- "Le mariage est la traduction en prose du poème de l'amour."

- Alfred Bougeard -

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Noam n'avait jamais eu peur de rien, de toute sa vie, pas même lorsqu'il montait sur le ring. Mais cette fois-ci c'était différent. Il allait épouser sa meilleure amie : Thérèse Madsen.

Il était impatient et à la fois terrifié de faire sa demande, plus que celle de se rendre à l'autel au bras de sa mère. Il se demandait si elle viendrait. Elle était la reine des faux plans de dernière minute. Même la thérapie de famille qu'il avait passée avec sa famille étant plus jeune avait échoué à cause d'absences répétitives. Cette fois-ci, elle avait trouvé une bonne excuse. Elle était malade depuis quelques jours. La maladie la rendait douce car elle se montrait plus avenante envers son mari. Son père quant à lui, continuait de se laisser aller et de percevoir du chômage ainsi que tout un tas d'autres Assedic. Cela le rendait malade.

Hélas, il devait se résigner et cesser de redoubler d'efforts, alors que ses parents ne voulaient pas changer.

À quoi bon lutter ?

On ne pouvait pas choisir sa famille.

Tess avait ignoré son courrier qui s'entassait au fur et à mesure dans la boîte aux lettres. Elle refusait d'y découvrir une mauvaise nouvelle de l'hôpital. La peur d'avoir commis une erreur la rongeait. Elle y songeait nuit et jour. Même dans ses rêves. Quelque part, elle reconnaissait avoir mal agi. Ce n'était pas suffisant qu'elle mente à son futur mari, mais en plus de cela elle devait vivre dans l'incertitude et le doute.

Elle déchira méticuleusement la nouvelle lettre et jeta les morceaux de papier à la poubelle, puis entendit Noah qui rentrait du travail. Il était à présent coach sportif dans un club associatif et patron d'une marque de vêtements pour athlètes, en plus d'être le champion de Kickboxing préféré des jeunes.

II se déplaça lentement dans son dos et l'enlaça par derrière, savourant le contact de sa peau contre la sienne. Il avait retiré son tee-shirt mouillé par la transpiration et se baladait torse nu dans la maison.

Tess décorait les cartes d'invitation à leur mariage. Elle y mettait du cœur comme toujours. Noah l'observait par dessus son épaule, la tête appuyée contre sa tête blonde. Les cheveux de sa fiancée avaient bien repoussé depuis l'époque où elle avait dû les raser pour sa chimiothérapie. Cette ère semblait révolue, depuis sa rémission partielle.

Il s'en félicitait.

À présent, il avait envie de se changer les idées.

Cela commençait par "Tess".

Ses mains se déplacèrent sur le corps de sa fiancée, concentrée dans sa tâche, puis se posèrent sur sa taille. Il s'attarda un instant sur son dos nu et la retourna face à lui pour l'embrasser passionnément. Dès que ses lèvres trouvèrent les siennes, il sut qu'il avait pris la bonne décision en lui demandant sa main.

Il déposa des baisers dans son cou, sa clavicule et descendit plus bas lorsqu'elle le stoppa, arrivé à son ventre. Il se releva, l'air inquiet. Il voulut effacer d'un baiser le pli soucieux sur son front.

- On peut faire une pause dans les préparatifs si tu veux, lui proposa Noam, d'une voix douce.

Elle secoua la tête.

Il fallait qu'ils rattrapent tout le retard qu'ils avaient pris.

Tess avait toujours été si dure avec elle même. Elle ne lâchait rien et était une travailleuse acharnée. Ça lui tenait à cœur. Elle voulait un mariage parfait et n'abandonnerait pas tant qu'elle ne l'aurait pas obtenu. C'était son objectif du moment.

Noam prit son visage entre ses mains et chercha son regard. La jeune femme le fixa de ses grands yeux bleus, en proie à une panique soudaine. Une fois de plus, elle était prisonnière de ses pensées intrusives.

Que se passerait-il s'il découvrait toute la vérité ? Et s'il ne lui pardonnait plus jamais après cela.

Elle finit par laisser tomber la paperasse et se lova contre lui en poussant un profond soupir. Noam reconnut à sa mine déconfite qu'elle était déçue.

Il lui pinça les joues et les étira pour dessiner un presque sourire sur son visage. Or même cela ne marchait pas.

- Qu'est-ce que je peux faire pour te remonter le moral ? La supplia son amoureux, que même le désespoir ne rendait pas amer.

Sa petite amie l'embrassa mollement.

Il la soutint par la taille, un bras sur sa hanche, puis la ramena contre lui.

Tess bailla.

Soudain sans prendre garde, il la souleva et la fit tourner dans ses bras. Elle rit, blottie contre lui, la tête renversée en arrière. Il plongea son visage dans son décolleté et secoua ses cheveux dessus. Tess avait mal au ventre, tant il la faisait rire. Enfin il la reposa sur le plan de travail et se plaça entre ses jambes.

- Madame Lowendal est-ce que vous voulez bien me faire l'honneur d'être ma femme ?

Sa question sonnait en elle comme une évidence.

Cependant elle feignit d'être partagée entre deux émotions et joua les indécises. Elle esquissa une moue songeuse et posa un doigt contre ses lèvres, puis fit semblant de réfléchir, mais pas trop afin qu'il ne s'inquiète pas. Après quelques minutes, Noam reformula sa question.

— Est-ce que vous voulez prendre ce bel étalon ici présent comme époux ? Si j'étais vous, je ferais vite. Il paraîtrait que des tas de filles le veulent ! plaisanta le garçon.

Elle gloussa et leva les yeux au ciel.

Ce qu'il pouvait être rabat-joie.

Tess, secoua la tête.

La jeune femme humecta ses lèvres, en le dévisageant d'un air de défi. Il devina alors qu'il devrait redoubler d'efforts.

— Qu'est-ce qui lui prouve que vous n'êtes pas un charlatan ?

Il sourit, contrarié.

— Pourquoi le serait-il ? Est-ce que madame lui cacherait quelque chose ?

Touché !

Il venait de mettre le doigt sur une vérité.

Aussitôt, Tess devint blême.

Puis il la tira par les jambes et tous deux tombèrent par terre. Elle oublia d'un seul coup son mal être et se mit à rire à gorge déployée. Noam riait lui aussi. Il venait de rater son numéro de séduction qui avait tourné au fiasco.

C'est ce qu'elle aimait le plus chez lui. Son autodérision. Il était si drôle et sincère.

En fait, elle aimait tout chez lui.

Même quand il insistait pour la faire sourire.

Il la vit esquisser un sourire franc.

— Ça y est j'ai réussi ! s'exclama-t-il.

— Tu es content ?

— Presque !

Il la déshabillait du regard.

Elle comprit où il voulait en venir et l'arrêta. Elle se releva difficilement en remettant la bretelle de sa robe sur son épaule. Il l'imita et remit de l'ordre dans ses cheveux. Il ne lui en voulait pas.

Cependant, elle savait comment se faire pardonner de l'avoir refroidi. Tess attrapa ses mains dans les siennes et l'attira dans le salon où elle avait placé des roses un peu partout.

Enfin elle s'écria la bouche en cœur.

— Joyeux anniversaire !

Soudain, des gens sortirent de nulle part et les acclamèrent. Parmi les convives, Noam reconnut ses amis que Tess avait réussi à faire venir en secret, sans que l'hôte de la maison ne soit au courant. Jorgen, Svend et Hendrick firent irruption à leur tour dans le grand séjour. Ils étaient coiffés de chapeaux triangulaire et jetaient des confettis sur les futurs mariés.

Noam se tourna de nouveau vers sa petite amie et l'embrassa sans retenue devant ses convives.

La foule poussa un cri de joie.

Puis il murmura contre son oreille :

— Je t'aime.

Mais il n'eut pas le temps de terminer son baiser que déjà Svend le saisit par les épaules et le subtilisa à sa belle. Noam promit à Tess qu'il ne serait pas long et suivit son ami d'enfance à l'étage. Ce dernier sautillait sur place. Jorgen la salua promptement, puis les suivit, accompagné de Kirsten.

— Je reviens dans cinq minutes mon amour.

Il l'embrassa comme pour marquer son territoire puis l'abandonna à Tess avec dépit.

Les deux amies se firent une accolade.

Cela faisait 2 ans qu'elles ne s'étaient pas revues.

— Je vois que tu n'as pas lâché l'affaire avec cet idiot ! la sermonna Kirsten, en la taquinant.

Elle lui donna une tape amicale dans le dos, puis dit :

— Ça m'ennuie de le dire, mais je dois reconnaître que vous faites un très beau couple ! Je savais que vous seriez de nouveau ensemble. Noam n'a que ton prénom en bouche. Jorg me dit sans cesse qu'il ne parle que de toi. Sans rire, il est dingue de toi, meuf !

Kirsten lui tendit une coupe de champagne, mais Tess refusa d'un signe poli de la tête. Elle avait tiré une croix sur l'alcool depuis qu'elle avait failli y passer.

— Je... bafouilla la jeune femme. Noam et moi, on essaie d'avoir un bébé.

Cette nouvelle fit l'effet d'une bombe.

Son amie ouvrit de grands yeux ébahis, puis reprit ses esprits et la félicita. Elle la serra dans ses bras et la congratula une fois de plus, quand elle s'écarta pour attraper un verre.

Tout cela arrivait si vite. Elle eut l'impression d'être encore à l'époque du lycée où tous flirtaient innocemment dans la bande. Kirst n'en avait jamais été une membre, mais en tant qu'amie proche de Tess, c'était tout comme. Cette dernière se réjouissait de son bonheur à présent. Elle qui avait tant souffert avec son cancer du sang.

Kirsten remarqua ensuite son collier à l'effigie d'un crabe et ne put s'empêcher d'apprécier la subtilité du geste.

— Laisse-moi deviner, Noam te l'a offert ?

Tess acquiesça, honteuse.

Elle eut un instant peur de sa réaction. Mais à sa grande surprise, l'autre sembla émerveillée. Kirsten s'était adoucie avec le temps. Elle était moins virulente depuis que Jorgen et elle sortaient de nouveau ensemble.

Il faut dire que ces deux là faisaient un couple hollywoodien.

Ce fut à présent à son amie de lui annoncer une bonne nouvelle. Jorg et elle allaient emménager ensemble. Mais pas au Danemark. Le visage de Tess se peignit d'un pâle sourire à cette annonce. Elle avait toujours pensé que la bande resterait unie pour la vie. Mais il faut croire que ce n'était qu'un songe.

— On ne s'est pas encore décidés. Je veux partir, mais tu connais Jorg. Il veut rester ! Il est attaché à la terre de ses ancêtres danois ! pesta Kirst.

Elle imita son amoureux en prenant une grosse voix, puis toutes deux rirent.

Tess aimait passer du temps avec elle. Jamais elle ne s'ennuyait. La routine dans laquelle son couple s'était installée lui pesait parfois. Puis elle se rappelait ses souvenirs de jeunesse et de la belle déclaration de Noam sur le sable et se disait que vieillir n'était pas si terrible que cela, finalement.

— Alors c'est pour quand ce bébé ? L'interrogea a nouveau la brune hystérique.

— Eh bien, je ne sais pas encore. Toutes nos tentatives ont échoué, alors je ne sais pas.

Cet aveu la peina.

Kirsten posa une main sur son bras en signe d'affection, puis la rassura tant bien que mal.

— Vous allez surmonter cela ensemble.

Tess aurait aimé la croire.

Noam réapparut quelques minutes plus tard, et les interrompit. Jorgen attrapa sa chérie par la taille. Hendrick qui se sentit de trop tourna les talons. Svend discutait avec une jeune femme dans le salon. Dès qu'il vit son ami, il s'arrêta de parler comme gêné.

Un malaise s'était installé entre Noam et Henrick, depuis que ce dernier avait tenté de séduire Tess. Mais ce fut un échec. Elle aimait Noam. Tous le savaient. Sauf lui.

— Félicitations, murmura Henrick que l'alcool commençait à faire dire n'importe quoi. Je vous souhaite de vivre heureux ! Hé, sans rancune mon pote ! cria-t-il, à l'intention de Noam. Il leva son verre en sa direction et but le liquide cul sec.

Noam lui intima de ralentir sur la boisson et l'ignora par la suite. Il avait mieux à faire en cet instant que de jouer les chaperons. Qu'il se soûle, il n'en avait plus rien à faire. Leur amitié était enterrée.

Tess fit tampon entre les deux. Elle dévisagea Noam, fâchée. Aussitôt il s'excusa et lui promit qu'il irait lui parler plus tard.

— Désolé, c'est juste que ce connard...

— On est ensemble maintenant. C'est du passé tout ça. Je n'ai jamais rien ressenti pour lui. Tu dois me croire. Si on se marie, il faut que nous soyons honnêtes l'un envers l'autre.

Il tenta de mettre sa rancœur de côté et opina de la tête. Elle avait raison. De plus, H et lui étaient des amis de longue date. On ne pouvait pas gâcher une si belle amitié pour une fille.

Elle ne lâcherait rien tant qu'il ne ferait pas un effort de son côté. Elle les aimait tous les deux, différemment certes.

— Il me manque à moi aussi. Avoua enfin son copain.

Tess ferma les yeux, envahie par l'émotion.

Elle espérait qu'ils se rabibocheraient.

— Il y a des problèmes que l'on se doit de traiter en priorité. Retire les gants de boxe cette fois ci et va lui parler. Vous n'êtes plus des gamins de seize ans mais des adultes. Tu dois agir en tant que tel. L'homme que j'aime est fort et bienveillant.

— Je n'ai jamais changé, Tess. C'est moi.

Sa voix mourut dans un soupir.

Elle lui redressa la tête.

— Allez mon champion, lui souffla sa petite-amie.

Noam la rattrapa, sur le point de partir. Il voulut une dernière fois la sentir près de lui. Alors il la serra contre lui.

— Embrasse moi.

Avant qu'elle ne s'exécute, il ajouta :

— J'ai hâte que tu sois ma femme.