Chapitre 5 : La réflexion
Allongée dans son lit, Damaris ne trouvait pas le sommeil. Elle n'arrêtait pas de penser à la proposition de Louise. Elle y avait pensé pendant tout le reste de l'après-midi. Mais elle ne savait toujours pas quoi faire.
Louise et Nina étaient deux femmes séduisantes, elle ne pouvait pas dire le contraire. Louise avec ses magnifiques yeux verts, ses boucles rousses et ses formes généreuses, Nina et ses cheveux noires corbeau, ses yeux hypnotisant d'un bleu givré et sa taille fine. Dans d'autres circonstances, elle n'aurait pas hésité une seconde. Une rencontre au cours d'une soirée, une consommation excessive d'alcool, et un plan-à-trois impromptu. Jamais elle n'aurait décliné cette proposition. Mais Louise avait été claire, ce n'était pas ce qu'elles recherchaient. Ce qu'elles recherchaient était hors d'atteinte pour l'esprit de Damaris, une relation, une vraie relation sentimentale, avec des rencards, des bons moments, des discussions et des sentiments. Mais à trois.
Damaris avait apprécié les trois rendez-vous qu'elle avait eu avec Louise, elle était prête à aller plus loin avec elle et envisager d'entamer une relation dite « sérieuse ». Il y avait la différence d'âge, mais ce n'était important pour elle. Ce qui posait problème : dans la vie de Louise, il y avait Nina. Elle n'était pas juste dans sa vie, elle était sa compagne. Mais pour Louise, ce n'était pas un problème, juste une modalité. Elle lui proposait clairement d'être la troisième roue de la bicyclette. Une relation à trois, ou plutôt une relation de couple avec un couple.
C'est bien comme ça que les choses se présentaient à Damaris, Louise et Nina était une seule et même entité. En acceptant de sortir avec l'une, elle acceptait aussi de sortir avec l'autre. Si elle voulait revoir Louise, elle devait envisager de sortir avec Nina. Nina, la femme fatale au regard de glace. Damaris avait du mal à croire que Nina pouvait être attiré par elle. Elle s'était montré « amicale » à leur dernière rencontre, mais elle avait eu l'impression que c'était surtout pour faire plaisir à Louise. Louise sa petite amie.
Damaris commençait à croire que Nina n'était pas particulièrement emballée par cette histoire, qu'elle avait accepté un caprice de sa petite amie. Louise s'était montrée avenante avec Damaris, Nina était distante et froide, limite méprisante. Elle devait espérait que Damaris ne donne pas suite à cette idée. Mais dans ce cas-là, pourquoi Louise n'avait pas juste proposé à Damaris d'être sa maitresse, ça aurait été plus facile pour Damaris de l'accepter. Elle lui avait dit être dans une relation libre, ça aurait été plus simple. Enfin peut être pas.
Toutes ces réflexions tournaient en boucle dans la tête de Damaris. Louise avait été claire, il ne s'agissait pas d'un banal plan-à-trois, ni d'avoir une maitresse, elles le voulaient toutes les deux, Nina et elle, sortir avec Damaris. Nina l'appréciait, si on pouvait dire les choses ainsi, elle voulait qu'elle sorte ensemble, toutes les trois.
Plus elle y pensait, plus elle redoutait de les croiser. Elle ne voulait pas qu'elles réclament une réponse qu'elle n'avait pas encore trouvée. Un rendez-vous, Louise avait proposé un seul rendez-vous avec Nina et elle. Ça n'engageait à rien, mais c'était déjà trop pour Damaris. Elle avait envie de leur dire oui, parce qu'elles lui plaisaient vraiment, mais elle avait trop peur. Pour elle, ça ne pouvait pas être réel.
Elle ne pouvait pas les éviter, Louise et Nina étant des habituées du café dans lequel elle travaillait, mais elle espérait qu'elles lui laisseraient du temps pour réfléchir, où mieux encore, qu'elles soient passées à autre chose, et qu'elles ne lui proposent pas un rendez-vous. Ça deviendrait une simple anecdote où un jour un couple de femme très séduisante avait proposé un plan à trois à Damaris.
Le lendemain matin, Louise était encore anxieuse, elle avait l'impression d'avoir mal fait, que la réaction de Damaris n'était dû qu'à la façon dont elle s'était exprimée. Pour elle, il était certain que si Nina et elle plaisaient à quelqu'un, elle accepte de sortir avec elles deux sans y réfléchir.
— Qu'est ce qu'on doit faire ? demanda-t-elle à Nina.
— Pour Damaris ? dit elle à Louise qui acquiesça d'un signe de tête. On doit attendre.
Nina pouvait lire la déception de son amie sur son visage. Elle avait bien compris que Damaris lui plaisait vraiment. Elle commençait presqu'à être jalouse. Quand elles avaient parlé de sortir avec Damaris, Louise avait été claire « pas un plan d'un soir, j'en ai marre des filles qu'on ne rappel pas et dont on se souvient à peine du nom ». Nina avait pris le temps de la réflexion, et avait fini par accepté parce qu'elle trouvait Damaris séduisante, une jeune femme un peu maladroite, ce qui la séduisait particulièrement. Partager sa couche une nuit avec une tierce personnes ne la dérangeait pas, mais partager les sentiments de Louise lui était plus difficile. Elle était jalouse, il n'y avait aucun doute, mais partager cette relation était un bon compromis. Après tout, il lui arrivait à elle de voir d'autres personnes, et Louise ne lui faisait jamais aucun reproche. Ce que lui avait rapporté sa petite amie des rendez-vous qu'elle avait eu avec Damaris avaient fini de la convaincre, elle semblait intelligente, intéressante, gentille, tous ce que Nina souhaitait pour Louise. Mais est ce qu'elle le désirait pour elle ? c'était une question à laquelle elle ne parvenait pas à répondre. Maintenant qu'il semblait de moins en moins probable que Damaris accepte de sortir avec elles, Nina en avait de plus en plus envie. Elle n'avait pas de mal à l'imaginer l'embrasser, voir Louise l'embrasser, c'était même un peu excitant.
— Je crois qu'elle m'a prise pour une folle, reprit Louise, elle a dit que c'était des jeux perverses.
— Elle ne le pensait pas, tenta de temporiser Nina, elle a été surprise c'est tout. Faut juste lui laisser un peu de temps. Elle va réfléchir, et nous dire ce qu'elle veut.
— Je l'aime bien, vraiment bien, tu sais.
— J'ai remarqué, dit Nina en prenant Louise dans ses bras, mais tu m'as toujours moi.
— Tu n'es pas déçue toi ?
— On est toujours déçue quand une femme se refuse à nous, mais ce n'est pas encore arrivé.
Louise avait beau écouté ce que lui disait Nina, elle avait l'impression d'avoir tout gâché. Elle ne s'attendait pas à ressentir cela pour Damaris, elle lui plaisait, mais elle s'était dit que si elle lui disait non, ce n'était pas si dramatique. Mais maintenant qu'elle attendait une réponse, elle avait l'impression que c'était insurmontable. Elle voulait la revoir, lui parler, la prendre dans ses bras, l'embrasser. Elle voulait qu'elle soit là avec elle, mais aussi avec Nina.
Les deux jours suivant, elles n'allèrent pas au café, Damaris se demandait si c'était à cause d'elle. Elle ne leur avait pas donné de réponse, elle avait voulu du temps, mais leur absence lui mettait encore plus la pression. Elle n'avait pas l'intention de leur dire oui, mais elle voulait les revoir, revoir Louise, et même revoir Nina. Elle avait peur qu'un non les fasses fuir, que le café perde deux de leurs habitués, qu'elle n'ait plus jamais l'occasion de leur dire oui.
Mais finalement, elle revinrent. Damaris n'était pas au comptoir et elle ne les avait pas vu entrer. Dés qu'elle les remarqua dans la fil d'attente, elle ne put s'empêcher de sourire avant d'être envahi par une vague d'anxiété. Louise était anxieuse depuis que Nina avait dit « on va boire un café ».
Elle scrutait le café à la recherche de Damaris, elle espérait l'y voir, ou peut être pas. Elle en était arrivé à un point où elle préférait ne pas savoir plutôt que t'entendre Damaris leur dire non et à quel point elles étaient tordues. A contrario, Nina en avait marre d'attendre, elle voulait être fixée, savoir si elle devrait partager Louise, si elle devait s'ouvrir à une autre personne.
Le regard de Louise et de Damaris finirent par se croiser, et l'anxiété de la rousse fit un bon quand elle vit la serveuse se détourner d'elles.
— Je ne vais pas y arriver, dit Louise en indiquant à Nina où se trouver Damaris.
— Arrête, on prend juste un café.
— C'est clair qu'elle ne veut pas de nous, elle ne veut même pas nous voir.
— Tu veux toujours qu'on sorte avec elle ? demanda Nina
— Oui, répondu Louise sans hésitation.
— Alors faut lui parler pour savoir si elle a prit une décision.
— Je vais pas y arriver, ne m'oblige pas.
Elles récupérèrent leur commande et Nina demanda à Louise de l'attendre dehors pendant qu'elle allait parler à Damaris. Si elle était anxieuse, Nina savait bien le cacher.
— Salut, dit elle sans cérémonie.
— Salut, dit Damaris en se retournant sur Nina.
Louise faisait les cent pas sur le trottoir devant le café.
— Elle est un peu stressée, dit Nina, elle attendait de tes nouvelles, on en attendait.
— Désolée.
— Ne t'excuse pas. Elle a surtout peur que tu nous prennes pour des perverses.
— C'est pas le cas, tenta d'expliquer Damaris. Enfin c'est vrai que je l'ai dit, mais je ne le pensais pas, je ne le pense toujours pas.
— C'est déjà ça, dit Nina dans un sourire narquois.
— T'es venue me demander une réponse ?
— T'en as une à me donner ?
— Non. Je ne sais pas quoi te dire, ça me semble totalement fou tout ça.
— Tu as besoin de quoi pour prendre ta décision ?
— De temps.
— Je vais te laisser, dit Nina en voulant partir, mais si tu as des questions, n'hésite pas, envoie nous un message.
Damaris regarda Nina s'éloigner en se disant que le temps ne lui permettait pas de prendre une décision, elle ne faisait que retourner la situation dans tous les sens. Elle interpela la femme brune.
— Attends. Je finis à quinze heure.
— Tu veux qu'on te rejoigne après ton service ?
— Juste toi, dit précipitamment Damaris en jetant un coup d'œil à Louise qui continuait de piétiner sur le trottoir. J'aimerai qu'on discute.
— Ok, pas de souci.
— Je crois que de nous trois, t'es la moins stressée par toute cette histoire, s'expliqua Damaris. J'ai plein de question, et je préfère te les poser à toi, je ne sais pas si je serais capable de les poser à Louise.
— Parce qu'elle te plait, attaqua Nina.
— Parce que je me suis mal comportée quand on en a parlé la dernière fois, s'expliqua Damaris.
— J'essaierai d'être là à quinze heure, conclut la brune.
Nina retrouva Louise devant le café qui était encore plus anxieuse qu'il y a deux minutes. Elle ne la fit pas plus attendre.
— Elle n'a pas dit non, mais elle n'a pas encore dit oui.
— Elle nous prend pas pour des folles ? demanda Louise, elle y a réfléchi ?
— Elle y réfléchi encore, je dois la retrouver à quinze heure.
— Juste toi, s'insurgea Louise, parce que je l'ai fait flippée ?
— Juste moi, parce que même à travers la vitre, elle a vu que tu étais stressée. Je pense qu'elle l'est assez, et qu'elle voudrait avoir une discussion plus posée. Faut que tu arrêtes de stresser, je vais lui parler, répondre à ses questions et tout ira bien, tu verras.
En disant ça, Nina avait pris Louise dans ses bras pour la réconforter. A l'intérieur du café, Damaris les observait du coin de l'œil, ce qu'elle voyait l'attendrissait. Elle se demanda si Nina pourrait aussi la prendre comme ça dans ses bras pour la réconforter, si elle pourrait se montrer aussi tendre avec elle. Elle était attiré par elles, il n'y avait pas de doute, par Nina et par Louise, mais elle se rendait compte qu'elle pouvait tout aussi bien être attirée par le couple qu'elles formaient. Pouvait elle vraiment franchir le pas ? pouvait elle entretenir une relation avec deux femmes en même temps ? Se poser ces questions lui donner mal à la tête. Elle ne savait pas quoi faire.
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