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• Chapitre 13 •

"Laissez la haine à ceux qui sont trop faibles pour aimer"
Martin Luther King

Ma chérie,

Je comprends que tu ne désires pas me voir. Je conçois que, après tout ce temps, tu aies finis par tourner la page. Je suis un lâche, je le sais. Lorsque j'ai voulu revenir, tu étais toujours là. Mais tu avais cet enfant avec toi et j'étais persuadé que tu avais refais ta vie. Tu sais, la mission a duré plus de temps que prévu car nous avons étés pris en otage. J'ai pensé à toi chaque seconde. Ton rire, ton sourire m'ont permis de tenir. Au combat, mes camarades tombaient les uns après les autres. De faim, de froid ou à cause de la maladie. Je tenais uniquement grâce à toi. Pas un jour n'est passé sans que je n'aie pensé à ce que tu faisais, à ton inquiétude en entendant le nombre de pertes. Mais lorsque je suis revenu, j'ai cru que tu m'avais oublié, et j'ai choisis de me tapir dans l'ombre. Jusqu'à aujourd'hui. Je vous ai suivies jusqu'ici, et j'ai décidé de tenter de revenir. J'ai appris que tu as fait ton deuil, mais que tu ne t'es pas liée à quelqu'un. Alors, j'ai pris ma plume pour retenter ma chance.

Je sais bien que, après tant de temps, tu ne vas pas vouloir lire cette lettre, et qu'elle finira sans doute dans un tiroir. Je te connais, tu n'auras pas le cœur à la jeter. Pourquoi tant de temps avant de refaire surface ? Je te l'ai dit plus haut, parce que je pensais que tu étais a quelqu'un d'autre, et je refuse de faire quoi que ce soit qui puisse gâcher ton bonheur, en plus de toute l'inquiétude que je t'ai faite subir. J'ai enchaîné les missions, pour tenter de t'oublier. Mais, même quinze ans après, je n'y arrive toujours pas. Je t'en supplie, pardonnes moi. Et parle à Jeny. Elle a le droit de savoir la vérité.

PS : Voici une photo de nous, jeunes insouciants...

Avec tout mon amour,
Yvan

Des larmes roulent sur mes joues, sans que je sache d'où elles viennent. Je ne parviens pas à comprendre cette lettre, et pourtant je sais que je devrais. Il semble y avoir des choses qui ne m'ont pas été expliquées. Il va falloir que je demande à maman qui est ce Yvan. Quelqu'un que je suis censée connaître, apparemment. Mais j'ai beau chercher dans les moindres recoins de ma mémoire, ce prénom m'est totalement inconnu. Je n'arrive pas à faire le lien entre les différents aveux de cette lettre. Les mots se mélangent, et je sens que ça ne servira à rien que je m'échine à comprendre seule. Mais, comme maman ne semble pas avoir très envie de m'en parler, il va falloir ruser. Je referme la lettre et la repose au sol près de la porte, à l'endroit de la fente de la boite aux lettres.

Je m'installe sur le canapé pour chercher une émission intéressante, mais rien ne retient mon attention. Je suis fatiguée moralement. Sans m'en rendre vraiment compte, je ferme les yeux et glisse dans un sommeil léger, peuplé de souvenirs.

J'ai cinq ans. Aujourd'hui, nous avons fait des cadeaux pour nos papas à l'école. Une jolie boite dans laquelle on a glissé des pétales séchés qui sentent bon. Du ''pot pourri'', la maîtresse a dit. Lorsque je rentre à la maison, je l'offre à ma maman. Elle voit bien que je suis troublée, mais ne fait pas de commentaire. A table, je lui pose la question qui me brûle les lèvres. ''Maman, il est où papa ?'' (silence) ''Maman, pourquoi il est pas là papa ?'' "Mange ma chérie. Moi je vais étendre le linge." "Maman, pourquoi j'ai pas de papa ?'' "Je vais étendre le linge." ''Maman, pourquoi tu as fermé la porte ?''

J'ai huit ans. Peu d'amies, mais quelques unes quand même. Et beaucoup trop de gens qui se moquent. Parce que je n'aie pas de papa. Ils trouvent ça drôle. Moi je trouve qu'ils sont très méchant. J'y peux rien, moi. Ils me montrent du doigt en riant. Ça me fais pleurer. Mes copines viennent me consoler, mais ne disent rien à ceux qui m'embêtent. Le soir, je raconte tout à maman. Elle me conseille de les ignorer, tout en me berçant comme on le ferait pour un nourrisson. ''Là, là, ça va aller Jeny, ça va aller. Jeny... Jeny...

JENY !

Je me réveille en sursaut. La voix de ma mère m'appelle, mais je ne sais pas d'où elle vient. Je mets un peu de temps à reprendre mes esprits, même pressée par la voix qui s'impatiente. Puis, je comprends. Elle a encore dû oublier ses clefs. Je déverrouille la porte, puis commence à préparer le dîner. Je n'ai pas vu l'heure tourner, mais il est déjà vingt et une heures passées. Maman me fait un bisou en passant et file déposer le courrier sur la table du salon. Je décide d'exécuter la première partie de mon plan juste après le repas.

Ça y est, nous avons terminé de dîner. Les assiettes sont méthodiquement alignées dans le lave-vaisselle et les couverts reposent dans le panier en plastique prévu à cet effet. Je triture mes doigts, stressée mais impatiente de connaître la vérité. Nous sommes toutes les deux assises sur le canapé, les yeux rivés sur la télévision. Je me tourne vers Lynn, puis m'apprête à la questionner. Elle me prend de cours. N'ayant pas pour habitude de faire dans la délicatesse, elle va droit au but et m'interroge directement pour savoir ce qu'elle a envie.

- Alors, tu es en couple et ta vieille maman n'est même pas au courant !

Je soupire. Cette observation est d'une banalité affligeante par rapport à la question que j'aimerais poser. Mais je me retiens de lui dire. Je connais ma mère, et je sais que si je veux avoir une chance d'avoir des réponses, il vaut mieux que je me plie directement à son interrogatoire.

- J'allais te le dire, j'attendais seulement d'être sûre de moi.

- Oui oui, c'est ce qu'on dit ! ajoute-t-elle avec un clin d'œil complice. Depuis combien de temps ?

- Hier soir.

- Fais pas ta timide, ma fille ! Je suis contente pour toi !

Je décide de me lancer et de poser, d'un air nonchalant, la question qui me brûle les lèvres.

- Au fait, il y avait du courrier aujourd'hui ?

- Quelques factures, mais rien d'autre. Pourquoi ? Tu attends une lettre de quelqu'un ?

Elle me regarde d'un air intrigué. L'aplomb avec lequel elle ment me décontenance plus que ce que je pensais. Je mets quelques secondes à me reprendre et, avec un sourire tout ce qu'il y a de plus faux, je lui assure que je n'attends pas de lettre, que c'était une question comme ça. Nous nous retournons vers la télévision, sans plus de bavardages.

Le film débute, mais je ne le suis pas. J'essaie désespérément de mettre au clair mes idées, sans y parvenir. Peu de temps après cette micro-discussion, j'annonce à ma mère que je monte dans ma chambre. Elle hoche la tête, mais ne répond rien, trop captivée par le vieux film qui se déroule devant ses yeux.

Une fois arrivée dans ma chambre, je m'allonge à plat ventre sur mon lit et ferme les yeux. Je tente de comprendre pourquoi maman ne veut pas me parler de cette lettre, ni de cet homme qui semble me connaître. Malgré moi, je lui trouve des excuses : c'est un vieil ami dont elle veut garder l'existence secrète pour... Pourquoi d'ailleurs ? Ça ne tient pas debout. Ou alors, c'est quelqu'un de sa famille qu'elle ne veut plus voir. Donc, pour me protéger et que je n'aille pas faire connaissance avec lui, elle me laisse dans l'ignorance. Ou alors... Et si cet Yvan était mon père ? Cette supposition me chamboule totalement.

Et si tout ce que Lynn m'a assurée depuis ma naissance n'était qu'une infime partie de la vérité ? Mais, pourquoi me masquerait-elle l'existence de cet homme si il s'avère être mon père ? Était-il violent avec elle ? Dans sa lettre, il semble surtout profondément amoureux et désireux de renouer des liens avec maman. Et volontaire pour en créer avec moi.

Comme si ça ne suffisait pas, je reçois un message de Jess.

Jess, à 21h48

Jeny, j'ai fait une grosse erreur en préférant Mathilda à toi. Elle a juste tenté de profiter de moi. S'il te plais, reviens moi.

Je reste interdite durant plusieurs minutes. Mon cœur souhaite lui répondre que je lui pardonne, mais la raison ne suit pas. Je ne peux pas la laisser partir, me faire du mal, puis revenir ainsi, sans qu'elle n'ait à assumer les conséquences de ses actes. Je pense que le mieux est de répondre de façon abstraite, puis d'en parler avec Léo demain après-midi.

Comme nous serons mercredi et que nous n'avons cours que jusqu'à 11h30, nous aurons tout le temps de peser le pour et le contre. Et je pense qu'il serait également intéressant de lui demander conseil par rapport à la lettre. Je finis par me décider à envoyer un message à mon ex-meilleure-amie.

Moi, à 22h03

Je veux bien y réfléchir, mais laisse-moi du temps.

Dans la foulée, j'envoie également un message à Léo pour lui demander si je peux passer l'après-midi avec lui. Il me répond qu'il est impatient de profiter de mon agréable compagnie. Malgré moi, cette réponse me fais rigoler. L'amour rend tellement niais... Mais tant pis, c'est si agréable.

Je m'endors une dizaine de minutes plus tard, la tête remplie de questions et le corps fatigué de tous ces rebondissements en une seule journée.

La journée du lendemain passe à la vitesse d'une limace asthmatique en surpoids, autant dire, très lentement. Jeny est revenue dans la bande, mais je décide de l'ignorer temps que je n'aie pas pris de décision. Les autres n'ont pas l'air de trop lui en vouloir, mais elle ne reprend pas sa place pour autant. En traversant la cours pour rentrer chez moi, je m'isole volontairement pour tenter de voir la situation d'un œil extérieur.

Qu'a-t-elle réellement fait de mal ? Elle nous a ignorés pendant plusieurs longues semaines, sans pour autant parler dans notre dos, il me semble. Hier soir, elle m'a envoyé un message me disant de prendre mon temps et qu'elle s'excusait pour son comportement. Avant, je l'aurais accueillie les bras ouverts, mais là... C'est différent. J'ai décidé de me prendre un peu en mains, et je sais que j'ai besoin de plus qu'un vulgaire ''excuse-moi'' pour lui pardonner. Je lui avais confié mon cœur, elle l'a choyé puis l'a balancé par terre. Elle doit en assumer les conséquences.

Je ne sais pas vraiment comment, mais j'espère que Léo m'aidera à y voir plus clair. Ainsi que pour le comportement plus que suspect de ma mère.

Je sursaute. Une main s'est posée sur ma hanche et, emmêlée dans mes questions, j'avais totalement oublié le monde extérieur. Ne sachant pas à qui j'ai affaire, je retire sèchement la main inconnue puis me retourne pour dire ma façon de penser à celui qui pose ses sales pattes sur moi sans y être autorisé. En me tournant, je croise le regard énigmatique de celui à qui appartient la main. Un gars de ma classe nommé Mehdi. Il me fait un grand sourire, puis repose sa main au même endroit et, sans que je n'aie le temps de réagir, me plaque contre la haie. Ma respiration s'accélère tandis que je me débats. Mais Mehdi n'a pas l'air de vouloir me laisser partir. Usant de sa force, il immobilise mes bras à hauteur, puis me plaque contre lui pour que mes coups de pieds ne puissent pas l'atteindre. Je ne comprends pas ce qu'il se passe. Il y a quelques élèves autours, mais tous rigolent, et certains sortent leurs portables. Malgré tout ce que je tente pour me libérer, rien ne fonctionne et je m'aperçois que mon agresseur est doué en arts martiaux. Il se penche vers moi, sa tignasse blonde effleurant mon front. Je me retiens difficilement de redonner mon petit-déjeuner en sentant l'une de ses mains frôler mes lèvres. Ce type empeste la sueur, c'est dégoûtant. Je ne serais même pas étonnée de voir des gouttelettes perler sur son front. Il approche un peu plus son visage du mien, puis dépose ses lèvres craquelées sur mon nez avant de se rapprocher dangereusement de ma bouche, que je garde obstinément fermée.

A ce moment-là, dans les films, le petit-ami de la jeune fille arrive, met une raclée à l'agresseur et celui-ci finit à terre, jurant de ne plus jamais recommencer. Le petit-ami, très beau, souriant, musclé et tout, embrasse chastement la jeune fille effarouchée, la câline, et tout est bien qui finit bien.

Mais pour moi, ça ne peut évidemment pas fonctionner ainsi. Les gens autour rient de ma peur et de mes tentatives d'évasion avortées. Et Léo n'est pas encore là. Il devait passer au secrétariat, pour une histoire de facture il me semble.

J'essaie de gagner du temps, pour qu'il puisse arriver et m'aider, mais c'est peine perdue. Mehdi s'est à nouveau avancé et frôle désormais mes lèvres avec les siennes. Décidée à ne pas me laisser faire, je donne un coup de tête à mon agresseur, suivi d'un coup de genoux dans les parties génitales. Il paraît juste légèrement sonné, mais qu'importe, j'ai une occasion en or de m'enfuir, je ne vais surtout pas la gâcher.

Je me mets à courir, mais je suis rattrapée quelques mètres plus tard par mon camarade de classe. Il me saisit par la taille, puis me ramène de force près des autres, en appuyant sur ma trachée pour me couper tout envie de fuir à nouveau. Pourquoi il n'y a qu'à moi que ça arrive ce genre de choses ? D'habitude, recevoir un coup à cet endroit est très douloureux pour un garçon ! Quand je remets mes idées en place, je me rends compte que mon genoux a cogné contre quelque chose de dur. Une coque. Mehdi avait prévu ma réaction. Quelle idiote de ne pas y avoir pensé !

Je me retrouve à nouveau plaquée contre la haie, sans moyen de m'échapper tandis que le mec fait un discours ridicule devant les autres, qui s'empressent d'applaudir. Il leur explique que c'est ainsi qu'on ''mate une gonzesse rebelle''. Et qu'il compte bien prouver que, si je suis consentante, ce sera beaucoup plus agréable pour tout le monde. Il ajoute que c'est vraiment dommage qu'il ai oublié de prendre un couteau car ''ç'aurait facilité les choses''. Je ne sais pas si je dois être soulagée ou horrifiée d'entendre ça. Tandis qu'il se penche à nouveau vers moi, j'aperçois un surveillant arriver. Je tente d'attirer son attention en bougeant et en essayant de me libérer. Il me fixe. Ça y est, il va venir m'aider ! Il s'avance un peu, plisse les yeux, puis secoue la tête d'un air dégoûté et s'empresse de tourner les talons. Le désespoir m'envahit. C'est pas possible des gens pareils ! Ça se voit quand même que je ne suis pas d'accord !

Mehdi avance ses lèvres et se jette méchamment sur les miennes. J'ai juste le temps de détourner la tête pour qu'il ne les touche pas. Je ne vais pas pouvoir tenir longtemps face à lui, surtout si il commence à devenir violent. Il se recule, surpris que j'ose encore me rebeller après toutes ses menaces. Puis il me regarde avec colère. Ses yeux verts me font peur. On dirait ceux d'un serpent qui s'apprête à me tuer.

Alors que je cherche désespérément ce qui a bien pu me conduire à cette situation, le blond me donne une réponse.

- Tu vois, mes copains et moi, on aime pas vraiment quand une p'tite se fou de nous. Alors, tu vois, tu vas pas faire ta difficile et tu vas me laisser me venger, en regardant bien les gens qui filment là-bas, et tu vas arrêter de te mettre dans nos pattes. Parce que sinon, je te garantis que ce sera pas juste sur ma bouche que je te forcerai à poser tes lèvres arrogantes. Et c'est pas la peine de chercher à gagner du temps pour attendre que l'autre con qui te sert de copain débarque, pasque sinon, ça va mal se passer. Compris ?!

Il a craché le dernier mot, et des postillons ont recouvert mon visage. Ce type est vraiment dégoûtant. Je ne compte pas me laisser faire, mais je commence à avoir mal aux bras à force de les avoir en l'air, et le corps massif qui pèse sur moi m'empêche de bouger. Je sais qu'il peut poser ses lèvres sur mon corps d'une minute à l'autre. Je cherche toujours un moyen de gagner du temps, mais l'affreuse vérité s'étale devant moi.

Je ne peux rien faire contre Mehdi. Il est trop fort pour moi. Je me mets à pleurer silencieusement, incapable de me défendre. Je repose tout mon poids sur les bras de mon agresseur, espérant le forcer à me lâcher. Mais il se contente de placer ses mains sous mes fesses pour se stabiliser. Il les caresse quelques instants, un sourire pervers aux lèvres.

Je suis dégoûtée. Dégoûtée que quelqu'un puisse faire ça.

Entre mes larmes, je vois que Léo arrive, en arrière plan. Il me cherche. Il me trouve. Et ses yeux lancent des éclairs.

Je tente à nouveau de me débattre, mais je ne peux pas bouger. Je crie, le plus fort que je peux, mais le blond étouffe mon cri en écrasant sa bouche contre la mienne. Je suis horrifiée. Terrorisée. Une forte envie de vomir monte en moi. Je me retiens. Mes mâchoires restent serrées. Mais je ne peux pas faire plus car Mehdi tient toujours mon visage avec l'une de ses mains.

Je sens sa langue visqueuse se frayer un chemin entre mes lèvres pourtant closes, puis tenter de forcer la barrière de mes dents. Je sais que Léo est trop loin pour parvenir à temps. Je ne peux compter que sur moi-même, et sur ma mâchoire serrée, pour museler la folie du blond. J'ai mal à la mâchoire à force de serrer les dents, mais je tiens bon.

Et, au moment où je sens que je lâche prise, à l'instant où Mehdi parvient à entrouvrir mes dents, il est brusquement poussé sur le côté par quelqu'un qui se met devant moi.

Plus rien ne me retient. Je m'écroule au sol et me mets automatiquement en position fœtale. Mes larmes redoublent. Ça y est, c'est fini. Il ne me touche plus. Mais je me sens salie.

Je crache par terre. Je ne veux qu'une seule chose, me laver les dents. Rincer ma bouche de toute cette bave qui n'est pas la mienne, et filer sous la douche pour tenter d'oublier le contact persistant de ses mains sur mes fesses. J'essuie rageusement mes lèvres avec ma manche, et me promet d'acheter une bombe lacrymogène dès que je croiserai un magasin. Autour de moi, des cris fusent. Des gens partent, la vidéo de ce cauchemar tournant en boucle sur leur portable. D'autres rient. J'entends des coups. Mais je n'ai pas besoin de relever la tête pour savoir que c'est Léo qui est entrain de se battre. Pour moi. Pour me défendre. Pour sauver le peu d'honneur qu'il me reste. Je sais qu'il aura le dessus. Il est plus musclé que son adversaire, ses techniques de combat sont précises grâce à son grand frère et, surtout, il défend une personne à qui il tient.

Malgré cela, je suis déprimée. Même pas deux jours que nous sommes officiellement en couple, et je trouve déjà le moyen de l'embêter. Je sais que, s'il m'entendais, il ne serait pas d'accord que je pense ça, mais quand même. J'ai l'impression d'être une petite fille fragile et ça m'insupporte.

Une main se pose dans mon dos. Je sursaute, prête à me défendre. Mais lorsque je relève la tête, je m'aperçois que c'est Léo. Il me tend la main pour m'aider à me relever. Je le remercie, sans oser le regarder dans les yeux, puis la lâche avant de retourner chercher mon sac, les yeux rivés sur le sol. Lorsque je rejoins Léo, mes larmes se remettent à couler. Je ne suis même pas capable de me défendre. Je ne vois pas ce qu'il fait en couple avec une gourde pareille. Mes pensées sont sans dessus-dessous mais, ironie du sort, l'une d'elles ressort plus que les autres. La première énigme. La confiance. Très drôle. Je dois avoir confiance en lui, en nous ? Mais j'en suis incapable ! Si je fais subir ça à Léo dès les premiers jours, ça va l'énerver et il va partir !

Mon petit-ami tente de poser sa main sur ma hanche, mais je me décale. Même quand je sens son regard étonné se poser sur moi, je garde mes yeux rivés sur le sol. Il est hors de question qu'il me touche avant que je ne me sois débarrassée de toute cette crasse qui n'est pas la mienne. Je me sens diminuée, touchée au plus profond de moi. Mon honneur a pris un sacré coup.

Lorsque Léo tente de prendre ma main, je la retire une nouvelle fois. Décidé à avoir une explication, il m'oblige à m'arrêter et à relever la tête pour le regarder. Je le détaille silencieusement. Rien ne montre qu'il vient de se battre. A part ses poings rougis et quelques griffures sur son visage, on dirait presque qu'il ne s'est rien passé. Avec sa main droite, il relève mon menton, puis m'observe comme la première fois. Dans son regard, je vois qu'il me demande si il peut m'embrasser. Mais cette fois, la réponse est différente.

Non. Je ne veux pas. Je veux être fraîche, belle et qu'à lui. Là je me sens sali. Je ne veux pas qu'il se mêle à ce que l'autre a fait. Je me recule donc, décidée à ne rien le laisser faire avant de prendre ma douche. Alors que je commence à avancer, il me retient fermement par le bras. Il me fait mal.

Je lève un regard apeuré vers lui, et il me lâche instantanément, sans me laisser repartir pour autant. Lorsqu'il me demande pourquoi, je fonds à nouveau en larmes. Je suis tellement lâche. Entre deux sanglots, je parviens à lui expliquer que je veux d'abord me laver. Que je ne veux pas qu'il me touche alors que je suis dans cet état.

Il paraît comprendre car il se remet à marcher, les mains dans les poches. N'importe qui penserait qu'il marche normalement. Mais moi, je sais bien que non. Ses pas sont trop grands, et ses talons claquent furieusement contre le bitume à chacune des ses enjambées. J'ai été son amie avant de devenir sa petite amie. Et je sais qu'il est en colère. Très en colère même. Je ne sais pas exactement pourquoi.

J'espère seulement que ce n'est pas à cause de ma réaction.

Mais je doute que ce soit autre chose.

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