Chapitre 3.

Kay ne faisait pas exprès d'être aussi détestable, mais il sentait que le chico avait besoin d'un bon encadrement et de règles fermes afin de pouvoir se responsabiliser et évoluer dans la bonne direction. Kay était disposé à lui offrir cet environnement strict qu'il ne semblait pas retrouvé chez-lui. Chester semblait avoir été un peu trop doux avec son fils durant les dernières années.

Le gamin le détesterait peut-être, mais Kay n'en avait rien à faire. Il ne faisait que ce que son ami lui avait demandé. Zach le remercierait plus tard pour ça. Il avait bien besoin d'une poigne de fer pour se remettre dans le droit chemin.

Zach était comme un étalon sauvage qu'il faudrait dompter. Kay en avait vu de toutes les sortes depuis qu'il tenait le ranch et s'adonnait à l'élevage de chevaux en plus de son bétail, mais rien n'était comparable à Zach Winthrop. Il ne s'attendait pas à avoir la tâche facile avec lui. Pourtant, il était convaincu qu'il réussirait à en faire quelque chose d'ici la fin de l'été.

Kay termina de manger en silence et desservit la table, nettoyant la nappe et démarrant le lave-vaisselle. Il remit son chapeau sur sa tête et sortit dehors où le temps était devenu un peu plus frais pour aller faire un dernier tour du ranch. Il fit rentrer ses vaches à l'intérieur en faisant sonner la cloche qui les appelait, puis alla vérifier les écuries. Il déposa du foin dans les boxes qui en avaient été vidés durant la journée et s'assura du bien-être de chacune des bêtes, en particulier de sa jument azalée qui devait bientôt accouché du meilleur étalon qu'il possédait. Il nourrissait de grands espoirs pour le poulain à naître.

Quand il revint à la maison, quatre heures s'étaient écoulées. Kay ne manquait jamais de s'étonner sur à quel point le temps semblait passer vite à son âge. Il monta l'escalier qui conduisait au couloir où se trouvait les chambres et entrebâilla la porte de celle de Zach, s'attendant à trouver le jeune adolescent en train de braver les règles, peut-être même en train de faire le pont et de s'enfuir durant la nuit.

À sa grande surprise, Zach dormait déjà, allongé en sous-vêtement sur le lit. Kay dut retenir un sifflement admiratif. Zach avait un corps encore plus sexy et désirable qu'il l'avait d'abord pensé en le voyant arrivé plus tôt dans la journée. Couché sur le ventre, son cul rebondi semblait être un appel à la tentation. Kay le mâta encore quelques secondes avant de se reprendre. Bien sûr, regarder ne faisait de mal à personne tant qu'il n'était pas pris, mais il devait s'interdire toutes pensées sexuelles incluant le fils de son meilleur ami de vingt-quatre ans son cadet ! Il n'était pas un vieux pervers ! Pourtant, il était incapable de s'empêcher de songer que Zach aurait besoin d'une bonne fessée !

À regret, il s'éloigna et referma la porte. Il se dirigea vers sa propre chambre et s'y déshabilla, laissant son Stetson sur une chaise appuyée contre le mur près de sa table de chevet. Il se coucha dans son lit et se glissa sous les couvertures.

Demain commencerait véritablement le « domptage » de Zach.

***

Le métabolisme de Kay le réveilla à la même heure qu'à l'habitude, alors que la grosse aiguille de l'horloge était posée sur le quatre. À force de se lever alors que le soleil n'était même pas encore debout à tous les jours, il avait fini par s'habituer à ce style de vie et n'était même plus fatigué le matin venu.

Il s'étira et écarta les rideaux devant sa fenêtre. Dehors, il faisait toujours sombre. Il ouvrit son armoire et enfila un nouveau sous-vêtement, une paire de jean avec leur ceinture en cuir, puis il reprit son chapeau qu'il avait posé sur la chaise hier soir.

Il allait être gentil et laisser Zach dormir jusqu'à quatre heures et demie pour sa première véritable journée sur le ranch, mais s'il n'était toujours pas réveillé à ce moment-là, il irait se faire un plaisir de le jeter en bas de son lit !

Il descendit jusqu'à la cuisine et commença à préparer le petit déjeuner. Œufs, bacon, tranches de jambon rôtie et patates : ils allaient avoir besoin de force pour la journée.

Le repas était presque fini et Zach n'était toujours pas descendu. Kay grogna, puis éteignit le rond du poêle. Il monta lourdement les escaliers et ouvrit la porte de la chambre du gamin.

— Debout ! ordonna-t-il de sa voix forte.

Zach émit un gémissement dans son sommeil, mais ne sembla pas se réveille pour autant. Kay entra dans sa chambre et tira d'un coup sec les couvertures sous lesquelles Zach s'était enfoui durant la nuit. Le plus jeune roula et tomba lourdement sur le sol, se réveillant aussitôt en poussant un cri. Ouvrant brusquement les yeux, il se rendit compte qu'il était en sous-vêtement aux pieds de Kay. Il se releva aussitôt en se frottant le dos.

— Non, mais t'es malade ?! s'exclama-t-il en fusillant le cowboy du regard.

Comme à son habitude, Kay demeura froid et inébranlable face à ses propos. En vérité, il devait se faire violence pour s'empêcher de reluquer le corps quasiment nu et parfait de Zach.

— Je t'avais dit d'être debout à quatre heures, il est quatre heures et demie.

Zach jeta un coup d'œil au cadran numérique posé sur sa table de chevet et gémit en voyant le quatre s'afficher.

— C'est beaucoup trop tôt ! protesta-t-il.

Kay croisa les bras avec force sur son torse nu.

— Ce n'est pas trop tôt pour les vaches, alors ce n'est pas trop tôt pour nous. Tu as faim ? Eh bien, le bétail aussi. Aller, habille-toi et viens manger.

Il quitta rapidement la chambre de Zach, se sentant incapable de rester plus longtemps insensible en présence du jeune Apollon de dix-huit ans.

Quelques minutes plus tard, les cheveux ébouriffés, Zach le rejoignit dans la cuisine, habillé d'un jean si moulant qu'il lui faisait comme une deuxième peau et d'une camisole blanche.

Kay se força à détourner le regard.

— Ton assiette est déjà sur la table. Mange.

Zach lui obéit comme un bon chien-chien et s'attabla. Kay l'imita quelques minutes plus tard. Ils mangèrent une bonne partie du déjeuner en silence jusqu'à ce que le cowboy énonce l'horaire de la journée :

— Nous allons commencer par faire le tour du ranch pour vérifier l'état des clôtures. Nous trouverons sûrement une partie qui aura besoin d'être repeinte ou réparée et c'est ce que nous ferons du restant de la journée.

Zach n'avait pas l'air enchanté du planning, mais il demeura silencieux et vida son assiette avant d'aller la ranger de lui-même dans le lave-vaisselle. Kay le regarda faire en se disant que le gamin commençait déjà à comprendre quelque chose.

Quand le fils de Chester revint à la table, il semblait un peu perdu, comme s'il ne savait pas quoi faire.

— Reste ici, j'ai un cadeau pour toi, lui dit Kay.

Zach sembla presque soulagé d'avoir un ordre auquel obéir, quelque chose à faire. Kay remonta dans sa chambre et fouilla sous son lit pour prendre la boîte en carton et le sac qu'il y avait déposé. Quand il revint dans la cuisine, Zach n'avait pas bougé. Il lui posa le carton dans les mains.

— Qu'est-ce que c'est ? demanda le jeune homme, presque méfiant.

— Ouvre et tu verras, se contenta de lui répliquer Kay.

Zach s'exécuta et demeura muet devant le présent.

— C'est...

— Un Stetson, compléta Kay. Nous allons travailler de longues heures sous un soleil de plomb, alors tu dois pouvoir te protéger la tête et les yeux si tu ne veux pas avoir de migraines.

Ça ne correspondait pas vraiment au style vestimentaire de Zach, mais le garçon trouvait quand même que le chapeau était joli. Kay lui remit le sac entre les mains et il l'ouvrit pour y découvrir des bottes de cowboy en cuir qui ressemblaient à celles que possédait Kay.

— Tu vas aussi être de longues heures à marcher ou monter, alors tu as besoin de bonnes bottes. J'ai demandé ta pointure à ton père, alors ça devrait être bon.

Zach hocha lentement la tête et sortit les bottes de leur sac pour les soupeser dans sa main. Elles étaient lourdes, mais pas autant qu'il l'aurait cru. Il supposa que Kay devait avoir acheté de la qualité.

— Merci, finit-il par souffler du bout des lèvres.

Kay se contenta d'hocher la tête comme toute réponse. Il enfila lui-même botte et chapeau et sortit sous le soleil éclatant qui commençait à pointer le bout de son nez.

— Ce sera une belle journée, prédit-il.

Descendant les marches du perron, il s'arrêta au bas de celles-ci, car il y avait un truc qu'il avait oublié de demander à Zach.

— Dis, tu sais monter à cheval ?

— Tu crois qu'il y a des chevaux à Los Angeles ?! Je savais monter petit, mais je ne montais que des poneys, puis je suis parti avec maman et je n'ai plus jamais monter en selle.

Kay soupira et se pinça l'arête du nez. Il n'avait pas de temps à perdre à apprendre à Zach à monter, alors qu'ils avaient une lourde charge de travail pour la journée. Zach saurait sûrement se souvenir des mouvements d'équitation de bases, mais il ne voulait pas prendre la chance qu'il perde le contrôle de son étalon au beau milieu de l'après-midi.

— D'accord, alors viens, tu vas monter avec moi.

— Pourquoi est-ce que je n'ai pas mon propre cheval ?!

Kay lui jeta un regard froid.

— Parce que tu viens tout juste de me dire que tu n'avais plus monter depuis tes sept ans. Je ne veux pas infliger la présence d'un cavalier inexpérimenté à mes futurs chevaux de course. Et je ne voudrais pas que tu te fasses mal.

Zach grimaça. Il savait que, pour Kay, il devait être un bébé, mais... tout de même ! Il avait dix-huit ans et allait entrer à l'université dans deux mois et, malgré ce, il avait l'impression d'être traité comme un gamin !

Le plus jeune ne réalisa même pas que Kay avait disparu jusqu'à ce que l'homme revienne en tirant les rennes d'un splendide cheval à la robe brune. C'était le même qu'il l'avait vu monter à crue hier par la fenêtre de sa chambre. Cette fois, la monture avait été affublée d'une large selle. Kay s'arrêta devant lui.

— Tu sais comment grimper dessus, au moins ? Glisse ton pied dans l'étrier et donne-toi un bon élan. S'il est trop haut pour toi, je te donnerai un coup de main.

Zach grimaça et, sûr de lui, appuya le bout de sa nouvelle botte dans l'étrier. S'agrippant au cou de l'animal, il se donna une poussée, mais son visage se déconfit quand il réalisa qu'il glissait et qu'il n'arrivait pas à passer son autre jambe par-dessus le cheval. Il se tapait déjà la honte – il pouvait presque sentir le sourire moqueur de Kay dans son dos –, mais s'il tombait en bas, il avait l'impression que ce serait pire. Il ne pourrait plus regarder le cowboy en face après ça.

Soudainement, il sentit deux grosses mains se posées sur ses hanches et, la seconde d'après, il se retrouva assis en califourchon sur la bête.

— Que... - ?!

— Tu avais l'air d'avoir besoin d'aide, répondit simplement Kay.

L'homme se hissa ensuite sur le cheval aussi aisément que s'il s'était agi d'un petit tabouret et passa ses bras sous les aisselles de Zach pour reprendre les rennes, coinçant l'adolescent entre son torse virile et l'encolure de l'animal.

Kay retint un gémissement : le cul parfait de Zach était pressé contre son aine et, à chaque fois que le trot du cheval provoquait un séisme chez le blond, le cowboy avait l'impression que l'adolescent faisait exprès pour se frotter contre lui. Pourvut que cette randonnée se termine rapidement, car il n'allait pas pouvoir tenir longtemps ! Finalement, il regrettait presque de ne pas avoir donné une monture individuelle à Zach, ça lui aurait épargné ce supplice. Depuis quand n'avait-il pas baisé ? Par manque de temps – les activités du ranch étant très prenantes –, cela devait faire une éternité... ! Si bien que le moindre stimulus était un véritable supplice !

— ¡ Puta mierda ! jura-t-il en espagnol sous le regard éberlué de Zach qui n'avait pas compris la situation.