Chapitre 6 : la discussion
Quand quinze heures approcha, Damaris senti l'anxiété la regagner. Elle passa devant le vestiaire des employés, vérifia son téléphone, pas de message. Elle sorti du café, regarda de chaque côté de la rue et ne vit pas Nina, elle regarda une nouvelle fois son téléphone, toujours pas de message. Quand elle leva de nouveau les yeux, elle aperçut la Porsche de Nina plus haut sur le boulevard Béranger, elle attendit qu'elle s'arrête à son niveau. Nina baissa sa vitre et dit à Damaris de l'attendre, le temps qu'elle aille se garer. Quelques minutes plus tard, elle la rejoignit à pied.
— Tu veux qu'on aille quelque part ? demanda Nina.
— On peut juste marcher, dit Damaris qui pensait qu'une confrontation assise l'une en face de l'autre serait trop stressante. Enfin, si tu veux bien.
— Pas de soucis, marchons.
Elles avancèrent sur plusieurs mètres sans se dire un mot. Nina se demanda si elle devait aborder le sujet d'une façon particulière, alors que Damaris essayer de choisir la bonne question parmi toutes celles qu'elle avait en tête.
— Alors qu'est-ce que tu voulais savoir ? lança Nina. Je suis là pour répondre à toutes tes interrogations en toute honnêteté.
— Je ne sais pas par où commencer.
— La plus facile peut être.
— La plus facile ? réfléchi Damaris, ça fait combien de temps que vous êtes ensemble avec Louise ?
— Bonne question, félicita Nina. On est ensemble depuis le collège, un peu plus de quinze ans. On peut dire la moitié de notre vie.
— Ça fait un bail.
— Mais on s'est séparé à plusieurs reprise. La plus longue fois, quand elle est partie faire ses études à Londres.
— C'est la première fois que vous proposez à quelqu'un... Damaris chercha ses mots, de sortir avec vous ?
— Ça y est on rentre dans le vif du sujet, dit la brune avec ironie.
— Désolée, on peut parler d'autre chose si tu veux...
— Non, coupa Nina, on est bien là pour parler de ça, alors je vais te répondre. Je vais tout te raconter même.
Nina prit quelques secondes pour réfléchir à comment elle devait débuter son histoire.
— Louise et moi, ça fait une éternité qu'on est ensemble, elle est mon seul véritable amour, et je pense que je suis le sien.
Damaris fut touchée par ses mots, elle n'avait aucun doute sur l'affection qui liait les deux femmes. C'était romantique un amour d'adolescente qui dure, mais elle ne comprenait pas ce qu'elle venait y faire.
— Quand on avait un peu prêt ton âge, continua Nina, et que tous les gens de notre âge faisaient les expériences de la vie et de l'amour, dit-elle en insistant sur ce mot. Enfin surtout du plaisir charnel, nous on avait déjà une relation de presque dix ans derrière nous, on était un vieux couple.
Damaris souriait à la façon qu'avait Nina de s'exprimer.
— C'était une période particulière pour nous, poursuivi Nina, on se disputait sans cesse et on était incapable de vivre l'une sans l'autre. Et puis Louise est partie un an et demi à Londres. On s'est séparé en se promettant de profiter de cette période pour faire toutes les expériences qu'on n'avait pas pu faire avant.
Le ton de Nina avait sensiblement changé quand elle aborda ce sujet, Damaris le remarqua sans mal, mais ne releva pas. Elle était attentive à l'histoire que lui racontait la brune et ne voulait pas la distraire.
— Quand Louise est revenue, il n'a pas fallu longtemps pour qu'on se remette ensemble, mais on avait peur de retomber dans nos mauvaises habitudes. C'est là qu'on a commencé le couple libre. Chacune pouvait voir d'autres personnes, et on a décidé de soit se le dire ou de le garder pour soi, mais de surtout ne jamais se mentir si on se posait la question.
— C'est comme ça que vous avez commencé à inviter une troisième personne dans votre couple ? demanda Damaris.
— Plus ou moins. C'est venu plus tard et un peu par hasard.
Nina expliqua à Damaris qu'elles étaient à une fête, Louise se faisait draguer par une jeune femme qui avait bien vu qu'elles étaient venues ensemble. Être un couple libre était une chose, voir sa copine se faire draguer ouvertement c'était une autre histoire. Nina était aller voir la fille en question pour lui dire qu'elles étaient venues ensemble et qu'elles comptaient repartir ensemble, mais contre toutes attentes, la jeune femme lui proposa de rentrer avec elles-deux.
— Une fois le choc passé, j'ai trouvé l'idée séduisante. J'en ai parlé à Louise qui a accepté sans plus de conviction. On l'a ramené à la maison et, pour être honnête avec toi, ça n'a pas été super.
— Mauvaise expérience ?
— On peut le dire, répondu Nina en esquissant une grimace. Mais on se moque un peu des détails sordides pour aujourd'hui.
— Et ça ne vous a pas découragé à recommencer ? demanda Damaris.
— Non. L'idée était bonne, mais la fille un peu moins. Aujourd'hui, on est toujours un couple libre. Une fois de temps en temps, on séduit une autre femme dans un bar et on passe la nuit avec elle.
Damaris réfléchissait à toutes ses nouvelles informations et à ce que cela impliquait, elle essayait de prendre en compte toutes les conséquences possibles d'une telle relation.
— Et ça durait longtemps ? demanda Damaris.
— Une nuit, quelques jours, pas très longtemps.
Cela ne rassura pas Damaris, elles lui proposaient une vraie relation, mais quelques jours, ce n'était qu'une aventure.
— Ça ne va pas ? demanda Nina remarquant son regard inquiet.
— C'est juste que... Damaris avait du mal à trouver ses mots, ça ressemble beaucoup à...
— A un sextoys ? coupa Nina.
— J'aurai pas dit ça comme ça, mais oui.
— C'est vrai, mais ce n'est pas ce qu'on veut avec toi, rassura Nina.
— Il y en a eu beaucoup ? demanda Damaris qui ne voulait pas aborder sa place dans tout ça.
— Quelques-unes.
— Que des femmes ?
— Oui, je ne suis pas bi, précisa Nina.
— Ok. Et vous continuez à voir d'autres personnes en dehors de ces femmes ?
— Ça m'arrive encore de temps en temps, mais Louise ne voit personne d'autre, à ma connaissance en tout cas.
— Ça dure longtemps ? continua Damaris.
— Quelques jours, quelques semaines maximums.
— Et tu leurs dis que tu es en couple ?
— Oui, et que je ne compte pas quitter Louise, précisa Nina.
Damaris avait posé toutes les questions qui ne la concernaient pas directement. Elle n'osait pas en demander plus. Le silence s'étira entre les deux femmes.
Nina demanda à Damaris si elle avait d'autres questions.
— Je crois que j'en ai des centaines, répondu Damaris.
— Des centaines ? s'étonna Nina dans un large sourire, va falloir qu'on reprenne un autre rendez-vous.
— Pourquoi moi ? demanda précipitamment Damaris comme on enlève un pansement.
Nina regarda Damaris pour voir son expression, mais cette dernière n'osait pas se tourner vers elle tellement elle rougissait.
— On peut dire que t'as tapé dans l'œil de Louise. Le coup du café renversé l'a bien fait rire.
— C'était une tentative d'approche, tenta de plaisanter Damaris.
— Ça a plutôt bien fonctionné. Elle t'aime vraiment beaucoup, elle regrette que tu ais l'impression qu'elle t'ai menti.
— C'est un peu le cas.
Louise aurait dû lui dire dès le début quelles étaient ses intentions, ne pas attendre que Damaris s'attache à elle. Mais si elle l'avait fait, Damaris l'aurait surement prise encore plus pour une folle. Elle n'aurait peut-être même pas accepté à rencard.
— Et à toi ? osa demander Damaris, je te plais ?
Nina saisi le bras de Damaris pour qu'elle lui fasse face. Elle savait abusée de ses charmes, elle la regarda dans les yeux, et Damaris eut l'impression de pouvoir s'y noyer.
— Tu me plais beaucoup, dit Nina avec un ton suave.
Damaris se senti défaillir, son visage tournant au vermillon, elle ne put tenir son regard et se détourna. Nina déposa sa main sur sa joue pour qu'elle la regarde de nouveau.
— Sans te mentir, continua-t-elle, certainement moins qu'à Louise qui a eu la chance d'avoir de vrai rendez-vous avec toi. Je crois que je suis un peu jalouse. Mais tu me plais, n'en doute pas.
— Comment ça va se passer ? demanda Damaris alors qu'elles reprenaient leur marche, enfin si j'accepte.
— Je n'en ai aucune idée, c'est la première fois pour nous aussi. Enfin, c'est la première fois qu'on souhaite essayer une vraie relation.
— On va faire une sorte de contrat ? demanda Damaris.
— Toi, t'as regardé une série sur Netflix qui parle de polyamour, dit Nina en riant.
— Je cherchais des informations, se défendit Damaris.
— Louise a aussi voulu qu'on la regarde, elle en est sortie avec plein de théories fumeuses. Personnellement, je trouve que ce n'est pas une série réaliste. Est-ce que quand tu rencontres quelqu'un et tu commences à la fréquenter, tu signes des papiers pour justifier ce début de relation. Non. Alors non, on ne va pas signer des papiers, emménager ensemble dans deux semaines, se marier dans deux mois, et faire une enfant dans l'année qui vient.
— Ça me rassure.
Cette discussion avait éclairé les choses pour Damaris, mais elle ne savait toujours pas quoi répondre. Elle n'arrivait toujours pas à envisager une relation à trois, ça lui semblait toujours être une folle idée.
— Tu as été très honnête avec moi, dit Damaris alors qu'elle revenait à leur point de départ, et je dois l'être aussi. Une rencontre en soirée, avec beaucoup d'alcool, tu m'aurais proposé un plan à trois des plus basique, je pense que j'aurai à peine hésité. Mais là, c'est différent.
— Qu'est ce qui te bloque ? demanda Nina.
— Ça me parait totalement fou, dit Damaris comme si elle venait de se rendre compte de la conversation qu'elles étaient en train d'avoir. Même si tu me plais, je te connais à peine, même si Louise m'a énormément parler de toi.
— Je vois, dit Nina en souriant, on a qu'à faire ça.
Damaris ne comprenait pas où elle voulait en venir, et l'interrogea du regard.
— Au lieu de prendre une décision maintenant, on a cas juste se voir, faire connaissance. Tu sais ce qu'on ressent pour toi. Alors soyons amies et voyons comment les choses évoluent. Qu'est-ce que tu en penses ?
— Ça m'a l'air d'être une bonne idée, dit Damaris après réflexion. Mais promet moi de pas me mettre la pression.
Nina promis, et lui proposa de la ramener chez elle. Mais Damaris préféra rentrer à pied pour pouvoir réfléchir à tout ça.
Nina retrouva Louise et lui raconta la discussion qu'elles venaient d'avoir, cette dernière était ravie, enthousiaste à l'idée de revoir Damaris. Elle aurait voulu organiser un rendez-vous le soir même, mais Nina calma ses ardeurs lui rappelant qu'elle avait promis de pas lui mettre la pression.
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