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Chapitre 32

— Kayita, tu peux me passer le câble, s'il te plait ?

Plantée au milieu de l'estrade que nous avons improvisée dans le local du Comptoir d'Azur en vue du concert, je regarde par la fenêtre. L'heure de vérité approche à grands pas et de plus en plus de personnes attendent devant le bar.

À travers la vitre, je distingue Cécilia et Valentin en train de discuter. Même Jean est de la partie ! En apprenant ce matin que Martin avait convié nos collègues à cette soirée, j'ai cru que j'allais faire une syncope.

Réalisant que je suis déjà en train de ronger mon pouce gauche, je repense à Noa et lâche ma main. Même si, au vu des circonstances, il n'y a aucun risque qu'il pointe son nez par ici.

Je ne lui ai plus reparlé depuis la kermesse, mais je n'ai pas arrêté de sentir son regard glacial depuis. Qu'en serait-il du lien que nous avions enfin commencé à bâtir ? Une seule chose est sûre : heureusement que ce concert m'a maintenue occupée, autrement, j'aurais sans doute passé le week-end à ruminer.

— Kaïa ?

Ramenée à moi par la voix de Martin, je sursaute.

— Excuse-moi, j'avais la tête ailleurs. Qu'est-ce que tu disais ?

— Je te demandais si tu pouvais me passer le câble pour brancher l'ampli.

Je m'empresse de me baisser pour ramasser le fil qui traîne à mes pieds.

— Qu'est-ce qui te préoccupe ? m'interroge Martin.

Comme toujours, mon binôme voit clair en moi – inutile de chercher à le berner.

— Pour tout te dire, je repensais à Noa... Je n'arrête pas de me demander si j'ai bien fait de m'énerver sur lui comme ça. Je suis désolée de ressortir ça, je sais que ce n'est pas le moment, mais... Je me suis attachée à cet enfant, et j'ai peur de lui avoir fait du mal.

Attentif, mon binôme me pose une main sur l'épaule.

— Hé, tout d'abord, il n'y a pas de bon ou de mauvais moment pour être préoccupé... Ensuite, je comprends ce que tu ressens. Certains enfants nous prennent aux tripes, c'est comme ça... J'ai bien vu le lien que vous aviez commencé à construire et, pour tout te dire, j'en suis plutôt impressionné. Mais, justement pour cette raison, je sais que tu arriveras à surpasser ces difficultés et à en parler avec lui.

Je ne sais pas si j'arriverai à m'en persuader, mais j'espère de tout cœur que Martin a raison.

— Mais avant d'en arriver là, on a un dicton en espagnol, poursuit-il. « Il faut laisser du temps au temps ». On ne peut pas presser certaines choses, c'est parfois nécessaire de les laisser décanter un peu.

Je pousse un soupir.

— Parfois, je me demande si tu as vraiment vingt-six ans, observé-je d'un air suspicieux. Je te jure, j'ai l'impression d'entendre un vieux sage parler !

Ces paroles font sourire le vénézuélien, qui secoue la tête d'un geste humble.

— Crois-moi, je suis loin de tout savoir. Je partage juste les conseils que j'aurais aimé recevoir dans des situations similaires.

Je lui retourne son sourire, avant qu'il n'ajoute :

— Bon, eh bien... Il est bientôt l'heure de monter sur scène je crois !

Sa déclaration m'arrache un soupir : Martin a mis le doigt sur ma deuxième préoccupation du moment.

Suite à la proposition de concert, mon binôme a décidé de lancer un appel au sein de notre groupe de collègues et Ahmed s'est porté volontaire pour devenir notre nouveau batteur. Afin d'apprendre à jouer ensemble et d'intégrer notre nouveau membre, nous avons redoublé de répétitions... Mais ces nombreux essais n'ont pas suffi à me rassurer.

— Pour tout te dire je ne sais pas si c'est une bonne idée, ce concert, confessé-je dans un murmure.

Ma déclaration me vaut un regard abasourdi de Martin.

— Hein, mais pourquoi ? s'exclame-t-il. On est prêts. Maintenant que tu es là, qu'est-ce qui te retient ?

— C'est terrifiant, de chanter sur une scène ! Je ne l'ai jamais fait de ma vie et... Je ne crois pas que j'en sois capable...

Martin marque une pause, ses yeux plongés dans les miens.

— J'aimerais te partager autre chose. La grand-mère dont je t'ai parlé, celle qui habite encore au Venezuela... C'est l'une des personnes que j'admire le plus. Et parmi les leçons qu'elle m'a transmises, il y en a une qui ne m'a jamais quitté : quand une chose t'effraie au plus haut point, vas-y, fonce. Car tu sais ce que cette peur, ce que ce doute signifient ? Que tu es sur le point de réaliser une action qui est des plus importantes pour toi.

Je garde le silence et laisse ces paroles cheminer dans mon esprit. Pendant ce temps, Martin s'approche de moi pour poser sa main sur mon épaule.

— Ce que tu t'apprêtes à faire est très courageux, c'est normal d'avoir le trac. Mais ça ne veut pas dire que tu n'en es pas capable pour autant, loin de là.

Je m'efforce d'acquiescer, mais sens aussitôt une pluie d'angoisses s'abattre sur moi. C'est comme si mon esprit avait décidé de me concocter un condensé des pires scénarios possibles pour le passer en boucle sous mes yeux.

— Mais... Et si je perds tous mes moyens, que j'oublie toutes les paroles ? Et si je me ridiculise, que je chante faux ? Et si les gens n'aiment pas du tout ma voix et qu'ils désertent tous le bar ?

En me voyant débiter mes hypothèses, Martin saisit ma tête entre ses mains – geste qui a le mérite de me calmer immédiatement.

— Tout va bien se passer, d'accord ? Je crois en toi.

Sans décoller mes yeux des siens et sans dire un mot, je hoche la tête. Le vénézuélien, parvenant certainement à déchiffrer le « merci » que renferme mon mutisme, m'esquisse un sourire bienveillant.

C'est finalement le bruit de la porte du local qui nous décolle l'un de l'autre. En tournant la tête, j'aperçois Samuel.

— Oh, excusez-moi, je ne voulais pas vous interrompre...

— Ne t'en fais pas, je rassurais juste Kaïa qui a le trac, explique Martin. Tu sais ce que c'est !

— Certainement, oui, lui répond le colombien d'un air évasif. Philippe me remplace au service pour ce soir, il ne va pas tarder à faire entrer les clients dans le local. Est-ce que tout est bon de votre côté ?

Son ton quelque peu sec ne m'échappe pas, mais je n'ai pas le temps de m'en formaliser.

— Oui, tout est bon, nous sommes prêts à jouer, déclare Martin d'un air enthousiaste.

Je scrute le visage du colombien, qui retrouve rapidement un sourire enjoué.

— Eh bien, super, je vous rejoins alors !

Alors qu'il s'empare de sa basse et grimpe sur l'estrade d'un pas décidé, les portes du local s'ouvrent et un flot de clients envahit le bar sous mes yeux impressionnés. Une chose est sûre : en acceptant la proposition de Samuel, je ne m'étais pas imaginé un tel public.

Je scrute l'assemblée, nerveuse. Installés au plus proche de la scène, Cécilia et Valentin lèvent leurs pouces en signe d'encouragement. Même Sofia et Gabi sont venues ! Touchée par leur présence, je leur adresse un petit signe.

— Bonjour à toutes et à tous ! Soyez les bienvenus dans cette veillée inédite au Comptoir d'Azur... introduit le colombien en s'emparant du micro. Je m'appelle Samuel, Sasa pour les intimes et, ce soir, j'ai le plaisir de vous présenter trois musiciens qui vont vous surprendre. À la guitare, notre splendide Martin... À la batterie, Ahmed, aussi appelé l'homme de la situation... Et, au chant, l'exceptionnelle Kaïa !

Une salve d'applaudissements accueille sa déclaration, j'entends même mes collègues scander mon nom. Émue, j'inspire un grand coup. Au micro, Samuel poursuit son discours :

— Avec notre groupe, nous allons jouer la première partie de la soirée, soit une petite heure. Ensuite, nous passerons en mode fiesta avec des hits qui vous feront danser toute la nuit !

Des acclamations enthousiastes saluent cette annonce, tandis que Samuel se tourne vers nous. Les jambes flageolantes, j'acquiesce tout de même en signe d'approbation. Le colombien me lance alors un clin d'œil et articule silencieusement : « ça va le faire ».

— Eh bien, comme je vois que vous êtes chauds... Sans plus attendre, je vous propose d'ouvrir le concert avec notre première chanson : « Naïve », du groupe The Kooks ! C'est parti !

Martin lance la chanson avec son riff de guitare, suivi par Samuel à la basse. Aveuglée par les lumières de la salle, je ferme les yeux et serre fort mon pendentif d'ambre, cette pierre qui a toujours su m'insuffler le courage dont j'avais besoin. Tout va bien se passer. J'ai chanté tellement de fois cette chanson que les paroles me viennent de manière automatique.

— I'm not sayin' it was your fault, although you could have done more. Oh, you're so naïve, yet so...

Au début, je peine à faire entendre ma voix parmi les instruments. Je m'applique alors, comme on me l'a conseillé, à la faire venir de mon ventre plutôt que de ma tête.

— I know, she knows, that I'm not fond of asking. True or false, it may be, well, she's still out to get me !

En rouvrant les yeux, je découvre un public surpris. Je jette alors un bref coup d'œil aux musiciens. Ahmed s'amuse comme un fou à la batterie, Martin s'applique sur son riff de guitare et Samuel m'offre un grand sourire.

Un tonnerre d'applaudissements salue notre première chanson. Grisés, nous en enchaînons trois autres du même genre. Il y a évidemment quelques ratés : des oublis de paroles comblés par des « lalala », quelques fausses notes, des contretemps... Mais les parties réussies, qui sont nombreuses, me les font oublier.

Notre dernière chanson est à mes yeux la plus émouvante : « Californication », des Red Hot Chili Peppers. J'adore la mélodie à la fois rythmée et mélancolique de cette chanson qui a bercé mon adolescence. Lorsque le morceau touche à sa fin et que les applaudissements s'élèvent, je reste figée derrière mon micro.

Tu l'as fait, mon Dieu, tu l'as fait.

Voyant que je ne bouge pas, Samuel se glisse subtilement derrière le micro.

— Merci à vous, public, pour vos encouragements !

Je souris avant de remercier à mon tour la salle. Je me sens à la fois épuisée, soulagée et heureuse. Mais, surtout, je suis ravie d'avoir saisi cette opportunité. Je suis heureuse que Samuel ait eu cette idée farfelue, heureuse que Martin m'ait aidée à sauter le pas.

— Félicitations, tu as été incroyable.

En faisant volte-face, je tombe nez à nez avec le colombien.

— Merci, Samuel, toi aussi tu as été parfait à la basse.

Au moment où il m'adresse un sourire sincère, nous sommes alpagués par des voix enfantines :

— Kaïa ! T'as trop bien chanté ! Et Sasa, t'as été génial, comme toujours !

Les sourires de Sofia et Gabi me réchauffent le cœur : le simple fait d'imaginer que les spectateurs aient pu passer un bon moment me remplit de joie.

L'effervescence de la fin dure un bon moment, durant lequel je discute de la performance avec mes amis. Au moment où je m'assois pour boire un verre d'eau, Martin me rejoint.

— Tu vois, que tu en étais capable ? Bravo, Kayita, c'était super.

— Merci, mais c'est avant tout grâce au groupe. Vous avez été géniaux... Ahmed aussi !

— Oui, tu as vu ? Je n'étais pas trop sûr au départ, mais il a assuré. Bon, par contre, c'est possible qu'il ait volé à notre secours avec quelques arrière-pensées...

Comme pour illustrer ses dires, le vénézuélien me désigne l'intéressé en pleine discussion avec Cécilia, armé de son sourire fatal.

— En effet... Après avoir incarné le gentlemen, il tente le stratagème du musicien. À croire qu'il est prêt à tout pour conquérir notre Céci !

— C'est clair. Tu crois que ça va finir par porter ses fruits ?

— La connaissant... J'en doute.

Plus loin, je croise brièvement le regard de Samuel, debout derrière le bar. Je m'apprête à renchérir, lorsque je suis interrompue par sa voix dans le micro :

— Bon, assez discuté... À présent, il est l'heure d'inaugurer la piste !

Sans plus attendre, le colombien embraye sur la chanson « Wake me up before you go-go » : Martin se lève alors en me tendant la main.

— Kayita, me feriez-vous l'honneur d'accepter cette danse ?

— Avec plaisir !

Ravie, je le suis sur la piste et nous commençons à danser. Ou plutôt, au vu de la chanson, à sauter et à tourner dans tous les sens. À quelques mètres, Cécilia est à son tour entraînée par un Ahmed plus motivé que jamais. Encore derrière, j'aperçois Samuel en train de danser avec sa collègue, la serveuse blonde.

J'enchaîne un bon nombre de danses avec Martin, avant de me retirer dans un coin pour souffler. Les chansons pop-disco sont physiques et je suis en sueur.

En regardant autour de moi, je remarque que Samuel ne danse plus avec la serveuse et que Martin discute avec Cécilia – au moins, mon amie est sauvée du plan drague d'Ahmed. Je passe quelques minutes à observer le reste de la piste, quand une voix à l'accent familier me tire de mes pensées :

— Un petit verre ?

Je relève la tête. Samuel, armé de deux coupes, me regarde en souriant.

— J'ai pris du blanc et du rouge, tu peux choisir.

— Merci, c'est gentil. Je vais opter pour le blanc.

Le colombien me tend la coupe en question, avant de s'asseoir à mes côtés.

— Tu as chanté ici alors, t'inviter à quelques verres, c'est la moindre des choses ! Par contre, je te préviens, pas de shooter du Ver Solitaire pour toi, tranche-t-il d'un ton sentencieux.

Je feins un air déçu.

— Vraiment ? Moi qui rêvais de me délecter de ce breuvage divin depuis des jours...

Samuel éclate de rire.

— Bon, sinon, tu passes une bonne soirée ? J'ai vu que vous aviez pas mal dansé, avec Martin.

L'air détaché qu'il tâche de prendre ne dissimule pas son regard inquisiteur.

— Et toi avec ta collègue, lui retourné-je.

Ma réplique fait naître un sourire taquin sur ses lèvres.

— Quoi, tu es jalouse ?

— Je te retourne la question.

— C'est un peu facile, ça.

— C'est moi ou tu es déstabilisé ?

Nous nous défions du regard quelques instants, avant que Samuel ne brise le silence :

— Evidemment, que tu me plais.

Ne m'attendant pas à un tel aveu, je le fixe sans rien dire. Le petit sourire qui traîne au coin de ses lèvres me fait douter. Est-il sérieux ou en train de me charrier, comme d'habitude ?

— Euh... Pardon ?

Je commence à me demander si j'ai bien entendu, quand Samuel éclate de rire.

— Relax, je plaisantais, Kaïa !

J'esquisse un sourire pour la forme, mais je ne vois pas ce qu'il y a de drôle à sa remarque.

— Tu imagines si c'était sérieux ? Sofia et Gabi seraient dingues !

En regardant le colombien afficher son sempiternel sourire amusé, je me félicite de ne rien avoir laissé fuiter. Après ces multiples rappels à l'ordre et tous ces efforts pour ne pas flancher, il ne manquerait plus que je tombe dans un piège aussi futile !

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