- Chapitre 13 -
Dimanche 3 Octobre :
Ce matin, je m'étais forcée à m'extirper du sommeil tôt pour rattraper tout mon temps de travail d'hier. Je révisais, récitais, rédigeais, me confectionnais des fiches de révisions et me concentrais tout le long de la matinée à m'en faire surchauffer mon cerveau.
Je préférais mettre le français, la physique et les langues de côté pour me concentrer sur les maths, l'histoire-géo et les sciences. Il me restait plus qu'une dissertation en géographie à achever avant de me centraliser sur les calculs mathématiques.
Je m'étais volontairement enfermée dans ma chambre pour que Tom ne puisse pas me déranger mais ce dernier ne l'entendait pas de cette oreille. Après cinq heures de travail, les douze coups de midi retentirent au bout de ma montre au moment où le petit blondinet tambourinna à la porte, hurlant sa maman.
- Tom, je travaille ! Va jouer avec tonton !
- Maieuh !! Mamaaaan !! Râla-t-il de plus en plus fort.
Je me massai les tempes, inspirant profondément. Je déposai mon stylo et m'étirai un instant. Un instant que mon fils trouvait apparemment trop long puisqu'il frappa à coup de pied la porte.
Contrariée, je me levai de ma chaise et ouvris la porte. Mes poings se placèrent de part et d'autre de mes hanches, fixant le fameux perturbateur d'un œil mauvais. Tom n'y prêta pas attention, enlaçant mes jambes, vu sa petite taille.
Je le dégageai et m'accroupis pour être à sa hauteur. Tom m'observait de ses immenses yeux sombres.
- Stop. Tu te calmes, Tom. Je t'ai dit que je travaille, comprends le. Tonton, lui, ne fait rien de ses journées alors reste avec lui.
- Mais c'est toi que moi veux...
Je soufflai et inspirai de nouveau. Je portai une nouvelle fois mes yeux dans les siens et esquissai un sourire de résignation, caressant de mes doigts sa douce joue. Je le posai sur mon lit et me rendis à mon bureau.
Terminant enfin mes devoirs de maths, je continuai dans ma lancée avec ma dernière matière : la svt.
Je quittai ma chambre, suivie de près par mon fils, et me rendis dans la cuisine où mon frère cuisinait un fondant au chocolat.
J'enfonçai mon doigt dans le recette chocolatée et le léchai goulûment. Sting me frappa avec le fouet sale et je lui crachai une injure.
- Pas touche, sale chiotte périmée ! S'exclama-t-il.
Je lui dressai mon majeur et me dirgeai dans le salon. Tom me rejoignit après avoir réussi à voler un carré de chocolat. Je lui basai la joue et le remerciai avant d'avaler d'une traite la sucrerie.
Vêtue d'un vieux jogging, qui commençait à rapetissir avec le temps, et d'un t-shirt ample aux longues manches, je fourrai mes écouteurs dans mes oreilles, fermant la porte d'entrée derrière moi.
Je trottai le long de le ville, en large et en travers. Je passai par le parc et traversai le pont.
Je contrôlais ma respiration en inspirant par le nez et en expirant par la bouche. Toutes les quinze minutes, je m'arrêtais et me posais sur un banc pour m'hydrater.
Avant d'y retourner, je m'étirai à en entendre craquer mes os. Je me détachai les cheveux et courus jusqu'à chez moi.
Toute ma vie était organisée. J'alternais entre mes tâches imposées et mes activités personnelles. Je prenais du temps pour en découvrir de nouvelles.
Le sport m'aidait à supporter les mauvais jours, me défoulait dès que le besoin se faisait ressentir et me libérait de mes obligations pour au moins une bonne heure.
Je m'étais aussi mise au violon il y a de cela un an. Un instrument que je trouvais puissant mais qui gardait une douceur unique. La sensation qui me submergeait quand je jouais me remplissait de bonnes ondes qui me calmaient instantanément.
J'avais littéralement trouvé ce qui me tenait en forme tout en enfouissant mes problèmes dans un coffre. Et j'avais trouvé ce que j'aimais au moment où j'avais voulu me reprendre en main. Ces activités me suffisaient largement pour aller mieux.
La journée passée à courir après Tom et à m'occuper de mes affaires personnelles fut clôturée par la venue de la nuit, la lune, étincelant dans toute sa splendeur. Mon père nous emmena dîner au restaurant de la ville, à mon plus grand plaisir.
Installés, ma mère faisait part de son avis positif sur la décoration du restaurant à mon père tandis que j'expliquais à mon fils qu'aucun caprice ne sera autorisé. Sting, lui, reluquait une serveuse qui lui avait tapé dans l'œil.
À cette vision, je ricanai face à son comportement.
- Tu viens de voir Vénus en personne ?
- Pire. La foudre de Zeus m'a frappé de plein fouet. Me rectifia-t-il sans quitter sa fauteuse de trouble des yeux.
Je sourcillai, étonnée de le voir avec cet air médusé plaqué sur son visage. Il ne la quittait pas du regard et la jeune serveuse le remarqua. Un petit sourire timide étira ses lèvres tandis que la serveuse rabattit une mèche violette derrière son oreille.
- Elle est magnifique... Souffla mon frère, charmé.
Je prêtai plus attention à sa voleuse de cœur et détaillai minutieusement son apparence.
Ses longs cheveux ondulés d'un doux violet, rattachés à l'aide d'un élastique, lui donnaient un charme époustouflant. Sa pâle peau paraissait si délicate à l'oeil et son regard, peint dans un orange irisé, la rendait d'autant plus unique. Une lueur pétillait dans ses yeux de feu qui envoûtaient sans difficulté mon frère, et ses traits fins lui apportaient d'autant plus de féminité.
Sa tendresse et son semblant d'innocence me rappelait la douceur et la bienveillance de Juvia. Un constat qui réussit à me voler un sourire. Elle émanait une aura qui se rapprochait de celle de ma bleutée d'amie.
Durant tout le long de mon observation, Sting n'avait dévié son regard, comme hypnotisé. J'émis un léger rire face à son ahurissement exagéré.
Un sourire béat se dessina sur ses lèvres avant que son regard ne s'assombrisse. Mon frère se frappa la tête contre la table, provoquant un sursaut de terreur à ma mère.
- Sting ! S'exclama-t-elle, coupée dans sa conversation avec mon père.
Tom éclata de rire alors que mon frère poussa un gémissement.
- Je ne l'aurais jamais... Se plaignit le blond, désespéré.
Mes parents me lancèrent un regard, confus, et je haussai simplement les épaules en signe de réponse.
Je me penchai vers Sting et il releva légèrement la tête pour poser ses yeux sur moi.
- Pourquoi tu dis ça ? Lui demandai-je, intriguée.
- Tu l'as vu ? Tu m'as vu ? C'est même plus un faussé qui nous sépare à ce moment là, c'est tout un univers...
- Si tu pars défaitiste, c'est sûr que tout est foutu.
- J'préfère broyer du noir dès maintenant que de faire tous les efforts possibles et inimaginables sur Terre pour, à la fin, me faire remballer et finir par me morfondre sur mon sort. Râla-t-il, sûr de ce qu'il avance.
- Je t'ai connu plus optimiste que ça dis donc. Et puis, tant mieux si vous êtes différents. Tu vas pas te marier avec ton clône aussi. J'imagine même pas ce que ça donnerait au lit. Me moquai-je. Comme on dit : les contraires s'attirent. J'me trompe ?
Sting m'observa longuement, l'air penaud avant qu'il n'esquisse un sourire.
- Me faire conseiller en amour par une fille qui n'y croit même plus... si ça c'est pas ironique.
- Déjà, je suis pas n'importe quelle fille mais ta sœur préférée de tous les temps ! Le corrigeai-je.
Mon frère me sourit et se redressa sur sa chaise. Il attrapa ma main que le blond serra dans la sienne.
- Merci mais, vraiment, je ne sais pas comment faire pour aller lui parler. Et puis, quoi lui dire franchement ?
- Sting ?
- Oui ?
- Ta gueule.
- Oui.
Je poussai un soupir d'exaspération. Je lui pinçai la cuisse et il poussa un petit cri. Je roulai des yeux.
- Écoute, Stingou... ce que tu vas faire, c'est simple. Tu vas prendre tes putains de couilles à deux mains puis tu vas la voir. Tu t'excuses de la déranger à son travail, t'expliques que t'es avec ta famille mais qu'elle t'a tapé dans l'œil et tu lui demandes si elle travaille demain.
Il me scruta, perplexe, avant d'éclater de rire à s'en plier en deux, sous mon regard excédé. Je soufflai et me repris en lui pinçant une seconde fois la cuisse.
- Écoute moi bien, petit couillon de mes deux... Tu vas faire ce que je t'ai dit, point. Déjà que je te mâche le travail, si en plus tu te fous de ma gueule, tu vas très vite rejoindre ton merdeux de Zeus au paradis.
Plié en deux, cette fois-ci de douleur, Sting acquiesça et finit par m'écouter.
- Bien, du coup... tu lui demandes si elle travaille demain et si c'est le cas, tu lui proposes une sortie après ses heures de travail.
- Et si elle veut pas ?
- Roooh Sting ! Les râteaux, ça arrive à tout le monde, merde ! Tu chiales un bon coup et hop, tu reprends ta vie en main. Stop les pleurnicheries de gamins. Maintenant, fonce ! L'ordonnai-je.
Son air perdu se muta pour une expression confiante. Sting prit son courage à deux mains et quitta la table, sous les regards de mes parents qui avaient raté un épisode.
- Qu'est-ce qu'il fait encore ? Me questionna mon papa, exaspéré.
- Il part à le recherche de l'amour !
Je ne ratais pas une miette de la scène qui était à mourir de rire.
Mon frère se tenait tel un piquet en face de la belle serveuse qui ramenait des assiettes vides. Elle le dévisagea sans aucune once d'arrongance et lui adressa un grand sourire qui provoqua une réaction burlesque de mon frère. Il resta stoïque, sans réussir à prononcer un quelconque mot.
La jeune femme engagea alors la conversation et, comprenant que sa question lui était destinée, Sting bafouilla une réponse qui devait être amusante, si ce n'était son comportement des moins anodins, puisque la jeune fille ricana. Le blond se gratta l'arrière du crâne, embarrassé, et inspira profondément. Il planta son regard dans celui de la jeune femme et déballa ce que je lui avais demandé de dire.
Surprise, elle eut un temps de réflexion avant qu'un sourire n'étire ses lèvres. La discussion dura, en tout et pour tout, moins de trois minutes lorsque Sting revint vers nous, se jetant à sa chaise, faisant sursauter une nouvelle fois ma mère.
- J'suis un gros nul...
- Quoi ? Naaan ! Je vois pas pourquoi tu dis ça... T'as été parfait. Parfaitement drôle. Me moquai-je dans un fou rire. Elle t'a bâché ?
- Nan. J'la vois demain soir.
Un sourire illumina mon faciès et je me jetai dans les bras de Sting. Je lui ébourriffai les cheveux tandis qu'il grogna de mécontentement.
- Toutes mes félicitations, Stingou ! T'as dû lui plaire avec ton numéro de clown raté.
- Comment j'ai pu rester muet autant de temps... Roooh j'suis un loser !
- Mais naaan ! Regarde, ça lui a plu puisqu'elle a accepté de te revoir.
Sting me regarda un instant avant qu'il ne me sourit, posant ses lèvres sur ma joue que je me frottai frénétiquement juste après. Le blond me souffla un remerciement et je lui adressai un sourire en retour.
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