L'ombre et l'humidité de la forêt nous rafraichissaient. Nous cherchions à nous frayer un chemin entre ces buissons et autres feuillages qui avaient envahi ces bois. Nylo ouvrait la marche. Il chantait encore et encore, escaladant les troncs et autres obstacles qui sembleraient être des murs insurmontables pour d'autres enfants, mais pas pour lui. Lucky suivait le petit à la trace, mais se retournait de temps en temps pour vérifier que nous suivions. Evidemment, nous avions déjà mal au crâne dès les premières minutes de notre chemin.

« If you can't walk, you can dance, just dance! Sing together, and dance, just dance! Yeah yeah get up, and dance, with me !

- Il peut pas changer de disque ? murmura Jayden. C'est la énième fois qu'il recommencer à la chanter...

- Huit fois, huit fois qu'il recommence, j'ai compté, s'essoufflait Noraa.

- Laissez-le, il est encore petit, dit Yowan à la fin de la marche qui avait du mal à respirer.

- Vous êtes sûr qu'il nous emmène au bon endroit-là ? leur demandais-je. J'ai plus l'impression qu'il cherche son cerf là.

- Il existe pas son Raph... C'est un enfant, encore plein de rêves ! ironisa le brun en regardant le ciel entre les branches.

- Raph ! Tu es là ! »

L'enfant s'arrêta de chanter et accéléra le pas. Nous le perdions de vu.

« Vite vite, il est parti voir son ami imaginaire, il faut le suivre ! »

Nous courions. L'enfant était beaucoup plus agile et petit : c'était très simple pour lui de nous tenir tête dans ce milieu hostile.

« Nylo ! s'écriait Jayden, ralenti ! On est... Oh putain de merde. »

Le jeune adulte se retrouva nez à nez avec l'animal qui s'imposait face à lui.

« Alors Raph je te présente mes compagnons. Et pour vous, voici Raph, je vous en ai déjà parlé de toute façon ! »

L'animal expira d'un coup bref une puissante inspiration qu'il avait pris auparavant.

« Un animal imaginaire ? » ricana de nouveau Noraa.

Lucky reniflait Raph.

Moi, je restais les yeux grands ouverts, ébahi, devant ce mastodonte.

La jeune s'en approcha, caressant son pelage.

« Les animaux n'ont pas peur de la présence humaine, c'est incroyable.

- C'est une belle pièce ça, me dit Jayden en se touchant le ventre.

- Quoi ? Tu veux le bouffer ? lui répondis-je. »

Noraa s'approcha de lui. Elle prit la mâchoire du jeune homme de sa main droite, lui tourna délicatement le visage et lui chuchota calmement dans l'oreille gauche :

« Si tu veux réellement de faire cuire un bon bout de viande de ce cerf, je te laisse toi-même le tuer et dire au gosse que tu vas déguster son « ami imaginaire ». Sinon, je t'engage à devenir végétarien le temps de quelques repas et de bouffer ces putain de baies. »

Jayden regarda Noraa dans les yeux, avec un air supérieur, comme pour ne pas se laisser faire. Il approcha délicatement sa main du visage de la fille, mais elle lui attrapa le poignet avant. Il laissa sortir de sa bouche les quelques mots « On va rester sur les baies pour le moment » avec un grand sourire. Noraa me sourit avec satisfaction, fière de sa « victoire ».

*

Nous voyons enfin la lumière derrière les arbres : nous étions enfin arrivés. Nous découvrions enfin la lumière aveuglante de ce soleil matinal et les bâtiments de cette ville déserte.