Chapitre 22 : Ménage d'automne
Cela faisait déjà plusieurs jours que Louise et Enzo se fréquentaient, force était de constater qu'à part leur travail ils ne partageaient pas grand-chose. Il n'aimait pas les longues balades, les séries et ne lisait pas. Elle ne s'intéressait pas aux jeux vidéo et encore moins au football. Ils passaient quand même de bons moments ensemble. Il faisait de son mieux pour être attentionné, Louise trouvait cela adorable. Il lui apportait des fleurs, l'invitait au restaurant en se montrant le plus gentleman possible alors même qu'elle ne cessait de lui dire que ce comportement était dépassé.
Mais Enzo était rarement sans ses amis, souvent leurs soirées se terminaient trop souvent au gout de Louise chez l'un ou chez l'autre. Quand il était avec eux, il n'avait plus rien d'adorable. Elle avait l'impression d'être un objet de décoration, elle était posée là et ne parvenait pas à interagir avec les autres personnes du groupe. Enzo lui était comme un poisson dans l'eau, il plaisantait avec ses amis et ne prêtait pas beaucoup d'attention à Louise. Souvent elle partait avant la fin de la soirée, incitant Enzo de la suivre, il obtempérait sans discuter, préférant partager la couche de sa petite amie, plutôt que de jouer à la console entre mecs.
Louise continuait à venir à ces soirées parce qu'elle s'était rapidement rendu compte que cela plaisait à Enzo de montrer sa magnifique petite amie. Lui et amis étaient plus âgés que Damaris, mais semblaient bien moins matures donnant plus d'importance aux apparences qu'aux choses réellement importantes. Elle se rendait bien compte que leur relation n'allait pas durait, l'attirance physique ne suffisait pas à créer une réelle relation. D'autant plus que ce n'était pas la folie dans la chambre à coucher, ils n'étaient pas très compatibles. Un soir où ils étaient chez Louise, cette dernière lui avait attaché les mains au-dessus de sa tête. D'abord, très excité par la situation, il ne voulu pas aller plus loin quand elle lui couvrit les yeux lui empêchant de voir ce qui se passait autour de lui.
— On ne peut pas faire les choses normalement ? demanda-t-il les mains toujours attachées l'une à l'autre en s'asseyant sur le bord du lit en cachant son sexe du mieux qu'il pouvait.
— Si, bien sûr, dit-elle déçue.
— C'est ça que tu faisais avec elles ? demanda-t-il après un long silence gênant.
— Tu veux vraiment parler de ça ? interrogea-t-elle avec une grimace.
— Non. Je ne préfère pas, tu as raison.
— Peut-être que tu devrais te rhabiller.
Louise se rendait de plus en plus en compte que Nina et Damaris lui manquaient, elle aurait beaucoup de mal à trouver une relation qui égale et encore moins qui surpasse ce qu'elle avait vécu avec Nina. Même si elle n'était pas depuis longtemps avec Damaris, leur relation était devenue profonde très rapidement. Elle adorait leurs promenades qui menaient nulle part, elle avait l'impression que cette histoire prenait la même direction, elle allait nulle part.
De leur côté, Damaris et Nina commençaient à tourner la page. Ça faisait plusieurs jours qu'elles faisaient le tour de la maison de Nina pour dénicher le moindre objet qui pouvait appartenir à Louise. Elles avaient amassé une demi-douzaine de cartons dans le garage, vêtements, chaussures, livres et autres babioles.
— Qu'est ce qu'on fait de tout ça maintenant ? demanda Nina, un feu de joie ?
— On risquerait de mettre le feu à la maison, releva Damaris. Peut-être qu'on devrait lui rendre ses affaires.
— Je peux lui faire livrer chez elle.
— Après tant années de relation, tu vas lui envoyer un tas de colis ?
— Je ne veux pas la voir, dit sèchement Nina. Je ne suis pas prête. J'ai envie de la gifler.
— Je peux m'en occuper si tu veux, dit Damaris en allant prendre Nina dans ses bras. Mais tu me devras quelques choses, ajouta-t-elle avec un sourire taquin.
— Je saurais payer ma dette, dit-elle avant d'embrasser sa petite amie.
Damaris jeta un œil à l'un des cartons duquel dépassé plusieurs jouets sexuels, elle y prit une cravache de cuir souple :
— T'es sûre que tu veux lui rendre tout ça, on pourrait garder certaine chose, dit-elle en caressant la cuisse de Nina avec la cravache.
— Je t'en achèterai une si tu veux, mais celle la retourne chez Louise. Peut-être qu'elle s'en servira avec son Ponzo.
— Pourquoi tu veux me mettre des images d'horreur dans la tête, dit Damaris en jetant la cravache dans son carton.
Elles remontèrent dans la maison, Nina s'y sentait beaucoup mieux depuis qu'elle avait commencé à enlever tout ce qui lui rappelait Louise. Elle ne voulait pas l'effacer totalement de sa vie, mais elle savait que chacun de ses objets pouvaient être une véritable torture. Elle n'était pas la personne froide qu'elle paraissait au premier abord. Bien au contraire, Damaris comprenait de mieux en mieux à quel point elle pouvait être sensible.
— Je vais lui demander de venir prendre ses affaires, dit Damaris en s'installant dans le canapé.
— Tu ne préfères pas lui ramener chez elle, lui suggéra Nina, ça serait plus pratique.
— S'il n'y avait qu'un carton, je ne dis pas, mais je me vois mal prendre le bus avec une demi-douzaine de cartons.
— Prend ma voiture.
— Je ne vais pas conduire ta voiture, j'ai trop peur de l'abimer. Et qu'est-ce que tu crois ? Je n'ai pas particulièrement envie de la voir non plus, expliqua l'étudiante. Encore moins d'arriver chez elle et de croiser son nouveau mec.
— Ok. J'en profiterai pour aller acheter une nouvelle cravache, plaisanta la brune.
Damaris n'attendit pas plus longtemps pour envoyer un sms à Louise, elle ne voulait pas faire durer les choses indéfiniment. Elle voulait tourner la page, plus pour Nina que pour elle-même.
Damaris : « Salut. Quand est-ce que tu serais disponible pour passer chez Nina ? »
Louise fut agréablement surpris de recevoir un message de Damaris après plusieurs semaines de silence. Elle se demandait pourquoi elle voulait la voir, qu'est ce qui l'attendait chez son ex. Elle espérait sans oser se l'avouer qu'elles veuillent la reconquérir.
Louise : « Quand vous voulez. Un café ? »
La réponse de Louise laissa Damaris perplexe, elle devait immédiatement révéler la raison qui la poussait à la contacter avant que Louise ne se mettent de fausses idées en tête.
Damaris : « Tu pourrais venir récupérer tes affaires ? Demain en fin d'après-midi, vers 17h30 ? »
Il semblait clair que Nina et Damaris suivaient les conseils de Louise, elles vivaient leur vie à deux et voulaient se débarrasser de toutes traces de l'existence de Louise. Elle devait s'en réjouir, c'était ce qu'elle pouvait leur souhaiter de mieux. Elle s'était inquiétée pour elles, mais, finalement, il n'y avait aucune raison de le faire, elles s'étaient bien trouvées.
Louise : « Pas de problème. »
Le Lendemain en fin d'après-midi, Nina sorti, laissant Damaris seule dans sa maison. Elle était beaucoup anxieuse que sa petite amie. Elle avait mal dormi la nuit précédente ne cessant de se demander si Louise pourrait revenir. Elle avait demandé à Damaris si elle pensait que Louise pouvait regretter leur rupture, si elle s'était laissé emporter par l'excitation d'une nouvelle histoire qui l'avait aveuglé. L'étudiante avait les mêmes espérances, mais elle n'en dit rien, ne voulant pas donner de faux espoirs à Nina. Elle lui avait dit qu'elle avait fait un choix et qu'elles devaient le respecter.
En arrivant devant le portail, Louise hésita à se garer à l'extérieur, ce n'était plus sa maison, son chez soi, là où elle se sentait en sécurité, là où elle se sentait aimer. Elle entra finalement avec sa voiture, il n'y avait pas beaucoup d'endroit où se garer dans la rue et il serait plus simple de récupérer ses affaires avec sa voiture à disposition. Elle passa par l'escalier de la terrasse, longeant la piscine comme elle l'avait fait des milliers de fois. Elle monta les marches lentement se souvenant de toutes les choses qu'elle avait vécu dans cette maison, se rappelant les petit-déjeuners dans le jardin, les longues après-midis à flâner avec Nina. La chaleur qu'elle ressentait dans son cœur quand elle venait la prendre dans ses bras, les papillons dans son estomac, la première fois qu'elle avait embrassé Damaris sur la terrasse. Elle avait renoncé à tout ça et ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même.
Damaris était assise dans le canapé, un livre à la main, quand Louise frappa à la porte fenêtre du salon. Elle entra, jeta un coup d'œil à la cuisine espérant y voir Nina.
— Bonjour, lui dit l'étudiante sans plus de cérémonie. Je t'offre quelque chose à boire.
Damaris lui servis un soda et ne prit rien pour elle. Elle se montrait juste polie et ne voulait pas que les choses s'éternisent.
— Ça a l'air d'aller, dit Louise pour faire la conversation.
— On fait aller, répondu Damaris sans conviction. Tes affaires sont dans le garage.
— Ok. Comment va Nina ? Je pensais que je la verrai.
— Elle ne voulait pas te voir.
— Ok, j'ai l'impression que tu ne veux pas vraiment discuter, dit Louise en déposant son verre et en se dirigeant vers le garage.
— Tu t'attendais à quoi ? dit Damaris avec dédain. Tu nous as largué du jour au lendemain, alors non, ça ne va pas.
— Je suis désolée.
— Ouai. Tu es désolée. Tu t'imaginais qu'on vivait le parfait amour je suis sûre. Penser qu'on allait bien, qu'on vivait cette rupture comme une libération ça t'a permis d'être plus heureuse peut être.
— Je ne suis pas venu pour me disputer, dit Louise sur la défensive.
Elle descendit l'escalier qui la menait au garage, Damaris sur les talons. Une fois devant ses cartons, elle se retourna sur elle en se mordant l'intérieur de la joue, les larmes aux yeux.
— J'ai fait ce qui me semblait le mieux sur le moment, cracha-t-elle, tu voulais que je fasse quoi ? Que je me taise ? Que je reste en faisant semblant que tout aller bien, que j'étais heureuse ?
— Mais tu n'as rien dit, attaqua Damaris. Tu es resté sans rien dire pendant des semaines. Des semaines où Nina et moi on se demandait si on avait fait quelque chose de mal qui t'aurait blessé. Tu ne nous as rien dit et je suis sûre que tu ne nous aurais toujours rien dit si on ne t'avait pas surprise avec lui.
— Il n'y avait rien à dire. Vous viviez votre histoire d'amour toutes les deux. Vous étiez heureuse sans moi. Je savais que ça ne pouvait pas durer. Pas toutes les trois en tout cas.
— Tu ne voulais pas de moi, c'est ce que tu es en train de dire ?
— Non. Non. C'est moi qui étais en trop. Vous me l'avez bien fait sentir.
— Tu mens, dit Damaris. Tu t'es mise seule à l'écart. Nous, on t'aimait, on était heureuse avec toi.
— Je ne le sentais pas.
— Tu ne nous as même pas laissé une chance de te le montrer.
Un lourd silence prit place dans la pièce. Louise essuya les larmes qui roulaient sur ses joues et commença à prendre les cartons pour les mettre dans sa voiture garée devant le garage. Quand tout fut chargé, elle se planta devant Damaris debout à la porte du garage, les bras croisés sur sa poitrine. D'une main hésitante Louise saisit un de ses bras pour la forcer à les décroiser. Elle se glissa dans ses bras, le cœur battant à tout rompre dans sa poitrine. Damaris se laissa faire, plongeant son visage dans le creux de son cou, humant le parfum sucré s'échappant de ses boucles rousses. Elle sera ses bras autour d'elle, espérant que cette étreinte puisse durer une éternité.
— Qu'est-ce que je dois faire pour arranger les choses ? murmura Louise la voix brisée.
Damaris se dégagea de son étreinte, essuya ses larmes et lui dit :
— Réparer.
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