53
Lava était fébrile, elle avait les mains qui tremblaient. Comment ouvrir la cellule ? Elle sortit frénétiquement le couteau qu'elle avait caché dans ses vêtements, et tenta de d'ouvrir la serrure. Elle savait comment faire, mais ses mains étaient trop agitées pour qu'elle y parvienne.
Elle posa tout à terre s'appuya contre les barreaux.
Despair ne bougeait pas.
Elle prit plusieurs grandes inspirations, ralentissant le battement de son coeur, et finalement se saisit de son arme, et, de la pointe de la lame, elle crocheta le verrou de la cellule.
Ses mains agirent toutes seules. Elle ne savait même pas d'où lui venait ses connaissances, mais elles étaient là, et elle n'eut besoin que de 5 minutes avant que le lourd cadenas qui bloquait la porte ne s'ouvre et tombe au sol dans un bruit qui la fit frémir lorsqu'il résonna dans le couloir vide. Puis elle tira les barreaux et ouvrit la cellule.
Elle se retrouva sans savoir trop quoi faire. Alors d'une main hésitante, elle tapota l'épaule de Despair. Celui-ci portait la tenue des âmes, tunique rouge sombre et short brun. Elle ne bougeait toujours pas, alors elle y alla plus franchement et secoua son épaule.
Il restait malgré tout inanimé.
La cellule était si petite qu'il ne pouvait pas déplier les jambes complètement.
Elle l'attrapa carrément et le tourna de toute ses forces vers elle. Il bascula doucement, et elle put voir son visage.
Il était taché de sang dorée, évanouit, gelé.
Elle entreprit ensuite de le tirer hors de la cellule.
Il était assez lourd et elle ne le sortit qu'à moitié de sa geôle. Elle avait besoin qu'il se réveille.
C'est à se moment qu'il commença à bouger légèrement. Quand elle le prit sous les bras, il la repoussa faiblement.
Il était à moitié conscient.
Elle le secoua et chuchota près de son oreille son nom en espérant qu'elle l'entende. Ensuite, elle perdit le peu de patience qu'il lui restait et elle lui tira les cheveux avant de lui mettre une gifle.
Cette fois il sursauta et entre-ouvrit les yeux. Ils étaient embués, presque fiévreux, et fixaient un point dans le vide, alors qu'il se débattait doucement.
Elle attrapa son visage entre ses mains et tenta de le rassurer. Il était tâché de sang et pourtant elle ne remarqua aucune blessure...
Au bout de longues minutes, son regard se re-concentra enfin un peu il regarda Lava. Elle perçut d'abord un éclat qu'elle ne put identifier le traverser, mais très vite il reprit un état vitreux et morne.
Il était complètement mou et résigné. Au fond, d'elle cela la mit en colère. Elle le secoua comme un prunier, en appelant son nom
- Despair ! Bordel réveille-toi ! Despair, ho ! Debout putain ! Faut qu'on s'en aille !!!
Elle stressait. Elle lui ouvrit de force les yeux et le fixa à quelques centimètres.
- Lèves-toi, on s'en va !!! Despair ! Feignasse !
Son regard s'éclaircit soudainement. Et il ouvrit la bouche avant d'articuler difficilement d'une voix enrouée.
- Lava...
- Oui ! Oui c'est moi !!! On y va !
Il resta immobile, il semblait en plein combat intérieur, elle voyait la guerre qui faisait rage à l'intérieur de lui. Il ne savait s'il devait y croire ou non. Alors elle dit
- C'est vraiment moi ! Regarde !
Elle prit sa main et la posa sur sa tête, pour lui montrer qu'elle était réelle. Une sorte de gros sanglot l'agita et, avant qu'elle puisse réagir, il s'était relevé et l'écrasait entre ses bras. Elle se figea, un peu gênée mais contente à la fois, finalement, elle prit le parti de lui tapoter le dos amicalement. Il pleurait, de grosses larmes qui lui mouillaient le dos. Elle resta plusieurs minutes me laissant faire sans rien dire, et puis commençant à manquer d'air, elle lui dit tout en essayant de le repousser gentillement.
- Hey, je sais que c'est cool, mais sérieusement, il faut vraiment qu'on s'en aille ! Aller, hein, on a finit le câlin, maintenant on s'échappe.
Mais il pleurait toujours sans desserrer son étreinte. Elle le repoussa franchement.
- Despair, on est dans les prisons dans le palais de Satan, ça grouille de démon, je suis une âme et toi un condamné à mort, si on s'en va pas maintenant, c'est plus juste toi qui va y passer mais moi aussi !
Il la lâcha et se frotta les yeux, et la regarda, il était enfin en possession de ses moyens.
- Qu'est-ce que tu fous ici ?!
Sa voix était toujours enrouée, comme s'il n'avait pas parlé depuis un mois, ce qui était probablement le cas. Elle leva les yeux au ciel
- Planter des choux ! T'as pas une autre question ?
Il était bien conscient mais restait complètement interloqué de sa présence
- Pourquoi tu... C'est quoi.. Qu'est-ce qu...
Visiblement il était troublé par son déguisement, c'est probablement la raison pour laquelle il avait prit autant de temps à la reconnaitre.
- Un simple déguisement.
- Mais, tu étais au paradis, les anges t'y ont amené, j'étais là ! Et comment tu sais que j'étais ici !
- Pas le temps pour ça, on s'enfuit là ! Ça fait une demi-heure que j'attend que tu te calmes et qu'on puisse se barrer d'ici en vitesse !
Elle se leva et lui saisit le bras. Il la suivit et il se dirigèrent vers la sortit du couloir des condamnés a mort. Le garde endormit y était toujours et elle l'acheva d'un coup de couteau dans la tête. Puis elle le déshabilla et jeta les vêtements à Despair en tournant le dos.
- Change toi !
D'abord il resta les bras ballants puis, elle entendit le froissement de tissus lui indiquant qu'il se changeait. Quand il eut finit, elle lui expliqua.
- Bon, on va traverser par l'aile Ouest, vu que je viens de l'aile Est, on ne me reconnaîtra pas.
- Mais moi on me reconnaîtra, j'étais au centre de la place centrale pendant presque un mois, il n'y a pas un démon du palais qui n'a pas vu m'a tête.
Elle tourna la tête vers lui, s'apprêtant à lui expliquer comment se faire un déguisement semblable au sien, mais elle remarqua un détail et tiqua.
- Oh, tu as une gemme.
Car en effet, il en avait une, translucide comme celle de n'importe qu'elle âme.
- Oui, il faut aussi la cacher...
Elle se frotta la tête. Le scalp la démangeais et tenait de moins en moins bien. Son déguisement ne tiendrait plus très longtemps... Elle utilisa l'ancienne tunique d'âme que Despair portait juste un peu auparavant, pour en la déchirant au bon endroit, lui faire une sorte de châle a fin qu'il cache cette gemme.
Ensuite il l'enroula autour de lui pour la dissimuler. Il lui expliqua en même temps.
- Il m'ont déchue de mon titre de démon. Je ne suis pas non plus une âme, même si j'ai de nouveau une gemme qui me guérit, et plus besoin de me nourrir comme un démon, je garde mon apparence, la couleur de mon sang n'a pas changé par exemple.
- Ma gemme est noire et ne me régénère plus la nuit, et je dois manger les émotions des démons..
Il se tourna brusquement vers elle.
- Quoi ?!
Elle releva la tête pour le regarder.
- On parlera plus tard.
Et elle posa sur sa tête de scalp du démon qu'elle venait de tuer et découper et lui noua le tout avec un petit morceau de tissus, et lui mit son trident entre les mains. Un petit filet de sang doré lui coula sur le front et elle l'essuya, avant de se sentir gênée de la familiarité de ce contact et de retirer précipitamment sa main.
- Comme ça on ne te reconnaîtra pas... Enfin j'espère...
Puis il retournèrent dans l'aile Sud. Lava était désormais concentrée sur la réaction des autres démons. Heureusement, il ne semblèrent pas troublés par leur passage.
Il parvinrent à la limite de la strate Ouest. Maintenant, il fallait la traverser. Elle commença
- Il faut que nous passions.
Le garde se tourna vers elle pour lui bloquer le passage. Il faisait presque 4 mètres et la dominait de sa taille.
- Non.
Elle se fixa droit dans les yeux. Elle voulait lui montrer qu'il ne l'impressionnait pas, et chez les démons ça marche par la démonstration de sa bestialité. Elle se concentra et laissa l'énergie noire lui monter à la gorge. Elle émit un grondement sourd et menaçant et en plongeant son regard dans celui de l'autre démon elle lui répondit d'une voix qui ne souffrait pas de refus.
- Nous allons passer.
Il la regarda en silence avant de demander menaçant.
- Tu sais qui je suis ?
- Un pauvre type.
Il grogna lui aussi sous l'insulte. Elle ne cessa pas le fixer et elle continua.
- Et moi je suis l'apprentie de Nalla-Kallu. Alors tu vas me laisser passer. Maintenant.
Elle sentit qu'il faiblissait, il demanda simplement
- Pourquoi ?
C'était une victoire. Il ne refusait plus, il demandait une justification. Elle eut un petit sourire satisfait et moqueur.
- Si t'avais été plus polie je te l'aurais dit mais maintenant tu peux toujours courir.
Ensuite, elle le doubla en le bousculant, lança à Despair.
- Tu viens ?
Il la rejoint en trottinant. Elle vit dans la manière dont il la regardait qu'il n'en croyait pas ses yeux. Elle lui jeta un petit coup d'oeil et sourit. Puis ils continuèrent jusqu'à une des portes de sortit qu'il empruntèrent sans difficultés. Ils se retrouvèrent dans l'une des places, bondées de démons, bordés de boutiques et magasins. Elle lui chuchota.
- Euh... Tu connais quand même un peu le palais ?
- Oui.
- Alors guide nous, je suis perdue.
Il passa devant elle et prit un couloir fin, puis ralentie pour se mettre à sa hauteur et lui dit à voix basse.
- Je suis désolé de te dire ça Lava, mais il fait une autorisation spéciale pour sortir. Et ça ne sert à rien de grogner...
- Comment se procure-t-on une autorisation ?
- Il faut danser la macarena...
Il grimaça
- Et je suis un très mauvais danseur...
Elle le regarda abrutie.
- La macarena ?
Il éclata de rire.
- Mais non, je blague ! Tu m'a crus ?! Sérieux ?!
Elle le frappa à l'épaule avant de rétorquer.
- On n'a pas le temps de rire ! Comment on fait !
Elle prenait un air fâché mais elle était contente de voir qu'il n'avait pas changé.
- Il faut faire un test, et si on le réussit, on est affecté dans les terres des enfers selon nos résultats. Ça prend un mois.
Elle lui attrapa le bras.
- On s'en fiche de la technique légale, amène-moi au type qui fait les autorisations.
Il la regarda surprise et commenta.
- Tu es plus forte qu'avant...
Elle se sentit rougir malgré elle, et répondit embarrassée.
- O-Oui, ben, il faut qu'on sorte !
C'était une réponse minable, mais c'est tout ce qui lui était venue. Despair la fit traverser deux couloirs et monter quelques étages puis il longèrent une place plus petite que les autres et arrivèrent devant la façade d'un bureau. Il lui expliqua
- Le mec qui remplit les papiers travaille ici...
Elle n'attendit même d'autres précisions et rentra dans la pièce sans frapper. Un petit démon dodu triait des feuilles derrière son grand bureau massif. À son arrivée, il releva la tête et commença
- C'est pour qu...
Elle s'approcha de lui, agrippa le châle qu'il portait autour des épaules et lui planta le couteau sous la gorge. Elle le menaça ensuite
- Je veux une autorisation de sortie pour deux. Maintenant. Sinon je te tue.
Il paniqua et s'apprêtait à crier, alors elle lui ferma la bouche de force et lui ordonna en grognant
- Pas un mot. Tu fais l'autorisation tout de suite.
Il tremblait, mais quand elle la lâcha, il s'exécuta. Enfin, il lui tendit un papier vert. Mais elle ne pouvait pas le laisser sinon, il airait tôt fait de donner l'alerte, alors elle lui ouvrit la gorge et la cacha sous le bureau. Elle tendit le papier à Despair qui avait assisté à la scène en silence en lui disant
- Tu vois ! Pas besoin d'un mois, un couteau fait l'affaire.
Il ne fit aucune remarque et il continuèrent jusqu'à une des portes qui menaient jusqu'à l'extérieur. Despair tendit le papier vert aux gardes qui les laissèrent passer sans le moindre soupçon. Il se retrouvèrent dehors, non loin des terres de la désolations. Il continuèrent jusqu'à la strate 1, là où ils ne risqueraient pas de se faire surprendre par des démons sortant par l'une des portes. Il se tourna vers elle et l'interrogea.
- Bon. C'est quoi le plan maintenant ?
Elle le regarda, ouvrit la bouche avant de la refermer. Despair s'agaça.
- Arrête de faire le poisson et dis-moi qu'est-ce q'on fait maintenant !
Elle finit par avouer penaude
- J'ai pas de plan...
Au début il ne répondit rien, trop surprit, puis il s'écria
- T'as pas de plan ?!?!
Elle s'énerva elle aussi
- Mon plan c'était : je quitte le paradis, je traverse les enfers, je viens te chercher et on s'en va ! Et puis voilà !
Il se retourna et porta ses mains à sa tête dans un geste d'énervement. Puis il se tourna vers elle et après une grande inspiration, il lui dit sur un ton calme qui dissimulait mal sa colère.
- Tu sais qui nous attend, là ?
Elle secoua la tête.
- Dès qu'ils vont remarquer mon absence, ils vont nous jeter aux trousses la garde démoniaque. Sais-tu ce qu'est la garde démoniaque Lava ?
Elle réitéra son geste précédent. Cette fois Despair cria.
- Ça veut dire qu'on est foutue !
Elle serra les poings
- Au lieu de me gueuler dessus tu pourrais me remercier !
- MERCI !
Elle ne sut pas quoi répondre face au ton de Despair. Ce dernier c'était tut, essouflé. Il se frotta le visage avec sa main.
- La garde démoniaque est la police qui maintient un semblant d'ordre au enfers. On ne leur échappe pas...
Il soupira, puis regarda Lava et reprit.
- Je te ramena au Paradis et je retourne me rendre.
- Pas question !!!
Il l'attrapa par le poignet et commença à vouloir la trainer vers l'extérieur des terres : vers le paradis. Elle se dégagea d'un coup sec.
- Je ne peux plus retourner au paradis !
Il la regarda troublé.
- Comment ça ? Bien sûr que si, les anges qui t'ont amené là-bas avant que la garde démoniaque ne me prenne m'ont dit que c'était ta place, qu'ils s'étaient trompé sur ton jugement !
- Tu penses que j'ai fais quoi pour venir te chercher ? La garde Royale me poursuivait, j'ai menacé, blessé et volé l'auréole de leur chef, il m'a dit lui même que je n'étais plus une âme pure.
Despair la regarda figé d'étonnement
- Tu as quoi ?
- J'ai menacé, blessé et volé l'auréole de Roy.
Il resta sans voix plusieurs minutes avant de chuchoter.
- On est pas dans la merde...
Cette fois elle attrapa son poignet et le tira un peu vers l'avant.
- On se planque, j'imagine. Après tout, ce sont juste d'autre démon, on fait comme d'habitude.
Il fit une moue peu convaincue.
- Comme d'habitude... Facile à dire...
(NdA : 2 k de votes ! Merci à vous tous d'avoir appuyé sur la petite étoile et d'avoir laissé des commentaires, c'est très gratifiant !!!)
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