4.
La sonnerie annonce la fin des cours, et je me dépêche de ranger mes affaires, et sortir de la salle. Je ne veux pas que Yukihito vienne me parler. Je sais ce qu'il va me dire et je n'ai pas envie de l'écouter. J'ai passé la moitié de la journée à le fuir, bien décidé à ce que cette conversation n'ait pas lieu.
Sur le chemin, je vérifie néanmoins qu'il ne me suive pas. Et chaque fois que je me retourne, je trouve la rue vide. Mais quand j'arrive dans ma rue, je le vois. Accoudé au mur, bien décidé à me parler. J'hésite. Devrais-je faire demi-tour ? Mais pour aller où ? Je suis bloquée, et je vais devoir assumer la responsabilité de mes actes.
Je passe devant lui, sans rien dire, et monte les escaliers qui mènent chez moi. J'entre, pose mes chaussures à l'entrée, et prend mes chaussons. Sans le regarder, je l'entend reproduire les mêmes gestes que moi. Ma petite sœur, Akina, entre dans le vestibule pour m'accueillir, comme d'habitude.
-Bienvenue à la maison, grande sœur ! Ah, et bonjour grand frère Yuki ! Ça faisait longtemps que t'étais pas venu !
-Je suis rentrée. soupiré-je, tandis que Yuki répond la même chose.
En entendant sa voix raisonner en même temps que le mienne dans l'entrée, je sens mes joues chauffer. Sans laisser rien paraître, je dépasse ma sœur et monte dans ma chambre, toujours sans un mot envers Yuki.
Il entre à ma suite, et alors que je dépose mon sac sur ma chaise de bureau, il se met à parler :
-Ta petite sœur te ressemble de plus en plus. Enfin, j'espère qu'elle ne frappera jamais une amie comme tu l'as fait ce matin !
-Je... ! dis-je en me tournant vers lui, avant qu'il ne me coupe dans mon élan.
-Non, attend, laisse-moi parler. J'imagine très bien que ce matin, tout comme moi, tu devais être sur les nerfs, et que t'es pas arrivée à te contrôler devant elle... Mais de là à la frapper aussi violemment ?! Non mais ça va pas ? J'ai bien compris que t'avais fait ça pour nous et nos sentiments, et je t'en suis reconnaissant, mais bon, de là à la frapper tellement fort qu'on a dût l'emmener aux urgences... Et puis elle à été tellement loyale envers toi qu'elle a dit qu'elle c'était prit un mur ! Tu m'as beaucoup déçu ce matin Sayako.
Je sens mon cœur s'emballer, et je commence vraiment à stresser. Il ne m'appelle Sayako que quand il est sérieux.
-Oui, mais...
Je suis de nouveau interrompu, sans rien pouvoir faire.
-Non, t'as aucune excuse ! Elle a pleuré à cause de toi toute la journée, en me demandant pardon et en disant que jamais elle aurait put deviner que nous avions des sentiments si forts pour elle... Isuzu était dévastée de nous avoir fait autant souffrir. Et tu aurais put être plus douce avec elle, au lieu de la frapper et de lui crier dessus... Elle voulait simplement se venger parce qu'on avait pas répondu à ses appels, sinon t'imagines bien qu'elle aurait pas dit ça... réfléchit parfois Sayako. Je m'en veux de t'avoir dit que j'aurais voulu tomber amoureux de toi, et je n'aurais jamais coucher avec toi. C'est la plus gosse erreur de toute ma vie.
Quand il s'arrête finalement, ses yeux ne sont plus fixés dans les miens mais sur le sol. Les poings serrés, il se retient de faire un pas vers moi, et finit par s'en aller, sans un regard en arrière.
Je sais qu'il s'en veux, simplement à la façon dont il est partit. Ses mots ont probablement dépassé sa pensée, je le connais. Jamais il n'aurait dit ça pour autre chose que pour me faire réagir. Oui, ses mots ont dépassés sa pensée.
Je décide de me changer, et d'enlever mon uniforme.
Ce sont que de simples paroles en l'air, et rien d'autre. Il n'a dit ça que pour me punir de mes actes, je le sais. Mais si je le sais, pourquoi mon cœur bat à la chamade ?
Si je le sais, pourquoi j'ai l'impression qu'un poignard me perfore le cœur ? Pourquoi mes mains tremblent et mes jambes ne me tiennent plus ? Et pourquoi mes larmes ne s'arrêtent-elles plus depuis qu'il a commencé à parler ? Je me sens nulle. Incroyablement, et affreusement nulle. Mon cœur bat à tout rompre dans ma poitrine, tandis que je n'arrive pas à contrôler mes tremblements. Ni mes pleurs.
Je n'ai pas pu dire un seul mot. Et de toute façon est-ce que il m'aurait réellement écouté ? Je ne pense pas. Mais le pire dans tout ça, c'est que peu à peu je me rends compte qu'il a totalement raison.
Isuzu connaît parfaitement mes cordes sensibles, qui de toute façon ne sont constituées que de Yuki. Elle adore se venger en parlant mal des personnes qu'on adore. Je l'avais simplement oublié. Après avoir été ignoré, elle fait toujours en sorte d'avoir l'air d'une peste.Je n'y avait jamais prêté attention.
Toutes ces années, j'ai idolâtré Isuzu, et je l'ai rendue encore plus belle et parfaite dans mes pensées. J'ai sans aucun doute été folle amoureuse d'elle pendant un bon moment, et ça, rien ne pourra jamais y changer. Mais il faut que ça s'arrête. Ces sentiments, cette rancœur, tout... Tout cela doit s'arrêter.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro