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Chapitre 23 : Refuge avec vue

Je me laisse tomber à l'ombre d'un arbre avec un soupir de soulagement. Quentin vient enfin de proposer une pause que je n'attendais plus. J'ai voulu jouer la dure à cuire pour lui prouver que je ne suis pas impressionnée, mais le soleil lui n'a aucun mal à me faire rôtir.

Quoi qu'il en soit, le lieu vaut la peine d'avoir forcé sur mes mollets. Je bénis la petite cascade qui apporte une fraîcheur bienvenue et retire sans attendre chaussures et chaussettes pour plonger mes pieds dans l'eau froide. Si j'étais un personnage de dessin animé, je suis persuadée que de la vapeur s'échapperais actuellement de mes pieds, le tout accompagné d'un bruitage de cuisson.

Mon estomac manifeste une nouvelle fois son mécontentement envers ma personne pour l'unique tartine que j'ai avalée ce matin. Heureusement pour moi, Quentin n'attend pas que je traduise oralement les cris de détresse de mon système digestif affamé pour sortir nos victuailles de son sac. Armé de son couteau Opinel, il s'occupe de trancher le saucisson et la baguette.

Nous n'avons pas besoin d'ajouter beaucoup d'étapes de préparation culinaire pour que notre déjeuner soit prêt. Ce n'est pas comme s'il allait être dégusté avec raffinement. Je m'attaque à mon sandwich en moins de temps qu'il n'en faut pour dire "bon appétit" et le dévore comme si ma survie en dépendait. Mon cerveau a manifestement décidé d'économiser son énergie et concentre son attention sur mon pique-nique plutôt que de chercher à bavarder.

Lorsque je daigne lever les yeux de mon casse-croute, je remarque le regard amusé de Quentin.

« Si tu comptes me vider de toute mon énergie, il faut bien que je fasse des réserves, me justifié-je en haussant les épaules.

— On peut ralentir le rythme si tu veux.

— Non, non, je suis parfaitement capable d'encaisser les kilomètres.

— Super, alors on peut repartir.

— Déjà ? »

Mon exclamation sonne plus désespérée que voulu, ce qui le fait éclater de rire.

« Tu devrais voir ta tête ! On repartira quand le soleil frappera un peu moins fort. Je suis pas un monstre.

— Tu m'en diras tant. » grommelé-je, vexée qu'il ait réussi à me faire marcher.

Tirant parti de cette pause prolongée, nous nous mettons en maillot de bain pour profiter de la cascade. Je frissonne en entrant dans l'eau. Peu profonde, elle m'arrive à mi-cuisse, ce qui me convient amplement compte tenu de sa température. Quentin me charrie et me traite de frileuse avant de partir se placer directement sous la cascade sans même s'humidifier la nuque.

La tête penchée en arrière et les paupières closes, il laisse l'eau imprégner son cuir chevelu en passant ses mains entre ses mèches. Le reste ruissèle le long de son corps et je ne peux empêcher mon regard de parcourir son torse puis ses abdominaux légèrement apparents. Je ne me rends compte de la liberté prise par mes yeux qu'une fois qu'ils finissent leur course en bas de son ventre.

Alors que je m'apprête à détourner le regard, je remarque l'orée d'un dessin caché par son maillot. C'est la première fois que je l'aperçois. La curiosité l'emporte sur la gêne et la question s'échappe de mes lèvres au moment où elle se forme dans mon esprit.

« T'as un tatouage ? »

Quentin me regarde d'un air surpris avant de baisser les yeux vers ce qui m'intrigue. Il s'écarte de la chute d'eau et baisse légèrement la ceinture de son maillot qui révèle un M tatoué sur sa peau.

Je ne m'attendais pas à ça. Je fixe la lettre ancrée dans le creux de sa hanche. Le dessin est à la fois simple et élégant, et maintenant parsemé de gouttelettes. Je m'approche pour le voir de plus près, me retenant de passer mon pouce pour en tracer les contours. La preuve de son profond attachement envers son frère est là, gravée à l'encre sur son épiderme.

« Je l'ai fait faire un mois après, dit-il doucement. J'espérais bêtement qu'en imprimant son nom ailleurs sur ma peau ça le sortirait un minimum de ma tête. Ça n'a pas marché, mais au moins le voilà avec moi à vie. »

Je relève la tête vers lui. Il m'observe comme s'il guettait ma réaction. Presque comme si elle était importante pour lui. Espérant ne pas décevoir ses attentes, je me contente de formuler la première chose qui me vient à l'esprit.

« Il est beau. »

Il me retourne mon sourire. Des éclats de voix de promeneurs en approche nous font tourner la tête. J'aurais été étonnée de ne croiser personne sur les sentiers, et encore plus qu'un coin pareil soit inconnu des randonneurs.

Reculant de quelques pas, je glisse grossièrement sur une pierre. Mon derrière s'écrase sur l'eau dans un retentissant bouquet d'éclaboussures. Quentin s'esclaffe avant de se soucier de savoir si je vais bien.

« Ça va ? Tu ne t'es pas fait mal ? » demande-t-il en voyant que je reste assise dans l'eau.

Il me tend une main pour me relever mais je ne bouge pas avant qu'il insiste. Lorsque je consens finalement à la saisir, je choisis de le tirer vers moi plutôt que d'accepter son aide, bien déterminée à lui faire profiter de la fraîcheur de l'eau. Il émet une brève exclamation de surprise et, pris au dépourvu, n'a pas le temps de résister. Ravie de mon coup, je ricane à mon tour devant ses protestations et ses menaces.

Une famille apparaît sur le chemin, et deux enfants courent vers la cascade avec un enthousiasme comparable à celui que j'ai eu plus tôt en concoctant mon sandwich. Je salue poliment les marcheurs tout en sortant de l'eau pour me sécher avant toute tentative de vengeance de la part de Quentin.

« Toi, tu ne perds rien pour attendre. » me glisse-t-il en se penchant pour récupérer sa serviette.

J'étouffe un rire. Devant nous, des négociations à mi-chemin entre la supplication et l'injonction se jouent entre enfants et parents. Les premiers ont apparemment très envie de se baigner et d'imiter "la madame et le monsieur". Nous nous retenons difficilement de rire pour ne pas compliquer davantage la tâche des adultes en pleine argumentation. Finalement, l'autorité parentale l'emporte et ils ne s'éternisent pas. J'attends qu'ils disparaissent sur le chemin pour me changer sous ma serviette et nous ne tardons pas à quitter les lieux à notre tour.

🍹🍹🍹

En fin d'après-midi, nous arrivons enfin au refuge. Je m'immobilise en reconnaissant les lieux.

« Mais c'est...

— Tu te souviens ?

— Comment je pourrais avoir oublié. On a fêté ses 18 ans ici il y a même pas un an. Pourquoi... Pourquoi nous faire revenir ici ?

— Déjà parce que c'est le meilleur refuge du coin. Ensuite... Il nous manque mais... J'ai fini par comprendre qu'éviter tout ce qui pouvait me rappeler Max ne m'aidait pas à aller mieux. Je crois que c'est en me confrontant à tous ces lieux pleins de souvenirs que j'arriverai enfin à accepter qu'il ne soit plus là.

— Tu en es plus proche que moi. Mais t'as sans doute raison. »

Surélevée et adossée à une bute, la cabane en bois dépourvue de porte est prolongée d'une terrasse offrant une vue panoramique sur la vallée. Je m'appuie sur la rambarde et étudie le paysage, laissant mes pensées dériver. Elles me ramènent un an en arrière, à la dernière fois où je me suis tenue face à ces champs et ces forêts.

Max se tenait à côté de moi et me parlait de sa rentrée prochaine à la fac. Il portait ce chapeau d'anniversaire ridicule dégoté dans un magasin discount. J'avais insisté pour qu'il le garde toute la soirée. Nous lui avions fait la surprise, l'attendant cachés derrière le refuge, avec la complicité de Quentin qui lui avait proposé une randonnée et une nuit à la belle étoile. Il était aux anges. C'est la dernière fois que notre bande s'est réunie au complet.

Le bois grince derrière moi et me sort de mes pensées. La rambarde tremble légèrement lorsque Quentin s'y appuie à son tour.

« C'était une sacrée fête. Tu avais fait du beau boulot en organisant tout ça.

— Je n'étais pas seule. Mais je dois avouer que j'étais plutôt fière du résultat. Surtout d'avoir réussi à garder la surprise.

— C'est vrai que c'était pas évident, avec sa manie à fouiner partout.

— Je sais très bien qu'il se doutait de quelque chose.

— N'en sois pas si sûre. Il m'avait dit en montant qu'il était déçu que tu ne nous accompagnes pas. Il ne se voyait pas passer cette journée sans toi.

— Moi aussi. À vrai dire, je ne me voyais pas passer le reste de mes jours sans lui non plus.

— Il tenait vraiment à toi, tu sais. Peut-être plus qu'à n'importe quel autre membre de sa famille.

— Tu vois le poteau là-bas ? dis-je en désignant l'un des piliers de bois soutenant la terrasse.

— Celui au pied duquel il a vomi ?

— Wow, t'as bonne mémoire.

— Comment oublier. Peu de gens ont la chance d'assister à la première cuite de leur frangin !

— C'était un grand moment pour moi aussi. Bref, juste avant qu'il crache ses boyaux, j'étais avec lui. Il était totalement torché. Il est parti dans un grand discours composé de déclarations diverses et variées, auquel j'ai pas tout saisi. Mais je me souviens très bien de quand il m'a parlé de toi. Il m'a dit que tu étais, je cite, "le meilleur grand frère de l'univers universel".

— Il a dit ça ? On peut pourtant pas dire que j'ai toujours été le grand frère de l'année. J'en voulais à mes parents pour leur comportement. Ça a jamais été sa faute, mais indirectement il en a fait les frais.

— C'est peut-être ce que tu penses, mais ce n'est pas ce qu'il a retenu. Et moi non plus. Je t'ai vu plus d'une fois prendre à sa place pour l'une de ses conneries. Lui donner des conseils sur les filles, sur le bac ou sur la vie. Il t'admirait beaucoup, tu sais. Et bordel qu'est-ce qu'il t'aimait. J'ai pas beaucoup d'éléments de comparaison, mais j'ai toujours trouvé votre relation magnifique. »

Son regard se perd dans le vague. L'émotion qui s'empare de ses traits me touche. Je pose ma main sur la sienne et il se tourne vers moi, m'adressant un faible sourire. Comment peut-il douter de l'importance qu'il avait pour Max ?

Quelques minutes plus tard, je m'atèle à allumer le petit réchaud portatif. Après avoir examiné l'objet sous tous ses angles pour percer son mécanisme, j'ai seulement réussi à ouvrir le gaz. Je me débats à présent avec le briquet sans arriver à obtenir la moindre flamme du brûleur. Quentin vient à mon aide et y parvient du premier coup avec une facilité insultante.

J'observe les petites bulles qui se forment lentement dans la casserole à la stabilité discutable. Je me rends compte que j'ai dû rester bloquée un certain temps dans ma contemplation au moment où une main s'agite dans mon champ de vision.

« La terre à Chloé, allô, vous me recevez ?

— Désolé, je suis crevée. C'est un sacré challenge physique pour mon petit corps fragile cette histoire.

— Hé, c'est normal. On a marché toute la journée, il faut bien que la fatigue retombe à un moment. »

Je hoche la tête pensivement, les yeux sur les petites flammes qui s'échappent du réchaud. Quentin m'envoie un léger coup d'épaule.

« Tu gères. » prononce-t-il lorsque je tourne la tête vers lui.

Son regard et son ton me procurent un élan de fierté inattendu. C'est vrai, j'ai plutôt bien géré aujourd'hui.

Finalement, les pâtes ne sont pas assez cuites et manquent cruellement d'assaisonnement, mais la vue est un réconfort suffisant. Sans compter que mon corps a trop besoin d'énergie pour me permettre de faire la difficile.

À la fin de ce repas de fortune, j'ouvre le paquet de bonbons et passe mes jambes entre les barreaux de la rambarde.

« Des Car en Sac. Pourquoi ça ne m'étonne pas ? Ça a toujours été tes préférés. »

Je balance doucement mes pieds dans le vide. Face à nous, le soleil a amorcé sa descente mais ne semble pas pressé de disparaître. Il colore doucement le ciel de teintes roses et orangées.

« Tu veux dire tes préférés, rectifie Quentin en se servant une poignée de dragées colorées. C'est tout le temps ceux que tu prenais quand on était ensemble.

— Toi aussi.

— Parce que j'ai toujours cru que c'étaient tes préférés.

— Ça alors, j'étais persuadée du contraire ! »

Nous échangeons un regard surpris avant d'éclater de rire simultanément. Je ne saurais même pas dire qui de nous deux a initié cette habitude qui nous a poussés à ne consommer aucun autre type de confiseries pendant la durée de notre relation. Je crois bien que lui non plus.

« Remarque, j'ai fini par m'y attacher, concède-t-il. Disons qu'ils sont entrés dans mon top 3.

— Moi aussi. J'avais presque oublié quel goût ça avait. Je crois que j'en ai pas bouffé depuis qu'on s'est séparé. C'était notre truc à tous les deux. Et puis, faut croire que j'ai encore rencontré personne d'autre que nous qui en achetait. »

Je laisse fondre l'enrobage sucré entre ma langue et mon palais jusqu'à retrouver le goût anisé de la réglisse. Il tris méticuleusement son butin dans sa paume avant d'en choisir trois de couleurs différentes et de les enfourner dans sa bouche.

« On n'en a jamais reparlé, lâche-t-il, le regard tourné vers le paysage.

— De ?

— Nous deux. Notre rupture.

— Ça paraît tellement loin aujourd'hui, j'ai presque l'impression que c'était dans une autre vie.

— J'ai jamais eu l'occasion de te dire que je m'en veux pour la manière dont ça s'est fini. J'ai été con, et je m'en suis rendu compte trop tard. Max avait jamais été aussi remonté contre moi. C'est clair que je suis pas près d'oublier son appel.

— Il t'a appelé ? Je croyais pourtant avoir réussi à lui faire promettre de ne pas le faire !

— Pourquoi tu ne m'as pas dit que tu n'allais pas bien ?

— Ce genre de peine de cœur d'ado me paraît bien dérisoire maintenant. D'ailleurs, à quoi ça aurait servi ? Max était là pour moi et tu t'étais déjà désintéressé de moi. Sans compter que ton quotidien était bien loin de celui de la lycéenne que j'étais, je sais ce que c'est à présent. La décision de rompre venait de nous deux, j'allais pas t'embêter avec mes états d'âmes.

— Je ne me suis jamais... Je ne me suis pas désintéressé de toi. J'ai juste pas su gérer la distance. Ne crois pas que je t'ai oubliée facilement après. »

Ma joue frotte contre le bois rugueux de la balustrade lorsque je penche la tête vers lui. Cet aveu inattendu diffuse une légère chaleur dans ma poitrine. Moi qui croyais être la seule à avoir été affectée par cette rupture. Se pourrait-il que je me sois trompée ?

« Quoi qu'il en soit, ne t'en fais pas pour ça. J'étais déçue mais je m'en suis remise. C'est du passé maintenant.

— Désolé quand même d'avoir été con.

— Arrête, t'as pas été con. T'as même plutôt bien géré je trouve. Je veux dire, j'ai pas eu beaucoup de petits copains mais ils se sont pas tous embarrassés à mettre les formes lors de nos ruptures, que ça vienne d'eux ou de moi. Et puis, t'es le seul avec qui j'ai réussi à rester ami.

— Ah oui, il y en a eu d'autres ?

— On dirait que ça t'étonne.

— Je suis mal placé pour les juger. »

Je pouffe et m'allonge sur mon tapis de sol, la tête posée sur mon coussin gonflable. Je suis du regard un oiseau tout en essayant d'amener la question qui me traverse l'esprit de la manière la plus détachée possible. Je ne saurais dire si j'y parviens.

« Et toi, il y en a eu d'autres ? Je veux dire, après.

— Rien de bien sérieux, répond-il en piochant des bonbons dans un bruit de plastique. Ça n'a pas duré plus de quelques semaines. De toute façon, j'avais pas la tête à ça cette année.

— Pareil. L'amour est bien le cadet de mes soucis, déclaré-je à son dos.

— Même avec ce gars, là... ?

— Thomas ? Nan. C'est un mec bien, c'est vrai, avec qui il aurait peut-être pu se passer quelque chose. Mais ce n'est pas le bon moment, je ne suis clairement pas prête pour ça. Débuter une relation dans ces circonstances... ce serait pas juste pour lui. J'en ai rencontré d'autres, cette année, des mecs bien comme lui. Mais je n'ai pas pu. Ils méritent pas ça.

— "Ça", c'est à dire toi ?

— Moi et le package de la fille cassée et relativement instable qui va avec.

— Tu sais, y a de plus en plus de gens qui préfèrent réparer que jeter, lance-t-il malicieusement.

— Je veux pas qu'on me répare. Jamais j'attendrai ça de quelqu'un. »

Il se retourne et s'adosse à la rambarde en me regardant d'un air sérieux.

« Et tu penses que parce que tu es cassée tu n'as pas le droit d'être aimée ?

— C'est plus compliqué que ça.

— Je crois pas. C'est plutôt simple selon moi. Tu as peur. »

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