semble bien s'entendre avec lui... lui parler lui ferait du bien.
Le garçon prit son portable, chercha pour finalement le tendre à la jeune fille.
- Tiens. J'espère qu'il te répondra, parce que pour nous, c'est le silence radio total. On ne sait même pas pourquoi il est parti.
- Merci.
- Et si ton ami se sent... simplement seul, dit lui qu'il peut venir nous voir sans problème. Moi c'est Mickey. Les deux grandes perches, se sont Lilou et Carla.
Les deux filles s'étaient retournées vers lui.
- Grandes perches ? Ce n'est pas parce tu es petit, que nous, nous sommes des grandes perches.
- Sale nabot.
Mickey leva les yeux au ciel.
- Quoi qu'il en soit, dit lui ! Nous on l'acceptera sans se poser de questions.
- Pas de problème. Pour le moment il n'a le droit de voir personne, décision de ses parents et conséquence de sa fugue. Par la suite cependant, je pense qu'être accepté par d'autre, et non rejeté, lui fera vraiment du bien.
***
- Mademoiselle Hullele ! On se réveille.
Sâme eu un sursaut. Perdu dans ses souvenirs, elle en avait oublié où elle était.
En cours. D'anglais plus exactement, avec la mère de Zeik comme professeur.
- Oui, excusez-moi.
Elle se redressa, jeta un nouveau coup d'œil à son portable. Toujours pas de réponse. La conversation qu'elle avait lancée ne comportait toujours qu'un seul message.
Un seul et unique message.
Celui qu'elle avait envoyé, elle, il y avait quoi ? Deux jours à présent ? Ekel restait silencieux.
Sâme se sentit observée. Au premier rang, Zeik ne la quittait pas des yeux. A chaque cours, c'était ainsi. Il lui demandait silencieusement et la réponse était la même à chaque fois.
La jeune fille fit non de la tête. Elle vit son ami se frotter le visage, retenant tout en lui. Larmes comme sentiments.
- Zeik, on se concentre sur le cours je te pris !
- Hai (oui).
- Et nous sommes en anglais.
- Hai.
Madame Kaîda fit un geste de la main et laissa passer.
Sâme ne pouvait lâcher les yeux de son ami. Elle se sentait mal pour lui. Elle ignorait ce qu'il vivait réellement et ce qu'il ressentait. Elle ne connaissait pas ce genre de sentiments. Elle se contentait d'imaginer.
Imaginer la difficulté d'une telle situation, ce qu'il pouvait entendre autour de lui, tout ce qui pouvait lui passer par la tête. Elle imaginait tout.
Madame Kaîda commença son cours sans plus attendre. Zeik ouvrit son cahier par dépits.
Elle le vit se figer, pour finalement se décomposer sur place. Il devint plus pâle qu'un linge blanc. Ses mains tremblaient, de sa place, Sâme le voyait. Le cours n'avait commencé que depuis une dizaine de minutes à peine et Zeik se leva pour quitter la salle en claquant la porte.
D'un bon, Sâme se leva à son tour.
- Mademoiselle Hullele, vous restez ici ! Tenez, puisque vous voulez être debout, surveillez donc la classe.
Tout s'était déroulé en quelques secondes à peine.
Madame Kaîda quitta elle aussi la salle, au moment où la jeune fille rejoignait le bureau du professeur. La classe s'agitait déjà, les conversations montèrent. Certains riaient de ce qu'il venait de se passer. Sâme s'approcha de la place de son ami, regarda.
Son cahier était resté ouvert.
Quand elle vit les pages, elle comprit pourquoi Zeik avait quitté la salle en courant. Il y avait là, le même résultat que sur son casier. Entre les insultes, les dessins malsains et tant d'actes preuves d'une parfaite homophobie, il n'y avait plus la place d'écrire le moindre mot de cours. D'un geste lent, Sâme referma le cahier.
Pourquoi des personnes avaient ce genre de pensées ? Qu'est-ce qui pouvait bien les pousser à faire cela ? La haine ? La peur de la différence ? Cela venait de la culture ? De l'éducation ? Ou n'était-ce qu'un jeu pour eux ? Pourquoi perdre son temps à pourrir la vie de quelqu'un d'autre ?
La jeune fille n'arrivait pas à comprendre, c'était de l'acharnement tout simplement...
Elle regarda la classe.
- Et cela vous fait rire ?
Oui, la classe était amusée. Le principal fautif n'était peut-être même pas présent. Aux yeux de Sâme ils étaient tous responsables.
- Vous n'êtes que des abrutis. Tous autant que vous êtes.
A son tour, elle quitta la salle, oubliant le rôle qui lui avait été confié.
***
- Zeik, reviens ici tout de suite.
Le garçon ne voulait pas se retourner vers sa mère. Il ne voulait pas regarder en face une personne qui ne l'aidait pas. Pas comme elle aurait dû le faire. Tout ce qu'il voulait, c'était être seul.
- Zeik !
Il s'arrêta devant son casier.
Il n'avait pas été nettoyé. Toujours dans le même état avec ses écritures au marqueur noir. Son cadenas n'était plus là. Depuis quand avait-il disparu ?
Il ne l'avait pas remarqué. Cela pouvait remonter à deux jours ou seulement quelques heures, il l'ignorait. A présent, ils avaient fouillé dedans.
Le jour même, ou la veille, cela n'avait pas d'importance. Le résultat était là. Il prit un premier cahier, dans le même état que celui d'anglais, sur une dizaine de pages au moins. Idem pour celui d'histoire.
Ils y étaient allés avec joie et conviction. Ils n'avaient donc que cela à faire ? Ne pouvaient-ils pas s'occuper à autre chose ? N'y avait-il personne pour surveiller ? Pour le défendre ? Pourquoi s'acharner ? Pourquoi ne passait-il pas à autre chose ? Et combien étaient responsables ?
Il vit à peu près de tout, entre les mots et les dessins...
Tout ce qu'il avait toujours redouté et fuis.
De rage, il vida tout son casier par terre. Déchirant certaines pages, pleurant sans plus pouvoir se retenir. Il avait envie de crier, plus aucun son ne parvenait à sortir de sa bouche.
Il voulait que tout cela cesse...
- Zeik !
La voix de sa mère. Un ton distant.
Comment pouvait-elle réagir de la sorte ? Rester de marbre et garder sa casquette de simple professeur ?
Devant son fils en pleure elle aurait dû avoir une tout autre réaction. Le père n'était pas présent pour le lui reprocher.
- Laissez-moi lui parler, s'il vous plaît, madame.
A côté, la voix de Sâme paraissait si douce. Zeik se laissa glisser le long des casiers, assis au milieu des cahiers et manuels jetés au sol.
- Allez-y, il vous écoutera sans doute plus que moi.
Il entendit les pas de sa mère qui s'éloignaient. Le son de ses talons tapant le sol, résonnant dans tout le couloir vide à cette heure-ci. Elle ne venait même pas le réconforter.
Pourquoi ?
C'était sa mère ? Était-elle si bornée que cela ? Sa classe était plus importante que lui ?
Ce n'était pas normal...
Il fut un temps où c'était différent, où elle était douce avec lui. Un temps où elle l'aimait comme une mère aimait son fils.
Tout avait changé, pour... une simple chose ? Peut-être ignorait-elle tout simplement comment réagir...
Sâme vint enrouler ses bras autour de lui. C'était son amie, et non sa mère, qui venait sécher ses larmes. Même si elle ignorait comment faire, elle aurait pu être là à la place de son amie.
Craignait-elle tant que ça les représailles de son mari ?
- Je n'en peux plus Sâme.
- Je sais.
Il s'appuya contre elle, comme un jeune enfant contre sa mère.
- Je veux le revoir.
- Il va revenir. Je ne sais pas quand, mais il va revenir. Il faut simplement que tu tiennes jusque-là.
- Mon père ne me parle plus, ma mère ne m'accorde que quelques mots... En fait, mon père ne m'approche même plus, on n'est jamais dans la même pièce en même temps. Je vis un enfer, ici ou chez moi. Je n'ai ma place nul part...
- Si tu as ta place ici. Il faut juste que tu leur prouves.
- Je n'y arrive pas. Pas tout seul.
Dans le couloir, Mickey, Carla et Lilou passèrent. Ils s'arrêtèrent en les voyant. Sâme porta son regard sur eux.
- Avec ou sans lui, tu y arriveras. Tu n'es pas tout seul, je suis là et d'autre aussi. Il y a plus de monde qui t'accepte que tu ne le crois.
- Je n'en suis pas si sûr !
- Crois-moi, c'est la vérité !
Il ravala ses larmes, acceptant les paroles de son ami.
- Merci, Sâme...
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