Chapitre 1
Chapitre 1.
Il devait arriver d'une seconde à l'autre maintenant... Kay Leigh soupira longuement. Il n'en revenait toujours pas que Chester, un vieil ami dirigeant un ranch voisin, lui ait demandé de prendre en charge l'éducation de son fils de dix-huit ans pour le responsabiliser un peu durant l'été précédent son entrée à l'université. Kay aurait dû tout de suite refuser, mais il s'en était retrouvé incapable devant Chester. Après tout, il connaissait l'homme depuis de nombreuses années et, à la mort de son père, Chester l'avait aidé à reprendre le ranch dont ses frères aînés n'avaient pas voulu, il l'avait soutenu et lui avait épargné bien des erreurs de débutant. Il lui en était infiniment reconnaissant... mais bon sang, s'occuper d'un gamin trop gâté et fainéant pendant tout l'été ! Kay ne s'en sentait pas capable... Il avait quarante-deux ans, ce n'était plus de son âge...
Malgré tout, il attendait de pied ferme l'arrivée du jeune Zach Winthrop. Il le voyait déjà avec des jeans déchirés et une clope au bec comme tous les jeunes de son âge. Si son propre père – reconnu pour être un homme dur – n'était pas arrivé à lui inculper la discipline, il n'osait pas s'imaginer de quoi il pouvait bien avoir l'air... Kay s'imaginait le pire. La dernière fois qu'il avait vu Zach, ce dernier devait avoir quatre ou cinq ans. Après, il avait quitté le Texas pour aller s'installer à Los Angeles avec sa mère qui avait obtenu un post là-bas. Il était revenu cet été parce que sa mère avait été mutée à l'étranger et, qu'à cause de l'université, il ne pouvait pas la suivre. Et n'étant pas majeur, il devait rester avec son père.
Kay ajuta son Stetson sur sa tête et plissa les yeux pour discerner au mieux la silhouette humanoïde qu'il venait de voir apparaître à l'entrée de la barrière en bois de son ranch. Le soleil l'aveuglait.
Ce qu'il vit n'était clairement pas Zach. Ce ne pouvait pas être lui. Le souvenir de Zach qu'il avait était celui d'un gosse blond de trois pommes. Sous les yeux, il avait un jeune homme musclé, en skinny jean et T-shirt blanc, toujours blond, mais bien loin des souvenirs qu'il en possédait... Zach semblait être devenu ravissant. Un bel homme désirable. Kay aurait pu en être impressionné si Zach n'avait pas rompu le charme dès les premières paroles qu'il lui adressa.
— Écoute, l'ancêtre, mettons tout de suite les choses au clair : je ne suis pas ici de mon plein gré et je ne te causerai pas de problèmes tant que tu me fous la paix et me laisse vaquer à mes occupations comme je l'entends. Ne dit rien à mon père et on s'entendra bien.
Kay s'entendit grincer des dents. Il rabaissa son chapeau de cowboy sur ses yeux, puis prit le temps de détailler Zach du regard avant de lui répondre comme s'il n'avait pas entendu ce que ce dernier venait de dire :
— Demain, réveil à quatre heures : il faut aller vérifier les clôtures et les vaches auront besoin d'être sorties.
Kay se détourna du gamin et gravit les quelques marches de bois qui menaient au patio de la grande maison de campagne aux couleurs de bleu pastel dans laquelle il avait grandi et qui lui servait maintenant de lieu de résidence. Sans même regarder Zach, il rajouta :
— Ici, tu es sur mon ranch et tu respectes mes règles, chico. Si tu n'es pas content avec ça, tu peux tout de suite retourner la queue entre les jambes chez ton père. Si tu veux rester, suis-moi, je vais te montrer ta chambre.
Kay entra dans sa maison et jeta un discret coup d'œil par-dessus son épaule pour voir si Zach le suivait. Il ne fut pas surpris de voir que, à contrecœur, laissé complètement bouche-bée, le jeune adolescent lui avait emboîté le pas. Bien qu'il le cachait admirablement, Kay était amusé. Cela faisait une éternité qu'il n'avait pas joué du galon. Ses gars – les travailleurs du ranch – savaient qui était le patron et n'osaient pas argumenter avec lui. De plus, ses origines hispaniques refaisaient surfaces quand il était énervé – excité – et qu'il ne réfléchissait pas à ce qu'il disait.
Quand il était arrivé à l'école, gamin, les autres enfants s'étaient moqué de son accent espagnol. Il s'était donc appliqué pendant de longues années à perdre ce trait de langage qui s'entêtait pourtant à revenir de temps à autre.
Il gravit les escaliers jusqu'au deuxième étage de la maison, puis ouvrit la porte d'une petite pièce modeste. Elle comportait un lit simple aux draps fleuris adossé contre le mur, une table de chevet avec une lampe et une commode où ranger les vêtements. Décalant son imposante stature sur le côté, Kay laissa Zach entré avec son sac.
— C'est ta chambre. Installe-toi et repose-toi : il y aura du gros travail demain. Si tu veux manger, le souper est servi à 5 heures et qu'à cette heure. Si tu le manques, tu ne manges pas et c'est ton problème.
Kay laissa Zach et son froncement de sourcils insolent – et diablement sexy – de chiot auquel on viendrait d'ôter son os dans la chambre et redescendit les marches. Il lui restait du boulot à faire pour aujourd'hui.
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