- Chapitre 8 -
Dimanche 27 Septembre :
Ma course de dératée en intriguait plus d'un en route. Certains passants devaient sûrement se demander si je n'étais pas poursuivie par un serial killer, ce qui était loin d'être le cas. Mon impatience était montée à son paroxysme à force de voir la distance entre lui et moi se réduire.
Je devais enfin le retrouver après autant de temps passé loin de mon meilleur ami. Avec ses études et son nouveau travail à temps partiel, Monsieur ne savait plus où donner de la tête. Il me trouvait une place dans son planning que la nuit, quand lui venait de terminer son job d'étudiant et moi lorsque Morphée refusait ma place dans ses bras.
En face du portail grisâtre qui me barrait la route, je tapai le code avant d'entrer dans la résidence. Puis dans les escaliers, je maudis l'ascenseur en panne et le maudis lui de loger au sixième étage de son immeuble.
À bout de ses interminables marches, je repris mon souffle et tambourinai à sa porte, lui jurant que s'il n'ouvrait pas dans la seconde qui suivait, il allait se retrouver pendu dans sa chambre. Il actionna le déverrouillage de sa porte - à mon plus grand bonheur - et je me jetai dans les bras de Zeref.
- Guten Tag, Mistinguett !
- Zeref, Zeref, Zeref... combien de fois vais-je devoir te rappeler que je ne comprends pas ta langue démoniaque ?
- T'inquiète, Luciole. Je te ferai rentrer dans ma secte un jour, tu verras.
Il m'ébouriffa les cheveux et me laissa entrer dans son petit appartement, encore peu décoré après un an d'habitation.
Il se trouvait que Zeref n'était pas du genre matérialiste et se contentait simplement du nécessaire, ce qui était un plus dans sa vie d'étudiant.
- Tu veux boire quelque chose ? Me demanda-t-il, connaissant pourtant bien ma réponse.
Je tournai ma tête dans sa direction et considérai sa futile question.
- Tu crois vraiment que j'ai fait tout ce chemin pour ne pas m'enfiler une bouteille familiale d'Ice Tea ?
Zeref pouffa à mon implicite réponse et se rendit à sa minuscule cuisine, se trouvant dans la même pièce que le salon.
- Ah, et fais pas gaffe mais y'a mon frère qui passe la semaine ici.
- Ah oui ? Il est où ? Vu le nombre de pièces ici, il doit pas être bien loin. Me moquai-je.
- Il doit être entrain de caguer au chiotte. Comme toujours de toute façon...
Un rire m'échappa à sa remarque et je me levai de son petit sofa gris. Je passai en revue sa pièce à vivre et constatai qu'il avait rajouté des photos de lui et de sa famille néanmoins, seule une me perturba.
Mes sourcils se froncèrent et j'attrapai le cadre photo de mes mains. À ses côtés, un petit garçonnet aux cheveux étrangement roses.
- Zeref ? L'interpellai-je.
- Ouep ? Me répondit ce dernier, sortant sa tête du réfrigérateur.
- Tu peux me rappeler comment s'appelle ton frère déjà ?
- Natsu, mais j'l'appelle Nat'.
- Nan, tu déconnes là ?
Zeref secoua sa tête de droite à gauche, en signe de négation.
- Qu'est-ce que tu fous là !? S'enquit de demander un nouvel arrivant, ce qui eut pour effet de me faire sursauter.
- Ah bah tiens, en parlant de la grand-mère.
- De la grand-mère ? Répétîmes Natsu et moi en chœur.
- Bah Nat' ressemble plus à une vieille qu'à un loup du coup, j'vais pas dire " tiens, en parlant du loup ".
- Ta logique m'exaspère, Zel'... Soupirai-je.
- Attends, attends... reprit le rosé, t'es entrain de me dire que " Mister Zel' "... c'est mon frère ?!
- Faut croire que c'est le cas, oui. Dis-je en haussant les épaules.
- Vous vous connaissez, vous deux ?
Le rosé et moi-même hochâmes la tête en simultané, nous lançant un bref regard par la même occasion. Zeref haussa des épaules et me kidnappa sans scrupule, la bouteille d'Ice Tea dans sa seconde main.
Dans sa chambre, je me frappai le front tandis qu'un soupir m'échappa quand je fis face à l'état déplorable de son repère.
Les volets fermés, ne laissant qu'une faible lumière filtrer de l'extérieur, et les murs, peints en bleu nuit, assombrissaient cette pièce qui empestait le renfermé. Seule une pauvre petite plante verte, dissimulée derrière sa corbeille à linge remplie, donnait de la vie à cette chambre où les vêtements et jeux vidéos jonchaient le sol.
- Tu aurais pu ranger ta chambre, nan ? Soufflai-je, en ouvrant les deux fenêtres de sa chambre.
- Déso', Lulu mais j'avais pas le temps ! Baratina mon ami.
- Ouais, ouais, c'est ça... À d'autres, Zel'.
Je tentai de me faire une place sur son lit en bataille et laissai Zeref s'exprimer sur la dureté de la prépa. Soupirements, gémissements plaintifs, fausses larmichettes pour son petit jeu théâtral... tout y était pour qu'il me fasse comprendre son supplice permanent.
- J'te jure ! C'est ma dernière année en prépa et je suis mort... Je ne sais même pas quoi choisir comme école...
- Bah attends, on va voir ça. Dis-je en prenant son ordinateur portable en main.
Je tapai des mots clés dans la barre de recherche et cliquai sur le premier lien mais Zeref referma l'ordinateur.
- Ah non ! Je ne veux plus entendre parler de ce démon !
Je me ravisai à l'aider et levai les mains en l'air en signe de résignation.
Je m'allongeai sur son lit et dégageai de ma tête une barre céréale bio. Je poussai un soupir et fixai le plafond.
- Pouah... J'ai tellement pas envie de me prendre la tête avec ça... Trop de stress pour un avenir qui n'est même pas assuré.
- Ne pense pas comme ça ou tu vas chuter de très haut. Reste motivée et garde en tête que l'envie de réussir peut t'amener au succès.
- Mouais... il n'empêche que j'ai la flemme de faire Bac +5 pour obtenir un job hein.
- Alors va travailler chez Mcdo. Comme ça, tu voleras des cheeseburgers pour ton meilleur ami chéri.
Je ris à son idée et lui balançai un coussin en pleine figure.
- Alors ça, tu peux toujours courir ! Je ne partage pas ma bouffe moi. T'es bizarre toi.
- Quelle égoïste... moi je t'aurais donné ma vie et toi, même pas capable de passer une nugget !
- Alors déjà... ne compare pas l'incomparable. Ensuite, c'est UN nugget, imbécile.
- Dis pas n'importe quoi ! C'est comme si tu disais un neurone au lieu d'une neurone...
- Mais parce que c'est UN neurone ! Essayai-je d'expliquer.
- Ça a pas de sens !
- C'EST TA VIE QUI A PAS DE SENS.
- OUAIS BAH CHUT D'ABORD.
Sa voix, qui avait déraillé, me fit perdre mon sérieux et j'éclatai soudainement de rire, vite rejointe par Zeref.
Mon ami continua de me raconter les péripéties de sa vie tandis que je lui offrais toute mon attention. Je l'observais déblatérer tout en engloutissant le dernier paquet d'oréo.
Notre rencontre s'était passée sur le forum Doctissimo, à mes quatorze ans tandis qu'il en avait dix-sept. Je venais pour un mal de gorge intense qui m'empêchait d'avaler quoique ce soit et un certain " Zelito " m'avait prédite que j'allais mourir du " Pestilomorré ", une maladie extrêmement rare qu'on attraperait après avoir ingurgité de la semence masculine et qui n'aurait aucun remède miracle.
Mon regard s'était perdu et je restai à fixer le plafond sans bouger.
- Ok... maintenant, raconte moi tout, Tchoupi. Me demanda Zeref.
- Tchoupi c'est un bâtard.
- Mais... bon, je préfère me taire. Se ravisa-t-il. Du coup ? Il se passe quoi ?
- Il se passe que Grey est de retour.
Il bondit hors de son lit et me scruta, l'air incrédule.
- Pardon ? Grey est... quoi ?!
- Il est revenu... pour tout arranger apparemment.
À force de serrer des poings, la marque de ses veines s'était dessinée. Il serrait à s'en faire blanchir les phalanges et ses traits s'étaient faits durs.
- J'vais enculer la grand-mère de ses morts à ce mec... Jura Zeref.
J'éclatai de rire face à ses propos improbables tandis qu'il me toisait du regard, interloqué.
- Ce n'est pas drôle, Lucy.
- Alors ne dis pas ce genre de conneries ! M'esclaffai-je, entre deux rires. Mais bon, honnêtement... ouais, ça m'a foutue une bonne claque.
Il laissa son regard planté sur moi avant qu'un soupir ne lui échappe. Zeref me rejoignit sur son lit, s'allongeant dessus. Il tourna la tête dans ma direction et laissa un temps de silence à notre conversation.
- Ça va toi ? Me demanda-t-il. Tu tiens le coup ?
Je soufflai un bon coup et lançai un regard à mon meilleur ami qui attendait une réponse sincère. Ma main, posée sur mon ventre, mouvait de manière à créer des formes circulaires dessus.
- Mmh... pas vraiment. Au début, ça a été le plus dur puis... rooh je sais pas en fait. Je me porte bien quand je suis loin de lui mais quand il est là... je... hum.
- Tu te sens irrésistiblement attirée par lui mais ta raison te gueule de rien faire de merdique ? Termina Zeref, incertain.
Je tournai mon regard dans sa direction et le considérai un instant.
Ses conseils m'étaient toujours d'une précieuse aide car seul lui arrivait à me cerner dans le voile de mes multiples mensonges. Il n'avait jamais peur de me dire ce qui clochait et me faisait constamment part de son opinion que je prenais toujours en compte.
D'un hochement de tête, je lui donnai raison et Zeref me proposa le réconfort de ses bras. Je me réfugiai dedans, me posant sur lui.
- Il voulait vraiment qu'on mette les choses au clair entre nous... marmonnai-je. Je... enfin il... Grey est persistant. Je crois qu'il... qu'il est sincère. Je le ressens. Et justement, ça me fait peur...
- Peur ? Tu as peur de te laisser piéger par tes sentiments ? Parce que tu ne me la feras pas à moi. Tu l'aimes encore.
Je soupirai, la tête enfouie dans son torse tandis que Zeref caressait mon dos.
- Tu vas le laisser voir Tom ? Me demanda-t-il.
- Je ne peux pas faire autrement... S'il veut vraiment endosser son rôle de père, il fera tout pour avoir au moins la garde alternée. Alors je préfère accepter de moi-même avant de me retrouver inutilement au tribunal...
Zeref me laissa dans le silence, ne répliquant rien. Je tripotai alors nerveusement mon bracelet.
- J-j'ai mal fait ? Balbutiai-je, appréhendant sa réponse.
- Absolument pas, Luciole... C'est son père. Que tu le veuilles ou non, tu aurais été obligée d'accepter qu'il lui rende visite. Alors c'est simplement très courageux et juste de ta part de l'autoriser de toi-même. Et puis même, c'est ton choix. Personne ne doit faire entrave à tes décisions, Blondinette.
J'esquissai un faible sourire, l'observant longuement, une lueur de gratitude dans mon regard.
- Qu'est-ce que je ferai sans toi...
- Tu serais une bonne grosse merde. Répondit Zeref, moqueur.
Je sautai hors de son lit et jetai une manette à mon meilleur ami, le confrontant à un duel sur la Wii.
Le score était serré et face à mes tentatives de déstabilisation, Zeref restait concentré sur son jeu.
- Sinon avec Natsu, tu le connais d'où ? Me questionna-t-il, après avoir tenté de m'asséner un coup dans l'abdomen.
- Il est dans ma classe, débutai-je, en parant son attaque dans un match de boxe, et on a partagé la même chambre à l'excursion.
- Et vous vous entendez bien ?
- Comment ça " entendre " ? M'enquis-je de demander, interloquée mais toujours concentrée sur le match qui se déroulait.
- Bah juste... vous êtes potes ou vous vous fréquentez pas ?
- Euh... bah je sais pas trop.
- Tu sais pas trop ? Mais- T'es cheloue toi.
- Nan mais c'est juste qu'on se parle vite fait, mais j'ai pas l'impression qu'on est fait pour être potes.
- Pourquoi ? Demanda Zeref alors qu'il venait de me sauter dessus, virtuellement parlant.
- Il est pas vraiment le style de gars que j'aime côtoyer. J'ai l'impression qu'il garde en lui trop de choses négatives et ça m'énerve de ne pas arriver à le cerner. Il est trop mystérieux pour moi. Avouai-je tandis que je tentais de lui donner un coup dans la mâchoire, qu'il esquiva.
- Tu sais, Lucy... Mon frère peut parfois sembler bizarre et énigmatique mais il a un bon fond. Zeref m'attaqua par surprise et remporta donc le duel. Il ôta sa manette de jeu de son poignet et planta ses yeux dans les miens. Ne crois pas qu'il est indéchiffrable. Je suis sûr que tu pourrais vraiment l'apprécier si tu t'en donnais les moyens.
Je me laissai un temps de réflexion, perplexe face aux propos de mon ami, et hochai simplement la tête.
Depuis mon arrivée, un peu plus de trois heures s'étaient écoulées. Une envie irrépressible d'uriner m'attaqua soudainement la vessie alors, j'avertis mon ami de mon absence tandis qu'il fouillait frénétiquement dans son capharnaüm.
Dans le couloir, je tournai à droite et entrai dans la petite salle de bain de l'appartement.
- Il aurait quand même pu prendre un appart' avec des toilettes séparées... Râlai-je.
Ma petite affaire terminée, je pris l'initiative de chaparder un peu de mon précieux Ice Tea, étant à sa place habituelle : le réfrigérateur.
Je passai donc dans le séjour, rencontrant Natsu entrain de traîner sur son téléphone. Ses yeux croisèrent aussitôt les miens tandis que je restais figée devant lui. Les mots de Zeref me revinrent en tête et j'analysai l'individu qui se trouvait allongé sur le canapé gris.
- T'as un problème ? Débuta alors le rosé, m'extirpant subitement de mes pensées.
- A-ah euh bah... bah non. Je voulais juste... nan rien en fait.
- T'es sûre ?
Alors que j'étais entrain de rebrousser chemin, je lui jetai un coup d'œil par-dessus mon épaule avant de faire face à Natsu.
- Je peux m'asseoir ? Lui demandai-je.
Le rosé se releva et m'indiqua le place qui venait de se libérer. Je me posai, en tailleur, à ses côtés et l'observai longuement, devant son air intrigué.
- Euh... y'a qu'une chambre ici. Tu dors dans le même lit que ton frère ?
Face à ma question, les traits de Natsu se détendirent et un rire lui échappa.
- T'es malade ? Avec lui ? Il ronfle comme un gros porc et se colle à moi pendant la nuit. Comme si j'étais sa meuf. Il est vraiment en manque, le pauvre gars...
Sa dernière phrase, dès plus inattendue, me provoqua un rire. Un rire qui offrit un sourire au faciès de Natsu.
- Mais du coup, tu dors sur ce canapé ?
- Faut croire que j'ai pas d'autres choix. Répondit-il en haussant les épaules.
- Tu es proche de ton frère ?
- C'est pas parce qu'il est chiant et qu'il me vole mes affaires que je ne l'aime pas hein. C'est normal qu'il compte pour moi.
Je concédai à un léger sourire tandis que l'image de mon frère se formait dans mon esprit.
- Je peux comprendre.
- Toi t'as un frère jumeau. C'est pas vraiment la même.
- Bah... on a toujours tout fait ensemble donc... la complicité est sûrement plus intense, j'en sais rien. Mais c'est sûr que j'ai toujours besoin d'avoir un moment rien qu'avec lui... C'est mon réconfort dans les mauvais jours.
- Il n'y a même pas à demander pour toi. Tu l'aimes.
Je lui lançai un regard et tentai de sonder ses pensées, en vain. Il restait impénétrable. L'inverse de moi où chaque émotion était facilement perçue au grand jour.
Je repris place dans la chambre de Zeref, m'adossant à sa porte. Perdue dans mes pensées, je ne remarquais pas le sourire qui restait plaqué sur mes lèvres, au contraire de mon ami.
- Bah alors, t'en as mis du temps. T'es restée coincée dans les chiottes ? Ou t'as juste blablaté avec un certain gars aux cheveux rose ?
Je ne pris même pas sa question en compte et m'allongeai sur son lit.
À dix neuf heures passées, je quittai enfin l'appartement de Zeref. Pour ses études, mon meilleur ami avait déménagé en métropole tandis que nous vivions dans les villes alentours. Alors, je devais prendre maints transports pour retrouver mon chez moi.
Au quatrième étage, je perçus mon prénom résonné dans la cage d'escalier. Natsu dévalait les marches de deux en deux jusqu'à se retrouver à ma hauteur. Je le considérai un instant, interloquée.
- Qu'est-ce que t'as ? M'enquis-je de demander.
- Ça te dit que je te raccompagne chez toi ?
Je restai stupéfiée par sa proposition des plus inattendues, mes yeux le dévisageant avec insistance. Je tentai de reprendre contenance, analysant la situation, un sourcil arqué.
- Tu vas pas faire tout ce chemin pour rien quand même. T'es fou !
- Pourquoi pas ? Là, c'est l'heure de pointe et tu vois, j'ai pas très envie qu'il t'arrive quelque chose alors que j'aurais pu l'empêcher.
- Mais tu te rends que le temps que le temps que tu fasses l'aller-retour, il sera vingt et une heures passées ? Et puis, je suis grande hein. J'ai pas vraiment besoin d'un garde du corps pour me protéger. Mais merci quand même...
Un silence suivit mon remerciement. Nous nous scrutions dans le blanc des yeux sans que la lassitude ne pointe le bout de son nez. Je savais que le temps coninuait de s'écouler pourtant, aucun de nous deux n'osait dire un mot.
Lorsque nous nous échangions un quelconque regard, j'avais l'impression de rester figée dans le temps. Je gardais la même fascination que la première fois où mes yeux se sont posés sur les siens. Leur couleur arrivait à m'hypnotiser sans que je ne puisse comprendre. C'était inexplicable. Son regard semblait me dénuder, et je le laissais faire.
Ce fut Natsu qui mit fin à cet intense contact visuel. La lucidité me reprit soudainement, me gardant toute fois troublée. Je me râclai la gorge et détournai brièvement le regard.
- Ça te dit de boire un truc ? Me proposa-t-il subitement.
- Attends... quoi ?
- Il y a un Starbucks pas loin. Ça vaut le coup, surtout que tu vas rentrer tard chez toi. Une bonne boisson chaude te remontera sûrement le moral avant de rester une heure dans les transports.
D'un cillement d'yeux, je restai une nouvelle fois perplexe face à son offre. Je vérifiai l'heure sur mon cellulaire et une grimace tira les traits de mon visage.
- Je ne peux pas... Il est déjà tard et je dois m'occuper de Tom... et puis, je dois encore travailler un peu et me laver.
- T'occuper de Tom ? Ta famille ne peut pas le faire à ta place ?
- A-ah euh... mon père joue du saxophone dans un club le dimanche soir et ma mère travaille jusque tard.
- Même le dimanche ?
- Elle est chirurgienne.
- Oh je vois... mais ne t'en fais pas. C'est juste le temps de prendre un p'tit truc et je te raccompagne aussitôt à la gare.
En moi, je me battais rudement contre mes démons qui me murmuraient d'accepter. Je soufflai et lui jetai un rapide coup d'œil avant de concéder à un petit sourire, hochant la tête.
Sur la route, pour une raison que j'ignorais, je me sentais anormalement gênée et n'osais pas poser mes yeux sur lui tandis qu'il marchait à mes côtés, les mains dans les poches. Le regard de certains passants nous dévisageait sans que je ne puisse comprendre la raison avant que l'air impassible de Natsu ne me fasse tilter.
- Natsu ? Ça t'arrive souvent qu'on te regarde comme...
- Une bête de foire ? Termina-t-il.
- Hum... ouais.
- Ouep, mais avec le temps, j'ai appris à ne plus y prêter grande importance.
- Ah ? Tant mieux alors... mais c'est quand même bête. Ce ne sont que des cheveux après tout.
- Exact. Ils sont cons, que veux-tu ? S'ils n'ont jamais vu ça, c'est pas mon problème. Moi, je me considère comme unique.
- Unique ? Ahah, je me demande, moi, en quoi j'suis unique. Marmonnai-je dans ma barbe, les yeux fixant le sol.
Natsu me jeta furtivement un regard en coin et soupira.
- Tu sais... si tu veux, je pourrais y répondre quand j'apprendrai à te connaître parce que là... t'es une fille des plus banales pour moi.
Sa remarque provoqua l'effet inverse imaginé. Elle me fit du baume au cœur, au contraire de me blesser. Je paraissais normale pour lui, et cette idée éveilla en moi un bien-être qui me ravissait. Je n'étais plus une folle, une imprudente, une salope ou juste une personne étrange. J'étais normale à ses yeux. Je me sentais bien avec Natsu. Vraiment bien.
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