unique partie
Une jeune ange marchait lentement dans les longs couloirs du palais de marbre, la tête baissée, songeant à son avenir, n'ayant pas le droit de sortir du palais en raison de son grade royal. Ne pouvant succéder à la reine n'étant que la seconde descendante, elle était destinée à vivre cachée éternellement entre ces murs glacés.
- Relevez la tête, ce n'est pas digne de votre rang de regarder le sol en marchant. Dit une grande femme attrapant le menton de la jeune fille en la forçant à lever le regard avant de continuer sa route dans la direction inverse.
Après s'être assurée que la femme n'était plus là, la jeune fille repris sa marche silencieuse, toujours la tête baissée.
Lorsqu'elle tourna à l'angle du couloir, elle se fit percuter par une personne ; elle atterrit sur le sol, l'inconnu au dessus d'elle. Elle l'observa, c'était un jeune homme qui, contrairement aux anges, portait des vêtements sombres. Il avait des yeux rouges et des cheveux noirs, la jeune femme n'avait jamais vu un être tel que lui.
Le jeune homme se releva et lui tendit la main afin de l'aider à se relever également ; elle accepta son aide et voulu le remercier mais, avant qu'elle n'ait pu prononcer le moindre mot, deux gardes arrivèrent en hurlant et l'inconnu repartit immédiatement en courant le plus rapidement qu'il le pouvait.
Quand les gardes arrivèrent aux côtés de la demoiselle, ils s'inquiétèrent pour elle.
- Il ne vous à rien fait princesse ? Demanda l'un des deux hommes inquiet.
- Non je vais bien. Répondit froidement la jeune fille.
- Avez vous vu où ce démon est partit ? Questionna alors le deuxième garde.
- Je ne l'ai pas vu, maintenant veuillez m'excuser je vais retourner à mes appartements.
Sur ces mots la jeune ange déploya ses ailes et s'envola pour partir rapidement dans sa chambre.
Elle prit de nombreux raccourcis afin d'y parvenir le plus vite tout en croisant le moins de monde.
Elle se laissa tomber sur son lit, tête la première pour ne pas blesser ses ailes fragiles, puis tourna pour s'installer sur le dos.
- Qu'est ce qu'un démon peu bien faire ici, ce palais est truffé de gardes refusant même l'entrée de toutes personnes n'appartenant pas à la noblesse. Le marbre aurait dû le blesser quand il est tombé sur moi, mais il ne m'a pas semblé qu'il ait eu mal.
La jeune femme continua de se questionner ainsi un moment avant de s'endormir, enveloppée par le parfum de rose qui imprégnait les draps.
Dans son sommeil un rêve lui parvint, elle se voyait tenant une arme en fer blanc, devant elle, son peuple la regardait avec attention. Sa mère à côté lui fit signe de se retourner, et derrière elle, elle le vit, le démon qu'elle avait croisé dans le couloir auparavant, agenouillé, les mains ligotées dans son dos, la suppliant du regard, les yeux brillant par les larmes qu'il retenait du mieux qu'il le pouvait par fierté. Elle abattit son arme et trancha le cou du pauvre homme, sa tête roulant aux pieds de la jeune femme. Soudain un vacarme insoutenable et puis plus rien.
Elle se réveilla, des larmes aux coins des yeux. Elle entendait encore le vacarme de son rêve, mais rapidement elle se rendit compte que ce n'était qu'une personne traversant le long couloir rempli de portes qui menait à sa chambre, couloir que personne n'empruntait par interdiction. Les bruits de portes se rapprochaient et bien vite elle vit la porte de sa chambre s'ouvrir.
La personne pénétrant dans ses appartements n'était autre que le démon qui l'avait renversée plus tôt dans la journée.
- Encore vous demoiselle ? S'exclama-t-il.
- Ce n'est pas étonnant de croiser un ange chez lui. Ce qui est étonnant par contre c'est de voir un démon ici.
- Demi-démon ! L'interrompit le jeune homme.
L'ange laissa échapper un rire cristallin qui fit sourire le demi-démon.
- Et bien, demi-démon, que fait tu dans le palais de marbre ?
Le garçon sembla inquiet, ne voulant sans doute pas risquer de se faire attraper ainsi par un ange.
- N'ayez pas d'inquiétude, je ne vous ferai rien, vous êtes en sécurité ici, personne n'y vient. Prononça la jeune femme avec un sourire doux et rassurant. Venez donc vous assoir. Ajouta-t-elle en tapotant le bord du lit.
Le jeune démon vint s'assoir à ses cotés et dévoila alors la raison de sa présence dans le palais royal.
- J'ai été attrapé par les gardes quand je revenais du monde des humains, je suis passé trop près des frontières et ils m'ont emmené dans les cellules, sauf que je me suis enfui, et en fuyant je vous ai percuté. Ensuite j'ai pris plusieurs couloirs et portes avant de finir par arriver ici.
La jeune ange n'appréciait pas les méthodes trop violentes par rapport aux démons, mais elle ne pouvait rien y faire, elle n'avait pas son mot à dire.
- Pourquoi êtes vous si gentille comparé aux autres anges ?
La question fit rougir la jeune demoiselle.
- Je suis différente c'est tout, et vous alors, vous n'avez pas le comportement des démons, du moins du comportement décrit dans les livres.
- Pour tout vous dire, je ne suis qu'un demi-démon et j'ai vécu en grande partie aux côtés d'humains, et le monde y était bien différent.
La jeune ange le regardait les yeux pétillants, fascinée par le monde des humains.
- La vie là-bas est si différente que ça ?
- Vous n'y êtes jamais allée ?
- Et bien non, je ne suis jamais sortie du palais, je n'y suis pas autorisée.
Le jeune homme écarquilla les yeux, s'étonnant du fait qu'on puisse maintenir une personne enfermée ainsi.
- Là bas, le monde est bien différent, si vous aviez vécu dans l'autre monde, vous ne seriez jamais restée enfermée dans un bâtiment pendant toute votre vie.
La jeune femme l'écouta attentivement décrire l'autre monde qui l'intéressait tant.
- Et dans ce monde, connaissent-ils notre existence ?
- Ils nous comparent à des légendes, nos pouvoirs ne pouvant se montrer là bas, d'ailleurs vous êtes l'exacte description qu'ils font des anges, vous êtes bien la seule d'ailleurs.
- Je rêverais d'y aller !
Le démon rit face à l'excitation de la jeune femme.
- Voyons ce n'est pas si drôle que cela d'avoir un rêve ! Ne riez pas monsieur.
- Eh, ne m'appelez pas monsieur, nous avons le même âge, si je ne suis pas plus jeune que vous !
- Alors arrêtez de me vouvoyez !
- Dans ce cas vous aussi. Rit le jeune homme.
- Bien dans ce cas j'arrête de te vouvoyer mais donnes moi ton nom que je ne t'appelles plus monsieur.
- Je m'appelle Aaron et vous ?
- Ne me vouvoie pas ! Je suis Adèle.
- Bien, Adèle ? Depuis que nous discutons je me pose une question, pourquoi ne fais-tu pas disparaître tes ailes pour ne pas te blesser ?
La jeune femme réfléchit un instant avant de répondre.
- Je te l'ai dis, je suis différente, je ne peux pas...
La tristesse se lisait sur le visage de la jeune demoiselle, la différence la contraignait et la chagrinait. Elle détourna le visage, pour ne pas croiser les yeux rougeoyant du démon, et s'aperçut que la nuit était tombée.
- Il me faut y aller, Aaron, ne bouge pas d'ici ! Je reviens vite. Dit-elle en commençant à partir se prenant les pieds dans sa longue robe blanche, ce qui fit rire le jeune garçon.
Elle se dépêcha de traverser les nombreux couloirs jusqu'à la salle dans laquelle le repas se tenait en compagnie de sa famille.
- Adèle, tu as failli nous faire attendre. Dit sa mère sans même se tourner pour l'observer.
Le frère de la jeune ange lui fit signe de venir à ses cotés.
- Merci Aiden. Sourit la demoiselle.
Son frère aîné lui répondit d'un sourire sincère.
Le repas se fit dans un silence de mort. Quand il fût fini, la mère des deux jeunes gens leur fit signe de ne pas partir.
- Mes chers enfants, je ne sais pas si vous êtes au courant mais un démon est en liberté dans le palais. Je vous prierais de faire attention à vous. Une fois que nous l'aurons attrapé, ce sera à toi Adèle de mettre fin à ses jours.
- Non mère ! Je ne veux pas tuer !
- En voilà des histoires, vous n'allez pas refuser votre rôle jeune demoiselle !
- Je ne le tuerai point.
Un garde entra en trombe dans la pièce.
- Ma reine, nous avons retrouvé le fugitif, il se cachait dans la chambre de votre fille.
- Bien, merci Romuald.
Le garde repartit et la reine se retourna vers ses enfants, lançant un regard noir à la pauvre ange.
- C'est donc pour cela que vous refusez de le tuer, vous le protégez. Soit, je le tuerai demain moi même.
- Mère ! Non, vous ne pouvez tuer des innocents ainsi.
- Espèce d'insolente !
Une claque résonna entre les murs de marbre.
- Gardes ! Emmener la dans sa chambre, et empêcher la d'en ressortir jusqu'à nouvel ordre !
Les gardes prirent la jeune femme par les bras et la trainèrent jusque dans sa chambre, en chemin elle vit le démon se faire entraîner dans l'autre direction.
~~~~~~~~~
Le lendemain matin, la jeune fille était fatiguée, n'ayant pas fermé l'œil de la nuit, ne pouvant songer à se reposer alors qu'un innocent allait être tué.
Elle entendit la discussion des deux gardes devant sa porte.
- La cérémonie de mort pour le démon ne devrait plus tarder n'est ce pas ?
- Oui tu as raison, elle va bientôt commencer, tout le monde est déjà rassemblé.
La jeune femme comprit qu'elle devait agir vite, autrement le pauvre demi-démon finirait sa vie dans peu de temps.
La princesse ne vit d'autres solutions que de traverser la fenêtre brisant le verre au passage.
Elle bâtait des ailes le plus vite possible, cachant sa douleur causée par les morceaux de verre plantés dans ses plumes blanches.
Elle arriva dans la salle ouverte où sa mère s'apprêtait à tuer le pauvre demi-démon.
Ils étaient à l'opposé de la pièce mais la demoiselle s'élança et attrapa le jeune homme dans ses bras, prenant le coup de lame à la place de ce dernier, perdant ses ailes au passage. Prise dans son élan, elle lâcha le garçon et fit une chute dans le vide menant à l'autre monde.
Le jeune homme s'envola rapidement brisant ses liens, ayant trouvé sa force dans sa rage, et s'élança à la suite de la jeune femme.
Il traversa les mondes et la rattrapa de justesse dans le monde des humains.
La jeune fille inconsciente fût déposée au sol doucement par le démon qui, pour la première fois de sa vie, laissa échapper des larmes.
- Je suis désolé Adèle.... Sanglota-t-il enfouissant sa tête dans ses mains.
- Désolé de quoi ? Souffla la jeune femme doucement.
- De tout ! À cause de moi, tu as perdu tes ailes, tu ne pourras plus jamais retourner là haut, et tu as perdu ta famille, tu as tout perdu par ma faute !
La jeune femme se releva difficilement et pris la tête du jeune homme entre ses mains.
- Tu m'as libérée, et je ne suis pas seule, je suis avec toi. Dit-elle, concluant sa phrase par un léger baiser sur les lèvres du jeune homme.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro