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Chapitre 4 : Les copains d'abord

Cela fait à peine une heure que nous nous sommes retrouvés, et j'ai déjà envie d'être ailleurs. Je me sens étrangement en décalage vis-à-vis de ceux avec qui autrefois je partageais tout.

Nos serviettes étendues sur les graviers, nous retrouvons la plage que nous avions l'habitude de fréquenter. Dans un coin réservé aux connaisseurs, l'accès se fait via un chemin envahi par la verdure qui a le mérite de dissuader les moins aventuriers. Seuls maîtres des lieux, nous avons donc pris entière possession de l'espace.

Nous sommes tous au complet. Enfin, presque tous.

Je ris sans en avoir réellement envie. J'interagis sans véritablement croire à ce que je dis. Je les écoute se plaindre de leurs préoccupations qui me paraissent bien dérisoires.

Peut-être suis-je hypocrite, mais j'ai la curieuse sensation d'être une étrangère dans ce groupe avec qui j'ai pourtant passé les meilleures années de ma vie. À présent, leur réalité semble à mille lieues de la mienne.

À les entendre, ces derniers mois ont été merveilleux, malheureusement ponctués de soucis futiles. Ils ont tous l'air d'avoir oublié la funeste raison pour laquelle nous nous sommes rassemblés il y a six mois. À force de faire comme si de rien n'était, ils réussiraient presque à me convaincre qu'ils n'ont pas été affectés. Sont-ils mal à l'aise, insensibles ou trop tristes ?

Chacun gère son deuil à sa façon, c'est un fait. J'aurais beau me le répéter encore et encore, j'ai l'impression d'être la seule à ne rien gérer du tout.

« Comment ça se passe avec ton mec, Lucie ? interroge Jade. C'est récent, non ?

— Ça fait déjà deux mois. Mais on va passer cinq semaines sans se voir parce qu'il part en vacances avec sa famille. C'est beaucoup trop long.

— Je ne sais pas comment tu fais, jamais je ne pourrais survivre à ça, enchéri Romane. Déjà que deux semaines ont l'air d'être une éternité !

— C'est juste inhumain.

— Et toi, Chloé, toujours célibataire ? s'enquiert Dorian sous sa casquette de pêcheur.

— Yep.

— Sérieux ? T'as trouvé aucun mec, maintenant que t'es toute jolie ? s'étonne Lucie.

— Parce qu'avant j'étais moche ?

— Tu sais que ce n'est pas ce que je veux dire.

— Pour ta gouverne, j'ai trouvé des mecs.

— Et alors ? Ça n'a fonctionné avec aucun d'entre eux ?

— Il n'y avait rien à faire fonctionner. »

Ils me regardent, arborant tous une expression plus ou moins interloquée signifiant leur incompréhension. D'une vibration, mon téléphone me réclame de l'attention que je lui accorde bien volontiers.

« C'est qui ? interroge Jade en se penchant pour lire par-dessus mon épaule. Freddy ? C'est pas le pote de ton ex ?

— Si.

— Il veut quoi ?

— Il m'a trouvé un taf pour l'été. Apparemment son patron est ok pour que je passe un entretien.

— Ah ouais ? Et ça te gêne pas, toi, de travailler avec lui ?

— Non, pourquoi ?

— Bah, c'est quand même le pote de ton ex. Imagine si vous vous rapprochez. Ça se fait pas trop, quoi.

— Déjà, Quentin n'a pas son mot à dire sur qui je fréquente et il s'en moque sûrement totalement. Ensuite, ce sera simplement mon collègue, y a rien de mal à ça.

— Je dis ça pour toi. Méfie-toi juste. »

Jade a toujours eu ce caractère intrusif et le sentiment d'être obligée de donner son avis sur tout. Si ces traits de sa personnalité ont toujours eu le don de m'agacer, ils m'irritent encore davantage aujourd'hui. Je réprime toute envie de démonstration de ce qu'elle m'inspire et opte plutôt pour changer de sujet.

« Vous allez au bal du 14 juillet ?

— Bien sûr, tout le monde va y être, acquiesce Loïc, le dernier larron de la bande. Pas toi ?

— Je ne sais pas trop.

— Vous vous souvenez, l'année dernière, quand on avait trafiqué la playlist du DJ ? s'enthousiasme Lucie.

— Le passage de Johnny à Mon petit poney puis à La danse des canards était juste magique, opine Romane. Qui avait eu l'idée, déjà ?

— C'était pas toi, Dorian ? suggère Jade.

— Non, c'était Loïc. C'était du génie, mec. Comme celle de la soirée mousse improvisée dans la fontaine.

— Le maire s'en souviendra jusqu'à la fin de ses jours. » glousse Lucie.

J'hallucine. Ils l'ont totalement effacé de leur récit. Comme s'il n'avait jamais existé. Comme s'il n'avait pas vécu tout ça avec nous. Comme s'il n'avait pas toujours été l'instigateur principal de nos bêtises d'ados.

« C'étaient les idées de Max. »

Ils me fixent silencieusement, comme si ma volonté de rétablir la vérité était inopportune et gênante.

« Ah oui, c'est vrai. C'était cool, conclut Romane.

— Vous avez vu, sur la conv de la promo ? lance Loïc. Célia organise une soirée, ce soir. »

Sans plus de commentaire et comme si de rien n'était, ils embrayent sur cet autre sujet. Malgré le fait que je sois furieusement démangée par l'idée de remballer mes affaires et de partir, je prends sur moi.

« Elle a attendu qu'on ait tous quitté le lycée pour se montrer sympa, celle-là ? raille Jade.

— Moi ça me tente pas trop, ajoute Lucie, je l'ai jamais vraiment appréciée.

— Je suis pas dispo, de toute façon. » avise Dorian.

Le manque d'engouement pour cette soirée qui réunira probablement la plupart des anciens de terminale semble être partagé par tous. Je ne m'exprime pas sur le sujet, mais envoie un message privé à Célia pour lui confirmer ma présence. Cette proposition tombe à pic.

🍹🍹🍹

Cet après-midi m'a demandé bien plus d'énergie que ce à quoi je m'attendais. Me sentant vidée, j'ai donc entrepris de me remplir d'alcool. Comme je n'ai pas encore commencé à travailler, je peux m'autoriser un peu plus d'excès pour la soirée.

J'ai fini par remplacer mon gobelet qui se vidait trop vite par une bouteille de thé glacé aromatisé à la vodka. Ou l'inverse, mes papilles ne me permettent plus d'identifier précisément la saveur qui prévaut.

Pour l'heure, je gis sur un canapé à côté d'un mec inconnu au bataillon qui paraît encore plus défoncé que je ne suis bourrée. Les souvenirs désagréables de ma journée s'estompent au fur et à mesure que la bouteille se vide et que mon cerveau s'embrume.

« T'en veux ? me demande mon voisin en me tendant un joint déjà bien entamé.

— Non, merci.

— Tu devrais, ça détend.

— J'ai l'air tendue ? le questionné-je en ingurgitant une nouvelle rasade de ma boisson.

— Totalement, meuf.

— Désolé, la journée a été difficile. Je me demande si je suis pas fatiguée des gens.

— Tu sais, les gens ont tous leur histoire. Même si on n'a pas la même mère, on est tous un peu frères. On est tous des enfants de l'univers. Ce qui nous différencie, c'est l'histoire. Les chemins qu'on prend, ils sont définis par l'univers et par l'histoire. »

Le mec plane complètement. Je ne saisis pas grand-chose de son discours, mais je salue l'effort considérable d'articulation qu'il vient de fournir.

« C'est quoi, toi, ton histoire ?

— T'es sûr que tu veux l'entendre ?

— Vas-y, meuf, lance-toi. De toute façon, c'est pas comme-ci j'allais m'en rappeler demain, expose-t-il dans un éclair de lucidité.

— J'ai vécu une année... disons chaotique. Au début, je restais tranquillement chez moi, je travaillais mes cours, je kiffais mes nouvelles études. C'était super intéressant et même sans idée de métier, je savais que j'étais au bon endroit. Et puis... Il y a eu ce drame. »

Celui qui m'a laissée dans un état second. J'ai passé le mois qui a suivi enfermée chez moi, incapable de me concentrer assez pour travailler. Je ne pouvais pas rester comme ça à dépérir, alors je suis sortie un soir pour m'aérer l'esprit. C'est un ami de la fac qui me l'avait proposé. J'ai d'abord refusé, puis il a tellement insisté que j'y suis allée.

« Ce soir-là, je n'avais jamais autant bu. J'ai fini totalement bourrée à chauffer les mecs qui venaient vers moi. Ce n'était pas mon genre, et ça se voyait. Mais ce soir-là, je n'ai pas pensé à lui une seule fois. Alors j'ai recommencé. »

J'ai découvert la ville et ses tentations. Je n'aspirais qu'à une chose : faire la fête. J'avais ce désir constant de me changer les idées et, petit à petit, j'ai succombé à cette spirale infernale aussi envoûtante que délicieuse. Je pensais avoir trouvé la meilleure solution à mes maux. C'est facile au fond, il suffit de se rapprocher des bonnes personnes à la fac, de laisser ensuite les soirées s'enchaîner, d'y rencontrer de nouvelles personnes qui ouvrent la porte à de nouvelles occasions de sortir, et de continuer sans limites.

« J'étais tous les soirs entourée. Je me suis amusée, je me suis laissée aller et j'ai aussi découvert que je pouvais plaire. Les filles me trouvaient drôle, les gars me trouvaient belle. Une fois que j'ai compris les mécanismes de ce jeu constant de séduction, je m'y suis plongée à corps perdu. Rencontrer quelqu'un et faire en sorte d'être apprécié. Modeler son image pour convaincre ces amis d'un soir. Je suis devenue accro à ce besoin d'être quelqu'un d'autre, quelqu'un de mieux, quelqu'un qui se sentait bien. Et j'étais plutôt douée. »

Cette vie ne m'allait pas, je le savais, mais j'ai continué. J'ai continué et j'ai fait en sorte de tailler mes principes pour que je puisse convenir à tout ça.

« Je crois que je ne suis jamais vraiment moi-même, mais cette nouvelle moi que je me suis construite me permet de garder enfermé au fond de moi ce que je ne veux pas que les autres voient. Ce changement, il me permet de rester en surface pour continuer à respirer. »

Mais je sais qu'il est faussement libérateur. Il anesthésie la douleur pour quelques heures, puis elle revient s'imposer dès que je suis seule. Ce n'est qu'un leurre, et j'en suis pleinement consciente.

« Et c'était quoi, ce drame ? questionne celui qui a écouté attentivement mon monologue, bien que je doute qu'il en ait tout saisi.

— Mon meilleur pote est mort. Genre décédé, parti, disparu... Peu importe comment on le dit, il n'est plus là. Je ne peux plus l'avoir à mes côtés, l'entendre rire ou le prendre dans mes bras.

— Pas cool.

— Ouais.

— Il s'est passé quoi ?

— C'est bien le problème... Je ne sais pas. Personne ne sait. Son corps a été retrouvé dans une rue, poignardé. On passait le week-end ensemble, chez moi. Il était sorti acheter des croissants ou je ne sais quelle connerie et j'avais eu la flemme de l'accompagner. Si j'avais su que c'était la dernière fois que je le voyais en vie... Les flics présument une agression ou un racket qui a mal tourné. Leur enquête n'a rien donné, et je ne suis même pas sûre qu'ils la poursuivent encore. Le coupable n'a jamais été retrouvé, et la vérité a disparu avec lui.

— Dur.

— J'aimerais tant connaître la vérité, tu sais. Peut-être que c'est ça, qui me libérerait. Mais on m'interdit de savoir. On me retire la seule chose qui pourrait m'aider à surmonter sa mort. En attendant, je suis là et je ne peux pas m'empêcher de m'en vouloir. S'il n'avait pas été chez moi ce week-end là, ça ne serait pas arrivé.

— Tu pouvais pas savoir, meuf. On n'a pas le contrôle sur ces choses-là. Y a que l'univers qui fait la loi. »

Il voit dans mon hochement de tête l'opportunité de déblatérer à son tour un ramassis de conneries sur l'univers et les chemins, que je n'écoute pas vraiment.

Je porte la bouteille à mes lèvres, mais aucune goutte ne tombe. Elle est vide, elle aussi.

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