⚜ Loυιѕ ⚜
Personne dans tout le Royaume de France n'aurait pu, un jour, imaginer qu'une des plus grandes princesses d'Europe puisse se révéler être une femme impie. Une gourgandine qui s'adonnait aux plaisirs de la chair non sans ignorer le risque que de telles actions pourraient amener à la naissance d'un bâtard !
Il m'avait été si souvent conté par ma tendre et douce mère combien la Cour Espagnole était l'une des plus strictes d'Europe et que seules la piété et l'humilité régnaient au sein des nobles du royaume. Qu'en cela, l'Infante d'Espagne était la princesse la plus digne d'Europe capable de porter sur elle la couronne de France. Qu'elle se montrerait pieuse et respectueuse envers moi et envers le Royaume.
Il ne m'était jamais venu à l'esprit de douter des paroles de ma mère et au contraire, il m'était plutôt insupportable de penser que la femme que je devrais épouser, malgré moi, se révélait être insipide, sans aucune saveur pour enchanter mon monde tandis que celle qui avait su retenir mon affection, Marie, était une femme à l'esprit vif et acéré, et au tempérament de feu. J'étais fermement opposé à cette union mais même étant roi, je ne pus que me plier aux raisons d'État qui furent énoncées par ma mère ainsi que par mon parrain.
— Louis ?
— Je vous interdis de vous adresser à moi de manière aussi familière et irrespectueuse ! tonnai-je, furieux.
Elle sursauta au ton de ma voix et je la vis pâlir.
— Je vous en prie, haïssez-moi pour ce que vous considérez comme un affront envers vous mais par pitié, comprenez que je n'ai jamais désiré notre union. Je vous prie de croire que ce n'est pas...
— Assez !
Elle se tut et des larmes se mirent à ruisseler sur ses pâles joues. Elle présentait un tableau qui aurait pu émouvoir d'autres gens mais pas moi. Elle ne méritait sûrement pas que l'on puisse s'attendrir devant ses péchés et sa haute trahison.
— Vous avez bien dû vous gausser en secret lors de la cérémonie de mariage, jurant devant Dieu et les hommes, une fidélité qui était acquise à un autre ! Quel être perfide et maléfique, êtes-vous donc pour me jurer amour et loyauté lorsqu'en vous, vous portez l'enfant d'un autre ?! m'écriai-je, la fureur parcourant mes veines.
Elle se mit à sangloter et ce fut une comédie que je ne pus tolérer car je savais que ces larmes ne valaient rien lorsqu'elles étaient versées par une princesse dont les mœurs et la valeur s'avéraient légères.
— Je ne tolèrerai guère un tel affront de votre part et encore moins de celle de votre père qui a eu l'audace de donner en mariage une femme galante à un roi ! la prévins-je.
— Je vous en prie, supplia-t-elle tout en s'agenouillant, les mains jointes et levées vers moi. Je sais qu'à votre époque, ma situation est impardonnable mais...
— Impardonnable ? Vous méritez non seulement d'être répudiée mais de plus, vous devriez être condamnée pour une telle infamie ! Vous, ainsi que votre bâtard...
— Je vous interdis d'oser traiter mon enfant d'infamie ! hurla-t-elle, les yeux autrefois implorants et larmoyants devinrent froids en si peu de temps que j'en fus étourdi.
Elle se releva avec un aplomb ainsi qu'une confiance qu'elle n'avait guère démontré au début de notre conversation et son regard se fit marmoréen et hostile.
— Mon enfant n'est pas un bâtard, dit-elle en prononçant chaque syllabe avec une lenteur glacée. Vous pouvez me traiter de tous les noms, me cracher au visage mais je ne vous permettrais jamais de souiller mon enfant en le considérant comme un bâtard ! Maintenant, répudiez-moi, vous me rendrez ainsi un grand service.
Elle essuya ses larmes et me fit une révérence.
— Je vous prie de m'excuser, Votre Majesté, cracha-t-elle avec un dédain qui m'ébahit.
Et elle quitta la pièce, claquant la porte derrière elle, me laissant abasourdi.
Je restai immobile telle une statue bien longtemps après son départ, me questionnant sur l'invraisemblance de notre entretien. Il m'était impossible de croire que la femme que je venais d'épouser dans la matinée portait en elle un enfant dont je n'étais guère le géniteur mais la hardiesse bien qu'effrontée dont elle avait fait preuve en ma compagnie pour défendre sa progéniture ne pouvait qu'attester de l'authenticité de la nouvelle.
Bien que j'eusse envie de la rattraper pour poursuivre cette conversation, je me raisonnai et me décidai à quitter à la hâte ma chambre pour me diriger vers celle où couchait mon jeune frère.
J'entrai dans la pièce et m'agaçai de trouver mon frère dans son plus simple appareil, appuyé contre le secrétaire de la chambre, une silhouette fort imposante agenouillée à ses pieds. Les gémissements qui emplissaient la salle furent coupés et Philippe leva la tête pour poser ses yeux sur moi.
— Mon frère, dit-il, la voix toujours teintée de luxure.
— Sire, fit le mignon de mon frère.
Je reconnus immédiatement le Comte de Guiche, l'un des plus grands favoris de Philippe.
— J'ai à te parler, dis-je à l'intention de mon cadet.
Philippe baissa brièvement son regard sur son amant avant de rencontrer à nouveau le mien.
— Cela ne peut-il pas attendre un autre moment ? J'étais un peu occupé comme tu as pu le constater. D'ailleurs, ne devrais-tu pas être, toi aussi, en charmante compagnie ? Si je me souviens bien, n'est-ce pas votre nuit de noce ?
— C'est un ordre de la part de ton roi ! grondai-je en affichant mon irritation.
— Bien sûr, Sire, cracha-t-il sur un ton venimeux.
Je ne pris guère ombrage du ton employé et me contentai de l'observer enfiler une tenue assez décente. Puis, il se baissa vers le Comte de Guiche qui s'était assis à même le sol et posa brièvement ses lèvres sur le jeune homme.
— Philippe ! m'impatientai-je.
— Je reviens, mon chéri.
Philippe me suivit enfin et enjamba chacun de mes pas alors que je nous menai vers les écuries.
— Où allons-nous ? me questionna mon frère qui se hâtait de rattraper mes prestes foulées.
— J'ai besoin de m'entretenir avec toi, lui répondis-je.
— Tu souhaites discuter ? Et c'est uniquement pour discuter que tu me prives de mes bons plaisirs ? s'indigna Philippe tel un enfant.
— Gramont et toi pourrez poursuivre plus tard mais ce dont j'ai à te dire requiert urgemment ton écoute ainsi que ton conseil, dis-je.
— Conseil ? Tu as besoin de mon conseil ?
Il m'était possible de déceler son incrédulité au son de sa voix mais il me suivit à présent sans commenter chacun de mes agissements. Nous prîmes nos montures et j'ouvris la voie, ressentant le besoin irrépressible de m'éloigner de ces lieux et il n'y avait qu'auprès de mon frère que je pouvais me permettre de paraître plus humain, un homme comme tout autre dont il pourrait critiquer les actions à sa guise mais bien loin d'oreilles indiscrètes.
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