Ça m’agace. Je dois vraiment avancer sur mon porte folio, ou du moins déjà le commencer, mais je n’arrive pour l’instant pas à trouver la moindre idée. Aujourd’hui, en cours, je n’ai qu’à une seule chose : le dessin quejai commencé, ainsi que le serveur qui me sert de modèle. Je n’ai pas réussi à me le sortir de la tête, ni à me concentrer sur quoique ce soit d’autre.

Le pire, c’est qu’à la base ce dessin n’était là que pour me donner plus d’inspiration. Au final, c’est tout l’inverse : il m’en prive et m’empêche de dessiner autre chose.

J’aurais dû m’en douter, pourtant. Quand je suis à fond dans quelque chose, je le suis et le reste jusqu’au bout, jusqu’à ce que je l’ai fini. Il ne me reste donc plus qu’une seule chose à faire : retourner au café et finir ce maudit dessin. Et c’est exactement ce que je suis en train de faire.

En descendant du bus, je me rends directement au café et vais m’installer à la même table qu’hier, pour avoir la même vue et ne pas fausser le réalisme de mon dessin.

Je sors toutes mes affaires et prends quelques minutes pour me ré-imprégner de mon dessin et du lieu, puis je commence à chercher mon modèle des yeux pour pouvoir le dessiner.

- Bonjour !, s’exclame la serveuse qui était déjà là hier. Qu’est-ce qui vous ferait plaisir aujourd’hui ?

- Un café et beaucoup de sucres, s’il vous plait. Mais votre collègue n’est pas là ?

- Qui ça ?

- Euh… Je ne sais pas, je ne connais pas son nom… C’est un garçon, un brun…

- Aah, Andy ! Vous êtes un de ses proche ?, me demande-t-elle avec un petit sourire en coin.

- Euh non, je ne le connais pas vraiment.

- Je vois… Mais non, il n’est pas là aujourd’hui. Il ne travaille pas le mardi.

Je hoche la tête tandis qu’elle s’en va me chercher mon café, et je ne peux pas m’empêcher de grimacer. Ça m’embête, qu’il ne soit pas là, parce que je ne vais pas pouvoir terminer mon dessin comme je l’aurais voulu. Je me mets donc à dessiner, en me concentrant sur le décor. J’accentue certains détails du café et en floutent quelques autres, pour faire des sortes d’effets.

Je fais en sorte que le serveur, le dénommé Andy, ne soit pas l’unique élément central du dessin, mais qu’il fasse partie intégrante de celui-ci, au même titre que tout le reste du décor. Que l’on n’ait pas qu’une seule chose à regarder, mais bien tout un ensemble.

Je dois dessiner pendant plus d’une heure, en m’appliquant le plus possible, mais je finis par m’agacer. Même si mon dessin est joli dans l’ensemble, je ne sais pas, il manque quelque chose, un petit truc qui le rendrait plus spécial. Là, ce n’est qu’un dessin banale comme on pourrait en voir partout.

J’ai beau essayer de le peaufiner et de l’arranger du mieux possible, je n’arrive pas à le terminer pour qu’il soit parfait. Et je déteste ce sentiment d’échec.

Je froisse ma feuille et la fous en boule, de rage, et je me lève pour aller payer au comptoir. La journée a été assez longue comme ça. Rentrer me reposer me fera le plus grand bien.