Chapitre 17 : Manque de Temps
Le retour à la vie normale a été plutôt violent, surtout pour l'étudiante qui devait jongler entre les cours et le travaille au café, mais aussi ses amis et ses petites amies. Elle essayait de s'organiser, mais dès la première semaine de cours, elle était exténuée. Assise à côté d'Héloïse, pendant un cours magistral, elle s'était assoupie sur son bureau, son ami la réveilla avec un petit coup de coude. Elle sursauta mais ne se fit pas remarquer.
— Faut dormir la nuit, dit Héloïse. Mais je comprends que ça soit difficile avec deux bombes dans son lit.
— Si seulement, j'ai à peine vu les filles cette semaine.
— Qu'est ce qui se passe, vous vous êtes disputées ?
— Non, tout va bien, mais entre les cours et le café, j'ai plus une minute.
Louise et Nina ne se rendaient pas encore compte de son manque de disponibilité, trop prise dans leur propre occupation. Les chantiers de Nina avaient pris du retard et elle devait gérer les visites impromptues des inspecteurs en assurance. La rentrée à la banque était toujours chargée, beaucoup de nouveaux clients, surtout des étudiants qui venaient avec leurs parents et leurs idées bien ancrées.
Enzo, le collègue de Louise, revint la questionner pour savoir si elle avait pris le temps de réfléchir à ce projet de diner.
— Pas de diner, lui dit-elle.
— Vraiment ? C'est sans discussion ? Tu ne laisses même pas une chance à notre amitié ?
— Une amitié n'a pas besoin d'un diner, mais on peut aller déjeuner, si tu veux.
— C'est déjà mieux que rien, dit-il en lui tendant la main pour conclure cet accord.
Damaris aussi était en pleine négociation. Héloïse lui proposait une soirée avec d'autres élèves de sa promotion :
— Un before chez Paul, et une soirée tranquille au Café Chaud, ajouta-t-elle.
— Je sais pas, lui répondu Damaris.
— Non, ne dit pas ça, dit elle avec exagération. Tu vas devenir comme tous ces cons qui n'ont plus de vie sociale dès qu'ils sont en couple.
— N'importe quoi. Je travaille le lendemain, expliqua la serveuse, t'as dû remarquer avec mes petites siestes pendant les cours j'ai besoin de sommeil.
— T'es déjà pas venue la semaine dernière. T'es pas obligée de rentrer à pas d'heure. C'est l'occasion de voir tes amis, et de penser à autre chose.
Damaris fini par accepter, une soirée festive ne devrait pas lui faire du mal, au contraire, c'était l'occasion de laisser de côté sa romance, elle commençait à comprendre le besoin de Louise d'avoir un peu d'indépendance.
— Ton petit ami pense quoi du fait qu'on déjeune ensemble ? demanda Enzo à Louise pendant leur tête à tête.
— Un déjeuner avec un collègue, il n'y a rien dire.
— Tu lui as dis que j'espérais plus qu'un déjeuner ? insista le jeune homme.
Louise ne répondit rien. En réalité, elle n'était pas sûre pas d'avoir un jour mentionné le nom d'Enzo, elle ne cherchait pas à le cacher, mais elle abordait rarement son travail avec ses petites amies. Elles ignoraient donc tout de lui et encore moins qu'elle n'était pas insensible à ses avances.
— A vrai dire, commença la rousse, ce n'est ni il, ni lui. Mais elles et au pluriel.
— Comment ça ?
— Je suis pleine de surprise, se vanta-t-elle.
Enzo n'était pas sûr de comprendre. Louise se cachait derrière son verre de vin, un peu anxieuse de confier sa relation qui n'était pas des plus ordinaire.
— Donc tu es..., reprit Enzo sans trouver ses mots, comment dire... tu sors avec une femme.
— Deux, précisa-t-elle.
— Deux femmes, répéta-t-il, l'étonnement se lisant sur son visage. Donc tu es...
— Polyamoureuse et bisexuel, fini par dire Louise devant le manque du mot de son collègue.
— Bi ? Donc les hommes te plaisent aussi ? C'est déjà ça. Enfin, je veux dire que ça me laisse une chance, continua-t-il devant le regard perplexe de Louise.
— Tu ne penses pas que le fait que j'ai deux petites amies soit un obstacle à tes projets ?
— Tous les obstacles peuvent être surmontés.
Elle était flattée par l'enthousiasme de son collègue, mais elle avait un peu l'impression qu'il se la jouait à l'homme alpha, auquel aucune femme ne pouvait résister. Elle n'avait pas besoin de quelqu'un qui pensait savoir mieux qu'elle ce qu'elle voulait ou ce dont elle avait besoin.
— J'ai l'impression que c'est un sujet un peu glissant, reprit Enzo devant le silence de sa collègue.
— Ma vie de couple ? Pas du tout. Mais je n'apprécie pas trop que l'on me considère comme un objectif à atteindre.
— Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire, tenta d'expliquer le jeune homme. Comme je te l'ai déjà dit, si tu veux qu'on ne soit qu'amis, je le respecterai.
Louise le fixa en se pinçant les lèvres. Ce n'était pas difficile à dire, « je veux seulement qu'on soit amis », mais elle ne dit rien.
— Comment ça se passe ? demanda Enzo avec un grand sourire. Chacune à sa soirée, trois fois par semaine et le dimanche tu te reposes ?
— Pas du tout, rit Louise. Je ne sors pas avec deux femmes séparément, mais on sort toutes les trois ensembles.
— Je vois, dit-il en imaginant toutes les possibilités.
Il avait plein de fantasmes sexuels qui le venait à l'esprit, il aurait voulu lui demander s'il pouvait être la quatrième roue du carrosse, mais il ne dit rien. Il lui posa d'autres questions sur sa vie de couple en essayant de ne pas être trop intrusif.
— L'important c'est d'être heureux dans sa relation, conclu Enzo.
Après ce déjeuner, il lui en proposa un nouveau, mais Louise n'était pas certaine que ça soit une bonne idée. Elle était bien avec Nina et Damaris et le sexe n'avait jamais était aussi bien. Mais elle avait envie de le revoir, de le revoir hors de leur lieu de travail. Elle s'était déjà surprise à imaginer ce qu'il cachait sous sa chemise. Ces pensées la remplissaient de culpabilité, entamé une relation d'amitié avec lui c'était prendre le risque de succomber à la tentation. C'était un risque qu'elle ne voulait pas prendre.
Le jeudi, en fin d'après-midi, Héloïse et Damaris sortaient de l'université d'un pas enjoué quand le téléphone de la serveuse sonna :
— Je sais que ce soir t'es censé voir tes amis, commença Nina à l'autre bout du fil. Mais je me suis dit que peut être tu accepterais de tout annuler pour passer la soirée avec moi.
— On en a déjà parlé, gronda Damaris.
— C'est pas possible, j'ai deux petites amies et je vais dormir seule.
— Louise ne vient pas ?
— Elle a une réunion imprévue et elle préfère rentrait chez elle après plutôt que d'être avec sa petite amie.
— C'est Nina ? demanda Héloïse qui marchait à côté de Damaris. Passe-lui le bonjour.
— Héloïse te dit bonjour, transmit-elle.
— Bonjour, commenta Nina, peut être qu'elle peut te convaincre de changer tes plans.
— Ça m'étonnerait. Au contraire, je crois qu'elle va me tuer si je décommande ce soir.
— Propose-lui de nous accompagner, dit Héloïse.
— Tu peux changer tes plans toi, viens avec moi. Tu pourras enfin rencontrer Héloïse.
— Oh oui, commenta l'autre étudiante, j'en rêve.
— Elle en est impatiente, continua Damaris.
— Déjà qu'avec toi je me sens vieille, expliqua Nina, je n'ose pas imaginé entouré par une quinzaine de personne de ton âge.
— Comme tu veux.
— Mais demain, tu viens à la maison ?
— J'y serais sans faute, dit Damaris avant de raccrocher.
Quand Louise rentra chez elle, elle reçut un message d'Enzo : « Tu es partie précipitamment, rendez-vous avec tes copines ? »
Louise : « Pas de petite amie ce soir, juste mon canapé et Netflix. »
Enzo : « Pas de soucis en amour, j'espère. Je vais peut-être te laisser profiter de soirée en solo. »
Louise : « Aucun soucis à ma connaissance. Ce ne sont pas des petits messages qui vont me faire du mal. »
Ils discutèrent pendant toute la soirée, alors que Nina s'ennuyait ferme seule chez elle. Cela arrivait très rarement depuis le début de l'été, elle n'en avait plus l'habitude. De son côté, Damaris passait une bonne soirée, elle riait, discutait vivement de chose futile comme si cela avait une quelconque importance, comme si leur vue était en jeu.
Quelqu'un finit par interroger Damaris :
— C'est cool que tu te joignes enfin à nous, qu'est ce qui se passe depuis le début de l'année pour que tu n'aies jamais de temps pour tes potes ?
— Je travaille cette année, répondu Damaris, dans un café.
— Il n'y a pas que ça, intervint Héloïse, cet été notre petite Damaris a trouvé l'amour.
Damaris fusilla son amie du regard, elle n'avait aucune envie de s'épancher sur le sujet.
— Tu n'es plus un cœur à prendre, dit l'un de ses amis, je suis déçu. Quand aurons-nous la joie de rencontrer l'heureux élu. Pourquoi il ne t'a pas accompagné ce soir ?
— Occupée, mais bientôt peut être.
Elle ne dit rien de plus et changea de sujet.
Le lendemain, les trois petites amies se retrouvèrent chez Nina, Damaris fit un petit débrief de la soirée de la veille.
— C'était une bonne soirée, mais quand je suis rentrée chez moi, vous me manquiez énormément.
— T'aurai pu venir dormir à la maison, dit Nina ravie du sentiment qu'elle inspirait à sa petite amie.
— J'ai hésité, mais je ne me voyais pas frapper à ta porte à quatre heures du matin, en plus Héloïse est restée dormir chez moi.
— Tu devrais peur être donné une clé à Dami, dit Louise.
— Bonne idée, comme ça tu pourras te glisser dans mon lit à toute heure de la nuit, dit la brune en faisant un clin d'œil à Damaris.
L'étudiante ne su quoi dire. Dans les faits, c'était une bonne idée, mais elle trouvait que c'était un nouveau cap dans leur relation. Alors que pour ces petites amies cela ne semblait être qu'une futilité. Ces dernières ne remarquèrent pas les questionnement interne de leur amie, et changèrent de sujet.
— Dimanche matin, j'irai au marché, dit Nina, on pourra se faire un brunch sur la terrasse, il fait encore beau.
— Je travaille dimanche, dit Damaris.
— Tu travailles tous les weekends, commenta Louise.
— Demain, pour le diner ? insista la brune qui commençait à être agacée par le manque de disponibilité de sa petite amie.
— Je fais la fermeture, je ne serais pas libre avant 22h30-23h.
— Et lundi t'as cours.
— Oui, je suis désolée, dit Damaris. C'est vrai que depuis la rentrée je n'ai pas beaucoup le temps libre.
— Clairement, dit Louise absorbée par un nouveau message d'Enzo qui la fit sourire. Raison de plus pour que tu puisses venir quand tu veux à la maison.
Elles profitèrent de leur soirée, elles ne s'étaient retrouvées toutes les trois depuis le début de la semaine. Elles n'étaient pas certaines de pouvoir se retrouver avant le weekend souvent.
Louise échangea des sms tout le weekend avec Enzo, ce qui avait tendance à agacer Nina. Déjà que Damaris n'était pas là, Louise ne l'était pas réellement.
— Qu'est ce qui se passe de si intéressant sur ton téléphone pour que tu le regardes tout le temps comme ça ?
— Désolée, c'est Enzo, un collègue qui me raconte ses mésaventures.
— Enzo ? Je ne le connais pas, dit Nina, tu m'en as déjà parlé ?
— Je ne sais pas, il est nouveau dans l'agence, expliqua sa petite amie. Mais tu as raison, on ne s'est pas beaucoup vu depuis notre petit voyage. Je coupe les notifications et je suis toute à toi.
Louise s'exécuta et vint déposer un petit baiser sur la joue de sa compagne. Elles étaient dans la cuisine, Nina préparant le repas en attendant que Damaris les rejoigne. Quand cette dernière débarqua, elle était épuisée. Elle n'avait qu'une envie, dormir. Mais elle devait faire honneur au repas que sa petite amie lui avait préparé.
— Tu ne vas pas t'endormir sur ton assiette ? demanda Louise.
— Non, non. Dit Damaris.
— T'as l'air exténuée chérie, tu devrais prendre un bon bain et aller te coucher. Mais non, on ne sait pas vu de la semaine.
— On s'est vu il y a deux jours, coupa Louise.
— Enfin, vu c'est un grand mot, intervint Nina, elle s'est endormi cinq minutes après le début du film.
— Nina a raison, je ne suis pas la meilleure des petites amies ces derniers temps, se flagella Damaris.
— Elle n'a pas dit ça, précisa la rousse.
— Oui, mais moi je le dis. Depuis la rentrée, j'ai à peine le temps de vous voir et quand je suis là, je tombe de fatigue.
— Mais ce n'est pas ta faute, calma Louise, faut juste que tu trouves ton rythme.
— Je ne suis pas sûre d'y arriver. J'ai des cours toute la semaine, je taf le reste du temps. Et je ne vous parle même pas des devoirs pour la fac.
— Faudrait arrêter quelque chose, souleva Nina.
— C'est pas possible, dit l'étudiante. J'ai besoin de se taf pour payer le loyer. Et je ne peux pas quitter la fac et être serveuse toute ma vie.
— Je peux payer ton loyer si tu veux, dit Nina sans y réfléchir.
— Quoi ? s'insurgea Damaris.
— Oui, continua la brune, il est de combien ? 500-800 Euros ? Je peux le payer et comme ça plus besoin de travailler et t'as plus de temps libre.
— Tu te fous de moi ? demanda la serveuse rouge de colère.
— Bah quoi ? Je te propose une solution.
— Nina arrête, tenta de calmer Louise.
— Ne joue pas les bons princes avec moi, s'énerva franchement la jeune fille. Encore une fois, tu penses que tu peux tout régler avec ton argent.
Nina était dans l'incompréhension, l'argent était bien le problème dans ce cas précis. Louise n'osait rien dire de peur que les choses ne s'empirent.
— Mais il est bien question d'argent là, dit Nina. T'as envie de passer plus de temps avec nous, mais tu ne peux pas parce que tu travailles. Tu travailles pour payer ton loyer. Si je paie ton loyer, t'es plus obligé de travailler. Je vois pas ce que tu me reproches. Je ne devrais pas vouloir passer plus de temps avec ma petite amie ?
— Je ne t'appartiens pas, dit Damaris en se levant de table. Je ne suis pas ta petite pute que tu dois payer pour ses services.
Ses petites amies ne savaient pas comment réagir, Nina se sentait coupable sans comprendre pourquoi et Louise trouvait que Damaris exagérait.
— Je ne suis pas à vendre, conclu la jeune fille avant de quitter la maison.
Elle savait qu'elle avait dépassé les bornes, Nina voulait seulement l'aider. Elle savait que ce n'était pas seulement une question de sexe, mais la fatigue accumulée l'avait rendu hypersensible, elle n'avait pas su se montrer modérée, elle sentait encore la colère bouillonnait dans ses veines.
— Je ne voulais pas insinuer de la payer pour son affection, expliqua Nina à Louise.
— Je sais, rassura-t-elle.
— Je voulais juste qu'elle passe plus de temps avec nous, dit la brune les larmes aux yeux.
— Je sais, mais tu sais très bien qu'elle ne supporte pas que tu paies des sommes énormes pour son plaisir. Elle ne veut pas se sentir dépendante de toi.
Louise envoya un message à Damaris un peu plus tard, elle ne prit pas la défense de Nina, mais ne lui donna pas raison pour autant. Elle ne voulait pas intervenir dans leur dispute.
Nina aussi lui envoya un message, elle tenta de s'expliquer, s'excusa de s'être mal exprimer, mais Damaris ne lui répondu pas. Elle était trop énervée pour être raisonnable. Elle avait de plus en plus l'impression d'être sous l'emprise de Nina qui lui payait tout. C'était la goute qui faisait déborder le vase. Elle avait peut-être abusé sur les termes en se comparant à une prostituée, mais cette question d'argent était vraiment un souci pour elle. Elle ne savait pas pourquoi elle ne parvenait pas à passer au-dessus, alors qu'il était clair que Nina n'avait pas de mauvaises intentions, aucune prétention de supériorité, elle voulait juste faire plaisir aux personnes à qui elle tenait.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro