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Huitième chapitre.

Cette fille a connu toutes les grandes souffrances de la vie. Elle a perdu son père, a cru sa mère morte pendant des années avant d'apprendre qu'elle était vivante mais totalement absente. Elle a affronté plus de choses que je n'aurai été capable de supporter et elle trouve encore le moyen de s'émerveiller devant une salle de concert vide. Elle est encore capable de sourire et d'avoir les yeux qui brillent malgré tout son passé. Cette fille m'étonne chaque fois un peu plus, autant qu'elle me fait peur. Elle me fait peur, car son passé est trop lourd et que je semble trop m'y accrocher. Je n'ai pourtant pas le temps pour ça. J'aurai dû faire machine arrière il y a longtemps. Je n'aurai jamais dû aller la voir lors de cette soirée ennuyeuse. Et c'est justement l'ennui de cette soirée qui m'a poussé à aller la voir pour me divertir un peu. Je ne savais pas encore, à l'époque, que j'allais aborder une bombe à retardement.

Je lui ai expliqué que nous allons jouer dans cette salle demain soir et elle semble encore plus étonnée. Pourtant, une fois l'effet de surprise passé, je me rends compte que son sourire n'atteint plus ses yeux. Ses fantômes ne la quittent jamais très longtemps et finissent toujours par la rattraper. Son sourire disparaît lentement tandis qu'elle regarde toujours cette salle vide qui s'étend devant elle et j'aperçois enfin les cernes sous ses yeux. Elle semble épuisée. Autant moralement que physiquement.

- Tu vas bien ?

Question conne. J'excelle malheureusement dans ce domaine. Elle tourne son visage vers moi et semble examiner un moment le mien.

- Oui, répond-elle simplement.

Je devine que ce n'est pas vrai, mais qui suis-je pour lui réclamer le droit de connaître toutes ses peurs ? Ce n'est même pas censé m'intéresser... Je lui lance pourtant un regard désapprobateur pour lui faire comprendre que je ne suis pas dupe et elle se met à tordre nerveusement ses doigts en reportant son attention sur les sièges des gradins.

- Non, ajoute-t-elle enfin. Mais ça va.
- Ces mots ne vont pas ensemble.

Elle sourit faiblement tout en ne lâchant pas les gradins des yeux. Demain, ils seront remplis de fans hurlant nos chansons. Mais je ne m'en soucie pas, du moins pas encore. J'ai encore le temps avant de stresser. En attendant, j'ai en face de moi la fille la plus contradictoire au monde qui est toujours en train de triturer ses doigts. Elle ne me répond pas et je la regarde s'approcher du bord de la scène. L'espace de quelques secondes, je l'imagine tomber, mais elle se contente simplement de s'asseoir sur le bord de la scène, laissant ses jambes se balancer dans le vide. Je secoue la tête en me demandant dans quel pétrin je me suis fourré, mais m'approche tout de même d'elle pour prendre place à ses côtés.

- À quand remonte ta dernière vraie nuit de sommeil ?
- À plus de cinq ans, répond-elle en souriant doucement.
- Ah bah tu es là !

Je tourne la tête en reconnaissant la voix de Georg et le voit faire son apparition sur scène, vêtu d'un jogging et d'une veste trois fois trop grande pour lui. Kate le regarde à son tour tandis qu'il arrive à notre hauteur et vient s'asseoir à mes côtés.

- Salut, moi c'est Georg, se présente-t-il en lui tendant la main devant moi.
- Bassiste et accessoirement dieu vivant, répond Kate en souriant et en lui serrant la main.
- Ah ouais..., grimace le bassiste en se passant une main dans les cheveux. Désolé pour l'appel, on avait un peu trop bu.

Kate lui sourit de nouveau, amusée par la situation et je reporte mon attention sur Georg, qui n'est pas censé être ici.

- Qu'est-ce que tu fais là ?
- Je te cherche mec !
- À plus de minuit ?
- Ma télécommande n'avait plus de piles. Alors je suis allé dans ta chambre, qui est la plus proche, pour te prendre la tienne. Marc m'a ensuite appris que tu étais parti avec Hensel, que j'ai appelé. Il m'a dit que tu l'avais envoyé à Chasseleim et que tu étais ici.
- Tu es pire qu'une mère poule ! M'exclamais-je sans pouvoir m'empêcher de sourire.
- Mec, j'avais plus de télécommande.

Je sens, plus que je ne le vois, Kate sourire et je la comprends. Si Georg n'existait pas, il aurait fallu l'inventer. Georg n'a pas changé. Nous sommes dans un hôtel de luxe, et au lieu d'appeler le room service qui aurait pu lui fournir autant de piles qu'il le souhaitait, il vient dans ma chambre pour me voler la mienne.

- Je dérange, peut-être ? Demande-t-il avec un sourire en coin.
- Non. On allait justement retourner à l'hôtel.
- On ? S'étonne Kate tandis que je me relève.

Je pose mon regard sur elle et lui tends la main pour qu'elle se redresse à son tour. Elle se lève en fronçant les sourcils et j'aperçois Georg sourire.

- Je vous attends à la voiture, dit-il en faisant demi-tour, souriant toujours.

Kate le regarde partir puis reporte son attention sur moi, l'air contrarié.

- Tu as besoin de dormir.
- Je peux très bien le faire chez moi.
- La preuve que non, dis-je en passant mon pouce sous son œil droit, creusé par les cernes, tandis qu'elle fronce de nouveau les sourcils.

Je sens qu'elle est en train de capituler. Qu'elle est en train de penser que dormir dans un lit, qui vaut à lui seul une petite fortune, ne lui fera pas de mal. Et je sais que lorsqu'elle se met à avancer en direction de la sortie, c'est pour aller rejoindre Georg qui nous attend près de la voiture. Quand je les rejoins après avoir éteint les lumières, elle est en train de monter dans la voiture et Georg me laisse passer avant de monter à son tour, aux côtés de Hensel.

- Hé, Hens ! Depuis quand tu roules à cette allure alors qu'il n'y a personne sur la route ? Demande Georg après cinq minutes de trajet.

Hensel ne lui répond pas et il me jette un coup d'œil dans le rétroviseur tandis que, étant assis derrière le siège du bassiste, je lui tire une de ses mèches de cheveux.

- Hé ! S'exclame-t-il en se retournant. Qu'est-ce que t'as ?

Je lui lance un regard noir et après m'avoir regardé un moment, il se retourne, totalement perdu. Je me retiens de sourire et je sens le regard de Kate posé sur moi. Avant qu'il ne parte pour Chasseleim, j'ai demandé à Hensel de ne pas rouler trop vite, ayant remarqué que ça avait un certain impact sur Kate, même si je n'en connais pas la cause. Nous arrivons rapidement à l'hôtel qui n'est pas situé très loin de la salle et, en sortant de la voiture, Kate regarde le bâtiment en écarquillant les yeux. Vivant dans ce monde depuis plusieurs années, je ne prête plus attention aux endroits où nous allons, et je finis par trouver qu'ils se ressemblent tous. Mais en la voyant regarder l'hôtel de cette manière, je le regarde à mon tour et me dis qu'il ne doit pas être si banal que ça, finalement. Nous entrons, escortés par deux gardes et Kate continue de regarder autour d'elle, comme une enfant au beau milieu d'une fête foraine. Je reconnais que nous avons fait fort avec cet hôtel qui est l'un des plus luxueux d'Allemagne. Après avoir regardé le lustre immense qui se trouve dans le hall de l'hôtel, elle se rapproche de Georg qui marchait à ses côtés tandis que nous nous arrêtons pour attendre l'ascenseur.

- Dis..., entame-t-elle, c'est combien, la nuit, dans cet hôtel ?

Je souris en l'entendant poser sa question au bassiste et l'ascenseur arrive en même temps.

- Crois-moi, tu ne veux pas savoir, répond Georg en riant et en entrant dans l'ascenseur.

Kate sourit et n'insiste pas plus. Je la vois froncer les sourcils en regardant autour d'elle et elle se met à tordre ses doigts lorsque l'ascenseur commence son ascension. Nous arrivons rapidement au neuvième étage et Georg me suit dans ma chambre pour venir prendre ma télécommande.

- Tu étais à l'accueil, tu n'aurais pas pu demander des piles ?
- C'est pas comme si tu allais regarder la télé ce soir, répond Georg en prenant ma télécommande. Allez, bonne nuit, ajoute-t-il en m'adressant un clin d'œil avant de sortir.

Je souris en secouant la tête et me retourne pour faire face à Kate qui semble mal à l'aise. Cette fille est une boule de stress ambulante.

- Tu n'étais vraiment pas obligé..., commence-t-elle d'une voix mal assurée.
- Je sais. Mais maintenant que tu es là, profites-en pour dormir. Je vais me doucher, fais comme chez toi.

Elle acquiesce tandis que je me penche au-dessus de ma valise pour prendre des habits propres. Je laisse au passage un de mes maillots sur le lit et me dirige vers la salle de bains tandis que Kate regarde autour d'elle en examinant la chambre. Lorsque je reviens, un quart d'heure plus tard, je la trouve allongée sur le lit, ou plutôt, enroulée en boule, endormie. Mon tee-shirt n'est plus sur le lit et je constate qu'elle le porte. L'espace d'un instant, je me dis qu'elle ne porte que mon tee-shirt et imagine à quel point cet unique accoutrement doit bien lui aller. Je secoue la tête en me glissant à ses côtés, mais en la sachant et en la sentant là, si près, et vêtue ainsi, je n'arrive pas à m'endormir. Cette fille n'est pas une fille pour moi. Elle n'est pas le genre de filles avec qui je passe habituellement mes nuits. Elle n'est pas le genre de fille à qui tu dis « Je te rappelle » après une nuit, en sachant que tu n'en feras rien. Et pourtant, c'est déjà la troisième fois que je me retrouve avec dans cette situation. Trois fois de trop. Trois fois de plus. Je n'aurai jamais dû aller à cette foutue soirée mondaine.

Je me réveille le lendemain en sentant Kate bouger pour sortir du lit. À en juger par la lumière du jour, il doit être encore tôt. Bien trop tôt pour moi. Je la vois prendre ses vêtements qu'elle avait posés sur la commode avant de passer devant moi pour se diriger vers la salle de bains en essayant de faire le moins de bruit possible, croyant que je dors encore. Quand elle n'est plus dans la chambre, je me tourne sur le dos et grogne en voyant le réveil de son côté qui m'annonce qu'il n'est que 7 heures. Bien trop tôt pour moi, c'est ce que je disais.

- Je t'ai réveillé ?

Je tourne la tête pour voir Kate sortir de la salle de bains, une chaussette sur deux aux pieds. Elle a sûrement dû oublier la deuxième dans la chambre.

- Non, répondis-je simplement.

Elle hoche la tête et passe à nouveau près de moi, probablement à la recherche de sa chaussette. Sans y réfléchir, je tends le bras pour attraper le sien et elle pousse un petit cri de surprise tandis que je la tire contre le lit, où elle s'assoit, le plus au bord possible. Elle me regarde, étonnée, en haussant un sourcil comme Bill a souvent l'habitude de le faire.

- Tu vois, tu es un fantôme.

Un petit sourire apparaît furtivement sur ses lèvres, mais il disparaît aussi vite qu'il n'est arrivé.

- Je ne suis pas un fantôme.
- Ah oui ? Tu n'allais pas partir là ?
- Même si je le voulais, je n'aurais pas pu. Je n'ai pas ma voiture et à l'inverse de toi, pas de chauffeur personnel.
- Je vais t'en appeler un.

Elle hoche la tête en se levant tandis que je me penche pour attraper mon téléphone. En attendant qu'Alexander décroche, je la regarde faire le tour du lit pour trouver sa chaussette et elle la trouve lorsque je demande à Alexander de venir attendre devant l'hôtel. Je me lève ensuite et lorsque Kate remarque que je ne porte qu'un boxer, je la vois faire soudainement mine d'être très intéressée par ce qui se passe par la fenêtre.

Nous ne tardons pas à nous retrouver devant les portes de l'ascenseur, attendant que celui-ci arrive à notre étage. Comme souvent, Kate semble mal à l'aise et joue nerveusement avec une de ses mèches de cheveux. Les chiffres en haut de l'ascenseur indiquent qu'il se trouve trois étages en dessous de nous lorsque Kate se retourne pour me faire face.

- Je... Encore merci. Même si je ne comprends pas vraiment pourquoi tu fais ça. Mais merci.

Je souris devant sa maladresse et elle jette un coup d'œil en haut de l'ascenseur qui n'a plus qu'un étage à parcourir pour nous rejoindre et le tintement annonçant son arrivée ne tarde pas à résonner. Kate se tourne à nouveau vers moi et sans que je ne réagisse, je la vois s'approcher d'un pas vers moi avant de venir déposer un baiser délicat sur mes lèvres. C'est à peine un effleurement, c'est à peine si je sens ses lèvres, et alors que je voudrais mettre ma main dans ses cheveux pour l'attirer plus près, je la sens s'éloigner aussi rapidement qu'elle n'est venue et elle entre dans l'ascenseur en souriant.

- Bon concert, Tom Kaulitz, glisse-t-elle au moment où les portes se referment devant elle.

K A T E

En sortant de l'hôtel, je prends une grande inspiration. J'ai l'impression de ne plus savoir respirer quand tu es près de moi. Comme convenu, l'un de vos chauffeurs m'attend devant et le vent froid en ce début de matinée me pousse rapidement dans la voiture. Le chauffeur, Alexander, il me semble, est un homme typiquement Allemand. D'une trentaine d'années, blond aux yeux bleus, il arbore un visage souriant et bienveillant. Le ton de sa voix, grave mais douce à la fois, me fait penser à celle de mon père. Adrien Kurtz Hunderel. Mon père était un rayon de soleil, et je sais que je n'ai pas hérité de sa bonne humeur, aussi contagieuse puisse-t-elle avoir été. Mon père, malgré sa taille moyenne, était un passionné de basket depuis son enfance, d'où mes éternels maillots trop grands pour dormir. Je n'aime pas le sport, mais si ça avait été le cas, j'aurais certainement fait du basket. Je tiens ce manque d'attrait aux activités physiques de ma mère, qui préférait lire dans le jardin ou peindre dans son atelier qui se trouvait, et se trouve toujours, dans notre ancienne maison. Tout comme la bonne humeur de mon père, je n'ai pas hérité des talents artistiques de ma mère. Mais elle m'a tout de même transmis sa passion de la lecture et j'ai parfois l'impression que c'est le seul élément qui me rattache à elle.

Le trajet jusqu'à la maison me semble plus rapide que la veille et je ne tarde pas à me retrouver devant chez Henry. Bien entendu, je l'ai prévenu que je ne passerai pas la nuit à la maison en lui envoyant un message ; « Toujours vivante et en sécurité. », accompagné d'un cœur. Je lui envoie toujours un cœur à la fin de mes messages lorsque je sais qu'il se fait du souci pour moi. Bien sûr, son vieux téléphone ne lit pas mon cœur et Henry ne voit qu'un petit carré blanc, mais je lui ai déjà expliqué ce que ce petit carré signifiait. Lorsqu'Alexander se gare devant chez-moi après que je lui ai indiqué qu'elle était ma maison, je me rends compte qu'en plus du Pick-Up d'Henry, il y a la voiture de Noah. Je remercie ton chauffeur et lui souhaite une bonne journée avant de sortir de la voiture et de me rendre compte que j'essaye naïvement de ne pas penser à toi, pour ne justement pas penser à ce que j'ai eu l'audace de faire. La douceur de tes lèvres que j'ai à peine effleurées n'a pas quitté mon esprit et je secoue la tête en montant les trois marches de mon perron pour t'effacer, temporairement, de ma mémoire.

En ouvrant la porte, l'odeur du café matinal m'enveloppe tout entière. J'ai toujours aimé cette odeur, même si je n'ai jamais réussi à boire une tasse de café tant le goût est mauvais. Murphy vient m'accueillir en secouant la queue et je me baisse pour le caresser. Je retire mes chaussures lorsque la voix enthousiaste de Noah s'élève dans la cuisine et je souris en entendant le bougonnement d'Henry qui lui sert de réponse. Je sais qu'il s'inquiète à mon sujet. Je lui cause vraiment trop de soucis. Lorsque j'entre dans la cuisine, Henry lève les yeux et fronce les sourcils en me voyant. J'aperçois Noah qui est de dos et constate avec plaisir que Jack est également présent. Je m'approche d'eux en les saluant et plante un bisou sur la joue d'Henry avant de m'asseoir à ses côtés, en face de Jack.

- Dis, toi là. Tu n'avais pas dit que tu reviendrais me voir avant mon départ ?

Je me mords l'intérieur de la joue en entendant le reproche de mon ancien camarade de jeux, et je lui adresse un petit sourire d'excuse.

- Je sais, désolé... Quand pars-tu déjà ?
- Demain soir.

Je fronce les sourcils en entendant sa réponse et je m'en veux soudainement de ne pas avoir profité plus de sa présence. Ça fait déjà deux semaines qu'il est chez Noah ? Je suis tellement obnubilée par ma mère, et par toi avouons-le, que je ne vois pas le temps passer. Je n'ai même pas encore rattrapé ma semaine d'absence en cours.

- Oh ! Je ne pensai pas que tu partais déjà... As-tu prévu de repasser bientôt ?
- Oui, Jack revient dès cet été. Tout le mois d'août à vrai dire !

Le bonheur de Noah est palpable, et je suis moi-aussi soulagée d'apprendre que Jack ne va pas attendre que les années passent avant de revenir en Allemagne.

- Eh bien si tu viens tout un mois, je trouverai bien une petite heure à te consacrer, dis-je à Jack en souriant tandis qu'il m'adresse une grimace en retour.
- Bon, maintenant que la fugueuse est de retour, on va pouvoir aller pêcher ! S'exclama Noah en se levant tandis que je me mords la lèvre inférieure sous le regard lourd de reproche d'Henry.
- Y'aurait-il une place de plus pour la fugueuse ?

Jack sourit en comprenant qu'il ne sera plus le seul à s'ennuyer à cette partie de pêche et je monte rapidement dans ma chambre pour me changer. J'aperçois ta veste en fermant la porte derrière moi et le souvenir de ton visage m'apparaît soudainement. Qu'es-tu en train de faire en ce moment, Tom Kaulitz Trümper ?

Noah nous ayant invité à dîner chez eux, nous ne rentrons pas avant 22 heures. Cette journée m'a fait du bien et a eu le don d'éloigner mes soucis temporairement. Sous les encouragements moqueurs de Jack, j'ai réussi à attraper deux poissons, et je les ai rejetés à l'eau sous les regards désapprobateurs d'Henry et de Noah. Qu'ils tuent des poissons eux-mêmes ne me gêne aucunement, mais même après des années de pêche, je n'ai jamais réussi à en garder un. Ce que je préfère dans la pêche est le fait de les relâcher dans l'eau, au grand damne d'Henry. Je me change pour enfiler un maillot de basket bleu foncé, et me lance ensuite à la recherche de mon téléphone pour envoyer un message à Jade. Après avoir fait le tour de toutes les pièces de la maison, je reviens dans ma chambre, résignée. Mon téléphone reste introuvable. Je me rappelle soudain que je l'avais mis sous l'oreiller de ta chambre d'hôtel pour dormir. Il doit probablement encore s'y trouver... Je descends de nouveau en bas pour emprunter le téléphone d'Henry et remonte dans ma chambre tout en tapant ce message.

« Mon téléphone est resté sous l'oreiller. »

Je l'envoie à mon propre numéro, ne connaissant pas le tien. Je ne sais pas si tu le verras, ni même si tu as vu que mon téléphone était encore dans ta chambre. En m'allongeant, je me rappelle que tu dois jouer ton concert ce soir. Peut-être es-tu encore sur la scène, devant une foule en délire ? Je suppose que tu dois être très beau, ce soir. Comme tous les soirs. Comme chaque jour que Dieu fait. Je pose le téléphone d'Henry à mes côtés et me lance dans la lecture d'un roman que nous sommes en train d'étudier en cours, bien qu'il soit peu intéressant. J'ai déjà accumulé assez de retard ces derniers temps. Minuit était passé depuis un petit moment quand la sonnerie stridente du téléphone d'Henry me fit sursauter. Je pose le livre sur mon ventre et je prends le petit portable pour lire le message qui m'est adressé.

« Quelle belle excuse pour essayer de me revoir. »

Je souris en lisant tes mots et me dis que pour une personne qui était censée être éphémère, je te parle bien souvent.

« Tu lis mes messages. »
« Bien évidemment. »

Je n'ai pas le temps de te répondre que la sonnerie du téléphone d'Henry résonne à nouveau dans ma chambre. Il faut vraiment que je le mette en silencieux.

« Un chauffeur passera demain matin pour te rendre ton téléphone. »

Je sens une amère bourrasque de déception s'immiscer en moi, tel un venin destructeur. Je n'ai certes pas fait exprès de laisser mon téléphone dans ta chambre, mais durant un court instant, j'ai commencé naïvement à croire que tu serais celui qui viendrait me le rendre. Vraiment naïvement. J'éteins le portable d'Henry sans prendre la peine de te répondre et le pose sur ma table de nuit. Je me tourne ensuite sur le côté pour m'endormir, en essayant d'oublier à quel point j'ai pu être idiote l'espace de quelques minutes. Le lendemain matin, en rentrant de ma promenade avec Murphy, je vois une voiture noire aux vitres teintées passer près de moi avant de venir se garer devant ma maison. Les voisins vont commencer à croire qu'Henry monte un truc louche avec toutes ses voitures aux vitres teintées qui défilent ici...

Je laisse Murphy renifler un éternel brin d'herbe avant de m'avancer près de la voiture pour récupérer mon téléphone. Au même moment, la portière s'ouvre et je m'arrête net en te voyant sortir. Je n'ai peut-être pas été si idiote finalement. Je tire légèrement sur la laisse de Murphy qui avait profité de mon arrêt pour renifler un autre brin d'herbe et m'approche de toi. Murphy te remarque finalement et relève la tête pour te regarder. Je sens mon cœur s'emballer quand j'arrive à ta hauteur en repensant à ce que j'ai fait hier soir avant de partir et me mets à prier n'importe quel Dieu pour que tu ne m'en reparles pas.

- Te serais-tu converti en chauffeur ?
- J'ai préféré venir moi-même.

Ton sourire remplace le soleil qui refuse de se manifester aujourd'hui et je te regarde en haussant un sourcil.

- Pourquoi ?
- Nous partons.

Je ne suis pas étonnée par cette nouvelle, mais je ne me doute pas encore que les trois mots qui vont suivre vont me glacer le sang et me faire comprendre qu'effectivement, tu étais bien éphémère.

- Pendant six mois.

Je fronce les sourcils en étant tiraillée entre deux sentiments. D'un côté, je suis ravie de voir que tu as pris la peine de venir m'annoncer cette nouvelle toi-même, et même de voir que tu as ressenti le besoin de me l'annoncer alors que tu aurais tout aussi bien pu partir sans me prévenir. D'un autre, cette annonce me renvoie la réalité en pleine face. Je sais depuis le début que tu es éphémère, mais tu étais toujours là, dans l'ombre. Et aujourd'hui, tu pars Dieu sait où pendant six mois, tu auras tout le temps d'oublier que j'existe.

- Où allez-vous ?
- Aux Etats-Unis.
- Alors profite bien des Etats-Unis, dis-je en te souriant.
- Prends soin de toi, réponds-tu, sans un sourire pour ta part, avant de te retourner.

Je regrette de ne pas avoir eu droit à ton sourire une dernière fois et me rappelle soudainement que tu n'étais pas venue pour ça à la base.

- Tom.

Tu te retournes pour me regarder, une main posée sur ta portière de voiture. Murphy commence à s'impatienter à mes côtés et tire un peu plus fort sur sa laisse, mais je ne lui prête aucune attention, voulant profiter au maximum des dernières visions que j'ai de ton visage vermeil.

- Mon téléphone.

Tu souris et je sens mon cœur se réchauffer tandis que tu t'approches de nouveau de moi en sortant mon téléphone de ta poche. Je me surprends à l'envier d'avoir été aussi proche de toi, de ta peau, et je me mords l'intérieur de la joue pour chasser cette idée de mon esprit avant de relever les yeux sur ton visage sans m'attendre à ce qu'il soit aussi près du mien.

- J'oubliai quelque chose d'autre...

Je sers un peu plus fort la laisse de Murphy dans ma main. À cette distance, je peux voir avec précision chacun des traits de ton visage. Je peux contempler la ligne régulière de ton nez, tes yeux pénétrants et en regardant tes lèvres, je me souviens de la sensation que m'avait procuré ton piercing contre les miennes. Tu ne devrais pas exister Tom Kaulitz Trümper.

- Quoi ? Demandais-je enfin.

Tu souris de nouveau avant de venir poser l'une de tes mains sur ma joue tandis que je sens Murphy venir s'asseoir devant moi, comme s'il ne voulait pas que tu approches trop près. J'oublie totalement mon labrador quand tu viens, à ton tour, poser tes lèvres sur les miennes en un baiser un peu plus prononcé que celui de la veille. J'ai à peine le temps de réaliser ce que tu fais que tu y mets déjà fin avant de me regarder de tes yeux rieurs.

- Maintenant, nous sommes quittes, annonces-tu en me tendant mon téléphone.

Je souris, les joues probablement rouges tomate avant de prendre mon portable d'une main tremblante.

- Nous sommes quittes, répétais-je.

Je m'accroche une dernière fois à ton visage comme au seul vestige du bonheur enfui et je te regarde finalement te retourner pour monter dans ta voiture aux vitres teintées.

Tu es éphémère, Tom Kaulitz. Et aujourd'hui est le jour où tu disparais.

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