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Chapitre 5 : Le chasseur et la proie


J'entends le conducteur maugréer, tournant autour de l'endroit où mon corps avait atterri, quelques secondes plus tôt. En jetant un coup d'œil au moment où sa voix signifie qu'il est dos à ma position, je remarque un fusil sur son épaule. Il est intégralement habillé en tenue aux motifs militaires, conçus pour la discrétion. Je n'ai pu les voir, mais je peux entendre ses bottes en plastique couiner tandis qu'il fait les cents pas, guettant les fourrés.

J'envisage presque de partir en courant, zigzaguant entre les troncs, en espérant qu'il soit mauvais tireur. Jusque là, il ne parait pas assez motivé pour venir vérifier l'orée de la forêt, se contentant de guetter depuis le bitume. Cette homme semble adorer tout que l'environnement déteste : une voiture polluante, du plastique en guise de tenue, entre son imperméable kaki et ses bottes de pluie, sans compter son arme à feu.

Au comble du désespoir, celui-ci ajoute une pierre à son édifice de la honte, lorsque j'entends un cliquetis léger. Quelques secondes plus tard, je peux sentir un effluve odorant particulièrement immonde, qui s'immisce dans les narines. Je me bouche immédiatement le nez, détestant cette odeur de tabac. Désormais, je suis prête à déguerpir, tout vaut mieux que de rester près d'un tel individu. Je me positionne en accroupis, usant de mille précautions pour ne pas me faire entendre, et tends l'oreille pour guetter sa position. Visiblement, il râle encore.

— Maudit sanglier, j'espère qu'il m'a pas rayé ma caisse. J'ai même pas pu choper c'te bête, c'est bien dommage.

Je l'entends soudainement rebrousser chemin en direction de son pick-up, soupirant de soulagement. Lorsque j'entends la portière claquer et le moteur démarrer, je ne patiente pas une seconde de plus, et m'élance dans les bois. Quand je ne perçois plus de bruit citadin, je sors des bois et marche au bord de la route, pour suivre le chemin que j'ai dû parcourir. Toutefois, je me concentre sur le noeud qui garde prisonnières mes deux mains. Je ne veux pas m'arrêter pour tenter de frotter la corde contre un arbre, puisque cette technique est affreusement longue et parce que je ne veux pas perdre de temps pour rentrer chez moi. Je triture mes poignets, les gigotent dans tous sens, tout en commençant à marcher. J'espère pouvoir retirer la corde de la même manière que celle de mes chevilles. Ainsi, je fais les deux premiers kilomètres. 

Au moment où je parviens, enfin, à me délester de mes liens, je commence à avoir soif et à être fatiguée, donc je fais une pause, retournant m'enfoncer dans la forêt.  Une chance que ces bois regorgent de sources d'eau à la surface du sol, puisque je n'ai mis qu'une dizaine de minutes à trouver ce ruisseau. Je dois avouer que mon ouïe n'y est pas étranger, ayant pu entendre un doux bruissement caractéristique. En me penchant au dessus du ru, je peux voir ce qui m'a attiré vers cet endroit.

Un mince filet d'eau tombe en cascade sur une pierre, provoquant un joyeux clapotis. Je souris, attendrie par ce ruisseau de quelques vingtaines de centimètres à peine. Je m'y assois juste à côté, aspergeant mon visage d'eau fraiche. Enfin posée, je me permets d'observer le contenu de mon sac et ce que j'ai chapardé dans la cuisine, plus tôt dans la matinée.

Il n'y a véritablement pas grand-chose. Des barres protéinées à moitié écrasées de plusieurs goûts, quelques compotes en gourde. L'une d'elle s'est ouverte, étalant de la purée de pomme dans le contenant. Je soupire, vide tout ce qu'il contient et tente de frotter le fond avec ma main, m'aidant de l'eau de la rivière. Je retourne le sac, espérant qu'il séchera vite. 

En attendant, je retire les chaussures trop grandes pour moi dans lesquelles mes pieds nus semblent déjà tout endoloris. J'ai un début de cloque et mes chevilles sont rouges et gonflées, à force d'avoir été malmenées. Je les plongent dans l'eau fraiche, qui me picote agréablement. Le froid calme un peu la douleur, je me sens revivre. Toutefois, je ne m'attarde pas trop ici. J'avale quelques bouchées de purée d'aubergines et bois quelques gorgées de l'eau de la source, au point le plus haut que j'ai pu trouver.

Je remplis le sac de toutes les denrées et chausse les baskets de mon frère. Je réalise que j'ai perdu la bougie qui était dans ma poche, mais je ne sais pas quand. Toutefois, je garde la corde solide avec moi, car ce genre d'objet peut toujours être utile, surtout en pleine forêt. 

Le soleil étant levé, il commence à faire chaud. Je retire ma veste et la fourre dans le sac à dos, puis je repars. Souvent, je regarde le ciel pour m'assurer de la direction du soleil. Je marche vers le nord, encore et encore, à contrario de la voiture qui était partie vers le sud. Quand le soleil redescend, je me demande comment je vais bien pouvoir dormir. Pas sur le sol, où grouille tout un tas d'animaux. 

Là, je me souviens de l'existence de la corde, qui va vraiment pouvoir me servir. Et lorsque la nuit vient à tomber, je grimpe agilement dans un arbre, le plus grand, solide et praticable que je puisse trouver, et j'y monte le plus haut possible. Je m'assois sur une de ses larges branches en m'adossant à son tronc. Là, j'enroule la corde autour de la branche, puis autour de ma taille. Elle est juste assez longue pour que je puisse y faire un double nœud. tout cela me dit que ce n'est pas une coïncidence, comme si tous ces détails n'étaient pas le fruit du hasard, mais sont issus du fruit de la réflexion de mes amis et voisins, et de ma propre famille. 

Je me demande s'ils vont bien, s'ils s'inquiètent pour moi. Je songe aux épreuves qu'ils ont dû passer lorsqu'ils avaient mon âge, voulant m'inspirer de leur force à mon tour. Vivre, c'est difficile, et je me dois d'être prête à affronter le monde extérieur en trouvant ma voie. Je ne sais quelle était la mienne, jusqu'à présent. Que voulais-je devenir ? Chacun s'est vu poser la question, avant de quitter notre bourgade pour l'initiation. Certains ont voulu devenir forts et indépendants, d'autres doux et compréhensifs. Mais moi, je ne veux ni être l'une, ni être l'autre. Je ne sais pas à quoi ressemble la vie, en dehors de chez moi. C'est une jungle, un mystère. 

Je sais que dans tous les films que j'ai vu, la vie est toujours plus simple lorsqu'on est une fille sympa, jolie et ordinaire. Pourtant, les héroïnes ordinaires paraissent toujours plus hors du commun que les autres, d'une manière ou d'une autre. Mais moi, je n'ai rien d'exceptionnel. Tout au plus, j'ai une bonne ouïe, qui m'a permis d'appréhender ma curiosité maladive. Peut-être que cette recette est la gagnante. Rester jolie, être sympathique et se montrer curieuse. 

Si je suis ainsi, je peux survivre à cette nuit, dans les bois ? Déjà, l'obscurité envahit tout l'espace et mes yeux ne distinguent plus rien. Mes oreilles, elles, sont à l'affût. Elles scrutent les animaux qui courent, les oiseaux nocturnes qui volent. J'entends le cri terrifiant d'une chouette effraie qui chasse une proie. Tous ces bruits, je peux les entendre en fermant les yeux, allongée en hauteur. 

Et tandis que je me perds dans ma curiosité, sur la vie nocturne dans les bois, mon esprit s'en va dans les méandres du sommeil. Ma veste me tient chaud, comme le soir est plus frisquet que la journée, et mon sac à dos est coincé contre mon ventre, à l'intérieur de la fermeture du vêtement. Je ne veux pas perdre ces précieuses denrées, tout comme je ne veux pas échouer à ces épreuves.

Je veux prouver que je suis adulte, une véritable adulte. Pas tout à fait responsable, mais suffisamment pour réussir à s'occuper de moi-même. Je lutte encore contre l'endormissement, jusqu'à ne plus pouvoir retenir mon corps de s'assoupir. Ma tête penche en avant, tombant sur le côté, et mes bras pendent dans le vide. Une toute petite corde me retient d'une chute imminente de plus de quatre mètres, mais paisible, prise au piège par Morphée, je ne me rends pas compte du danger.

Il faut croire que j'ai oublié une variante à l'équation. Si je suis amicale, mignonne et curieuse... je suis aussi horriblement et détestablement naïve. Et que cette naïveté me sauve ou me perde, ça se joue à pile ou face. J'espère simplement être aussi un peu chanceuse, même si je n'ai jamais trouvé de trèfles à quatre feuilles, je suis certaine de pouvoir retrouver mon village. Du moins... je l'espère.

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