[Arc 1] Chapitre 1
Attention : Univers dénué de fantaisie, les Trolls sont des étudiants humains et les personnages risquent d'être ooc!
Merci de ne pas vous référer à cette fanfiction si vous rechercher des éléments canoniques !
N'hésitez pas à lâcher un commentaire pour dire à quel point cette fanfiction est merveilleuse et à quel point l'auteur est une belle personne, sexy, intelligente ! (comment ça "ta gueule" ?)
BONNE LECTURE !
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Le bout de ses doigts tapotent le bureau depuis déjà de longues minutes, de trop longues minutes, signe de son agacement, de sa patience que l'on tourmente. Les yeux rivés sur l'écran de son ordinateur, ses sourcils foncés trahissent sa colère grondante.
Il lit pour la énième fois la conversation que lui affiche le tchat privé.
De Feferi : Le but était de te faire des amis, pas de te foutre des miens ! J'ai été stupide, j'ai naïvement cru que tu serais capable de te tenir, de faire un effort, mais tu ne restes qu'un crétin narcissique et odieux!
De Eridan : Quel mal y a-t-il à rappeler notre condition ? La hiérarchie est ainsi. Nous sommes au-dessus du lot, peu importe ce que tu dis. Il est normal que les personnes inférieures nous obéissent.
De Feferi : En amitié il n'y a pas de hiérarchie, il n'y a pas de maître ou d'obéissance absolue qui tienne! Dans mon groupe, on essaie de s'en tenir a ce que sont les gens pour leurs qualités et leurs defaults, pas pour leur putain de rang!
De Eridan : C'est ce genre de propos qui causeront ta perte. Feferi, tu es intelligente, dégourdie, audacieuse. Ne gache pas tout en te liant d'amitié avec des personnes du rang inférieur. Ils ne feront que profiter de toi, et toi tu n'as rien à gagner d'eux.
De Feferi : Je ne sais même pas pourquoi je continue d'essayer. Tu n'écoutes pas, tu n'écoutes rien, tu t'en fou, tu es persuadé d'avoir raison au point d'en devenir sourd à mes arguments.
De Feferi : Va te faire foutre Eridan, je veux plus rien à voir à faire avec toi.
-Ce contact vous a bloqué, vous ne pouvez plus lui envoyer de message ou en recevoir de sa part-
Eridan se passe une main sur le visage. Ses yeux le brûlent. A cause du trop plein d'écrans ? Ou bien de son cœur qui lui semble être douloureusement fracassé? Il prend une inspiration, souffle, calme les larmes qui ne demandent pourtant qu'à sortir.
Il regarde de nouveau l'écran, passe en revu ses contacts.
Vriska l'a bloqué. Kanaya également. Equius, Tavros, Terezi, Nepeta, Sollux...
Il ne possède que 11 contacts sur le seul réseau social qu'il a daigné avoir. 11 contacts qui ont fini par le bloquer, au cours des dernières semaines, en finissant par Feferi qui a craqué quelques heures plus tôt, dans la soirée.
Et Eridan se trouve là, figé devant son écran, au beau milieu de la nuit, une veille de journée de cours.
« ... Putain. »
Le silence répond à son injure. Il serre les dents, balaie le bureau, envoie voler son clavier qui part s'exploser contre le sol.
« PUTAIN! »
Quelques touches ont volé, jonchent le parquet sans qu'il n'en ait quoique ce soit à foutre. Il rachètera un clavier, ce ne sera pas le premier, encore moins le dernier.
Et ses sentiments l'empêchent de toute façon de s'inquiéter pour le moindre matériel.
Où est ce qu'il a merdé ? Il le sait. Bien sûr qu'il le sait. Feferi était tout pour lui, depuis l'enfance ils étaient toujours ensembles. Leurs familles sont aisés, ont eu de nombreuses collaborations, et Eridan s'est naturellement rapproché de la jeune fille.
Il lui semblait normal qu'ils soient amis. Ils étaient de la même classe social, ils n'avaient que des avantages à se rapprocher, et Eridan se voyait déjà l'épouser. Non pas par amour, quand bien même il tenait à elle, mais bien par profit.
Ils avaient été séparés au lycée. Eridan obtenait de ses nouvelles par téléphone, et ça lui suffisait. Quand bien même elle lui manquait, quand bien même il n'était jamais parvenu à se faire d'autres amis - les autres nobles se contentaient de politesse sans jamais aller plus loin - quand bien même Eridan sentait la solitude lacérer son coeur... il s'était consolé en songeant à la revoir. Revoir Feferi, rester avec elle.
Ils s'étaient retrouvés à l'université, l'année dernière. Mais Feferi n'était pas comme lui. Elle était sociable, gentille, drôle.
Elle s'était fait plein d'amis, de tout horizon. Ils formaient un groupe d'une dizaine de personnes, et la jeune fille l'avait invité à les rejoindre.
Comment cela aurait-il pu bien tourner ? Eridan était effaré. Il avait fait l'effort pour sa camarade, mais il ne saisissait pas comment on pouvait se lier d'amitié a des êtres inférieurs, des personnes issus de milieux modestes, voire même un boursier...! Quelle cruelle blague.
Les 'amis' de Feferi avaient fait l'effort de l'accueillir, pendant un temps l'équilibre avait tenu bon... du moins, Eridan avait cru s'intégrer un minimum. Mais très vite les choses avaient éclaté.
Finalement, ils ont tous abandonné.
Parce que Eridan est rabaissant. Eridan est hautain. Eridan n'a pas de tact. Eridan est une enflure, un noble snob qui n'a rien à faire dans leur groupe.
Et Eridan est seul. Plus seul que jamais.
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L'université est un calvaire. Eridan s'est entêté à venir en cours toutes ces années pour être en compagnie de Feferi, mais aujourd'hui à quoi cela lui sert ? Il ne peut plus faire marche arrière, son ego ne le supporterait pas. Lui, un Ampora, fuir la civilisation seulement parce qu'il a perdu sa seule amie ? Ce serait avouer qu'il a échoué, qu'il a perdu la seule chose qui donnait sens à sa vie. Il a déjà fait cette erreur, il ne compte pas la reproduire.
Il jure, garde la tête haute, s'avance dans la cour qui borde le bâtiment principal. Il remarque les regards autour de lui. Difficile de l'ignorer, avec l'exubérance de ses vêtements mauves et bleus, son écharpe qui flotte au vent, son long manteau que l'on prendrait pour une cape tout droit sortie d'une œuvre fictive de fantaisie. Sans parler de sa mèche teintée, et des bagues qui couvrent ses doigts. Il porte de la qualité, et son air hautain ainsi que sa réputation le précède. On ignore difficilement le nom de Eridan Ampora.
Mais les regards ne sont pas admiratifs ou envieux, non. Ils sont colériques, haineux, plein de menaces. On ne veut pas de lui ici, on le déteste. Oh, il n'a pas fait grand chose pour se faire détester, ce n'est pas comme s'il parlait à grand monde - en dehors de Feferi et son groupe d'amis.
Si Feferi le déteste pour son comportement, il en est autrement pour les autres étudiants, qui le déteste sans avoir jamais converser avec lui. Par jalousie pour ses richesses, mais également par rancœur envers la famille Ampora, dont les rumeurs gagnent facilement les bouches. On dit qu'il maltraite leurs employés, qu'ils les violentent, les sous-payent, avant de finalement les licencier sans raison valable pour les remplacer par des employés plus efficaces et moins coûteux.
Malheureusement, Eridan ne peut démentir les faits. Ces rumeurs sont une glaçante vérité. Mais que peut-il y faire ? Il n'est pas à la tête de cette entreprise, pas encore. Son père en a la charge, et ce n'est pas une personne que l'on résonne, encore moins lorsqu'on tient à sa santé.
Il retient un soupir, pénètre le bâtiment, traverse le hall en ignorant -ou tentant d'ignorer- les regards qui continuent de le suivre, qui le pèsent bien plus qu'il n'essaie de le montrer. Il déteste paraître faible, il n'est PAS faible. Il est de rang supérieur, personne ne peut lui porter atteinte.
Eridan gagne les casiers. Il s'arrête au sien, l'ouvre et y dépose les affaires dont il n'a pas besoin dans l'immédiat. Il est en train de refermer son sac lorsqu'il entend un bruit sourd un peu plus loin, ainsi qu'un glapissement de douleur. Il tourne la tête, pour apercevoir Karkat à quelques mètres de là, coincé contre les casiers par un trio d'étudiants.
Karkat Vantas, un ami de Feferi et le boursier que Eridan a évoqué plus tôt. Il ne le déteste pas, pas vraiment. Eridan ne déteste pas les êtres inférieurs, mais c'est tout ce qu'ils sont à ses yeux : inférieurs. Pourtant, Karkat a été d'une compagnie agréable, il ne va pas le nier. Certes il s'emporte vite, il élève la voix et pousse des injures, mais Eridan l'a aussi découvert patient et attentif. Il fut, avec Feferi, celui qui tenta de le raisonner sur son comportement, avant de finalement le bloquer quelques jours auparavant, peu avant que Feferi ne craque à son tour.
Eridan sent cette douleur un peu trop familière, qui lui tiraille le coeur et lui souffle des idées folles. Devrait-il s'excuser ? S'excuser auprès de...ce boursier ? Ce pauvre ? Il est vrai que l'appeler 'Boursier' à longueur de temps et lui rappeler sa condition de misère ne fut pas l'idée la plus brillante qu'Eridan eut. Mais à quoi bon faire demi-tour à présent ? Il est trop fier pour s'excuser, surtout si c'est pour ne recevoir que rejet et moquerie en retour.
Les excuses ne mènent jamais à rien de bon, comme l'amitié sans profit.
Eridan sort de ses pensées lorsque un autre bruit sourd retentit. Il se crispe : l'un des types à saisit Karkat par le col, pour le tirer avant de le replaquer contre les casiers. Du harcèlement donc, merveilleux. Encore quelques choses qui ne concernent que les êtres inférieurs : les faibles harcèlent les faibles, pathétique.
Il s'apprête à faire demi-tour. Est-ce que ça le concerne vraiment ? Karkat et lui n'ont plus rien à voir ensemble, Eridan ne fait plus parti de leur groupe, il se demande même s'il en a déjà fait parti.
Et pourtant, quand l'un des types brandit son poing, prêt à le fracasser sur Karkat... Il est arrêté net par Eridan, qui lui saisit violemment le poignet.
« Tu n'as rien de mieux à faire, connard ? » peste Eridan, agacé, dardant son regard sur le type qui l'observe avec ahurissement.
Les deux autres types semblent tout aussi stupéfaits, tandis que Karkat est muet, n'ayant pas prévu que la seule qui intervienne soit... soit Eridan, le gars que son groupe a fini par rejeter.
« Qu'est-ce que tu veux Ampora ?! » crache le type qui se dégage de sa poigne, non sans paraître fébrile.
Eridan retient un sourire. Il reconnait cette attitude, celle de quelqu'un dont l'un des proches travaillent pour son père.
« Je suis sûr que mon géniteur sera ravi que je lui parle de salops dans votre genre. »
Les trois types se pétrifient, leurs traits se durcissent, ils serrent les poings, mais prennent la fuite sans demander le reste. Eridan replace ses lunettes, pas peu fier de les avoir intimidé. Il échange un regard avec Karkat, et se sent gêné par le silence.
« ... Ça va aller ? Tu n'es pas blessé ? »
Eridan a fait au mieux pour cacher son embarras. Karkat cligne des yeux et ne semble toujours pas réaliser ce qu'il vient de se produire :
« ... Non, ça va... Je ... »
Il hésite à dire 'merci'. Mais Eridan n'a pas besoin de remerciement, et puis il devine comme ça doit être dur, pour quelqu'un comme Karkat, de remercier quelqu'un qu'il n'aime pas.
« Ok, tant mieux. »
Eridan se détourne et se dirige vers sa classe. Mais quelque part, il est satisfait, espérant seulement que ces types ne reviendront pas s'en prendre à Karkat.
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La matinée est consacrée au cours d'histoire, et quelque part Eridan en est heureux. Il aime cette matière, il y porte un grand intérêt, et s'y consacrer lui permet d'oublier que personne ne s'est assis près de lui. L'amphithéâtre est grand, certes, mais de là à ce qu'il n'y est personne autour de lui, que les autres étudiants s'installent à l'opposé de sa place, s'en est presque ridicule. S'en est tellement ridicule que le professeur ne prend même pas la peine de regarder dans sa direction lorsqu'il explique la leçon, préférant s'adresser au plus grand nombre plutôt qu'à l'adolescent seul dans son coin.
Eridan s'en moque, du moins il s'en donne l'air. Il garde les yeux rivés sur ses notes, qu'il prend assidûment d'une main, tandis que de l'autre il pianote sur son téléphone, faisant quelques recherches sur le net pour trouver des détails plus croustillants sur telle bataille ou tel héros historique.
Quand la sonnerie se fait entendre, les étudiants se précipitent hors de la salle, envieux d'aller déjeuner. Eridan ne bouge pas, prend le temps de finir d'écrire, puis de ranger. Il ne compte pas se rendre au réfectoire. A quoi bon ? S'il y allait, il y a encore quelques jours, c'était pour accompagner le groupe de Feferi. Maintenant qu'il en est rejeté, il n'y a plus personne pour l'attendre, lui garder une place.
Il n'y a plus personne qui va attendre sa venue.
Une nouvelle constatation qui lui tord le cœur. Il imagine le groupe aussi enthousiaste qu'à l'accoutumé, avec ou sans lui. Au fond, peut-être sont-ils même plus heureux maintenant que le rabats-joie de service n'est plus là. Il imagine bien Vriska pester sur lui et féliciter Feferi de l'avoir enfin jeté.
Il retire ses lunettes, passe une main sur son visage. Il inspire, ravale ce qui lui semble être un sanglot. Il ne pleure pas, jamais, pas comme ça, pas pour des choses si futiles.
La porte de l'amphithéâtre s'ouvre, le fait sursauter, se retourner. Il se crispe aussitôt, reconnaissant Sollux dans l'encadrement. Sollux Captor est issue d'une famille modeste, trop modeste. Il est presque du même rang que Karkat, ce qui explique peut-être leur proximité. Eridan les a déjà entendu se qualifier de 'meilleurs amis'.
« ... Tiens, tu es là. » commente Sollux en l'observant, avant de s'avancer pour venir s'asseoir à côté de lui, laissant une place entre eux.
Eridan songe qu'il est gonflé, même s'il se retient de le dire à haute voix. Sollux et lui ne se sont jamais vraiment adressés la parole, et il est l'un des premiers à l'avoir bloqué sur le réseau. Le pire étant peut être qu'il attire un peu trop l'attention de Feferi... mais après tout, ça ne concerne plus Eridan.
Eridan qui continue de le regarder, l'observant sortir son ordinateur, ainsi qu'un sandwich. Il sait que Sollux est passionné par la programmation, on lui a déjà dit, et il l'a déjà observé. Mais il ne comprend simplement pas pourquoi il vient là, maintenant, tout de suite, s'asseoir à côté de lui comme si c'était la chose la plus naturelle du monde.
« Quoi ? » interroge Sollux, qui semble agacé d'être observé de la sorte.
Eridan détourne aussitôt le regard, mais réalise son geste et essaie de soutenir à nouveau les yeux de l'autres pour ne pas perdre la face :
« Qu'est-ce que tu fous là ? grogne-t-il. T'es pas censé être au réfectoire avec les autres ? »
Sollux hausse les épaules :
« J'y étais. Puis Karkat nous a raconté comment tu l'avais aidé contre ces trois types, et les autres se sont mis en tête de leur péter la gueule par vengeance. J'avais besoin de calme, alors je suis venu là, c'est tout.»
Eridan se crispe, se sent rougir, retourne son attention sur le bureau. Il n'avait pas prévu que Karkat en parle, et il se sent soudain mal à l'aise. Il ne veut pas qu'on se fasse de fausses idées, comme quoi il essaie de se faire pardonner ou quoique ce soit... il n'est pas tombé si bas.
A son tour il finit par sortir son déjeuner, et essaie de manger comme si la présence de l'autre ne le gênait pas.
Il s'attend à ce que le silence s'éternise, mais à sa grande surprise c'est l'autre garçon qui rompt encore le silence :
« Feferi t'a cherché du regard lorsqu'elle est arrivée.
- ... pardon ?
- Elle dit qu'elle t'a bloqué à son tour, et pourtant ce matin elle te cherchait du regard. Elle t'en veut, mais elle s'inquiète pour toi. »
Eridan, incrédule, se sent gagner par la colère :
« Ne te moque pas de moi.
- Je ne me moque pas.
- Comment pourrait-elle s'inquiéter d'un type comme moi ?! »
Sollux le regarde :
« Un type 'comme toi' ? »
Eridan se crispe, en oublie de manger. Il ne peut pas voir les pupilles de l'autre derrière ses lunettes teintées, et pourtant il sent qu'il se fait transpercé, que l'autre l'analyse.
« Je croyais que 'les types comme toi' étaient justement ceux dont il fallait se soucier, insiste Sollux. Les 'types comme toi' sont l'élite non ? Ils sont au dessus de tout le monde, sont le centre de l'attention, non ? Ce n'est pas ce que tu répétais à longueur de temps ? »
Le reproche est palpable et Eridan déglutit. Il est vrai que, tourner ainsi, il y a de quoi avoir honte. Non, en fait, peu importe comment s'est tourné : son comportement a été à chier. Pas étonnant que tout le monde lui ai tourné le dos.
Eridan range son déjeuner à peine entamé, saisit son sac et se lève.
« Où vas-tu ? » l'interroge Sollux.
Mais Eridan ne lui répond pas, quitte l'amphithéâtre sans avoir prononcé un mot de plus.
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Il se sent stupide. Stupide et naïf. Eridan fixe l'écran, comme s'il ne l'avait pas déjà suffisamment fait, comme s'il s'en avait rien à foutre de se brûler la rétine.
C'est tout ce qu'il a trouvé à faire : s'isoler. Encore. Relire ses conversations. Encore.
Il relit chacune d'entre elles, et chaque fois il a la sensation de les redécouvrir, cette sensation de SE découvrir. Il ne se souvenait pas avoir été si irrespectueux, si insultant. Il ne se souvenait pas avoir tant de fois rabaissé les autres. Et surtout, il ne se souvenait pas que les autres avaient si peu réagi.
Dans le sens où il ne l'avait pas blessé en retour. Pas autant qu'ils auraient pu le faire.
Peut être est ce pour ça, que Eridan n'a pas remarqué son comportement tout de suite : parce que personne ne le relevait vraiment. Et il aura fallu que 11 personnes le bloquent, et qu'ils relisent leurs discussion, pour se prendre pleinement la vérité en pleine face : il était imbuvable.
Comment Feferi avait-elle fait pour le supporter tant d'années ? Cette demoiselle était une sainte, pour ne pas l'avoir abandonnée plus tôt. Ou bien était-elle bien cruelle, de l'avoir laissé espérer à une belle amitié, avant de finalement lui tourner le dos. Peut être, oui peut être, que si elle l'avait laissé tombé plus tôt, il aurait songé à changer d'attitude bien des années auparavant ?
Mais Eridan refoula cette idée. Il était en faute, pas Feferi. Non, elle n'avait rien à se reprocher, si ce n'est peut-être le fait d'avoir perdu du temps avec un abruti comme lui.
Et comme à chaque fois qu'il songe à elle, à lui-même, à eux et à leur relation catastrophiques, il sent l'émotion lui éteindre la poitrine, les perles salées brûler ses yeux. Mais il inspire, il refoule, il ravale un maigre sanglot.
Parce que Eridan Ampora ne pleure pas. Jamais.
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Quand il arrive à l'université le lendemain, il n'est pas bien sûr d'être aussi droit qu'à l'accoutumé. Il s'efforce de rester digne, fier, et ce malgré les regards qui continuent de lui peser, les langues qu'il entend se délier.
Ça y est, les rumeurs commencent, les gens savent. Ils savent que le groupe l'a rejeté, ou du moins ils s'en doutent. 'Vous réalisez, il n'a pas été avec eux a la pause hier ! J'ai entendu dire que Feferi était dévasté, mon dieu même elle a fini par craquer!'
Eridan se mord la langue, fort, assez fort pour s'en faire saigner. Il ignore le goût, très léger, métallique, qui gagne son palet. Il reste impassible, aussi impassible que possible, et ce malgré la lourdeur de ses jambes, de ses épaules.
Il arrive à son casier, retient son souffle : Karkat l'y attend, ou du moins il pense qu'il l'attend. Et il a rapidement sa réponse lorsque l'autre garçon - plus petit que lui de plusieurs centimètres - lui jette un œil et rougit, se détachant des casiers et attendant qu'il arrive à sa hauteur.
« ... salut... » souffle Karkat, et Eridan est presque sûr qu'il ne l'a jamais vu aussi embarrassé, en tout cas, pas face à lui.
Il remet nerveusement ses lunettes, devine qu'il ne parviendra pas à rester de marbre face à lui -à croire que ce boursier a une influence étrange sur son comportement.
« ... Salut. répond-il finalement.
- ... Écoute, va pas croire que tu m'as sauvé la mise ou que j'ai une dette ou quoi, pigé? Je parle d'hier, je veux dire...
- ... Ouai. Enfin, je n'attends pas de faveur en retour, ni même de reconnaissance.
- Ouai ben y a intérêt! Parce que j'avais pas besoin de toi, je m'en sortais très bien, alors va pas t'imaginer des trucs ou quoi hein! Mais t'étais là, t'as agit, donc bon, voila, le truc c'est...je... »
Karkat détourne le regard, sautille d'un pied sur l'autre avec anxiété, mal et l'aise, triturant ses doigts alors que le rouge gagne lentement son visage. Il parle, plus précipitamment qu'il ne l'aurait souhaité :
« MerciPourHierC'etaitCool... »
Son baragouinement arrache presque un rire à Eridan, qui pourtant n'a pas l'ombre d'un sourire tant il est surpris. Non, il ne s'attendait pas à ce que l'autre revienne le voir pour le remercier. Il en reste béat, et il se maudit en réalisant que son visage le brûle, qu'il est probablement aussi rouge que Karkat. Celui-ci l'a d'ailleurs remarqué, puisqu'il a fini par le regarder à nouveau et lui offre un regard aussi surpris que le sien.
« ...C'est rien, je voulais... je suis content d'avoir pu t'aider. »
Et il le pense sincèrement, malgré sa gêne, malgré sa honte. La seule chose qui l'empêche de mourir d'embarras, c'est le fait que Karkat partage cet intense sentiment de gêne.
Bien heureusement, ils sont sauvés par la sonnerie qui les tire de cette situation pour le moins désastreuse, les forçant à se séparer pour se rendre en cours.
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