Chapitre 2
Après-midi ensoleillée, beauté qui revient,
Etats d'âme effacés du revers de la main.
Surprise dans le regard, étonnement réjoui,
Deux cœurs irrémédiablement séduits.
Et la clochette tinte.
Tu as hésité à revenir, Marinette. La venue de Luka l'autre soir t'a laissée un goût amer en bouche, tu n'étais pas d'humeur à rejouer une comédie et partir à la conquête d'un autre garçon qui, forcément, sera un con aussi.
Parce que tu commences à croire que tu les attires, aimant à connards que tu es, sans nul doute, ça en devient pénible.
Des relations qui se comptent sur les doigts d'une seule main, des flirts à n'en plus savoir quoi faire, toujours le même résultat ; ils piétinent ton cœur ou te prennent pour une imbécile, si ce n'est même les deux comme Luka.
Mais il faut que tu reprennes les rênes de ta vie, Marinette. C'est ce que Lila a dit par message sur votre groupe, quand tu leur as raconté ta mésaventure avec le musicien ; tu ne sais même pas pourquoi tu leur as dit, c'est plus fort que toi.
Et si Lila a tenté de te réconforter avec toute l'hypocrisie possible, Chloé n'a pas mâché ses mots et t'a traitée de "réelle abrutie", et le pire c'est que tu n'as même pas pu la contredire. Kagami, elle, n'a réagi qu'en émojis ; tantôt l'émoji "lève les yeux au ciel", tantôt l'émoji "rouge de colère", tantôt le facepalm qu'elle affectionne particulièrement vis-à-vis de toi. Rien d'étonnant.
Alors quand tu entres dans cette boutique, tu te dis que, bêtement, tu n'as plus rien à perdre. Il pourrait te mettre le pire râteau de ton existence, n'être qu'une histoire d'un soir comme tant d'autres, briser ton cœur sans la moindre pitié, au moins, tu repartiras sans regret.
Ta vie sentimentale est déjà un désastre, comment ce beau vendeur pourrait empirer la situation ?
Et quand tu passes la porte de la boutique, que tu vois son regard brillant de stupeur se braquer sur toi, avant qu'un sourire angélique ne vienne étirer ses lèvres, tu crois fondre sur place, Marinette. La moindre once d'hésitation disparaît de ton corps, tes joues s'empourprent, pourtant tu ne recules pas.
Reprends les rênes de ta vie, Dupain-Cheng.
— Je pensais sincèrement que vous n'alliez pas revenir, commence-t-il d'une voix étrangement posée.
— Pourquoi donc ?
— J'étais à ça de croire que je vous avais vraiment effrayée, la dernière fois.
Tu lâches un rire à peine sonore, haussant une épaule dans une allure presque candide. Tu habilles de nouveau ton visage de ce masque d'innocence qui te va à ravir,
mais qui ne correspond pas le moins du monde à ta vraie nature.
— Il m'en faut plus pour m'effrayer, vous savez.
Échange de sourires, sous la poitrine, le cœur s'emballe.
— Vous avez fini votre pièce ? demande-t-il gentiment, t'arrachant un sourire. Pour l'école ?
— Pas encore, mais, hum... Ça devrait bientôt être bon, je crois ?
Tu n'es franchement pas sûre. En réalité, tu ne l'es jamais quant à tes créations, Marinette ; tu attends toujours l'approbation des filles pour dire que tu as pleinement terminé. C'est bête, tu le sais, mais ça fait des années que tu fonctionnes comme ça... alors changer maintenant risque d'être compliqué.
— J'ai hâte de voir ça. Enfin, si vous partagez votre création, évidemment.
Tu bloques un moment, prise de court. Qu'est-ce qu'il entend par là, au juste ?
— Vous voulez dire... sur Instagram ?
À son tour de donner l'impression d'être pris sur le fait. Il plisse le nez et esquisse un sourire gêné, détournant le regard comme un enfant pris en flagrant délit de bêtise. Tu trouverais ça adorable si tu n'étais pas si déroutée.
— Je me suis rendu compte que je vous suivais déjà avant de vous rencontrer... Promis, je ne suis pas un stalker, hein !
Tu laisses échapper un soupir amusé, comme soulagée. Non, effectivement, il n'a rien d'un "stalker", c'est plutôt toi qui es vite désemparée, Marinette, à la limite d'une paranoïa étrange.
Tu as moins d'abonnés que les filles, mais tu as quand même un joli nombre de followers qui frôle les cent mille. Alors, d'accord, tu veux bien concevoir que la probabilité de tomber sous le charme d'un de tes abonnés n'est pas du tout impossible.
— J'en suis plutôt honorée, dis-tu avec une espièglerie sortie de tu-ne-sais-où. Et si la proposition de visiter un véritable atelier de modéliste sûrement très doué tient toujours...
— Bien sûr ! C'est plutôt moi qui devrais être honoré après ce compliment.
Il te jette un clin d'œil et toi, Marinette, idiote en chef, tu te mets juste à sourire comme une imbécile. Fleur bleue qui ne cesse de rêver, qui n'a pas peur de faner, tu suis le beau jeune homme à travers la boutique – il y a quelques clients, pas énormément, de quoi te rassurer.
— Nino, tu peux t'occuper de devant ? J'arrive, déclare-t-il d'une voix assez forte.
— Pas de problème !
Intriguée, tu jettes un regard vers la personne qui vient de répondre ; un garçon qui doit avoir ton âge, métissé, plutôt grand, des lunettes à monture noire sur le nez. Plus décontracté que son collègue, tu dois bien le remarquer. Il t'adresse un sourire amical quoique très professionnel, tu fais de même, avant de reporter ton attention sur le premier vendeur qui vient d'entrer dans une pièce au fond du magasin.
— Bienvenue dans mon antre, lance-t-il avec ironie, appuyant dans un même temps sur l'interrupteur.
Le néon grésille, incertain, comme peureux de montrer ce qui se cache dans la pièce. Enfin, la lumière blanche illumine les reliefs, timide ammeublement qui décore l'endroit, qui reflète le travail d'un artiste acharné.
Tu le devines assez bien, Marinette, il y a quelques ressemblances avec ton atelier à toi – ton appartement, plutôt. Tu n'as pas le luxe d'exercer ta passion ailleurs que dans ton humble demeure, à vrai dire.
— Vous avez l'habitude de faire visiter votre atelier comme ça ?
Tu te fais malicieuse, la situation s'y prête. Tu t'avances au centre de la pièce, te dirigeant instinctivement vers l'établi qui trône fièrement comme la pièce maîtresse de ce lieu sacré.
— Pas vraiment. Qu'à mes amis et les gens passionnés comme moi.
Tu lui jettes une œillade, peut-être pour vérifier la sincérité de ses propos – tu ne vois qu'un léger sourire et un aimable regard, d'autant plus envoûtant de par ses éclats de jade qui scintillent sous la clarté du néon.
— Vous êtes observateur.
Tu ne crois pas si bien dire.
Puis il y a un peu d'ironie, quand tu dis ça. Parce que tu sens son regard rivé sur toi, sur la courbe de tes épaules, sur le mouvement aérien de tes doigts qui caressent les outils, les surfaces des meubles, les bouts de tissus qui traînent en vrac.
— Je me sens un peu privilégiée, finalement, déclares-tu soudainement en tournant la tête vers lui, un sourire taquin peint sur le visage.
Il lâche un rire mélodieux et ton cœur palpite dans sa cage comme un oiseau qui tente de s'échapper. Pourpre des joues qui revient, tu détournes le regard et ton sourire disparaît derrière tes mèches de cheveux.
Il y a des papiers qui traînent, sur l'établi. Ça attire ton attention mais tu te sens bête, à examiner quelque chose qui pourrait être personnel – tu poses une question débile, tu ne t'entends pas trop parler, tu essayes juste de faire la conversation pour ne pas paraître gênante.
Il te répond, s'étire un peu dans ses explications, et toi, tu hoches distraitement la tête ; mais ton regard est happé par ces deux mots inscrits sur le haut d'une des feuilles.
Plus que deux mots, ce qui semblerait être son nom.
— Agreste ? souffles-tu avec curiosité.
Tu établis un nouveau contact visuel avec lui, tu aperçois l'air étonné qu'il arbore et tu sens un peu mal, sur le coup.
— Pardon, je ne voulais pas... je n'ai pas regardé.
Il a l'air un peu perturbé, si bien qu'il te rejoint pour assembler les feuilles un peu éparpillées en un tas plus propre.
— C'est rien, pas de souci, c'est pas très bien rangé.
Il sourit pour la énième fois, tu crois percevoir une sincérité dans ses pommettes légèrement relevées, alors tu ne dis rien de plus pour ne pas t'enfoncer davantage.
Ce nom te dit quelque chose, mais tu n'arrives pas à déterminer la raison pour laquelle il te semble si familier. Puis, le beau blond te sort de tes pensées quand il se place devant toi, presque solennellement, et qu'il te tend sa main droite dans une pose des plus sérieuses.
— C'est vrai que je ne me suis même pas présenté. Adrien Agreste, enchanté.
Tu souffles du nez, amusée, puis tu serres sa main avec le même air appliqué qu'il te donne.
— Marinette Dupain-Cheng, murmures-tu. Ravie de faire votre connaissance.
***
— ...Marinette, tu m'écoutes ?
Tu as un semblant de sursaut en redressant brusquement la tête.
Kagami te fixe, tu n'es pas sûre qu'elle soit vraiment furieuse ou si elle s'inquiète d'une quelconque façon – de toute manière, tu n'es jamais sûre de rien, avec Kagami.
Qu'elle soit heureuse, triste, en colère, son expression du visage reste indéniablement la même. Et toi, tu es incapable de déceler le moindre indice qui puisse te faire deviner dans quel état elle se trouve.
— Pardon, je répondais à un message...
Ceci dit, tu perçois une lueur d'agacement dans ses yeux noisette. Soit. Cette fois, c'est justifié, tu veux bien l'admettre.
— Et qui est celui à qui tu envoies des messages qui est plus important que ce que je dis ?
Kagami la vaillante te gronde comme une mère. Tu sais qu'elle n'aime pas ça ; qu'on puisse aller à l'opposé de son sens, rivière déchaînée qu'on oserait guère remonter à contre-courant.
Mais Marinette, tu ne te défiles pas si facilement. Certes, peut-être que tu vaux moins qu'elle – peut-être que tu n'as pas son charme, son assurance, sa beauté, sa puissance, sa richesse. Pourtant, Kagami...
Kagami, c'est compliqué.
Kagami, elle donne l'impression d'être plus flexible avec toi qu'avec Chloé ou Lila. Aussi impitoyable peut-elle être, quand c'est toi, elle est plus clémente, plus compréhensive...
Ou peut-être que tu te fais des idées, Marinette.
Alors pendant un instant, tu hésites à lui parler d'Adrien, à lui raconter que ça fait déjà une semaine que vous vous parlez tous les jours, tous les soirs, tout le temps, dès que vous en avez l'occasion, et que tu adores ça.
Mais tu te lances quand même :
— Eh bien, j'ai fait la rencontre de...
Et le soupir qu'elle laisse échapper est si bruyant qu'il te coupe net dans ton élan.
— D'un nouveau Luka, c'est ça ?
D'accord, elle n'est peut-être pas si clémente que ça, finalement. À ton tour de soupirer, comme vaincue, toi qui déclares forfait beaucoup trop facilement quand tu n'as pas le courage de contester – pas devant ce genre d'arguments, en tout cas.
— Je croyais qu'on s'était mises d'accord pour ne plus jamais reparler de lui, grommelles-tu, touchée dans ton ego déjà peu aguerri.
— Tu mérites mieux que ça, Marinette.
Tu relèves les yeux vers elle, presque étonnée ; si sa voix est restée neutre, son ton distant, presque froid, tu as cru entendre une certaine intonation dans ton prénom qui te laisse pantoise.
Une sorte de tristesse, peut-être.
Mais comme toujours, le visage de Kagami est complètement fermé, inaccessible, impossible à déchiffrer. Remparts qu'elle s'est construite il y a des années, trop pour y remédier, entre Kagami et le monde, c'est une barrière infranchissable qui s'étend. Des frontières immuables et des murs de glace contre lesquels tu ne cesses de buter,
tu as lâché l'affaire depuis longtemps.
Tant que tu ne sais pas quoi répondre, et le silence s'écroule sur cette dernière phrase.
Tu mérites mieux que ça, Marinette.
Ton portable vibre contre ta hanche à ce moment-là ; mais tant pis, Adrien attendra.
***
— Je suis vraiment contente pour toi Mari', j'espère que tu es enfin tombée sur le bon.
Lila te sourit avec toute la gentillesse du monde, bonté sans limite, bon Dieu qu'on lui donnerait sans confession. Tu lui rends son sourire, presque gênée ; l'amertume te vient en bouche, néanmoins.
Tu sais très bien que Lila n'est pas une personne de confiance. Quand tu as su ce qu'elle a fait avec l'ex petit-ami de Chloé, il y a un an, tu préfères prendre tes distances avec elle, en toute honnêteté. Lila est un ange, les masques tombent et voilà le Diable en personne.
Pourtant, toi, tu n'as pas le courage de déclarer la guerre, et tu entres dans son jeu, tu as d'autres chats à fouetter. Fut un temps, tu ne supportais pas le moins du monde le mensonge ; l'ironie du destin fait que tu es la pire des hypocrites, désormais.
— Merci Lila, minaudes-tu d'un sourire amical. Mais je vais éviter de me faire des plans sur la comète, cette fois... On sait comment ça a terminé avec le dernier.
— Pff, qu'est-ce que je t'ai déjà dit ? Ne jamais te faire d'illusion. Les hommes sont tous les mêmes.
Tu jettes un regard à Chloé, muette comme une carpe, observant son profil quelques secondes, assez pour qu'elle n'ait pas le temps de s'en rendre compte et de t'envoyer sauvagement bouler.
Tu la connais, Chloé, peut-être même que c'est celle que tu connais le mieux dans le quatuor, finalement. La comédie est parfaite, tu ne peux pas lui enlever ça.
Chloé, c'est l'indifférence masquée de mépris, c'est celle qui repousse et marque une distance conséquente pour éviter le moindre approchement indésirable.
C'est surtout le cœur brisé, Chloé.
Tu grinces des dents quand ton regard se pose sur Lila, qui laisse échapper un gloussement à la remarque de la jeune Bourgeois. Ça te tue, de dire que les seules personnes que Chloé autorise à pénétrer dans son cercle restreint de proches sont celles qui puissent lui porter le plus préjudice, et ce sans même qu'elle ne s'en rende compte.
— Je sais Chloé, soupires-tu alors que vous pénétrez toutes les trois dans le hall de la grande discothèque. Je reste méfiante, voilà tout...
— Tu n'avais pas l'air très méfiante quand tu as accepté de visiter son "atelier", ceci dit. Il aurait très bien pu te droguer, et te couper en petits morceaux, right ?
Tu lèves les yeux au ciel et Lila ricane, tandis que, entre vous deux, Chloé ne cille pas une seconde ; visiblement très sérieuse, et certaine de ce qu'elle avance. Elle n'a pas spécialement tort, tu veux bien l'avouer, mais quand même... Ta malchance de chat noir n'irait pas jusque-là, si ?
Vous entrez enfin dans la pièce principale de la boîte de nuit, faisant face à la foule dense de fêtards qui s'agglutinent les uns aux autres, formant une masse compacte dans l'obscurité de l'endroit. La musique bourdonne déjà dans tes oreilles, tu as l'impression que le sol tremble sous tes escarpins ; mais peut-être que tu resterais des heures là, à observer avec minutie le ballet pittoresque des gens en quête désespérée de dopamine, qui ne la trouvent plus que dans les basses des enceintes et les doses bar de leur vodka-orange bien trop chère.
Pourtant, ce n'est pas le cas de Chloé et Lila, évidemment. Elles, elles filent vers les escaliers non loin de là, évitant soigneusement de toucher n'importe quelle personne ou objet du rez-de-chaussée, l'étage "des pauvres et des MST" selon miss Bourgeois. Tu les suis, timidement, grimpant les marches rouge velours pour atteindre le premier étage en mezzanine, le carré VIP, entre autres.
Le videur qui garde l'étage n'a qu'à jeter un coup d'œil en contrebas pour vous voir arriver et vous laisser passer sans un mot – tu arrives enfin à t'introduire sans qu'il ne t'arrête dans ton élan, forçant Chloé à préciser que tu es bel et bien avec elles, et non pas une fan qui tente de s'incruster comme une clandestine. Ça te ferait presque du bien à l'ego.
Ceci dit, ton narcissime redescend vite ; ici, tu as l'impression de faire tâche, avec ta robe certes élégante, mais plutôt passe-partout comparée à la tenue chic et hors de prix des deux filles que tu suis.
— Et tu disais quoi tout à l'heure, au fait ? Qu'il t'a invité à une soirée ?
Lila reprend la discussion maintenant que vous vous trouvez dans un endroit moins... bruyant. Ici, la musique est forte mais on s'entend mieux parler – et puis, on voit mieux où on met les pieds aussi, l'éclairage étant de mise pour ne pas rater une miette du luxe.
— Plus ou moins, un gala de charité plus précisément. Il m'a expliqué que son père y était toujours invité avant, mais que lui n'y allait jamais habituellement.
Tu te perds dans tes explications, tentant du mieux que tu peux de retranscrire celles d'Adrien. Vous continuez de marcher, n'ayant aucun mal à vous faufiler puisqu'ici, il y a beaucoup moins de monde qu'à l'étage d'en bas, que vous pouvez observer à travers les vitres.
Vu de là-haut, cet effet de masse gluante qui se meut dans l'obscurité est clairement accentué, tu trouves ça presque dégoûtant, Marinette ; Chloé commence à déteindre sur toi.
— C'est tellement chou ! s'extasie Lila alors que vous vous approchez d'un coin détente vide – ou presque, puisque tu aperçois la chevelure de Kagami au-dessus du dossier d'un des canapés. Si tu veux des conseils pour ta tenue, n'hésite surtout pas !
— Merci beaucoup Lila.
Elle t'adresse un immense sourire et, du coin de l'œil, tu vois Chloé rouler des yeux, quoiqu'elle reste muette, l'air toujours aussi ronchonne.
— Salut les filles, lance Kagami avec une certaine lassitude, terriblement calme, comme à son habitude.
Vous lui retournez ses salutations de concert bien qu'avec différents degrés d'enthousiasme, celui de Chloé frôlant le zéro pointé.
— Et c'est quand, alors, ce gala de charité ?
Tu es quelque peu surprise que Chloé s'intéresse à ce que tu racontes – c'est rare, parce que tu as l'habitude qu'elle t'ignore, ça ne te fait ni chaud ni froid, maintenant. Tu la dévisages alors que vous vous installez sur les fauteuils en cuir, déconcertée, mais tu n'oses pas faire une quelconque remarque là-dessus.
— Samedi prochain.
Et tu ne vois pas le regard intrigué, si ce n'est même anxieux, que te lance Kagami à ce moment-là.
— Hm, répond simplement Chloé, commençant déjà à remplir les flûtes de champagne de façon peu patiente. Tu ne viendras pas te plaindre quand il te laissera tomber après avoir eu ce qu'il voulait, comme l'autre clochard.
Tu soupires silencieusement, préférant ne pas répondre, comme à chaque fois – le langage irrévencieux de la jeune Bourgeois contraste totalement avec sa posture, ses bijoux, sa coiffure maîtrisée au millimètre près, son auriculaire relevé alors qu'elle soulève sa coupe de champagne, un sourire hypocrite aux lèvres.
— À nous quatres !
Vous l'imitez, sans trop broncher, et tu prends une première gorgée du liquide dorée ; avec la nette impression que la soirée risque d'être incroyablement longue.
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