— Vietnam, Hô Chin Minh-Ville —

Dernier jour au Vietnam, avant le départ en Chine pour la compétition.

Keangnam Korea Vietnam Spa — Price Skin Clinic Ho Chi Minh, en soirée :

Noam se tourna vers les masseuses.

— Mesdames, pouvez-vous nous laissez seuls un instant, s'il vous plais ? J'aimerais m'entretenir en tête à tête avec ma femme.

Les deux jeune femmes acquiescèrent et s'en allèrent.

Noam tint les pans de sa serviette contre son corps et descendit de sur la table. Il aida Tessa se redresser et tapota ses genoux par l'y faire grimper. Elle s'exécuta et monta sur ses genoux.

Il était toujours patient et a l'écoute de ses besoins.

— Tu peux ne pas m'en parler, si tu ne veux pas. Dit Noam, d'une voix chargée de tendresse.

Aux yeux de Tess, c'était la pire chose qui ne pouvait lui arriver. Il lui fallait accepter de ne pas avoir d'enfant, c'était comme accepter la mort totale, celle sans descendance. Accepter que "toi plus moi égale rien", comme "un plus un égale zéro". Accepter que de ce bel amour, rien ne survive après nous.

C'était tragique.

La souffrance et la frustration l'avait rendu parfois violente.

Les psys avaient été formelle. Il ne fallait pas lui dire "C'est dans ta tête" ou "Il faut lâcher prise"... : "Là encore, c'est inutile et ça ne fait qu'aggraver les choses en faisant culpabiliser la personne ou en l'énervant davantage."

... mais dire plutôt "Je suis là pour toi", "Je peux t'aider" : "Si l'on veut vraiment se rendre utile, on peut l'aider à trouver le bon spécialiste grâce au bouche-à-oreille. Certaines ne se sentent pas le courage de chercher de l'aide, alors on peut être là pour prendre rendez-vous."
Prendre soin par empathie de la souffrance de l'autre.

"Si la personne est très sensible et n'arrive pas à voir des femmes enceintes autour d'elle, il vaut mieux lui éviter de se retrouver dans cette situation, si l'on est soi-même enceinte, ou de l'inviter à une baby shower, un anniversaire d'enfant si l'on est déjà maman. L'idée est d'éviter à notre amie de souffrir encore plus, en anticipant les situations qui pourraient la rendre malheureuse."

— Qu'est-ce qui te ferait plaisir ? Un cinéma, un restaurant, un week-end ?

— Renonce.

— Tu sais très bien que c'est impossible, Tess. se fâcha Noam.

Elle pleura, inconsolable et rejeta la faute sur lui.

— Je ne vais pas rester sagement assise à regarder mon fiancé se faire tuer sous mes yeux ! s'emporta-t-elle.

— Non mais je rêve, t'es en train de me rendre fou, Tess !

— Tu m'avais promis. larmoya-t-elle.

— Je...il n'eut pas le temps de finir sa phrase ou répliquer que Tess se levait déjà pour partir, un bras autour de la taille.

Elle retenait les pans de sa serviette.

Noam la suivit, il marchait sur ses talons, en haussant la voix.

Il la rattrapa enfin par le bras et l'obligea à lui faire face.

— Hé, ne me tourne pas le dos !

Elle se dégagea furieuse.

— J'en ai marre ! pesta la jeune femme.

Puis elle reprit sa course en direction de son véhicule, garée dans l'allée du salon de spa et bien-être.

— Où est-ce que tu vas ? J'ai les clé de la voiture je te signale, tu peux aller nul part, c'est fini Tess ! Maintenant reviens s'il te plais. On va trouver une solution comme à chaque fois. Je te le promets !

Ses paroles ne lui furent aucun effet cette fois-ci.

Quelque chose en elle avait changé.

Est-ce qu'elle avait perdu tout intérêt envers lui ?

— Je vais prendre l'air !

— Thérèse, c'est de la folie, arrêtes ! Tess ! la rattrapa-t-il. Il lui arrivait de l'appeler par son vrai prénom quand il était en colère. Un truc qui avait pour don d'agacer Tess.

Elle ne l'écouta pas et claqua la porte dans son dos, vexée.

Lorsqu'elle avait décidé de faire la tête, elle était très convaincante. Elle ne lui adressa pas la parole même dans la voiture, ni dans l'hôtel. A l'heure du coucher, elle délimita une zone à ne pas dépasser dans le lit et se coucha d'un côté. Noam la trouvait capricieuse, mais ne dit rien afin de ne pas la vexer plus qu'elle ne l'était. Il la laissa dormir toute la matinée et se leva au lever du jour pour se rendre à son dernier entraînement de kickboxing en vue de la finale, qui avait lieu à la fin de la semaine. Ils étaient déjà Jeudi. Ce qui signifiait que dès demain, il allait affronter son rivale. Le compétiteur de haut niveau qui n'avait jamais perdu un seul combat en 20 ans de compétition. Noam ne se laissait pas impressionner. Il enduisit son corps de vaseline et frappa dans son sac de frappe, fit de la corde à sauter et écouta la musique à fond. Il mit l'option main libre et fit des pompes couchées.

Soudain la musique se coupa et il croisa le regard de sa petite-amie. Il retira sa casquette et défit ses bandages à ses mains. Tess était venue s'excuser, même si elle trouvait toujours inconcevable que son copain monte sur le ring. Noam se dit que s'était sa façon à elle de lui témoigner son amour et s'en amusa.

Tess enfila une paire de gants et se mit en position de garde.

Puisque ses talents d'actrice n'avait pas fonctionné elle passait à la phase B du plan élaboré 8 mois plus tôt avec ses amis sur sa messagerie Facebook. Tant pis ! Elle allait devoir innover et passer à l'action. Frapper plus fort, tant que son chéri ne baissait pas sa garde.

— Qu'est-ce que tu fais ? l'interrogea Noam en ramassant ses gants jetés au sol.

Elle leva les poings devant son visage en position d'attaque et répliqua sèchement :

— Bats-toi !

La jeune femme le défia en duel.

Elle portait un minishort en guise de pyjama et un haut à bretelles qui lui arrivait au dessus du nombril.

Noam lorgna son décolleté et s'approcha.

Il porta un coup en direction de son visage, lorsqu'elle esquiva le coup. Il tenta un uppercut droit, mais elle para encore son attaque et lui flanqua un coup de genoux qu'elle replia sous son ventre. Le garçon se tordit de douleur et recula.

Il refusait de lui faire mal et acceptait de mordre la poussière.

Tess lui cria dessus ayant compris son petit jeu et lui intima de se battre.

Alors Noam s'exécuta et déchaîna sa fureur sur la jolie blonde. Elle se cambra et se déplaçait de gauche à droite, en baissant la tête pour éviter ses poings. Il dû reconnaître qu'elle était douée. Leurs entraînements avaient portés leurs fruits. Aussi, il devait admettre qu'elle avait eu un bon mentor !

— Qu'est-ce qu'il y a, beau brun, tu as de la guimauve dans les bras ? ! le provoqua Tess.

Noam sourit et attaqua.

Il la toucha à l'épaule et regretta son geste immédiatement.

Tess ferma les yeux et posa un gant à l'endroit où elle venait d'être frapée.

Il s'approcha soudain pour s'excuser lorsqu'elle lui balança un coup de poing dans la figure. Noam recula assommé et secoua la tête.

Elle était imprévisible.

— Je rêve où tu te sers de la boxe pour régler tes différents ? la disputa-t-il.

Tess feignit de ne pas comprendre et lui fit un croche-pied. Noam perdit l'équilibre et chuta sur le dos.

Elle l'accompagna dans sa chute et s'écroula sur lui.

Au sol, elle lui maintint les poings en l'air et le fixa droit dans les yeux.

— Tu vas te faire manger demain !

— C'est faux ! rétorqua Noam.

Il la repoussa et roula sur son flanc gauche. Leurs positions s'échangèrent et il reprit la place du dominant.

— Mauviette ! Persista Tess.

Le jeune homme frappa à côté de sa tête, la réduisant au silence.

Cette fois il ne plaisantait plus. Noam fulminait.

Tess avait réussi à l'intimidé.

— Quoi ? !

— Arrête !

- Je n'arrêterais pas tant que tu n'auras pas dit ce que je veux entendre ! lança sa copine, du tac au tac.

— Arrête ça j'ai dit !

— Non ! C'est la vérité ! Si tu trembles à l'idée de frapper ta fiancée alors qu'est-ce que ce sera le jour où tu devras te mesurer à une femme trans ou qui sait-on à une femme cis. Hein ?

— Rien à foutre, nana ou pas, je gagnerais !

Un sourire naquit sur le visage de Tess et elle se précipita pour l'embrasser, le faisant tomber à la renverse.

Il venait tout juste de dire ce qu'elle attendait.

Elle s'écarta ensuite pour mettre fin à leur baiser.

— Il y a des gens qui tenaient à te dire quelque chose, avant que tu ne partes au combat. Je crois que tu sais déjà de qui je parle !

Elle voulait tester sa motivation à la demande de ses copains qui le trouvait vieux jeu.

Tess sortit son portable de sa poche et lança une vidéo qu'elle avait enregistré un mois plus tôt. Sur celle-ci, ses trois amis : Svend, Henrick et Jorgen apparaissaient côte à côte. Ils avaient des tee-shirt aux couleurs de la fédération de l'équipe de Kickboxing de Noam et poussait des cris de victoire en agitant le drapeau du Danemark. Tess les filmait, elle leur posait des questions telle une intervieweuse et les interrogeait à tour de rôle.

— Si tu perds je vais créer un blog de lynchage en ton nom ! Le mis en garde Svend en plaisantant.

— Je te mets au défi de le faire !

— Ne le tente pas, tu oublies de quoi il est capable là ! S'exclama Jorgen, en saluant la caméra au passage dans le carré en bas à droite à côté du visage de Svend qui montrait une image de ses fesses en gros plan, prise en lendemain de teuf.

Tess s'esclaffa de rire, hilare.

Noam cacha son visage derrière ses mains, gêné et amusé.

— Arrête montre pas ton cul à Tess, voyons !

— Pourquoi pas ?! Elle l'a déjà vu de toute façon, n'est-ce pas Thérèse.

Elle rit embarrassée puis leva les yeux au ciel exaspéré par tant d'audace.

Quel charmeur celui-là !

Henrick quant à lui restait distant.

Tess s'aperçut de son silence et décida de l'inclure dans la conversation en s'adressant à lui directement via la caméra du chat. Noam coupa un discret regard en leur direction, alors elle se rapprocha un peu de l'écran afin que le jeune homme ne soit plus visible dans l'objectif de sa caméra de vlog. Elle pris son portable entre ses mains qu'elle inclina en mode selfie et s'éloigna à grands pas en direction du jardin.

— Psst, il est encore contrarié à cause de notre stratagème mais vous inquiétez pas, Noam est ravi de vous avoir revu tous en chair et en os ! Du moins virtuellement ! Merci beaucoup les gars !

Sur ce elle envoya des bisous virtuels puis quitta la conversation de groupe. Quand elle se retourna pour repartir elle fit soudain volte-face à Noam. Il avait tout entendu et demandait à présent des explications sur ce qu'il venait d'entendre. Les poings sur les hanches et un sourcil haussé, il interrogea sa petite amie du regard qui ne tarda pas à passer aux aveux, l'air honteuse.

— Je me sentais terriblement mal de te voir triste alors j'ai demandé aux gars de m'aider à te faire changer d'avis. Je veux pas que tu abandonnes la boxe pour moi. C'est ton rêve. Tu t'es assez battu pour moi. Si je t'ai demandé de m'entraîner à boxer c'est parce que je voulais te montrer que je pouvais y arriver sans que tu veuilles toujours me secourir. Je sais que tu m'aimes et c'est honorable de vouloir te battre pour m'aider à payer ma chirurgie et je t'en remercie mais c'est mon combat alors laisse moi me rendre utile. Je veux aussi être là pour toi dans ta compétition.

Elle se tut enfin puis toussa pour s'éclaircir la gorge :

— Est-ce que tu voudrais bien me montrer ton univers ? Je te rassure la proposition de la veille tiens toujours. Je ne vais plus tenter de te dissuader de monter sur le ring. Ne renonce pas à ton rêve et pour personne y compris moi. Je t'aime.

Il se détendît à ses mots et se pencha pour l'embrasser sur les lèvres. Elle retint un frisson d'excitation à ce contact chaleureux.

Il la rapprocha d'elle en la prenant par la hanche, une main au creux de ses reins.

— Là tout de suite j'ai envie de te faire l'amour.