— On ne devrait pas accepter bouteille, dit Louise à Enzo qui remplissait déjà les verres de tout le monde.

— Pourquoi ? demanda-t-il, je trouve ça très sympa de leur part.

— Je ne suis pas sûre que ce soit un geste de sympathie.

Enzo pris une longue gorgée de champagne, il jeta un regard à la table de Nina et Damaris qui ne semblaient pas leur porter un quelconque intérêt.

— Je pense que tu es un peu parano, dit finalement Enzo. Elles n'ont pas l'air si mesquines. Franchement, si c'est une provocation, c'est plutôt mignon, se moqua-t-il. Je pense qu'elles tiennent à toi, dit-il plus sérieusement en prenant la main de Louise dans la sienne, elles veulent ton bonheur et te soutiennent.

— Peut-être, commenta Louise sans réussir à cacher son agacement. Je devrais aller les remercier.

Enzo la retenue, s'excusa de ne pas prendre plus au sérieux la situation. Il lui expliqua brièvement qu'il n'avait aucune expérience de longue relation et qu'il avait du mal à comprendre ce qu'elle pouvait ressentir. Il lui proposa de rentrer si elle ne se sentait pas à l'aise dans cette situation. Louise jeta un regard à sa tablé où les amis d'Enzo passaient un bon moment, puis elle tourna le regard vers ses ex petites-amies qui s'embrassaient langoureusement sur leur banquette sans lui porter plus d'attention. Elle décida finalement de rester, espérant que Nina, parce qu'elle savait qu'il n'y avait qu'elle derrière ce geste, se contente de cette bouteille. Mais, dès que la première bouteille fut finie, une nouvelle arriva sur la table au plaisir d'Enzo et ses amis.

Le live commença enfin, tout monde se lève et danse, ils se mettent dans l'ambiance, s'amusent, tous sauf Louise. Elle profita de l'euphorie pour aller confronter Nina et Damaris.

— Tu joues à quoi ? demanda-t-elle à Nina sans préambule.

— Bonsoir, dit Nina en essayant de ne pas perdre toute consistance face à son ex.

— Et toi, tu la laisses faire ? demanda la rousse à Damaris.

— Je la laisse faire quoi ? demanda-t-elle sans cacher son amusement.

Nina restait fière, toisant Louise de ses yeux glaciales, alors qu'elle la foudroyait d'un regard qui aurait pu lancer des flammes.

— Tu parles des petites bouteilles ? demanda Nina d'un ton calme, c'est pas grand-chose pour moi, tu le sais.

— Pourquoi tu fais ça ? demanda Louise nerveuse.

— Parce que je veux, on veut, rectifia-t-elle en prenant la main de Damaris dans la sienne, plus que tout que tu sois heureuse. S'il fait ton bonheur, on ne peut que l'accepter, dit-elle en soutenant le regard de Louise non sans un certain dédain.

Louise ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais renonça. Elle repartit en direction de la piste où elle avait laissé Enzo qui l'avait laissé s'échapper pour qu'elle aille voir ses ex. Elle l'embrassa avec fougue essentiellement pour blesser Damaris et Nina.

— Je ne suis pas sûre que ton plan fonctionne, dit Damaris avec une grimace de dégout devant ce spectacle.

— Au contraire, je crois qu'il fonctionne un peu trop bien.

— Tu voulais qu'elle lui roule des patins ? demanda l'étudiante.

Nina ne répondit pas, mais proposa d'aller danser, après tout elles étaient venues pour ça.

Louise dansait avec Enzo, les bras autour de son cou, elle essayait de ne plus penser à ses ex, tentant de faire abstraction de leur présence à quelques mètres d'elle. Son petit ami vacillait, il avait beaucoup bu et le champagne lui était très vite monté à la tête. La rousse regarda son visage, ses yeux vitreux, elle détourna les yeux et aperçu au milieu de la foule, Damaris et Nina qui dansaient langoureusement. Elle ne voulait pas les regarder, leur porter de l'attention, leur donner cette satisfaction. Mais elle n'y parvenait pas, elles se retrouvaient toujours dans son champ de vision, elle ne pouvait plus s'empêcher de les dévisager, de parcourir leur corps enlacés des yeux dans lesquels la colère laissait peu à peu place à une excitation difficile à garder pour elle.

— Faut que j'aille m'asseoir, lui dit Enzo brisant l'état d'envoutement de Louise. Je ne me sens pas très bien.

Elle l'accompagna sur la banquette, s'installa à côté de lui, mais ne cessa pas d'observer Nina et Damaris qui profitaient de leur soirée en lui jetant, de temps en temps, des regards qu'elle estimait lubrique. Elle avait envie de laisser Enzo sur sa banquette et de rejoindre les deux femmes, mais ce n'était pas la meilleure chose à faire.

Cette intense surveillance n'avait pas échappé à Damaris et Nina. Cette dernière était très fière de leur effet, mais elle ne savait pas comment passer à l'étape suivante. Alors qu'elles retournaient à leur table, Damaris se décida à aller voir Louise qui ne cessait de les fixer assise à côté de son petit copain.

Louise, voyant Damaris l'approcher, avait le cœur au bord des lèvres. L'étudiante se pencha sur elle pour pouvoir lui murmurer quelque chose à l'oreille, elle pouvait sentir l'odeur chaude de sa peau.

— Il faut que tu arrêtes de nous fixer comme ça, on commence à croire que tu veux nous tuer.

Louise ne répondit rien, troublée par la proximité de son ex-amante. Damaris salua Enzo qui comatait sur sa banquette. Elle lui demanda si ça ne le dérangeait pas si elle invitait sa petite amie à danser. Il secoua la tête et baragouina un son que Damaris prit pour un non.

Louise la suivit sur la piste en lui rappelant qu'elle n'avait pas besoin de son consentement pour danser avec qui elle voulait.

— C'est vrai, mais je ne voulais pas qu'il pense que je lui faisais à l'envers.

Elles commencèrent à danser à une distance raisonnable, mais la proximité de la foule, les obligèrent très vite à se rapprocher à leur grand plaisir. A la table, Nina les observait hésitant à les rejoindre. Damaris lui lança un sourire, avant de dire à Louise :

— Peut-être que Nina a un peu abusé avec cette histoire de champagne.

— Elle ne peut pas s'en empêcher.

— Tu sais que ça ne partait pas d'une mauvaise attention.

— Je ne peux pas te croire.

Elles continuèrent de danser sans rien dire pendant quelques minutes, avant que Damaris reprenne :

— J'ai l'impression d'être revenu plusieurs mois en arrière, danser sur cette piste avec toi, pendant que Nina nous observe.

— Oui, mais les choses ne sont plus les mêmes.

— C'est vrai, dit-elle en approchant ses lèvres de l'oreille de Louise, à l'époque, j'hésitais à t'embrasser, ce soir, c'est toi qui hésites.

Damaris ne se trompait pas, mais Louise ne pouvait pas l'admettre :

— Tu penses que j'hésite ?

— J'en suis persuadée. J'ai bien vu comment tu nous regardais.

Louise voulut partir, laisser Damaris sur la piste pour ne pas lui donner raison, mais elle la retint. Elle s'excusa, elle n'aurait pas dû dire ça, prendre ses rêves pour une réalité. La rousse accepta de rester danser.

Nina les observait toujours, elle se sentait un peu jalouse, elle avait envie de les rejoindre. Elle ne savait pas si Louise voulait d'elle ou non, mais elle voulait s'éclipser avec sa petite amie. Elle finit par les rejoindre. Elle se glissa derrière Damaris qui eut un petit mouvement de sursaut avant de se rendre compte de qui il s'agissait. Elle se cola à son corps bouillant, elle embrassa son cou, puis ses lèvres. Louise voulut s'éloigner, mais Damaris la retenait par la main. La brune murmura quelque chose à l'oreille de sa petite amie et s'éloigna.

Damaris s'approcha de Louise et lui dit à l'oreille :

— Tu peux nous rejoindre, seulement regarder...

Elle s'en alla, prit le même chemin que Nina, laissant Louise seule au milieu de la piste avec ses hésitations.