P A R T I E   T R O I S

— recevoir de la Tequila en
plein visage ? Quoi de plus normal
dans une soirée bourrée d'adolescents aux hormones défaillants ?

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Olive ne savait plus où se mettre, ni quoi faire, et ce, bien que plusieurs heures se soient écoulées depuis son entrevu avec le garçon du café.

Assise sur les marches de la mairie de Montdesbois, son téléphone portable posé en équilibre sur ses genoux, Olive soupirait. Sa tête bourdonnait avec force : c'était comme si ses pensées s'étaient laissées emporter dans une valse catastrophique, qu'elles heurtaient inlassablement les tempes de la jeune femme, criant "au secours, nous explosons !". Et malgré les deux Doliprane qu'elle avait ingurgité, ce cirque ne cessait de rayonner.

Liv' se sentait minable : franchement, quelles délurées se laisseraient ainsi aller, sans réfléchir aux conséquences que cela pourrait occasionner ? Bianca et elle visiblement. Et puis, la cerise sur le gâteau avait été, pour Olive, de découvrir le visage souillé de Tequila du jeune photographe.

Vraiment, qui traitait ainsi ses invités ? Néanmoins, le pire dans tout cela, c'était peut-être qu'il n'avait guère paru fâché, juste un peu cynique sur l'instant, mais Olive le comprenait parfaitement.

— J'ai pas réussi à trouver d'éclair à la vanille, scusi Liv', s'exclama Bianca, un croissant dans une main, un sac en papier de la pâtisserie Le nuage bleu dans l'autre. Du coup je t'ai ramenée ça, ajouta l'italienne en tendant ce dernier à son amie.

— 'rci..., grommela Olive Joly en attrapant le sachet de viennoiseries.

La rouquine l'ouvrit sans grande conviction, avant de découvrir un pain aux raisins on ne peut plus banal. De son côté, Bianca mordait dans son croissant, tout en s'asseyant lourdement sur les marches de la mairie. Il faisait beau à Montdesbois ce jour-là, le soleil resplendissait dans les cieux bleutés, baignant de son doux rayon lumineux la place du petit village provençal. Olive ferma les yeux, profitant de la chaleur caressant ses joues rougies : quoi de mieux que l'astre d'Apollon et qu'une excellente pâtisserie pour se remettre d'une soirée — un peu beaucoup trop — alcoolisée ?

— Tu penses que je devrais aller m'excuser ? débuta finalement Liv' entre deux bouchées.

Remarquant que Bianca ne semblait guère avoir saisi le sens de ses propos, la rouquine aux iris ambrées ajouta :

— Le garçon du café, tu penses que je devrais aller m'excuser de lui avoir recraché mon shot de Tequila au visage ?

— Si tu devrais ? Mais Liv', c'est même une obligation ! T'aimerais qu'on t'asperge le visage d'alcool et qu'on ne prenne même pas la peine de s'excuser après ? Allez, hop hop hop ! File le voir, Gaston Lagaffe ! répliqua la brune en se saisissant de l'avant-bras de son amie.

Un faible sourire se glissa sur les lèvres de la rouquine, alors qu'elle tendait sa viennoiserie à peine entamée à son amie. Olive délaissa les marches inconfortables de la mairie, se détacha de l'étreinte qu'exerçait Bianca sur son bras et prit finalement la direction du café le Tournesol Levant. L'établissement se trouvait en lisière de la place du village, non loin de la mercerie de Madame Tanchard, aussi Joly ne mit guère de temps avant de se retrouver sur le parvis de la porte.

Un panonceau en bois décoré de tournesols annonçait que le café était ouvert, aussi Olive ne se fit guère prier plus longtemps et poussa la porte avec précaution. Le tintement des clochettes annonçant l'arrivée d'un client retentit, et quelques têtes curieuses se redressèrent pour brièvement détailler la nouvelle venue. Liv' reconnut dans un coin Camille Rey et sa petite-amie, Luna Snapp et elle leur adressa poliment un petit signe de la tête, avant de se diriger vers le comptoir clair.

Le fils des propriétaires était là, derrière le bar : il s'activait avec hâte, concoctant café sur expresso, discutant brièvement avec les clients attablés au comptoir, ou encore jetant de temps en temps un coup d'œil à l'horloge murale. Lorsqu'il aperçut Liv', un léger sourire bienveillant s'esquissa sur ses lèvres pleines, et la rouquine prit ce signe comme une invitation à s'avancer. Alors Olive marcha jusqu'au bar, non sans hésitation et, alors qu'elle s'apprêtait à s'asseoir sur l'un des tabourets orangés, le jeune photographe surgit à ses côtés, la faisant sursauter.

— Désolé, s'excusa-t-il de sa voix chantante et Liv' lui pardonna immédiatement — après tout, comment pouvait-on résister à un tel timbre de voix ?

— C'est pas grave, bredouilla la rouquine en souriant prestement. Je suis venue m'excuser pour... Pour tu sais quoi...

Le jeune homme fronça les sourcils, l'air perdu, avant de pouffer. Ce fut au tour de la rouquine de paraître étonnée : ne lui en voulait-il donc pas de l'avoir arrosé de Tequila bon marché ? Ce garçon était vraiment un mystère : même Olive aurait été la première à se mettre en colère si Bianca lui avait crachée sa Vodka en plein visage — ce qu'elle avait malencontreusement tenté de faire, du moins, jusqu'à ce qu'elle ne trébuche sur une des tables en plastique du snack-bar.

— Tu veux bien qu'on en reparle plus tard ? Disons, ce soir ? Parce que comme tu peux le constater, les cafés liégeois ne vont pas se faire tout seul, renchérit le jeune homme aux boucles chocolats.

— Je... Et bien oui. Dix-neuf heure sur la place ? proposa la rouquine alors que le photographe en herbe retournait derrière le comptoir clair.

— Parfait, approuva-t-il en souriant.

Liv' lui rendit son sourire, puis, tournant les talons, la rousse s'enfuit sous le soleil de cette après-midi.

*

Penchée sur son smartphone à l'écran fissuré, ses longues mèches flamboyantes attachées en une queue de cheval basse, Olive Joly n'entendit point son invité arriver. Aussi, lorsqu'il fit apparition à ses côtés, Liv', surprise, manqua de peu de lâcher son téléphone, dans la fontaine circulaire de la place de Montdesbois. Elle se releva suite à cela et esquissa un bref salut de la main.

— Deux fois dans la même journée, ça commence à faire un peu beaucoup, ricana le jeune italien alors que la rousse glissait son téléphone dans sa poche de short.

— Je vais commencer à croire que tu le fais exprès, riposta Olive en croisant les orbes noisettes du fils des propriétaires du café.

— Loin de là mon intention.

Il y eut un blanc et Olive se tordit les doigts discrètement. À vrai dire, elle ne savait que dire au jeune homme, à part qu'elle était désolée pour la soirée d'anniversaire des Rey. Bien qu'ils fussent tous deux habitants de Montdesbois, Liv' ne connaissait que de vue l'adolescent : son nom lui était parfaitement inconnu et hier encore, elle ignorait parfaitement qu'il était italien ou d'origine italienne.

Le fils des gérants du Tournesol Levant ne fréquentait guère le lycée de Montdesbois, de même, il n'avait jamais réellement été scolarisé ici-bas.
Peu de personnes avaient eu vent de son prénom, et peu d'adolescents le connaissait véritablement.

Le jeune photographe en herbe était tel un mirage, un mystère souriant qui planerait au sein du café de ses parents. Il était connu mais à la fois méconnu de tous, c'était juste une figure de Montdesbois, sans que jamais il n'ait décidé de laisser sa trace au sein du village.

— Du coup, je m'excuse de t'avoir craché mon shot de Tequila à la figure hier soir, lâcha finalement Olive alors que les quelques commerce de la place fermaient leur porte. J'étais complètement à l'ouest et j'avais pas remarqué que tu étais là, je croyais que c'était ma pote, Bianca Antonelli.

— Recevoir de la Tequila en
plein visage ? Quoi de plus normal
dans une soirée bourrée d'adolescents aux hormones défaillants ? se moqua le jeune homme et Liv' eut la confirmation qu'il ne lui en voulait pas pour ce soir-là. J'avais oublié de sortir les poubelles du café, il faut croire que le karma m'a rattrapé !

Olive répondit que ça devait être à cause de cela et s'assit sur la vasque en pierre de la fontaine. Le brun la rejoignit quelques instants plus tard, hésitant. Le soleil déclinait au fil des minutes, teintant les cieux de sa lueur crépusculaire, et seul le clapotis de l'eau ainsi que les rires lointains venaient perturber cette atmosphère emplie de sérénité.

— J'adore les photos que tu fais et que tu exposes sur le mur du café, tu as du talent je trouve, débuta Liv' alors que ses jambes se balançaient paisiblement dans le vide. T'envisages de devenir photographe professionnel ou c'est juste un passe-temps ?

— Je suis content qu'elle te plaise, répondit le jeune italien. Et non, c'est juste quelque chose que je fais comme ça. Mon truc, c'est plus la musique.

— Ah bon ? demanda Olive, surprise. Et tu joues de quel instrument dans ce cas ?

— Aucun, rit-il en apercevant la confusion s'étendre sur le minois de la rouquine. Je sais, c'est peu commun : un mec passionné de musique mais qui est incapable de jouer "Au clair de la Lune" à la flûte à bec. Mais moi mon truc, c'est plus de découvrir des titres méconnus, d'explorer les bas-fonds de la musique des pays peu représentés. En ce moment, je me penche sur le rap allemand et j'adore ça ! Mon rêve, ce serait de devenir producteur de musique, expliqua le jeune homme, des étoiles pleins les yeux.

Joly l'observa pendant quelques instants, un large sourire étirant ses fines lèvres de rouge maquillées. Il semblait véritablement croire en ces rêves, à un tel point qu'il inspirait Olive à croire en eux, et ce, bien qu'ils soient bien loin des objectifs personnels de la lycéenne. Voir les iris du garçon briller ainsi, réchauffait le cœur de la rousse, qui se dit que finalement, il n'y avait rien de plus beau que cela.

— Et toi, c'est quoi ton rêve ? s'enquit-il en détournant le regard de l'horizon vallonné qui se dressait face à eux.

— Faire le tour du monde, explorer la forêt amazonienne, faire un road-trip le long de la route 66 aux États-Unis ou encore visiter le moindre temple grec présent en Grèce. Je rêve de mener une vie pleines d'expériences enrichissantes, de découvrir des cultures que jamais je n'aurais suspecté. Quand j'étais petite, je voulais devenir archéologue, mais je me suis bien vite rendue compte qu'il serait dur de vivre ainsi pendant toute une vie.

— Et maintenant, t'as une idée de ce que tu voudrais faire l'année prochaine ? relança le jeune photographe en shootant dans une pierre avec son pied.

— Je pense faire une école d'architecture, répondit Olive en rabattant une mèche derrière son oreille.

— Pour construire des mini-pyramides à Montdesbois ? proposa le brun en riant légèrement.

— Pour construire des mini-pyramides à Montdesbois, affirma la rousse en souriant avec complicité.

Le garçon du café rit suite à cette remarque et Olive ne tarda guère à le suivre, créant ainsi une symphonie peu ordonnée, maladroite mais non moins véritable. Les deux jeunes adolescents, bien qu'ils ne se soient jamais autant parlés auparavant, semblaient se connaître depuis toujours. C'était comme si toutes ces après-midi passées au café leur avaient permis de mutuellement s'étudier, de comprendre ce qu'il se déroulait dans la tête de l'autre et comment réagir en sa présence.

Les deux nouveaux amis continuèrent de discuter pendant encore de nombreuses minutes, abordant des sujets divers et variés, parlant de leurs centres d'intérêts. Et tandis que l'une voyait sa culture musicale enrichie, l'autre se voyait conter le mythe d'Orphée et d'Eurydice.

Rencontrer de nouvelles personnes était sans doute l'expérience la plus enrichissante qu'un être humain puisse expérimenter. Et alors que Liv' s'apprêtait à rentrer chez elle, le lycéen aux mèches vagabondes attrapa délicatement sa main.

— Elia, dit-il simplement.

Et ce simple substantif confirma à Olive qu'entre elle et le jeune homme, une amitié nouvelle venait de se tisser.

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Hey !
J'espère que vous allez
tous très bien !

J'espère que ce nouveau chapitre vous aura plu, n'hésitez pas à voter et à me faire part de votre avis en commentaire !

Ça y est, Olive et Elia ont enfin discuté ensembles plus de quelques secondes !

Comment trouvez-vous Elia ? Olive ? Leurs projets respectifs ?

Est-ce que cette nouvelle vous plaît jusque maintenant ?

Que pensez-vous qu'il va se passer dans le prochain chapitre ?

Le rythme de publication est-il bien selon vous ?

Et vous, vous voulez faire quoi plus tard ou qu'est-ce que vous faites comme études ?

Moi si tout va bien, je pars en PACES l'année prochaine et mon goal ultime c'est de vendre des médicaments hors de prix à des vieillards aigris mdrr
(#teampharmacienneendevenir).

Sinon, je serais curieuse de savoir si des personnes parmi vous écoute également du rap allemand, parce que bon, des fois je me sens un peu seule mdrr.

Bon, sur ce, je vous laisse !

Bonne journée / soirée !

Capu ton cygne ✶

2118 mots

musique :
Perfect Strangers — Jonas Blue