Rin reprit la parole afin de ne laisser le silence les séparer, Kakashi et elle, plus qu'ils ne l'étaient.

"– Kakashi... Tu sais, j'aurais voulu dire ces mots plus tôt, te demander pardon avant ton départ... 

– ...

– J'ai agi égoïstement, ce jour-là, parce que j'ai été jalouse de ta contenance... Parce que tu ne semblais pas être si affecté que ça, malgré ta peine, et que n'arrivais plus à retenir mes larmes de mon côté...

– ... Jalouse de moi...? Tu es... bizarre... Il y avait d'autres personnes bien plus enviable que moi.

– On ne contrôle ses sentiments que dans une certaine mesure, et à cette période-là, je ne les contrôlais plus du tout... Je voulais juste rejeter ma responsabilité dans cette tragédie sur quelqu'un d'autre...

– ...

– Tu sais, quand j'ai entendu tes crimes, j'ai eu très peur que tu ne deviennes qu'un... monstre sanguinaire... Et quand, au contraire, tu n'as plus fait parlé de toi, j'ai prié pour que tu n'aies pas succombé...

– ... tu n'aurais pas dû t'inquiéter pour moi... c'était pas la peine...

– Je voulais, et je m'en veux encore pour ça, malgré ces trois ans passés... Et en trois ans, j'ai changé. J'ai... Je me suis entraînée durement, tous les jours, en dehors des missions. Je me suis améliorée en techniques de soin, mais aussi en techniques de combat !
Tout ça pour... Pour être assez forte quand je te retrouverai !

– ... ne dis pas ce genre de choses... Si tu es devenue plus forte, c'est uniquement pour survivre à la guerre.

– Non... Je ne veux juste pas perdre un autre être qui m'est cher."

Tête baissée, Kakashi ne murmura plus en retour. Ses émotions allaient le trahir en faisant vibrer sa voix, il le savait. Il ne voulait être touché par ces paroles, il ne voulait être considéré comme un "être cher".
Personne ne devait s'attacher à lui afin qu'il puisse s'adonner entièrement à la rongeante solitude.

Tentant de trouver une réponse capable de briser la confiance de Rin qui semblait avoir perduré malgré que son âme, à lui, était si impure, la main de son interlocuteur se posa délicatement sur sa joue, glissant jusque sous son menton afin de lui relever son visage et de lui souffler : "Tu me manques...".

Les yeux écarquillés, le visage en train de rosir, la lèvre inférieure mordue, l'argenté contenait au mieux les larmes qu'il considérait comme la preuve de sa faiblesse.

Il n'aurait jamais dû venir ici.
S'il était resté à Ame, jamais il n'aurait eu à entendre cette douce mélodie qui lui réchauffait le cœur.
Il n'aurait pas eu à recevoir cette tendresse que lui offrait la brune en ce moment même.

S'il n'était pas venu à chez Rin, il ne serait pas là, à enlacer son amie d'enfance.

Sanglotant sur l'épaule de celle-ci, le jeune homme laissa son cœur dicter ses mots.

"– Tu me manques aussi... Je... Je regrette, un peu, d'être parti...

– Dans ce cas, ne pars pas... chuchota Rin tout en resserrant son étreinte sur lui.

– Je ne veux pas souffrir comme mon père, avant... Ni faire souffrir les gens que j'ai aimé... Mais je sais pas comment faire...

– Alors, permets-moi de t'aider."

La brune aux joues violettes sécha les dernières perles salées de son premier amour, relevant une fois de plus le regard de celui-ci.
Leur nez se frôlèrent, tant chacun s'était noyé dans les yeux de l'autre, si bien que leurs lèvres se rapprochaient  timidement.

Soudain, on frappa énergiquement à la porte d'entrée, ce qui fit hoqueter les deux... amis ?

Rin bredouilla un "J'arrive" dont le destinataire était soit celui à la porte, soit Kakashi, tout en ce dirigeant vers la source du vacarme.
Pendant ce temps, Kakashi fit au mieux pour évacuer les rougeurs accumulées sur son visage.
Il renoua aussi son bandana qui avait relâché quelques mèches de cheveux, avant de se placer contre un mur, non visible de l'entrée.

Il s'agissait simplement de Yahiko, toujours accompagné de Konan et Nagato, qui en avait eu assez de ne pas obtenir de réponse avec la sonnette.
Kurenai était aussi avec eux pour les guider à son amie. La petite amie d'Asuma avait à faire, ce qui évita la confrontation entre elle et le renégat.

Une fois le trio dans l'appartement et l'ouverture close, le roux résuma rapidement réunion.
Cela s'était relativement bien passé.
Ils avaient sympathisé avec le Hokage, avaient beaucoup discuté, cependant, les natifs d'Ame n'eurent pas l'autorisation de se présenter face au conseil du Pays du Feu.

La raison principale était que ce groupe étaient de purs inconnus, l'Éclair Jaune ne pouvait se permettre de leur accorder une audience auprès des têtes du pays avec le risque que ce ne soient que des terroristes.
Une autre raison était que cette période de "lendemain de guerre" ne mettait Konoha dans la meilleure posture et qu'il fallait stabiliser l'économie du village pour pouvoir étouffer une quelconque idée de reprise de guerre, ou simplement de pouvoir garder bonne figure avec toutes ces pertes humaines.

Et encore une fois, les anciens de Konoha étaient résolument contre cette idée de voir des étrangers parler à ce conseil alors qu'il serait plus légitime, selon eux, que ce temps soit accordé à des ninjas ayant combattu pour leurs citoyens.

"– Dire qu'on a fait tout ce chemin pour pas croiser Jiraya-sensei et juste blablatter avec le Hokage... souffla le chef en s'asseyant négligemment sur la chaise d'où s'était levée leur hôte.

– On n'a plus rien à faire ici, alors... fit Kakashi en se décollant de son mur, prêt à tirer Yahiko hors de l'appartement.

– Oh, mais on peut rester un peu plus longtemps ici, si tu veux !

– On vous a interrompu, c'est ça ? poursuivait Nagato dans un même sourire narquois que son camarade.

– Nah, on avait fini de parler.

– Est-ce que... Je peux vous accompagner ? demanda Rin avec timidité mais aussi avec détermination.

– Pas tout de suite. coupa l'argenté avant que les autres n'éprouvent. Pour l'instant, rentrer avec nous n'est pas sûr pour ta sécurité. Et puis... Ça fera mauvaise impression que, juste après un refus des anciens, l'élève du Hokage sorte du village pour une raison X ou Y. Ils pourraient croire en une prise d'otage, encore plus si on se fait attaquer en chemin.

– Kakashi... Tu vas un peu trop loin dans ton raisonnement, non...? pensa dubutativemmant Konan. Il n'y a qu'à aller prévenir Minato Namikaze et ça devrait bien se passer de ce côté...

– Je... On reviendra ici. Dans un mois. Et ce jour-là, tu me suivras. Je veux dire, tu nous suivras. Avec ou sans le consentement du village.

– Pourquoi dans un mois...? Pourquoi pas maintenant...? En plus, c'est pas toi le chef, c'est moi...

– Je veux que la décision de Rin soit parfaitement réfléchie, qu'elle ne soit pas prise sur un coup de tête. Et on ne sait toujours pas si Hanzō nous attend à notre retour ou non, donc autant ne pas impliquer Rin dans ce conflit inutilement."

La concernée ne s'exprimait pas.
Cela ne la gênait pas d'avoir à attendre un mois de plus, puisqu'elle avait pu revoir son ami d'enfance sain et sauf, qu'elle avait pu lui présenter ses excuses et qu'il acceptait de la voir à ses côtés.
Elle était heureuse de ne pas être haïe par ce jeune homme que son cœur avait choisi depuis longtemps.

Un mois n'était rien face à l'espoir de le côtoyer de nouveau.

La seule chose qu'elle redoutait un peu, c'était de ne plus revoir ses amis actuels, d'avoir à leur cacher des choses. Au moins, elle avait le temps de se préparer à ça.

La gentille dispute entre Kakashi et Yahiko s'achevant, les quatre voyageurs remercièrent Rin quittèrent le village caché de la Feuille, non sans un dernier mot de la part de Kakashi.

"La prochaine fois que l'on se reverra, je laisserai mes doutes de côté."

Et sans rien ajouter de plus, il disparut avec les autres.

Le retour fut plutôt calme.
Le quatuor avait évité un affrontement avec les hommes de la Salamandre qui les attendaient à la frontière.
Ils découvrirent cependant que leur base principale avait été brûlée pendant leur absence.
Heureusement, il n'y avait eu aucun blessé grâce à la précaution mise en place. Tout de même, il était fort dommage de perdre les biens qui s'y trouvaient, notamment les souvenirs que certains villageois leur avaient donnés.

Une fois dans leur base secondaire, l'Akatsuki débrifaient sur cet échec qui avait au moins permis le dialogue entre les deux partis.
Le masqué était encore dans son coin, à admirer la pluie s'abattre inlassablement sur les terres qui s'étendaient face à lui.

Finalement, il était content d'avoir pu la revoir. Son cœur était un peu plus léger, bien que lourd à cause de cette peur de perdre Rin.
Son imagination le portait doucement vers l'image d'un futur idyllique.

Pendant ce temps, la silhouette d'un ninja encapuchonné se dessinait non loin de là.