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Chapitre 21

Après un jour de repos bien mérité, je retourne aux Cyprès le cœur léger. Premièrement, c'est un vendredi et, malgré le fait que je me sente de plus en plus à l'aise dans ce job, je me sentirais toujours excitée à l'idée d'un week-end en approche. Deuxièmement, parce que nous allons animer l'atelier de création des costumes et des décors, ce qui va permettre de donner corps à notre conte de fées revisité, pour le moment uniquement couché sur papier.

Buenos días, l'électron libre ! Bien remise de cette soirée patriote ?

Happée par une voix familière alors que je m'apprête à enfourcher mon vélo, je me retourne. Posté sur le seuil du bar, son éternelle serpillère à la main, le colombien m'observe en souriant.

— Salut, Samuel. Tout à fait, il faut bien ça pour assurer la surveillance de dizaines d'enfants surexcités...

— Tant mieux. Avant que tu partes au travail, il fallait que je te dise...

— Oui ? l'interrogé-je en reposant mon pied par terre.

— J'ai posé mon samedi soir.

En attendant la chute de cette déclaration, je hausse un sourcil.

— Tu sais ce que ça veut dire ? ajoute alors Samuel.

— Que tu vas te saouler jusqu'à devenir toi-même l'un de ceux qui vomissent dans les pots de fleurs du Comptoir d'Azur ?

— N'importe quoi, jamais je ne ferais une chose pareille. Tu sais que je suis un homme avec des principes et des responsabilités... Comme un pacte avec ta mère que je souhaiterais honorer en t'emmenant dans un endroit surprise.

— Vraiment ?

— Oui, après tout, ça fait maintenant plus de trois semaines que je suis censé m'occuper de toi et que je ne fais somme toute pas grand-chose. Tatiana me confie une pauvre demoiselle livrée à elle-même et je n'ai même pas pris le temps d'aller la promener un peu !

Ses paroles mesquines font l'effet d'un chiffon rouge agité sous le nez d'un taureau.

— Ton offre me tente bien, mais j'ai malheureusement déjà des plans pour ce week-end.

Non, je n'en ai pas, mais mon orgueil se chargera d'en inventer seul s'il le faut.

— Oh, allez, Kaïa ! Tu ne vas pas me faire le même coup que pour la soirée patriote ! T'es vraiment pire que le chat de l'autre soir. Fugace et insaisissable...

La mention de notre visiteur furtif m'arrache un demi-sourire.

— Je te l'avais dit. Un chat sauvage reste un chat sauvage, déclaré-je.

— Vraiment ? m'interroge le colombien. Eh bien, moi, je maintiens que ce n'est pas une cause perdue.

— Tu as vraiment envie de relancer ce débat ?

— Tout à fait... Et j'irais même encore plus loin en te proposant un pari.

Encouragé par mon regard curieux, Samuel poursuit :

— Si notre mystérieux chat refait son apparition d'ici samedi, on fait cette sortie. S'il n'est pas revenu, tu es libre de faire ce que tu veux.

Je plisse les yeux, prise au dépourvu par sa proposition farfelue.

— T'es plutôt du genre obstiné, toi, non ?

— Dans ce cas, on est deux. Alors, tu acceptes de jouer le jeu ?

— Très bien, j'accepte le pari. Pas comme si ce chat errant allait pointer le bout de son nez, il y en a des centaines d'autres comme lui dans la vieille ville...

Pas le moins du monde troublé par mon défaitisme, Samuel rétorque dans un grand sourire :

— Excellent. Passe une bonne journée, et pense à prévenir tes amis parce que tu seras occupée samedi soir !

— Eh bien, qu'à cela ne tienne. On verra bien qui de nous deux a raison...

Puis, sans attendre, j'enfourche mon vélo une bonne fois pour toutes avant d'être en retard.

J'arrive finalement pile à temps et m'empresse de chercher Martin pour préparer notre activité. Après quelques minutes à errer dans la cour de récréation, je le retrouve en poussant la porte de la salle polyvalente.

— Wow ! Tu as vraiment décidé de t'atteler au rangement de l'antre de l'oubli ?

— Non, je cherchais juste quelque chose.

La réponse évasive de mon binôme, qui ne prend même pas la peine de se retourner pour me saluer, me met la puce à l'oreille. Lorsque je m'approche, l'expression peinée que je découvre sur son visage confirme mes doutes.

— Martin, qu'est-ce qui ne va pas ?

Lorsqu'il lève le visage, je croise ses yeux brun-vert qui, d'ordinaire vifs et alertes, semblent éteints. Comme s'il tentait de faire disparaître ce qui lui pèse sur le cœur, mon binôme balaie l'air d'un geste de la main – attitude qui n'est pas sans me rappeler la fois où j'avais mentionné son tatouage et qu'il avait esquivé le sujet.

— Ce n'est rien, ne t'en fais pas.

— Martin... répété-je en m'approchant. Tu sais que tu peux me parler, pas vrai ?

Mon binôme baisse les yeux.

— C'est gentil mais, pour l'instant, je préfère garder ça pour moi. Ce n'est pas contre toi... Ce n'est juste pas le lieu ni le moment pour en parler.

Déçue de ne pas pouvoir l'aider mais mue par l'espoir d'en savoir plus au moment venu, j'abdique :

— Très bien... Comme tu voudras.

Nous passons finalement le reste de l'accueil du matin à trier l'antre de l'oubli en silence. Je crains au début que Vanessa ne nous tombe dessus, puis je me ravise : que cette vipère aille au diable. Martin a besoin de soutien et, à défaut de pouvoir parler, je me dois au moins de lui tenir compagnie. Lorsque nous annonçons notre activité à la fin du temps d'accueil, nous parvenons à rassembler un bon petit groupe d'enfants.

— Kaïa, Kaïa ! Je peux m'inscrire, aussi ?

La voix qui m'interpelle me semblerait presque familière, si elle n'était pas si allègre. En me retournant, mes doutes sont confirmés : c'est bel et bien Noa que je découvre en train de tirer le tissu de mon t-shirt, un grand sourire aux lèvres.

— Waouh, regardez qui va là ! C'est moi ou tu as définitivement abandonné ton pôle baignade adoré ?

— Ben quoi, on va tourner le film d'une histoire que j'ai inventée ! J'étais obligé de venir.

— Tu n'as pas besoin de te justifier. Bien sûr, que tu es le bienvenu sur cette activité.

Noa m'adresse un regard pétillant d'excitation, avant de se précipiter vers Sofia. La petite, qui faisait déjà la queue, l'accueille avec joie. Je ne peux pas m'empêcher de sourire en les regardant. Les deux forment un duo atypique, mais tellement touchant.

Une fois les enfants regroupés, je me charge d'introduire la séance pour ménager Martin, qui semble à fleur de peau.

— Tout d'abord, bienvenue dans cet atelier un peu spécial. Comme promis, nous allons créer les costumes et les décors de notre histoire. Mais avant ça... Il va falloir attribuer les rôles.

Dès la mention du mot « rôle », les enfants commencent à s'emballer :

— Moi, moi ! Je veux jouer un personnage !

— Oh oui, prenez-le, il est trop fort en théâtre !

Je m'apprête à calmer le brouhaha, quand Martin me devance :

— Eh-oh, les enfants ! C'est vendredi et on est tous fatigués. On vous propose une activité sympa, mais ce n'est pas pour qu'elle se transforme en foire. Alors vous allez vite vous calmer, sinon, c'est simple : on arrête tout !

Son ton est sans appel. Prise au dépourvu par sa réaction, je n'ajoute rien – de toute manière, les enfants sont tous muets. Au moins, sa déclaration a fait son effet.

Ce retour au calme nous permet de répartir efficacement les rôles. Malia, la préado engagée, se propose dans le rôle de Marguerite, jeune héroïne rebelle. Eva la suit en se présentant dans celui du mentor et Karim dans le rôle de garde du corps. Noa, quant à lui, est sollicité par ses camarades pour jouer Destructor le pitbull – une désignation qui le laisse mitigé. En voyant son air renfrogné, je ne peux pas m'empêcher de le taquiner :

— Ben alors, Noa, tu n'es pas content ? Tu as tellement insisté pour que Destructor soit dans l'histoire ! Je ne vois personne qui pourrait l'incarner mieux que toi.

Je l'entends marmonner quelque chose d'incompréhensible avant de hausser les épaules.

— Bon, il reste le rôle de Lila, la petite sœur de Marguerite...

En inspectant le groupe, je croise le regard d'une enfant qui semble vouloir se faire toute petite.

— Sofia, est-ce que ça te dirait de l'incarner ?

Les yeux qu'elle braque sur moi sont terrifiés.

— Ben, euh... J'ai jamais fait de théâtre...

— Moi non plus, c'est pas grave, intervient Eva d'un air rassurant.

— Et moi j'en fais, je pourrais vous donner des conseils, renchérit Malia.

Touchée par le soutien de ses camarades plus âgées, Sofia se laisse finalement tenter.

— Bon ben, dans ce cas... Je peux peut-être essayer ? Mais je promets rien...

Je souris, émue de voir ma petite protégée se surpasser une fois de plus.

— Super. Dans ce cas, on va pouvoir passer à la partie créative de l'atelier !

Rapidement, des petits groupes se forment autour de la création de décors ou de costumes. Sofia se réunit avec Malia et Eva, laissant Noa seul. Voyant qu'il semble concentré sur son dessin, je me rapproche de Sébastien, qui griffonne lui aussi sur un coin de table. Je me souviens bien de ce garçon qui avait été pris pour cible lors du relais par équipes. Il m'avait marqué par sa vivacité d'esprit.

— Qu'est-ce que tu fais ? lui demandé-je en prenant place à ses côtés.

— Je réfléchis en dessinant. Comme je vais jouer l'un des gardes du roi, j'essaie d'imaginer un costume.

En découvrant son dessin, j'émets un sifflement admiratif.

— Waouh, c'est sacrément bien fait !

— Merci, c'est gentil. J'aime bien le dessin, j'en fais depuis que je suis petit.

— C'est vrai ? Comment est-ce que tu as appris ?

Sébastien s'apprête à me répondre mais nous sommes interrompus par Noa, qui agite sa feuille à l'autre bout de la table.

— Hé, Kaïa, t'as vu, j'ai dessiné un pitbull ! Il est beau, hein ?

— Attends, Noa, on est en train de discuter. Je passe te voir après, d'accord ?

Je me retourne alors vers Sébastien en lui faisant signe de reprendre.

— J'ai appris seul à dessiner. Au début, je copiais mes BD préférées. Puis, petit à petit, je me suis mis à créer mes propres dessins.

— Ah, c'est chouette ça, tu...

Cette fois-ci, je n'ai même pas le temps de finir sa phrase que je suis de nouveau interrompue par Noa, qui a cette fois-ci vidé un pot à crayons pour se l'enfoncer sur la tête.

— Kaïa ! Regarde, ça ferait un bon chapeau, non ?

— Noa, enlève ta tête de ce pot...

— Ben quoi, c'est pas bien ? Je ressemble pas à un super pitbull de combat, comme ça ?

Ne sachant quoi répondre, je décide de l'ignorer en me disant qu'il finira par se lasser.

— Pour le costume de garde, je pense que ton dessin d'armure est top, affirmé-je à Sébastien. On pourrait tout à fait le reproduire sur de grands cartons.

— Oui, c'est ce que je me disais ! On pourrait aussi faire une épée et un bouclier, regarde...

Sébastien s'apprête à reprendre son dessin, lorsque sa feuille et tous ses crayons lui filent sous le nez. Il me faut un petit moment pour comprendre ce qui est en train de se passer. Ce n'est qu'en dirigeant mon regard vers le bout de la table que je comprends : Noa vient de tirer la nappe, entraînant la chute de tout ce qui reposait dessus. Pots de peinture ouverts, colle, crayons et pinceaux, tous s'écrasent sur le sol dans un grand fracas.

Visiblement aveugle à la catastrophe qu'il vient de créer, Noa se drape joyeusement dans la nappe pour lancer d'un air innocent :

— Hé, t'as vu Kaïa, il est beau mon costume, hein !

Stupéfaite, je ne réponds rien. Les yeux rivés sur la peinture déversée sur le sol, je n'arrive pas à penser à autre chose qu'aux heures de ménage qui m'attendent ainsi qu'au gâchis magistral que cela représente.

Tous les enfants se figent dans l'attente de la sentence finale, lorsque la voix de Martin, jusqu'ici plutôt silencieux, s'élève au sein de la salle muette.

— C'est une blague, j'espère ?

— Euh... Oups ? lâche Noa, un petit sourire en coin.

Son rictus me fait douter. S'est-il réellement emparé de cette nappe sans en juger des répercussions ou, au contraire, a-t-il parfaitement conscience de la situation ?

— Et tu as le culot de ricaner ? s'exclame Martin, hors de lui. Tu te rends compte qu'avec ton geste stupide, tu viens de ruiner tout l'atelier ? Va-t-en, sors d'ici, j'en ai assez de te voir !

En voyant le visage empreint de colère de mon binôme, je m'empresse de prendre la relève afin d'apaiser les tensions. Lorsque Noa tourne les talons pour quitter la salle d'un pas nonchalant, je l'interpelle :

— Attends, toi, pas si vite. Je ne pense pas que l'atelier soit ruiné : on a encore des feuilles, des crayons et des feutres. Ce que je te propose, c'est de t'aider à nettoyer pendant que le reste du groupe continue d'imaginer des costumes et des décors sur papier. Est-ce que ça convient à tout le monde ?

Les enfants acquiescent tous... À l'exception de Noa.

— Quoi, ça veut dire que je suis encore privé d'activité ? soupire-t-il.

Entendant déjà Martin pester à côté de moi, je m'empressa de répondre d'un ton ferme :

— Oui, Noa, tu vas nettoyer la catastrophe que tu viens de créer, c'est bien la moindre des choses ! Et estime-toi heureux que je t'aide à le faire !

* * *

Pendant que le reste du groupe poursuit l'activité dans une autre salle sous la surveillance de Martin et Cécilia, je passe la matinée à astiquer le sol en compagnie de Noa. Après une bonne demi-heure de silence, je décide de prendre la parole :

— Je ne comprends pas. Pourquoi est-ce que tu as fait ça, Noa ?

Le petit garçon, qui frotte une tache de peinture d'un air concentré, ne relève pas la tête.

— Je sais pas.

— Bien-sûr, que tu sais. Est-ce que tu avais envie de saboter l'atelier ? C'est quoi, cette fois-ci, l'idée de fabriquer des décors t'ennuyait et tu t'es dit qu'un peu d'action serait la bienvenue ?

— Ben non, sinon je me serais pas inscrit, marmonne Noa, les yeux toujours rivés au sol.

— C'est quoi, alors, hein ? Regarde-moi, quand je te parle !

Interpellé par ce haussement de ton, l'enfant relève les yeux. L'espace d'un instant, j'ai le sentiment d'y voir passer une ombre de tristesse, finalement vite avalée par une étincelle de colère.

— Je voulais juste que tu t'intéresses à moi ! Que tu arrêtes de m'abandonner ! Je pensais que tu me comprenais, mais non, c'est chaque fois pareil ! Tu es comme tout le monde, en fait !

— Qu'est-ce que tu entends par là ?

— Ils ont tous fini par baisser les bras à un moment ou un autre.

Cette colère de Noa, qui n'est rien de plus qu'un amour auquel on avait failli, me touche. Le souci, c'est que lui donner mon affection est comme de chercher à remplir un puits sans fin : pour un petit garçon qui en manque cruellement, ce ne serait jamais assez.

— Est-ce que tu penses que je serais là, en train de nettoyer ce sol avec toi, si je n'en avais rien à faire ? Noa, j'essaie juste de comprendre !

— Il n'y a rien à comprendre. J'y peux rien, je ne réagis jamais de la bonne manière et je finis toujours par décevoir les gens. Plus j'essaie et plus ils s'en vont.

— Eh bien, crois-moi, ce ne sera pas mon cas. Ce serait mal me connaître.

En voyant l'enfant relever vers moi un regard teinté d'espoir, je réaffirme mes intentions une fois de plus, pour lui comme pour moi :

— Je suis là... Et je ne baisserai pas les bras si vite.

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