Cette soirée est d'un ennui. La musique me vrille les tympans. Mes copines (je veux dire, mes vraies amies, pas les filles de la mission...) discutent à la table d'un sujet qui ne m'intéresse pas.

En fait, il n'y a qu'un sujet qui m'obsède. La réussite de notre mission. Mes vraies amies m'ont bien sûr félicitée de mon courage et de mon aplomb. Elles étaient très impressionnées. Il y a de quoi. Mais ce n'est pas suffisant.

Plus j'y pense, plus je me dis que notre équipe est imbattable. Nous avons le charme, l'innocence, l'intelligence et l'organisation. Et il y a Rose, bon. Elle pourra toujours servir plus tard.

Ensemble, nous pourrions faire plus. Nous pourrions avoir tout ce que nous voulons. Si nous restons unies, le lycée serait à nos pieds. Il faut que je leur en parle.

Malheureusement, Lys ne s'arrête pas une minute de danser. Capucine à l'air pompette. Et je n'ai rien à dire à Rose.

Il faudra donc attendre le lendemain.

Frustrée, je me lève pour me resservir un peu de ponch sans alcool.

-Belle prestation.

Je me retourne. Le garçon de tout à l'heure me sourit d'un air narquois.

-Encore toi ? je réponds.

Je commence à me diriger vers ma table, mais il me barre le passage.

-J'ai adoré cet air froid de princesse. Vraiment ton style. Moi je le savais, mais maintenant tout le lycée est au courant.

-Pardon ? je m'insurge. Laisse-moi passer.

Mais que me veut-il ?! Insupportable à me suivre partout comme ça.

-Il faut avouer que chaque élément de ton physique pousse à te craindre. Ta tête haute, ta robe stricte, tes yeux métalliques...

Qu'a-t-il à me parler de mes yeux maintenant ?

J'avoue que j'en suis fière. Je les tiens de mon père, un grand PDG très respecté et craint dans son milieu. J'ai hérité de lui des yeux d'un gris clair, et par mimétisme je les ai rendus froids et durs.

Ce garçon m'étonne à me complimenter sur mes yeux. Il a l'air de me draguer, mais pas avec des phrases bateau comme les lourds ont l'habitude de le faire...

-Merci, je réponds impassible. Je ne sais pas ce que tu veux, mas j'ai un copain. Alors intéresse-toi à une autre fille, s'il te plaît.

Je suis sérieuse. Je tiens à mon copain, Valentin. Flirter alors que je suis en couple, ce n'est vraiment pas mon genre.

-Oh, j'ai déjà essayé... Il n'y en n'a pas deux comme toi, dit-il en riant.

Je ne sais pas si je dois le prendre comme un compliment ou une insulte.

Il reprend :

-J'aime tes yeux, ma jolie. Quand on s'y plonge, on y vit.