2.4
PDV : Despair.
Despair se leva, tentant de rester naturel, il se dirigea vers le buisson que Lava lui avait indiqué, et soudain il sauta au sol, attrapa une Servaise abasourdie sous le bras, et s'élança en direction inverse du Lotus à toute allure. Il savait où aller, un endroit où Lava le rejoindrait facilement, mais où les autres démons ne viendrait pas le suivre. Enfin il espérait...
Des démons se retournèrent sur son passage et certains commencèrent à le poursuivre. Mais peu s'acharnait, car il les distançait facilement.
Dans tous les cas, moins que ce qu'il avait prévue tentèrent le coup.
Servaise ne bougeait pas, elle n'était pas idiote et avait parfaitement comprit qu'elle n'était pas sauvé par lui, mais par Lava, er qu'elle était dans une situation critique. Lui s'en fichait d'une âme comme elle, mais Lava s'était très attachée à l'âme ces deux/trois derniers jours, et il ne voulait pas lui faire de peine.
Il traversa une forêt aux arbres très espacés, avec un sol de copeaux de bois qui le coupaient et se plantaient dans sa chairs. Il repéra en tout cinq démons qui le suivaient depuis plus longtemps que les autres, et qui semblaient tenir le rythme. Il ne se pressait pas vraiment, car il n'était qu'à peine essoufflé, et il se sentait capable de courir ainsi pendant des heures encore sans ralentir.
Pourtant Despair accéléra soudain, semant largement les cinq démons qui le poursuivaient, oubliant toute idée de s'économiser. Certes il pouvait courir encore très longtemps à l'ancien rythme, er beaucoup moins à celui-ci, mais il ne voulait pas trop s'éloigner du Lotus, et pour cela, il fallait qu'il largue ses boulets de poursuivants avant qu'il ne soit trop loin.
Une crevasse étroite lais profonde, le genre qui s'étend en grottes sous la surface, s'ouvrit sous ses pieds et il sortit de ses pensées pour le sauter d'un bond souple.
C'est à ce moment qu'il remarqua l'ombre. Un réflexe qui lui sauva la vie le poussa à se jeter au sol, dos contre terre pour ne pas blesser Servaise. Le mouvement de l'éclat argenté d'une griffe le fit jeter ses pieds vers le haut pour empêcher l'ombre de lui ouvrir les tripes, et enfin, sa vision put analyser son ennemis. Il écarquilla les yeux, la surprise ralentissant ses mouvement, l'avait empêché d'esquiver complètement son ennemis. Aucun démon n'était censé les attaquer ! Pourquoi celui-ci lui avait sauté dessus ainsi ?! Satan avait fait une promesse de sang, aucun démon de pouvait s'en prendre à eux, excepté pour se défendre, où ils les dérangeait en s'immisçant dans leur affaires. Il n'avait fait ni l'un ni l'autre. Cette situation n'avait pas lieu d'être ! Certes des démons pouvait le poursuivre pour tenter de s'approprier Servaise, mais aucun n'avaient le droit de l'attaquer frontalement ainsi, encore moins de le blesser !!!
Toujours est-il qu'il était puissant, et que Despair peinait maintenait la longue griffe à distance convenable de son ventre en la bloquant avec ses pieds. Il la repoussait dans le sens contraire de la pression qu'elle exerçait, s'appuyant sur l'un des côtes plat de l'objet pointue. Il lui suffisait de se soustraire au poids du corps arachnéens de son adversaire pour qu'il puisse reprendre sa course et se mettre hors de danger. Juste enlever cette chose de son corps et il pourrait reprendre sa course. Il tremblait, chacun de ses muscles contractés pour éloigner la chose, mais il ne faisait que gagner quelques centimètres avant de les perdre immédiatement. Il y a une époque où, voyant que ses efforts étaient inutiles, il aurait abandonné. Aujourd'hui ce n'était plus une option. Il se battrait jusqu'au bout, jusqu'à la fin.
Soudain la griffes glissa sur son pied et vint déchirer la chair de sa jambe. Des mâchoires vinrent se refermer sans pitié sur son épaule, dans la foulée, sans qu'il puisse réagir, il lâcha un cri et il sentit traîné sur le sol. Il riposta immédiatement en repoussant les pattes griffues loin de lui mais c'était trop tard, la poussière laissa place à du vide et il se sentit basculer dans le ravin dérapant sur la terre sèche et sablonneuse, éraflant la peau de son torse nu. Puis le noir complet.
PDV : Lava.
Lava le regarda s'éloigner à l'horizon, assise sur une pierre calmement.
Les démons des environs se tournèrent vers les fuyards et certains se lancèrent à leur trousses.
Lava ne s'en faisait pas pour eux. Despair était plus rapide qu'eux, et elle lui faisait confiance. Elle se leva tranquillement et commença à marcher dans la direction vers laquelle était partit ses camarades. Il n'y avait plus beaucoup de démons, la plupart poursuivant Despair et Servaise.
L'herbe lui chatouillait les pieds, et la plante de ses derniers s'enfonçait légèrement dans la terre un peu boueuse. Elle plissait les yeux par moment, la lumière l'aveuglant.
Elle était vide de la moindre parcelle d'énergie, et elle comprenait maintenant pourquoi Despair était plus fort sous sa forme d'âme que sous sa dorme de démon où il se reposait sur le minimum d'énergie possible. Elle était désormais si faible que les courants d'air un peu trop violent la faisaient chanceler, et puis surtout elle commençait à avoir faim. Sans énergie les démons n'étaient rien et malgré le pincement au coeur que cela lui faisait elle devait reconnaître qu'en certains aspect elle leur était semblable.
Pour l'instant elle pouvait tenir, mais il lui faudrait bientôt se nourrir, et Despair se rapprochait de plus en plus des âmes. Elle aimait de moins en moins le goût de ses émotions, et elle savait qu'elle ne pourrait plus s'en alimenter longtemps. Un long soupir lui échappa, mais alors que ses poumons se vidait de leur air en même temps que de leur surplus de soucis qui lui débordait du coeur, un bruissement attira son attention. Lava se retourna et elle aperçut plusieurs démons qui s'étaient approchés d'elle. Elle se crispa de la pointe des cheveux jusqu'au bout des orteils. Les démons, hybrides difformes de haine, de jalousie, de colère et de tout un amalgame d'émotions torturée, la fixait, lui tournaient autour tout en restant à distance.
Elle resta un long moment tendue, attendant une réaction de leur part, mais rien de vint.
Il n'avait pas le droit de les importuner, par conséquent, ils devaient attendre qu'elle fasse le premier pas, ce qu'elle finit par faire, trop perturbée par ces présences, ces auras malsaines qui lui tournaient autour comme un nuage d'orage menaçant et lourd. Elle lança la voix la plus claire qu'il lui fut possible
- Que vous voulez-vous ? Si vous n'avez rien à me dire allez-vous en !
Son interjection provoqua des remous dans le masse de gris, de noir et de rouge. Enfin, l'un d'entre eux, soit plus courageux, soit plus fous, osa s'avancer un peu. Il commença
- Nous ne voulons pâs vous impôrtuner....
Il avait un accent bizarre, sûrement à cause de la forme de sa bouche, qui lui coupa tout le visage entier, alors que seule une fine partie de celle-ci s'ouvrait quand il prenait la parole, ou bien à cause de sa gorge énorme qui bougeait de haut en bas à chacune des syllabes qu'il articulait plissant sa peau glabre et humide... Il prononçait tout les "e", parfois même trop, et appuyait bizarrement sur les "o" et les "a". L'espace d'un instant, elle hésita sur quoi répondre. C'était surtout en lui tournant autour ainsi qu'ils la gênaient, mais peut-être qu'ils avaient quelque chose d'important à leur dire... On ne sait jamais...Elle répliqua.
- Parlez.
Il reprit, apparement soulagé qu'elle soit celle qui les invite à s'exprimer.
- Nous n'ôsions pâs nous appôcher ôpâravant, mais nous âvons remârqué quelques chôse en vous, vous ne semblez pâs sâvoir quoâ, mais nous sâvons...
Il était toujours un peu hésitant, ne semblant pas savoir par où commencer. Mais elle comprit que cela concernait son problème, la douleur, l'Ombre, le sang noir... Son attention fut tout suite captée, sa curiosité titillée. Le démon, après un temps de réflexion, continua
-il y â une graine de mâl en vous.
Puis il se tut. Elle se regarda sans comprendre. Il n'ajoutait rien, comme s'il s'attendait à ce qu'elle sache de quoi il s'agisse et réagisse en conséquence. Mais elle ne savait pas ce que c'était. Elle finit par exprimer la seule chose qui lui vint à l'esprit sur le sujet.
- J'imagine que ça craint...
Parce qu'en tout cas ça sonne comme si.
Le démon la fixa un peu déstabilisé, et elle se reprit
- J'imagine que c'est mauvais pour moi...
Cette fois il répondit
- Çâ "craint" pour vous, seulement si vous tentez de résister â celâ...
- À quoi ?
- À la graine de mâl. Si vous vous laissez âller, vous ne souffrirez pâs ô contraire.
Quelques murmures et un étrange frissonnement de petits gestes et de regards parcourue la foule des démons, de plus en plus nombreux. À vrai dire, tout ceux qui n'étaient pas partie à la poursuite de Despair et Servaise s'étaient approchés et réunis tout autour à une demi-douzaine de mètre d'elle. Elle les observa s'agiter, et posa la question principale, tout en les fixant, prête a recevoir la réaction que cela provoquera dans l'attroupement.
- Et qu'est-ce que c'est ?
Des petits rires, une exclamation choquée, un soupir méprisant, résonnèrent quelques part, fusèrent d'un point confus dans la masse. Elle n'y prêta pas attention. Son interlocuteur lui expliqua sans commentaire sur son ignorance.
- Vous êtes destinée, vous avez été désignée.
Elle fronça les sourcils. Il en disait à chaque fois trop peu. Elle s'impatienta.
- Désignée pour quoi ? Destinée à quoi ? Par qui ?
- Par Satan.
Son sang se changea en mélasse, le temps ralentie autour d'elle, tout était englué, elle manqua d'air. L'évocation de ce nom l'emplissait de la tête au pied d'un capharnaüm d'émotions qui résonnaient et rebondissaient et se mélangeaient et formaient un gloubiboulga inextricable de haine, de peur et de sentiments qu'elle ne savait même plus identifier. Elle resta sans voix un instant, puis elle cria presque sa question.
- Désignée pour quoi !
Le démon répondit de sa voix étrange et perturbante.
- Pour devenir un Grand Mauvais.
PDV : Despair.
Despair sentit une matière froide et gluante glisser dans sa bouche et filtrer par le coin de ses lèvres. À ce moment, son instinct le sortit totalement de son sommeil et il ouvrit grand les yeux en tentant de se redresser. Mais quelque chose le cloua et il retomba et se cogna la tête au sol, emporté par son propre élan. Il cracha ce qui lui emplissait la bouche puis il baissa les yeux, soulevant du mieux qu'il pouvait sa tête. Une mèche de cheveux lui couvrait un oeil et il faisait très sombre, alors il dû attendre que ses yeux s'habitue avant de pouvoir comprendre ce que ses yeux fixait.
Quand il comprit enfin, il redoubla d'énergie et se débattit de plus belle pour se libérer.
Il était cloué au sol, collé sur la pierre bleue ardoise par de la toile d'araignée. Du moins c'est bien à cela que ressemblait, la matière blanche, filandreuse et poisseuse dans laquelle il était enrubanné. Il tourna les yeux sur le côté, cherchant un moyen de se dégager, et il sentit alors un grand froid lui geler les os. Des gemmes jonchaient le sol de toutes part. Il leva les yeux et cette fois il crut que c'était son coeur qui avait cessé de battre : à quelques dizaines de mètres à sa gauche, dans le coin près de ses pieds, un nombre incalculable de gemmes translucides, séparée de leur propriétaire étaient amassés en une colline macabre. Cela aurait été des os ou des entrailles qu'il n'aurait pas été moins horrifié. Une lumière aveuglante qui pleuvait du haut de la crevasse s'accrochait sur les millions de facettes des cristaux réunit, et projetait des petits carrés clairs sur les parois pierreuse et sombre qui l'encerclait.
Il souffla pour déplacer sa mèche de cheveux, et celle-ci se souleva légèrement avant de retomber sur son nez. Ses cheveux le chatouillaient. Il respira plusieurs grandes fois, tenta de se retenir à en avoir les larmes aux yeux, mais finit par éclater et éternua deux fois d'affilé. Puis il continua de se débattre. Le bruit qu'il venait de faire pouvait avoir attiré le démons responsable de sa situation.
Il ne serait pas mangé comme une mouche prise dans une toile, il serait simplement longuement dissout par l'acide la salive du démon pendant que celui-ci se nourrissait de sa douleur. Il suffisait de jeter un coup d'oeil aux gemmes et de sentir sa peau nu irritée par le moindre frottements de la toile pour le deviner.
C'est alors qu'un petits cliqueti retentit, porté, répété par l'écho du fond de la crevasse, lui dressa les cheveux sur la nuque.
Une forme arachnéenne apparut en haut de la colline de gemmes, faisant ruisseler les joyaux comme des grains de sables glissant d'une dunes, et envoyant sur les murs des éclats de lumière mouvants, transformant l'endroit en boîte de nuit l'espace de quelques secondes, juste le temps que le démon arrive au sol.
Il se déplaçait à moitié debout, moitié accroupis, utilisant ses pattes tantôt comme des bras, tantôt comme des jambes.
La forme désarticulée, qui s'avachissait et se redressait dans sa démarche chaotique, n'était plus qu'a quelques mètres, et se dirigeait droit vers Despair.
Il déglutit difficilement.
Il était dans la merde.
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